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sur 1317 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pas d'ancrage temporel pour ce roman de science-fiction, situé dans un futur indéterminé. On se déplace encore en voiture que l'on pilote, les oblongs sont l'équivalent de nos téléphones mobiles et l'intelligence artificielle ne fascine plus personne : elle existe, et on est en droit d'y recourir.

C'est Klara qui parle, une adolescente en quête d'une amie réelle, alors qu'elle est le fruit d'une conception technique aboutie. Josie la repère dans la vitrine, et souhaite de tout son coeur acquérir l'Amie Artificielle qui la soutiendra dans ses moments de faiblesse. On l'apprend rapidement, Josie est gravement malade.

Si l'histoire débute à la façon d'un roman jeunesse, on n'en reste pas là. C'est peu à peu que l'auteur, par petites touches, développe un récit complexe, bien au delà d'un débat autour de l'intelligence artificielle. C'est de la vie, de ses limites et de ce que la technologie peut apporter pour compenser la perte, qu'il s'agit.

L'environnement est décrit à l'aune de ce que perçoit Klara, avec des paysages pixelisés avant d'apparaitre compréhensibles, au gré de ses performances techniques et de l'énergie dont elle dispose.
Est-elle conçue pour ce culte inconditionnel du Soleil, sorte de Dieu bienfaisant, source d'une énergie indispensable mais aussi objet de prières importantes ?

On comprend aussi qu'une terrible forme de sélection sociale décide du destin de chaque individu. L'humain utilise les progrès pour le meilleur et pour le pire.

Le roman démarre lentement, mais à petites touches on perçoit les enjeux ce cette histoire et ce personnage artificiel est malgré cela émouvant, et pose la question fondamentale : qu'est-ce qu'être humain ?

Belle découverte de cet auteur, Prix Nobel de littérature en 2017.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Autant le dire d'emblée, je suis fan de Kazuo Ishiguro ! J'ai adoré tous ses livres (mon préféré est "l'inconsolé, si si) alors il n'y a aucune surprise concernant son dernier titre, "Klara et le soleil", j'ai ADORÉ !

Pour ceux qui connaissent l'oeuvre de Kazuo Ishiguro, "Klara et le soleil" est dans la même veine que "Auprès de moi toujours".

L'action se déroule dans un futur pas si lointain, peut-être une petite cinquantaine d'années, où l'avancée sur l'intelligence artificielle et la robotique a conduit à une certaine obsolescence de l'humain... et ce sont les enfants qui paient le prix fort de cette modernité.

Pendant ma lecture de "Klara et le soleil", j'ai constamment pensé à Isaac Asimov et son cycle des robots !

On est bien d'accord, l'écriture de Kazuo Ishiguro qui est tout en finesse, en sous-entendu et en non-dit n'a rien à voir avec celle d'Asimov (quoique que ?). Mais les 3 lois de la robotique énoncées par Asimov sont présentes dans tout le livre :

          "Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger"

          "Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi"

          "Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi"

Bon, il y a aussi la loi zéro... mais c'est inutile d'en parler ici !

Klara, la narratrice du roman, est un robot destiné à tenir compagnie aux enfants (un tamagotchi super évolué).

C'est une amie artificielle selon les termes de Kazuo Ishiguro... Je ne sais pas vous, mais moi ça me fait froid dans le dos car ça laisse imaginer toute l'étendue de la solitude dans laquelle les enfants se trouvent...

Mais comme un robot ne peut rester passif (1ère loi de la robotique), Klara laisse "traîner ses oreilles" et rapporte les brides de conversations qu'elle surprend mais ne comprend pas forcément. Elle est très intelligente mais très naïve également, ce qui la rend très attachante. Elle n'hésite pas pas à prendre des initiatives en cas de besoin (2ème loi de la robotique) mais sans mettre sa propre existence trop en danger (3ème loi de la robotique). Jusqu'à ce qu'arrive sa propre obsolescence...

Dans "Klara et le soleil", rien n'est dit clairement Kazuo Ishiguro demande à son.sa lecteur.rice de faire marcher son cerveau... il ne nous prend pas pour des idiots comme les politiciens le font et c'est ce que j'apprécie le plus avec lui.


