Toujours sur ma lancée d'envie de polar, j'ai continué avec un autre auteur islandais que je connaissais déjà :
Arnaldur Indridason.
La cité des jarres avait été une chouette découverte, et j'ai retrouvé ici la même ambiance et la même façon de traiter un sujet de société douloureux et malheureusement encore tabou. Par contre, en relisant ma chronique de ce "premier" tome, je me rends compte que certains points qui m'avaient ennuyé se sont arrangés et à contrario, certains éléments que j'avais apprécié m'ont paru ici trop encombrant.
L'enquête débute avec la découverte d'un squelette dans une zone de construction. Qui est cet inconnu ? Depuis quand est-il ici ? Est-ce un meurtre ou un accident ? Des questions primordiales auxquelles certaines réponses vont nous tenir en haleine durant tout le roman. Si l'époque de l'incident est vite mise en avant, pour le reste, les trois inspecteurs vont devoir fouiller dans le passé, avec une énorme contrainte. Les nombreux protagonistes ne sont malheureusement plus en vie ou à un âge très avancé. Mais Erlendur ne va pas laisser cela l'arrêter, bien au contraire, même si ce cold case est pour certains une cause perdue.
Arnaldur Indridason aime traiter, dans ses romans, de la société islandaise. Je pense que pour lui, trouver un sujet sociétal est son point de départ et qu'ensuite, il brode son intrigue autour de cette-dernière. Il dénonce mais de façon subtile et douce des problèmes qui rongent son île. Il n'y a pas d'agressivité dans son traitement, ce que j'apprécie beaucoup, même si l'on sent que cela le touche et qu'il voudrait que cela change. Sans moraliser le tout, je trouve l'approche intéressante. Ici, ce sont les violences conjugales qui prennent le pas, à différents niveaux, mais toujours avec cette monstruosité dans les effets pervers qu'elles peuvent engendrer. le récit n'est pas tendre, l'horreur est bien présente, mais sans non plus aller dans le "trop". Ce que l'auteur décrit, des femmes et des hommes le vivent tous les jours.
Arnaldur Indridason y met de la justesse et la psychologie, autant des victimes que des coupables, est vraiment à la hauteur. On en sort ébranlé, mais aussi avec cette sensation de "oui cela existe, et il faut le crier haut et fort pour que les choses changent". Toucher son lecteur, ça,
Arnaldur Indridason sait parfaitement le faire.
L'enquête suit deux pistes, nous poussant à douter et à imaginer différents scénarios au fur et à mesure que les pages se tournent. Pour ma part, je n'avais pas forcément de doute concernant "la piste", mais plus sur l'identité de la victime. le cheminement est méticuleux, et j'ai réellement apprécié toute la structure autour des différentes recherches. le fait qu'en parallèle de l'enquête nous avions des passages du passé, était complémentaire et judicieux, même si j'ai trouvé qu'au début, ces "flash-back" étaient plutôt ennuyants. Il y avait trop de rupture et trop de lenteur dans les événements. Certes, cela nous permettait de mieux appréhender la suite, mais j'avoue que bien que l'auteur nous dépeigner l'horreur des violences conjugales, j'avais du mal à entrer dans le quotidien de cette famille. Pour moi, c'était un peu comme lire deux romans en même temps, dont l'un des sujets n'était pas ce que je voulais lire. Mais petit à petit, les deux aspects se fondent et cette impression a disparu.
Je vais peut-être passer pour une sang coeur mais... l'autre point avec lequel j'ai eu du mal est la vie personnelle d'Erlendur et Sigudur Oli. Ce dernier m'a paru plus "sympathique" ainsi qu'Elinborg, ce qui n'était pas le cas dans
La cité des jarres. Cependant, il y avait trop de pathos pour moi à ce niveau-là. La colère de l'ex-femme de notre héros et le comportement d'Eva, sa fille, sont pour moins trop dans l'excès. Il n'y a pas de dialogue possible. C'est épuisant, et on comprend parfaitement ce qu'Erlendur ressent. J'ai par contre aimé qu'
Arnaldur Indridason nous dévoile un événement tragique de l'enfance de son inspecteur en chef. Il prend encore plus une dimension plus complexe et il est plus facile de le cerner.
Si j'ai été moins emballée par
La femme en vert, il n'en reste pas moins que le style de l'auteur et ses choix de narration font que j'ai passé un bon moment. Je continuerai donc sans soucis à découvrir ses autres oeuvres.