Ishiguro Kazuo – "
Un artiste du monde flottant " – Gallimard/Folio, 2009 (ISBN 978-2-07-036814-3)
– Traduit de l'anglais par Denis Luthier
– Première édition aux Presses de la Renaissance en 1987
– Titre original : "An artist of the floating word" cop. 1986
Ce roman a été publié en 1986, trois ans avant "
Les vestiges du jour". Pas de chance, je les ai lus dans l'ordre inverse, ce qui provoque une certaine déception. En effet, bien que transposé dans le Japon des parents de l'auteur, le thème majeur de ce roman correspond à l'un des thèmes des "Vestiges du jour" : comment les gens (ici, des artistes peintres japonais, alors qu'il s'agit d'aristocrates anglais dans les "Vestiges") qui ont collaboré et soutenu les régimes dictatoriaux (ici, le régime impérial japonais, dans les "Vestiges", le régime nazi) se sont-ils "réadaptés" une fois la Guerre 1939-1945 terminée dans un immense désastre pour le Japon et l'Allemagne ?
Certes, l'auteur en profite ici pour aborder également le thème de la "dette" que les élèves contractent envers leur(s) maître(s) formateur(s) au sein de la relation particulière que représente l'apprentissage, mais il reste tout de même fort loin de la densité et de la complexité de la réflexion menée dans "
Les Vestiges du jour".
Surtout dans la mesure où ce roman illustre des pratiques artistiques qui semblent typiquement nippones : le thème du "monde flottant" désigne en effet la représentation des quartiers dits "de plaisir" qui semble jouer un rôle central dans la peinture japonaise traditionnelle, ce qui n'est guère le cas dans la culture européenne (même s'il y eut bien sûr Toulouse-Lautrec ou Degas et ses danseuses).