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Léo Dilé (Traducteur)
EAN : 9782213654911
216 pages
Fayard (03/03/2010)
4.02/5   73 notes
Résumé :
Dans ce roman brillant, pénétrant, à la fois drôle et douloureux, Isherwood explore le sujet qui lui tient le plus à cœur. Son personnage principal est un Anglais vieillissant qui vit en Californie, un professeur que séparent de ses élèves l’âge et la nationalité, et du reste de la société son homosexualité assumée, lucide. Cet autoportrait légèrement transposé, sarcastique et amer, peinture sans fard de la condition d’un homosexuel individualiste dans un monde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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La vie semble avoir procuré à George tout ce qu'un homme peut désirer. Et pourtant il se considère désormais comme un homme au singulier. Il assume pleinement tout ce qui peut caractériser sa singularité, être un homosexuel britannique enseignant dans une université californienne dans les années 1970. Mais cependant la solitude lui pèse depuis que son amant est récemment décédé dans un accident. Nous allons le suivre durant une journée.

George est à bien des égards l'alter ego de Christopher Isherwood. Il adresse même un clin d'oeil appuyé à son ami Huxley durant son cours de littérature. Isherwood décrit la solitude quotidienne dans les lieux les plus familiers, et inscrit en filigrane le désarroi d'un homme qui se sent isolé où qu'il se trouve. Cet homme, qui n'est plus anglais et pas vraiment américain, devient même étranger pour lui-même.
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"Un Homme au Singulier" est un roman d'une étonnante beauté . L'autoportrait pudique, sensible d'un homme vieillissant, soudainement confronté à la solitude suite à la disparition de son ami dans un accident de voiture.
C'est le récit d'une journée, des dernières heures d'un homme blessé, sans plus d'illusions, qui se remémore les moments passés avec son ami disparu. Cette disparition qui créait une béance qu'il sait d'ores et déjà insurmontable.
C'est un roman bouleversant, sans artifices, sans effets de langage, une belle et simple réflexion sur la solitude, l'absence, l'homosexualité, la mort, sur la vie. Un roman d'une lucidité rare et apaisante.
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Qu'est-ce qu'« Un homme au singulier » ?
C'est un homme seul qui contemple, immobile, un jardin derrière la fenêtre de sa demeure cossue. C'est un homme qui, semblable à un cèdre centenaire, voit passer les heures, les jours et les saisons sans discontinuité. C'est un spectateur passif mais attentif de la vie qui continue à se jouer derrière le rideau de sa fenêtre et qui, autrefois, en était même l'un des acteurs principaux.
Etre « Un homme au singulier », c'est sentir les différents degrés de la luminosité sur son visage au fur et à mesure que le jour décline. C'est éprouver la chaleur des rayons du soleil et ne pas arriver à en tirer un quelconque réconfort, mais être sensible aux couleurs de la palette du tableau qui s'offre à lui derrière sa fenêtre, et se renouvellent sans cesse. C'est revêtir un déguisement identique jour après jour, chemise blanche et costume sombre, en portant un poids sur ses épaules et un vide au creux de sa poitrine.
« Un homme au singulier » exacerbe les moindres petits détails de son quotidien. C'est un homme qui met à nu le sens même de la vie, et continue en même temps à regarder le léger oscillement de la balançoire sur la branche du cèdre centenaire. C'est un homme qui en vient à ne plus pouvoir respirer, alors que qu'il n'a jamais eu autant d'espace autour de lui.
Un élément inattendu va venir troubler le tableau figé de la vie solitaire de cet homme. Un oiseau se sépare de ses congénères qui venaient parfois survoler le jardin et se pose sur la branche du cèdre en face de lui. Une plume est emportée par une bourrasque de vent et se met à tourbillonner autour de la balançoire. Avec elle, des souvenirs refont surfaces. Ils tourbillonnent dans le jardin, et s'animent sous forme de flash-back dans sa mémoire intacte. Un baiser. Une soirée. La rencontre. Une promenade. Une ombre sur la pelouse. Un poids sur la balançoire. Un sourire. L'accident. La neige. le sang. La mort.
On ne peut devenir « Un homme au singulier », qu'après avoir été « Deux hommes au pluriel ».

