Un petit thriller de moins de 200 pages qui ne laissera pas le lecteur indifférent.
Nous sommes à Lausanne, en Suisse, cela change niveau cadre.
Le langage est cru, sans fard, c'est intéressant, prenant mais aussi terriblement malaisant.
Nous sommes entraînés dans les
danses macabres, dans la tête, d'un tueur en série. Un homme en apparence normal, simple.
C'est lui qui s'adresse directement à nous et qui nous fait découvrir son oeuvre. Il nous fait entrer macabrement dans sa tête.
Son projet il l'affine au cours du temps. Et grande tristesse, il se sent exister quand il perpétue ses meurtres, qui sont mis en forme, pensé, réfléchi,
ce qui ne l'empêche pas d'avoir un semblant de vie par ailleurs, un métier, une femme dans sa vie, etc.
Il nous met mal à l'aise par ses paroles et ses actes, du moins certains. Il nous dit tout, sans fard, ce que cela lui procure, comment il a fait, comment viennent les idées.
Il écrit la date entière dans son journal, puis que le jour, voire que le mois, et s'il n'en peut plus, il n'écrit pas.
Il voit déjà un psychologue, il nous parle de son enfance, de ses ressentis.
Il n'édulcore rien, en tout cas dans le livre. Au-delà de ce monstre qui l'habite, qu'il doit nourrir par moments, il y a aussi une dénonciation des faux semblants, de la société, de la routine, de nous qui agissons comme des robots, et certains de ses passages sont aussi glaçants que les actes perpétués.
Il met tout en scène, il choisit avec ses propres raisons, il innove à chaque fois, prend des risques, il cherche quelque chose là-dedans.
En même temps, il admire son oeuvre, pourtant tant de gens passent devant sans vraiment voir ce qu'il a fait, jusqu'au cri perçant.
Nous découvrons la vie de ce tueur au fur et à mesure aussi.
Il parle aussi du masque que chacun porte, et d'une manière effroyable va en briser certains.
Julien Isenring, l'auteur, ne pourra laisser le lecteur indifférent face à cette expérience.
Je conseille donc au lecteur d'y être préparé, et d'être assez en forme et pas dans une période sombre ou triste pour s'y lancer.
Merci à Babelio et l'éditeur pour cette macabre découverte.