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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Un Homme au Singulier" est un roman d'une étonnante beauté . L'autoportrait pudique, sensible d'un homme vieillissant, soudainement confronté à la solitude suite à la disparition de son ami dans un accident de voiture.
C'est le récit d'une journée, des dernières heures d'un homme blessé, sans plus d'illusions, qui se remémore les moments passés avec son ami disparu. Cette disparition qui créait une béance qu'il sait d'ores et déjà insurmontable.
C'est un roman bouleversant, sans artifices, sans effets de langage, une belle et simple réflexion sur la solitude, l'absence, l'homosexualité, la mort, sur la vie. Un roman d'une lucidité rare et apaisante.
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Qu'est-ce qu'« Un homme au singulier » ?
C'est un homme seul qui contemple, immobile, un jardin derrière la fenêtre de sa demeure cossue. C'est un homme qui, semblable à un cèdre centenaire, voit passer les heures, les jours et les saisons sans discontinuité. C'est un spectateur passif mais attentif de la vie qui continue à se jouer derrière le rideau de sa fenêtre et qui, autrefois, en était même l'un des acteurs principaux.
Etre « Un homme au singulier », c'est sentir les différents degrés de la luminosité sur son visage au fur et à mesure que le jour décline. C'est éprouver la chaleur des rayons du soleil et ne pas arriver à en tirer un quelconque réconfort, mais être sensible aux couleurs de la palette du tableau qui s'offre à lui derrière sa fenêtre, et se renouvellent sans cesse. C'est revêtir un déguisement identique jour après jour, chemise blanche et costume sombre, en portant un poids sur ses épaules et un vide au creux de sa poitrine.
« Un homme au singulier » exacerbe les moindres petits détails de son quotidien. C'est un homme qui met à nu le sens même de la vie, et continue en même temps à regarder le léger oscillement de la balançoire sur la branche du cèdre centenaire. C'est un homme qui en vient à ne plus pouvoir respirer, alors que qu'il n'a jamais eu autant d'espace autour de lui.
Un élément inattendu va venir troubler le tableau figé de la vie solitaire de cet homme. Un oiseau se sépare de ses congénères qui venaient parfois survoler le jardin et se pose sur la branche du cèdre en face de lui. Une plume est emportée par une bourrasque de vent et se met à tourbillonner autour de la balançoire. Avec elle, des souvenirs refont surfaces. Ils tourbillonnent dans le jardin, et s'animent sous forme de flash-back dans sa mémoire intacte. Un baiser. Une soirée. La rencontre. Une promenade. Une ombre sur la pelouse. Un poids sur la balançoire. Un sourire. L'accident. La neige. le sang. La mort.
On ne peut devenir « Un homme au singulier », qu'après avoir été « Deux hommes au pluriel ».

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Un Homme au Singulier, c'est tout d'abord A Single Man, film découvert par hasard sur une obscure chaîne appelée ARTE. En version sous-titrée, s'il vous plaît. Pas besoin de dire que je suis immédiatement tombée amoureux de la patte rétro de ce film, pas besoin de dire que j'ai filé m'acheter le roman.
Un roman que j'ai mis plus de deux ans avant d'avoir le courage d'ouvrir.

Et boum, claque dans ta face. (enfin la mienne, du coup.) J'avais un peu peur concernant l'écriture du roman, la maison d'édition m'impressionnait un peu. Pour moi, Grasset c'est un peu la maison des textes très compliqués mais surement grandioses. J'avais peur de tomber là dessus, sur un roman de génie mais malheureusement pas compréhensible de tous.
ET BIEN NON !
J'ai été joie. Parce que Isherwood, il écrit quand même foutrement bien. C'est beau, poétique. Oui, c'est beau. Faisons un parallèle avec le film (il n'y a que ça de vrai) : ce dernier est très porté sur le jeu des couleurs, s'accordant avec les sentiments de notre personnage principal, Georges. On pourrait penser, en vu du sujet abordé, qu'Un Homme au Singulier peut être très fade, voire même redondant. Et bien c'est faux, parce que pour avoir une redondance, il faut une écriture à son image. Or, la plume d'Isherwood n'a rien de naze, d'atroce ou de redondant. La plume d'Isherwood, c'est de l'or dans un stylo, c'est tout plein de choses réunies en un seul et même endroit : ce roman. Chaque phrase semble pensée, construite et articulée comme une partition de musique. Il faut que ça sonne juste, il faut que ça sonne beau.

Nous avons alors affaire à une partition de maître, jouée avec brio par George, par cette narration magnifique. Il n'y a pas de je, dans cette histoire, mais ça aurait pu. Nous, lecteurs, sommes plongés dans les réflexions intimes cet universitaire mis à mal par la vie, par cette société américaine emprisonnée dans ses tabous, le regard inquiet tourné vers le bloc soviétique. George est un homme infiniment triste, sortant difficilement du deuil de son amant. George semble uniquement composé de souvenirs et de mélancolie d'un passé meilleur. Durant ces vingt-quatre heures dans lesquels nous le suivons, on finit rapidement par comprendre que ça sera ses derniers vingt-quatre heures. Et pourtant, toujours sous le doux regard de la fatalité, il y a de nouvelles rencontres, de nouveaux espoirs. Ce qui est génial avec ce roman, c'est qu'il n'y a aucun justement sur les choix de George. Oui, il est homosexuel. Oui, il est dépressif. Oui, il aime les partenaires bien plus jeunes que lui. le jugement se porte sur la triste condition féminine de sa voisine, sur les conditions politiques (et je reviendrais la merveilleuse scène de la voiture), sur les préjugés d'une société… George est intelligent, observateur. Tout se ressent dans cette narration si expressive. Et on rit, et on pleure !

Un Homme au Singulier est un roman qui touche tout en douceur, sans réellement nous secouer. La fille avait été un coup de coeur, et le livre bien plus encore. Je le conseillerai facilement à tous, parce qu'il est beau.
Lien : https://lamouchequilouche.wo..
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Découvert après avoir vu "A single man" de Tom Ford, ce dernier fait une adaptation magistrale d'un livre d'une profondeur inattendue, tant par son côté philosophique que par la construction minutieuse d'un personnage auquel on s'attache rapidement. Je le recommande aux plus curieux, désireux de lire un style agréable.
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