Quand est-ce que ça a commencé exactement ? A partir de quand le monde s'est-il complexifié au détriment des individus ? Depuis quand la procédure et la bureaucratie ont pris le dessus sur le bon sens ?
Anna ne sait pas quoi faire ni comment se comporter. Cette vie est un laboratoire, un point d’interrogation : hurler, punir, chercher à comprendre ? Elle a l’impression d’être un de ces bateaux brise-glace traçant sa route au fur et à mesure, l’expérience se déploie sans aucune autre possibilité d’apprendre qu’en faisant. Et faire, dans son cas, c’est souvent se tromper.
C'est l'humanité qui finirait dans un alambic duquel il ressortirait l'essence de ce que nous sommes devenus : le jus incolore d'un grand jeu télévisé.
Le stylo glisse sur les pages blanches à rayures. Il trouve du plaisir à écrire ce qu'il sait, à compléter en argumentant. C'est la première fois que ça lui arrive, une forme d'enthousiasme qui doit encore faire son chemin, la possibilité d'obtenir quelque chose à travers l'acte d'écrire.
( p.73)
Le camion est dans le fossé, mais moi je suis vivante. La chance, c'est aussi quand on manque de pot.
C’est difficile de garder le cap, de ne jamais trahir ses convictions, de ne pas faillir à la parole qu’on se donne à soi et aux autres.
En attendant, la vie palpite dans les veines du gamin.La vie s'en fout, c'est son insolence et sa grandeur. Même vieux, usé, abattu, il ne faudrait jamais perdre l'insolence.Le fait d'être là , simplement d'être là vivant, est déjà un défi en soi.
( p.211)
"Apporte de l'argent, si tu perdais...
- Je ne perds jamais. Jamais vraiment."
Alain Delon dans "Le Samouraï"
Incipit de la Troisième Partie
Anna mesure de manière aigüe la cruauté de l'épreuve. Elle pourrait y renoncer à l'instant, il le faudrait. Mais il y a :
le cruel besoin d'argent.
Leurs plans sur la comète.
Leurs rêves à taille humaine.
Un camion-rôtisserie .
un " gun" à récupérer.
La Californie.
Qui sait si une promesse peut aider à traverser l'enfer.(...)
( p.145)
Elle commence comme ça, la perte de l'innocence.Quand, par accident, on découvre que le monde n'a plus une seule et même vérité. Quand le miroir brisé nous renvoie l'image de notre visage morcelé et que l'on devient multiple. Peut-être faudrait -il accepter toutes les facettes qui nous constituent, même les plus laides.
( p.81)