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Un homme au singulier c'est une seule journée de la vie de George, un Anglais au milieu de sa vie, seul à Santa Monica, enseignant dans une université de Los Angeles. Il est gay, et a récemment perdu son amant, Jim, dans un accident de voiture, et accepte lentement sa perte. Nous le suivons, lui et son monologue intérieur, tout au long d'une journée alors qu'il se lève, se rend au travail, fait un cours à un groupe d'étudiants, puis se rend au gymnase. On a l'impression d'un homme sur le fil, terrifié à l'idée de vieillir seul, conscient de la nécessité de garder secrète sa sexualité, encore taboue en Amérique à cette époque. Il a besoin de faire son deuil, mais il est incapable de le faire - il dit à ses voisins que son "ami", Jim, s'est simplement éloigné, plutôt que de reconnaître sa mort et de devoir répondre à leurs condoléances.

L'homosexualité était illégale dans les années 60. C'était courageux d'en faire un sujet de roman.
George ne vit vraiment que lorsqu'il est excité sexuellement, en particulier par les joueurs de tennis qu'il voit, ou lorsqu'il s'entraîne dans la salle de sport à côté d'un homme désirable quoique dangereusement jeune.
C'est le récit intérieur d'un célibataire triste et amer. Sa colère et son ressentiment envers les familles hétérosexuelles qui empiètent sur sa communauté bohème sont compréhensibles, mais néanmoins désagréables.

La journée de George et le roman se terminent par un bain de minuit sauvage, improbable et imbibé de beaucoup d'alcool, et enfin par une crise cardiaque,
fin sombre et sans espoir d'une vie triste et amère.
Un homme au singulier est avant tout une étape importante dans la libération de la parole gay,
mais pas seulement,
Isherwood sait les mots qui conviennent à la mélancolie.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Un Homme au Singulier, c'est tout d'abord A Single Man, film découvert par hasard sur une obscure chaîne appelée ARTE. En version sous-titrée, s'il vous plaît. Pas besoin de dire que je suis immédiatement tombée amoureux de la patte rétro de ce film, pas besoin de dire que j'ai filé m'acheter le roman.
Un roman que j'ai mis plus de deux ans avant d'avoir le courage d'ouvrir.

Et boum, claque dans ta face. (enfin la mienne, du coup.) J'avais un peu peur concernant l'écriture du roman, la maison d'édition m'impressionnait un peu. Pour moi, Grasset c'est un peu la maison des textes très compliqués mais surement grandioses. J'avais peur de tomber là dessus, sur un roman de génie mais malheureusement pas compréhensible de tous.
ET BIEN NON !
J'ai été joie. Parce que Isherwood, il écrit quand même foutrement bien. C'est beau, poétique. Oui, c'est beau. Faisons un parallèle avec le film (il n'y a que ça de vrai) : ce dernier est très porté sur le jeu des couleurs, s'accordant avec les sentiments de notre personnage principal, Georges. On pourrait penser, en vu du sujet abordé, qu'Un Homme au Singulier peut être très fade, voire même redondant. Et bien c'est faux, parce que pour avoir une redondance, il faut une écriture à son image. Or, la plume d'Isherwood n'a rien de naze, d'atroce ou de redondant. La plume d'Isherwood, c'est de l'or dans un stylo, c'est tout plein de choses réunies en un seul et même endroit : ce roman. Chaque phrase semble pensée, construite et articulée comme une partition de musique. Il faut que ça sonne juste, il faut que ça sonne beau.

