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Citations sur Le seuil (77)

Huitième voix

La nuit a ses perles pour les yeux des eaux que la chouette imprime au cœur des bassins de
plumes ou tu planes perpétuellement ouverte au chant de la mort, ton double d'outre sang,
d'outre sens apparu au matin de gel que perfore le soufre des pelouses à l'infini; et ce sont
d'implacables coups de couteau de hasard qu'une flore furieuse assène à l’air assène au clair
gilet d'air qu'arbore l'ombre le long du barrage des cent et une cornes de lumière que reflète
dans l'extase chaque dalle limoneuse de présage ou, comme sur un tapis de voix chères
entremêlées que fourmis et essaims de mouches décolorent, à rançon de blé de pelle et d'orge
bleue des mers, tu nais de tes entrailles pour de nostalgiques naufrages et d'exaltantes
explorations depuis l'appel du jasmin des cloches pieuses qu'exhale le corsage d'opulentes
dévotes mais qu'une scie d'ondes à dents de miel dévore sans pitié, jusqu'au bol d'essence
d'ellébore que la rose aspire et ou puise pour guérir, une vierge folie foulée par le vent jaloux de
la plaine, par de fougueux chevaux de proie que d'anonymes cavaliers masqués dirigent au
crépuscule sur la ville, à la faveur des rapts de rats de cuir opérant alentour dans les sentiers de
loupe et de loutre, alors que l'éclair, lance électrocutée, transperce le globule d'ardoise que
l'homme a choisi pour toit, dans sa hâte d'abriter les mille miettes d'heures encore à vivre,
mystiquement roulées aux confins du rêve, enjeu d'une vigoureuse réplique de pain d'affiche
des quatre Reines glorieuses du monde, unanimement prises dans l'éponge mentale de leur
volonté d'asservir, en la pompant, l'huitre jaune des paradis artificiels, à leur propre piège
d'hirondelle vénéneuse.
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SUR LE SOCLE DES MERS

Pour Philippe Rebeyrol

Sur le socle des mers
le bruit apaise le sang
femme nue aux gestes accordés
l'onde femme nue aux gestes
couronnés d'écume
Furieuses sont les maîtresses des îles
aux pins de granit douces pourtant
avec les feuilles et les fruits
Océan ou finissent nos hésitations et nos blessures
Une fois a marqué ma vie pour toujours
Au camp des esclaves les grelots bavent
comme des nouveau-nés Il faut la patience
des murs pour retenir les forçats la confiance
du plomb et du fer Il faut aussi la mort
au collier de ruisseau perdu
Sur le socle des mers
le soleil est un vautour que les vents enivrent
Jamais plus
les larmes fleuriront sur Peau des champs
Jamais plus la révolte ne hantera les sentiers vendus
La route est tracée vous dis-je
et les pas des poètes sont surs
Le souci de vivre est une fleur pressentie
sa forme le parfum sont lieux précis d'exil
Le rêve est assis entre ses deux bourreaux
et ce sont eux qui pâlissent
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LE PRIX DU SILENCE

Le cri fait gicler la voix
comme la pierre Peau
puis se noie
Le cri est un couteau
pointu privé de manche
Les mains le poursuivent comme
Tonde l'illusion du rivage
et plongent

On tue au fond de Peau
Le sang beau lac anonyme est le prix
du silence
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Étoiles
bouquets d'orgueil
dans tes mains
Tu es folie jeunesse du feu
abime angoissé pour la ceinture
Les tiges ont déchiré leur voile verte solitude
La couronne manque à la tête penchée du sauveur
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le double le doux géant aux yeux de poussière
au pouce de lierre à la couche impatiente
Demain est une province sans couvercle
sans verdure sans parfum
un puits que son eau trahit
Les pas de soif sont creusés d'espérance
J'ai marché avec le bruit involontaire
que fait le silence dans l’herbe dans l’air
J'ai marché avec le vent et le vertige ancien
des voûtes Suprême halte
du voyageur Le sang est dans les fleurs
Les vampires hantent les jardins
Demain est un désert sans élu
L'adieu couve ses raisins
Le vin multiplie ses ailettes
en vain Demain aiguille le regard
de chaque borne
L'hiver a brulé son marc
à la première auberge
Le printemps accorde ses couleurs
à la rampe que le cuivre lui dispute
Tu as perdu ta demeure
en fuyant les heures
Demain est une plage entrevue
que chaque palier dégage
une chevelure désespérée
dans le vide oisif du songe
Demain pour toi que j’attends
dans les vagues hautes du souvenir
dans le dédaigneux suicide
des mamelles
Le lait se vautre dans l'océan
comme l'hermine dans sa fourrure
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SAISONS