Klara et le soleil, de Kazuo Ishiguro
Traduit par l'excellente Anne Rabinovitch
Éditions Gallimard
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"- Jusqu'à ces derniers temps, je ne pensais pas que les humains pouvaient choisir la solitude. Que le désir de ne pas être seul pouvait être balayé par une force plus puissante.
- Vous êtes vraiment mignonne. Vous ne parlez pas beaucoup, mais je vois que vous réfléchissez."
Du magasin au foyer qui l'a achetée, puis à… (vous verrez bien), voici la vie… euh, la durée d'utilisation du robot Klara, Amie Artificielle conçue pour tenir compagnie à une adolescente : fonction qui nécessite des qualités d'observation, de compréhension et de dévouement à l'espèce humaine. Voilà l'histoire.
Et en terminant ce roman merveilleux, je me dis que c'est à ça que ça sert, la littérature.
La littérature nous raconte des histoires.
Et raconter des histoires, ça pose des questions.
Poser des questions, ça nous amène à réfléchir.
Et la réflexion conduit (devrait conduire) à rendre le monde meilleur.
C'est ça, le rôle de la littérature.
Parce qu'Ishiguro est un merveilleux conteur d'histoires, parce qu'il parvient à créer des personnages si incarnés qu'on s'y attache très fort, fussent-ils des robots, parce que son écriture nous pose si intelligemment des questions…
… sa littérature, j'en suis convaincue, peut rendre le monde meilleur.

Traduction parfaite d'Anne Rabinovitch.
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Un chef-d'oeuvre de plus dans l'oeuvre déjà si somptueuse de Kazuo Ishiguro, écrivain britannique d'origine japonaise né en 1954, arrivé en Grande-Bretagne à l'âge de 6 ans, et auteur, entre autres, des Vestiges du jour (The Remains of the Day), de l'inconsolé (The Unconsoled) et de Auprès de moi toujours (Never Let Me Go). ● L'attribution du prix Nobel à son oeuvre en 2017 ne doit pas faire peur car elle est très accessible, même en langue anglaise. ● A chaque livre, Kazuo Ishiguro se renouvelle et fait preuve d'une créativité et d'une originalité incroyables. ● Ce dernier opus, Klara and the Sun, peut cependant faire penser à Auprès de moi toujours car il joue dans les deux avec l'univers de la science-fiction, et l'histoire se passe dans un avenir peut-être proche. ● le roman commence dans une boutique très particulière où l'on vend des artefacts qui n'existent pas encore mais qui pourraient bien exister à l'avenir. Une mère et sa fille en achètent un et le rapportent chez elles. Je n'ai pas envie de déflorer plus l'intrigue ni de révéler la nature précise de l'artefact en question, car je l'ai découvert en lisant le roman, n'ayant lu auparavant aucune critique ni la quatrième de couverture et je pense que c'est beaucoup mieux comme ça. ● S'il est une caractéristique que l'on retrouve d'un livre à l'autre dans l'oeuvre de l'auteur, c'est la subtilité, et ce dernier roman ne fait pas exception. En même temps, l'histoire est haletante et on tourne les pages à toute vitesse. Tous les personnages sont extrêmement attachants. L'étrangeté de ce monde futur n'est jamais vraiment explicitée, c'est au lecteur d'imaginer ce que l'auteur ne lui dit pas, mais cela n'est en aucun cas un frein à la compréhension ni à la fluidité de l'histoire. L'humanisme du roman est admirable. Il pose des questions essentielles mais sans aucune pesanteur : qu'est-ce qui fait de nous des êtres humains ? Quelle est notre spécificité ? Où le progrès scientifique et technique nous emmène-t-il ?... La fin est sublime et poignante. ● Je recommande très vivement ce livre, qui paraîtra en français chez Gallimard dans une traduction d'Anne Rabinovitch en septembre 2021.
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Un livre de science-fiction écrit par Kazuo Ishiguro : attendez-vous à être dérouté. Klara et le soleil est un ouvrage très particulier, que vous aimerez surtout pour la finesse avec laquelle cette histoire est traitée.
Dans un futur indéterminé, les enfants peuvent avoir des Amis Artificiels pour leur éviter de ressentir la solitude.
Le monde ressemble au nôtre, les voitures circulent toujours et les téléphones portables ont été remplacés par des oblongs. Mais de nouvelles technologies sont en train de changer les humains, sans qu'ils se révoltent.
Klara est une AA ou Amie Artificielle toute neuve dont l'énergie vient du soleil. Dans la vitrine du magasin, elle observe ce qui se passe autour d'elle, se construit une vision très personnelle de notre monde. Dès que Josie, une adolescente de treize ans, entre dans la boutique, une relation s'établit et Klara choisit Josie, ce qu'elle n'aurait pas dû faire, après tout, elle n'est qu'un robot sophistiqué.
L'intrigue est déroutante parce qu'elle comporte une partie « conte pour enfants » avec des descriptions très visuelles. J'ai imaginé à plusieurs reprises des illustrations.
C'est aussi un conte philosophique qui interroge sur notre part d'humanité dans un monde où la science créerait de nouvelles discriminations. Et bien sûr avec des questions sans réponses.