Nous avons alors affaire à une partition de maître, jouée avec brio par George, par cette narration magnifique. Il n'y a pas de je, dans cette histoire, mais ça aurait pu. Nous, lecteurs, sommes plongés dans les réflexions intimes cet universitaire mis à mal par la vie, par cette société américaine emprisonnée dans ses tabous, le regard inquiet tourné vers le bloc soviétique. George est un homme infiniment triste, sortant difficilement du deuil de son amant. George semble uniquement composé de souvenirs et de mélancolie d'un passé meilleur. Durant ces vingt-quatre heures dans lesquels nous le suivons, on finit rapidement par comprendre que ça sera ses derniers vingt-quatre heures. Et pourtant, toujours sous le doux regard de la fatalité, il y a de nouvelles rencontres, de nouveaux espoirs. Ce qui est génial avec ce roman, c'est qu'il n'y a aucun justement sur les choix de George. Oui, il est homosexuel. Oui, il est dépressif. Oui, il aime les partenaires bien plus jeunes que lui. le jugement se porte sur la triste condition féminine de sa voisine, sur les conditions politiques (et je reviendrais la merveilleuse scène de la voiture), sur les préjugés d'une société… George est intelligent, observateur. Tout se ressent dans cette narration si expressive. Et on rit, et on pleure !

Un Homme au Singulier est un roman qui touche tout en douceur, sans réellement nous secouer. La fille avait été un coup de coeur, et le livre bien plus encore. Je le conseillerai facilement à tous, parce qu'il est beau.
Lien : https://lamouchequilouche.wo..
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critiques presse (1)
Lexpress
30 juillet 2014
Récit autobiographique mordant, La Violette du Prater reste un tableau de moeurs et d'époque d'une rare virtuosité.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Georges suppose que Mr Strunk essaie de le clouer d'un mot. "Pédé"...

Mais Mrs Strunk... se permet avec douceur d'avoir une opinion différente de celle de son mari... La technique de l'anéantissement par la douceur. Elle brandit un manuel de psychologie... Et entreprend d'exorciser l'innommable qui est en Georges... Rien ici de volontairement mauvais. Tout cela provient de l'hérédité, du milieu environnant de l'enfance..., d'un arrêt de développement à la puberté, ou des glandes. Nous avons affaire à un inadapté, à jamais privé du meilleur de l'existence, plus à plaindre qu'à blâmer. Certains cas, pris suffisamment jeunes, peuvent parfois être guéris. Quant au reste...ah ! Quel dommage ! Surtout quand ça arrive... à des gens vraiment méritants, des gens qui auraient pu tellement apporter ! (Même quand ce sont des génies malgré ça, leur chef-d'œuvre en sont invariablement pervertis).

Il faut... nous rappelez qu'après tout il y a bien eu les Grecs (mais...il s'agissait de Païens plutôt que de névrosés).

Allons même plus loin : disons que ce type de relation peut quelquefois être presque beau - surtout si l'un des partenaires est déjà mort ; ou, mieux encore, les deux.
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... Une autre hérésie libérale. Parce que la majorité persécutrice est abominable, disent les libéraux, la minorité persécutée doit être nécessairement d'une pureté sans tache. Ne voyez-vous pas combien c'est absurde ? Qu'est-ce qui s'oppose à ce que les mauvais soient persécutés par les pires ? Tous les chrétiens massacrés dans l'arène étaient-il obligatoirement des saints ?

Autre chose. La minorité a son propre type d'agressivité. Elle provoque positivement les attaques de la majorité. Elle hait la majorité... Elle hait même les autres minorités - parce que toutes les minorités sont en compétition : chacune proclame que ses souffrances sont les plus atroces, et que les torts qu'elle subit sont les plus graves. Et plus toutes ces minorités haïssent, plus elles sont persécutées, plus elles deviennent méchantes !
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...Les visages des gens deviennent caricaturaux ; je veux dire qu'on a l'impression de voir ce que chacun a derrière la tête... L'un est d'une vanité absurde ; l'autre, littéralement malade d'inquiétude ; un troisième cherche la bagarre. Et puis on en voit de très rares qui sont beaux, tout simplement, pour l'unique raison que rien ne les rend anxieux ni agressifs ; ils prennent la vie comme elle vient...
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Aujourd'hui, par exemple, les gens qui ont des taches de rousseur ne sont pas considérés comme une minorité par ceux qui n'en ont pas. Ils ne constituent pas une minorité dans le sens où nous l'entendons. Et pourquoi non ? Parce qu'une minorité n'est considérée comme une minorité que lorsqu'elle représente une menace quelconque, réelle ou imaginaire, pour la majorité.
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Pour Dreyer, George restera toujours un universitaire amateur ; ses diplômes, sa formation sont britanniques, et par conséquent suspects.
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