La terre a brulé ses dires
sous la neige des hivers
L'été transparente coquille d’œuf
L'été pour le vol mystérieux des vautours
Femme aux ailes de poudre
á la gorge plate de cyanure
L'été crinière de feux follets soutenue
par une nuque étourdissante
La joie de l'arbre ses aveux de feuilles changeantes
Le monstre à ses pieds l'énigme
Été clé légère sur le ventre du Lord Maire
Clé des villes ensevelies des villes à venir
Une seule clé pour tant de portes
Le temps a brulé ses villes
ses villages ses arbres grisonnants
L'automne fait pleurer les arbrisseaux
et le fantôme de leurs parents
Le temps a brulé ses doigts
au contact orageux de la mort
Toutes les fenêtres sont vacantes
La poule picore en dormant
Le rêve rompt la monotonie des routes
Le ciel a noyé l'album de ses vingt ans
La peur rougit l'âme dans les crevasses
Les balafres sont des rides La douleur est vengée
Le courage manque aux lèvres de remuer
Le temps élégant a mis
ses guêtres et ses gants
pour se confier aux muets
à l’aveugle
La pierre offre à ses amours
son unique portrait à tous les âges
la pieuvre son expérience heureuse du naufrage
Combien de poissons bonne
pêche
frétillent dans les sous
La mer découverte par les mots apparus
L'infini parle Les paroles hâlent
L'homme aux éternels ciseaux dans le jour
découpe une ombre à sa mesure
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Tu veilles dans tes yeux
aux fusains de ton áge
jeune fille inspirée
Le fort est ta fortune
que les siècles assiègent
drapée dans nos drapeaux
Nous ciselons pour la faim
un fermoir de flambeaux
aux fines franges de foudre
Le passé passe la main
Tu écartes en marchant
tes cils frêles barreaux
idole à l'écho
de gestes manqués
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Le hibou porte en collier
la clé lourde des mages
Le poème est la laisse aux abords de l'antre
de l’idole aux lions
Place
au somnambule hardi les algèbres compromises
à la course des zèbres coupés de leur mémoire
à la flore affranchie des miroirs piétinés
Place
à l'incurable plaie du songe roux des forêts
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Lac

moulin couché
A la pointe de l'aile
le bé broie le blé
Nous bâtissons sur les rives
une promesse de vivre
aux torches de chouette
La lumière crisse dans le cristal
palette aux pétales de précipice
Le buffle fend la colonne
Rouge idole
nous choisissons pour unité de mesure de nos liens
les plis irritants de ton haleine
Au col amidonné du phare
tu noues le fer et le plomb
cravate à pois d'hymnes
La douleur dénombre à chaque escale
ses vautours Leur livrée toute en perles
Sûr silence
L'horreur est pour le clou
Les murs admirent
Les morts mentent
Nous avons vu l'orage daller nos dômes d’affres
Le Dimanche sur les falaises
et les sanglots sertir leurs vitraux dans le vide
Nous avons vu les heures fourrage apprécié
répandre leur gesse de cendres sur l'été
les tigres graver leurs pattes dans la chaleur
Nous avons vu le poing prendre son souffle
et atteindre les nues écureuil vengeur
Nous avons vu le bois attenter à son arc
Le poème est l'épave aux sources des assauts
que les chemins se livrent
La nature règne éternelle
au cœur des citadelles
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Minuit

aux semences de lune
Le jour est au fond de la terre
dans le brouillard des pierres
dans les rêves boueux des branches
Le jour est dans les narines du lièvre
Ses bonds sont des poupées qui se lèvent
Place aux poils rasés patrie du cerf
ton sexe que les navires traversent
par vagues crache le désir
L'aventure est une idole aux seins de sel
Les marins la confondent avec la soif
Folie idole
le poème comme ton sein
n'a ni commencement ni fin
Baigneuses rieuses
Vos bras serpents oisifs
Vous sentez l'amour
Nous quêtons dans vos chants
une place de nerfs et de feuilles
un nom pour nos collines
Les aiguilles du cri acclament leur fil
Aveugles elles naissent enfin à l'ouvrage
Fière idole
le poème est ta robe de chute de rosée
au corsage pâle de cigale
Baigneuses englouties
nous émergeons de votre ultime pacte
avec le feu
Le ciel est couronné de chapelles d’iris
aux palpitants autels d'ibis
Place
aux corneilles du son dans le gosier du chêne
à la craie sur les toits légendes pour enfants
au sommeil des ancres noires dans les dortoirs d’océan
Place
aux cerceaux des haltes à leurs sceaux de cire
au vieux part plein de rires en fruits
aux souveraines grilles sentinelles des heures
Place
aux momies des arches dans le sillage gris des ponts
à la poussière des fleuves la nuit sur les barques borgnes
aux pêcheurs penchés sur les racines mouvantes des mondes
Place
aux courroies des îles mille boucles de naufrages
aux soucoupes de l’aube les rayons pour chalumeaux
aux bulles d’incendie le long des lèvres humides
Place
au carrefour des fronts La pensée belle passante
à la rue aux fontaines appuyées à leur langue
au duvet d'ambre sur le visage étonné du matin
Place
au calepin de mousse sur le rocher altier
de nos servitudes
La parole est aux doigts d’écume dans les terriers bleus des récifs
La parole est à l’arc-en-ciel sur l'épaule nue de la montagne
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