Lien : https://dequoilire.com/klara..
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Questionner l'IA et ses potentialités, c'est vite questionner l'humanité et ses limites : vaste champ d'exploration littéraire autant qu'éthique, philosophique, sociologique, psychologique où tout l'enjeu de l'exercice est d'allier dans une oeuvre de qualité pertinence et intelligence d'une part, profondeur et finesse de l'autre.
Réussir un tel exercice n'est pas donné à tout le monde, et je me réjouis d'avoir entrepris avec Klara, après Adam dans "Une machine comme moi" de Ian McEwan, une réflexion enrichissante sur cet Homo Deus dont la technologie à la fois appauvrit et sublime l'essence.

D'autant plus que tout comme Adam, Klara n'est pas perçue comme une machine mais comme un véritable personnage de fiction.
Or quoi de plus humain qu'un personnage de fiction?
Or Klara est aimable, au sens digne d'être aimée, attentive, désireuse d'apprendre, empathique, sans violences.

A un moment du roman, un personnage dit en substance à un autre que ce qui distinguera toujours l'humain de Klara réside dans l'amour que les autres ressentent pour lui. A un autre moment du roman, il est dit par un autre personnage qu'il n'y a rien dans l'humain que Klara ne soit capable de continuer.
Le roman d'Ishiguro navigue entre les rives de ces deux assertions également discutables, au fil d'une intrigue dont la subtilité se dévoile au fil des pages.
J'en ressors sans réponses, mais impressionnée sur la rétine comme dans l'esprit par cet exercice périlleux pleinement réussi.
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J'aimerai multiplier les éloges sur ce livre. J'aimerai le brandir comme mon précieux, le garder auprès de moi toujours... Passés les premiers chapitres, je ne sais encore pas quoi en penser : déception ? Rendez-vous manqué ? Et plus j'avance dans cette histoire, plus j'ai le sentiment que c'est moi qui suis en train de le manquer, ce rendez-vous ! Qu'est-ce qui me met mal à l'aise ? Ce manque de sentiment et d'émotion dans l'expression ? Mais n'est-ce pas justement ce que l'auteur cherche à nous transmettre ? Ce qui coule de source quand on connaît la narratrice : Klara ! Cette AA - amie artificielle - créée pour tenir compagnie aux enfants et adolescents de cette modernité qui ne fait vraiment pas rêver. Mais Kazuo Ishiguro, n'est pas là pour nous faire rêver... Il nous assène un futur où l'on devine que tous, adultes comme enfants, ne sont pas les bienvenus. Un peu comme au concert ou au ciné, si tu n'as pas ton sésame.

Rick et sa mère vivent en marge de la société, pourquoi ? Josie est malade, mais de quoi ? Et qu'est devenue sa soeur ? Deviner, Découvrir. Toutes les clefs n'y sont pas. Parce que Klara ne les a pas ? Parce que l'auteur ne veut pas nous les donner si facilement ? Et qu'est-ce que cela changerait ? L'Intelligence Artificielle est là. Plus personne ne s'en étonne. Pas de rejet, ni de lutte. C'est un fait. on s'y soumet. le monde que l'on découvre, ne semble pas si éloigné du nôtre quand on y pense. Un monde où l'on fait beaucoup semblant, où les apparences comptent plus que la vérité, car la vérité, ici, c'est souvent l'exclusion, la sélection et la mise à mort sociale. Pas de sésame, pas d'avenir.

"Je voudrais pouvoir sortir, marcher, courir, faire du skate et nager dans les lacs. Mais je ne peux pas parce que ma mère a du Courage. Alors au lieu de cela je dois rester au lit et être malade. J'en suis très heureuse, vraiment".

Kazuo Ishiguro est dans la retenue, l'ellipse. le lecteur a son rôle à jouer dans Klara et le soleil. Et lorsqu'on assume ce Je(u), on prend une belle claque. Et cette fin !
Lien : http://page39.eklablog.com/k..
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Dimanche 29 août 2021, gare de Bordeaux: je quitte mon amoureux après trois semaines de vacances ensemble. C'est beau la distance, c'est chouette, ça donne un petit frisson, on n'empiète pas l'un sur l'autre, mais quand même qu'est-ce que ça fait ch... (et cliché) de se séparer sur le quai de la gare. Pour me mettre un peu de baume au coeur, je m'offre un magazine sur la rentrée littéraire, le seul de ce genre que j'achète dans l'année.

Dimanche 29 août 2021, deux heures et quelques minutes plus tard, gare Montparnasse (ou plutôt quai du métro): j'ouvre ma revue et tombe sur un article sur le nouveau roman de Kazuo Ishiguro. Je dévore l'interview de l'auteur durant le trajet.

Dimanche 29 août 2021, 20 minutes plus tard, gare du Nord: je cours acheter Klara et le soleil, tant pis, ça ne sera pas chez ma libraire préférée.

Dimanche 29 août 2021, 1 heure après, à bord du train me ramenant chez moi: je commence la lecture de ce roman, j'adore.

Lundi 30 août 2021, de retour de chez ma mère: misère! J'ai oublié mon livre chez elle, je vais devoir attendre plusieurs jours avant de le récupérer (heureusement, j'ai de quoi faire chez moi);

Dimanche 12 septembre 2021: je récupère mon livre et le termine le 13 au petit matin... Ouais, j'ai boulot mais tant pis.

Comme vous l'aurez constaté, j'ai une vie passionnante. Mais vous ne pouvez pas savoir la frustration que j'ai ressentie quand je me suis aperçu que je l'avais oublié, surtout que j'étais arrêtée à un des moments les plus palpitants du roman.

Il faut savoir que j'ai découvert cet auteur il y a deux ans avec Auprès de moi toujours qui fut une claque magistrale, un énorme coup de coeur, ma meilleure lecture de l'année 2019. La révélation d'un auteur (pourtant déjà auréolé du prix Nobel de littérature quand j'ai fait sa connaissance), d'un raconteur d'histoire, d'un créateur de personnages et d'une plume. Oui, Kazuo Ishiguro pourrait écrire le bottin que je le lirais. Son écriture, à la fois simple et soignée, me ravit; il n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour me prendre dans ses filets, et c'est pour moi la marque d'un grand écrivain (c'est très subjectif, bien entendu).

Cet homme, cet écrivain sait raconter des histoires, rendre des personnages réels, arriver à me faire totalement chavirer de leur côté; donner une âme à un robot. Car c'est de cela qu'il s'agit ici.
Klara est ce que l'on appelle une AA, pour Amie Artificielle. Elle a été choisie dans un magasin par Josie, une jeune adolescente malade. Son rôle sera de lui tenir compagnie, l'aider à grandir. Elle est intelligente, Klara, mais elle a surtout un truc en plus: savoir lire les émotions, ce qui la rend, finalement, la plus humaine de tous. L'histoire est racontée de son point de vue et je me suis très vite attaché à elle.

Alors, tout n'est pas parfait dans ce roman, l'auteur suggère beaucoup au lieu de dire clairement, mais ça laisse la place à l'imagination et à l'interprétation du lecteur, ce qui est aussi très appréciable de mon point de vue. La fin, même si un peu trop précipitée, m'a touchée et je n'avais qu'une envie à la fin de ma lecture: relire Kazuo Ishiguro, encore et encore.

Vous l'aurez compris, ce fut une excellente lecture même s'il m'a manqué un je ne sais quoi pour qu'elle soit un coup de coeur.
Je ne suis pas une adepte des nouvelles technologies et autre intelligence artificielle mais cela ne m'a nullement empêchée d'apprécier ce roman. Et, je me répète, l'écriture de l'auteur, servie en prime par une excellente traduction, vaut le coup: ni compliquée, ni tordue, d'une justesse comme je les aime.


Lu en septembre 2021
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Ce roman décrit une aventure familiale dans un temps situé pas trop loin de nous et où évolue un robot nommé Klara.

L'univers de Kazuo Ishiguro est mystérieux, mais on n'y retrouve des repères qui ne nous dépaysent pas trop. Il pointe les dérives humaines actuelles.

Klara, la narratrice, est un robot qui fonctionne grâce à l'énergie solaire. Ceci explique déjà une petite partie du titre. Il y a dans ce roman des côtés mystiques qui interviennent autour du soleil et qui m'ont rappelé des cultes divins.

Dans ce futur pas trop lointain où nous sommes plongés, des machines intelligentes ont été conçues pour accompagner les enfants au cours de leurs études, dans une société futuriste devenue de plus en plus élitiste.

Même si c'est un roman d'anticipation, un domaine qui ne m'attire pas spécialement, j'ai adoré ce livre car, d'une part il aborde des tas de sujets contemporains dangereux, et d'autre part, il est d'une grande profondeur psychologique.

Une première partie a lieu dans le magasin où Klara, encore "neuve", est mise en vitrine. Elle explique son ressenti face à ce qu'elle voit autour d'elle. Son regard géométrique et spatial est purement fascinant et assez contaminant dans sa façon de structurer l'espace. La trajectoire du soleil, l'énergie qu'il lui procure, le monde qu'elle découvre avec les effets néfastes de la pollution, et les piétons qu'elle observe. Tout le roman est empreint de sa vision de machine qui voit tout derrière un écran, mais avec une grande finesse et justesse.

Josie, une enfant malade mais pétillante, sera l'enfant dont elle aura la charge. Sa maison est isolée au milieu d'une campagne très vaste, avec pour seul voisin son ami Rick.

Le personnage de Klara est témoin de réalités sensibles qui font écho. Au travers de sa réalité de machine, elle restitue la complexité des choses.

Ce roman évoque le don de soi de Klara mais aussi en général, la grande difficulté des rapports humains, et les frustrations qui en découlent, l'incommunicabilité et la solitude des êtres.

Un très beau livre.
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Prix Nobel de littérature en 2017, explorateur acharné des secrets de l'âme humaine, Kazuo Ishiguro livre, avec ce roman à la science-fiction très plausible, un nouveau chef d'oeuvre, riche d'une délicate sensibilité. Dans une société aux règles très strictes et à l'environnement dégradé par le changement climatique et une intense pollution, Klara est une A.A, une Amie Artificielle, un robot de haute technologie, conçu pour partager la vie des enfants et des adolescents. Elle attend l'heure où elle sera choisie, dans un magasin dont la gérante, qui admire la curiosité et l'intelligence qu'elle manifeste bien davantage que ses camarades-robots, l'a prise en affection et lui attribue souvent les meilleures places dans la vitrine. Un jour, une enfant attarde son regard sur elle, et, c'est le coup de foudre réciproque, elle est bientôt achetée et emmenée dans la famille de la jeune fille. Mais Josie est malade, d'une étrange affection, qui la fatigue fréquemment et nécessite une attention permanente. Klara s'adapte patiemment à la situation, composant avec la mère de l'adolescente et Melania, la gouvernante au caractère difficile. Elle découvre aussi Rick, le voisin et l'ami de coeur de Josie, avec qui celle-ci entretient une relation changeante, ponctuée de crises de mélancolie, en fonction de son état de santé. Peu à peu, Klara se voit confier une mission rédemptrice… Kazuo Ishiguro sait maintenir le suspens, construisant son récit autour du point de vue de Klara, fine observatrice des émotions de son entourage, finalement peut-être plus lucide, plus empathique, voire plus « humaine » que les humains, lorsque ceux-ci se déchirent à cause de leur prétention ou de leur jalousie, comme lors d'une réunion d'adolescents, l'une des scènes les plus marquantes du roman, ou lorsqu'elle accompagne, seule, la mère de Josie, pendant une promenade à la cascade, au cours de laquelle la mère lui fait jouer le rôle de sa fille. Une histoire bouleversante jusqu'aux scènes finales et qui nous laisse avec cette interrogation : et si nous ne valions pas mieux que ces robots que nous imaginons, si finalement leur coeur artificiel, nourri de soleil, devait rayonner davantage que le nôtre ?
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