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EAN : 9782226442703
240 pages
Albin Michel (06/11/2019)
3.5/5   9 notes
Résumé :
« Ici, devant le deuil et la promesse de la vie, je me tiens et j’avance… »

Irène Jacob, l’inoubliable interprète de La Double vie de Véronique, rapproche deux événements simultanés et essentiels : la disparition de son père, grand physicien, et la naissance d’un enfant.

Ce texte subtil, sensible et tendre lui permet de revenir à ces deux moments où le miracle de la vie et l’infiniment grand se mêlent. La physique, le firmament à perte ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Une réflexion sur la douloureuse absence et sur l'infinie présence.


Au moment où Irène Jacob vit le deuil de son père, elle ignore qu'elle va donner la vie. Et c'est en mettant en miroir ces deux événements importants de sa vie, qu'elle rédige ce livre de souvenirs, de regards sur ce qu'elle a vécu, fait comme choix, sur la vie qui n'en finit pas d'être alors que le gouffre de l'absence s'ouvre démesurément.
C'est un texte intime qui nous est donné à partager par cette jeune femme toute en sensibilité et en douceur. Un regard original et d'une grande acuité sur les mois qu'elle vit "en double" pour elle et celui qu'elle porte, pour elle et celui qui n'est plus.

C'est davantage un essai au sens où on partage pensées et mots de l'actrice, le parcours familial qui a construit sa réalité d'interprète. C'est le regard posé sur une maladie qui va de génération en génération autour d'elle : la dépression, terrible décrochage d'un quotidien, involontaire, subi, période de mise en abîme pour l'homme ou la femme concernée et pour ceux qui l'entourent. Un début de compréhension sur ce qui fait qu'une enfant se transforme en une jeune femme si perméable aux sensations qui l'assaillent.
C'est aussi le partage infinitésimal des connaissances de son père sur le monde et sa réalité physique, ce que l'on sait du big bang, ce que l'on en devine, ce que l'on décèle au delà...



C'est un très beau texte, de très beaux mots, de très belles phrases qui se déroulent comme autant de vers de poésie, comme autant de traits musicaux pour nous "dire"...
Il émane de ce livre un enchantement de douceur bienfaisante entre espoir subjugué de la vie qui s'invente au fil des mois, et apprivoisement d'une absence intolérable qui devient peu à peu, une présence invisible mais en écoute de celle qui "porte" et qui sait entendre.
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Son passage aux Théâtre des Celestins de Lyon pour la pièce Retour à Reims, à partir de ce jeudi ( on en reparle vite normalement) met un beau coup de projecteur à l'actrice Irène Jacob, inoubliable prix d'interprétation au Festival de Cannes en 1991 pour son rôle dans « La Double vie de Véronique » du réalisateur polonais Krzysztof Kieslowski.

Actrice si rare sur grand écran, Irène Jacob a récemment publié un premier livre, Big Bang en librairie depuis le 6 novembre.

Ce premier roman d'Irène Jacob, qui s'ouvre intelligemment par une citation du poète René Char* fait se rencontrer l'immensément grand et l'immensément petit en évoquant la mort de son père, le physicien Maurice Jacob, qui a coiencidé avecla naissance de son deuxième enfant. Porter les marques du deuil et celle de la vie en même temps, voici le paradoxe que raconter ce profond et touchant Big Bang.

Maurice Jacob, grand physicien du Cern (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), ici renommé René- à part elle même, tous les membres de son entourage portent un autre prénom pour brouiller joliment les cartes- avec lequel elle aimait partager ses interrogations sur l'infini.

On pourrait être d'abord un peu effrayé par les apsects et le jargon de physique quantique que l'auteure utilise pour retransmettre ses conversations avec son père, mais (heureusement pour nous), Irène Jacob n'a pas pris la fibre scientifique de son paternel ( et d'un de ses frères, Tom, grand scientifique reconnu) et préfère les réflexions métaphysiques et psychologiques intelligentes, loin des équations trop absconses pour les néophytes.

Essayer de rendre plus concret et tangible l'indicible et l'invisible, voilà la gageure d'Irène Jacob dans ce livre, exigeant (à l'image de ses choix de comédiennes) dans lequel elle se raconte mais aussi raconte ses proches et surtout sonde le mystère de l'infini les trous noirs encore et ces bras qui, avec amour, nous portent.

Au détour de formules très joliment troussées, Irène Jacob file habilement la métaphore sur ce monde infini plus grand nous et qui vient ironiquement résonner en ce petit être qu'elle sent naitre au fond d'elle.

A quel point les moments forts que l'on traverse parfois dans sa vie peuvent être relié à la grandeur du cosmos et les mystères de la vie? Que transmet- on à ses enfants et que garde t-on en nous de ce que nous ont transmis ceux qui ous ont porté enfants ? Est ce que la dépression, qui a touché à la fois son père et sa grand mère paternelle ( qui s'est défenestrée de l'Hopital Psychiatrique où elle était internée) est forcément héréditaire?

Voilà notamment à quoi tente de répondre Irène Jacob, dans Big Bang, ce premier roman, à la fois solaire et poignant, qui raconte dans un seul et même élan littéraire les deux pôles d'une vie que sont le deuil et la naissance.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Quand l'infiniment grand rejoint l'infiniment petit, quand un deuil est vécu en parallèle d'une naissance... La comédienne Irène Jacob, dont le père Maurice Jacob était un grand chercheur en physique quantique, vit en même temps le deuil de ce père très aimé et l'apparition en elle d'une vie minuscule. Mystères de la création de l'univers et de celle d'un être vivant !

Comme c'est difficile de perdre son père ; de cette absence, de cette souffrance intime, Irène Jacob parle très bien. Elle a les mots justes, clairs ; elle continue de lui parler, de l'associer à sa propre vie. Comme elle parle au bébé qui s'agite en elle ; elle est aimante, respectueuse.
L'auteure se souvient de moments passés avec son père ; comment il essayait de lui expliquer l'univers, les choses étonnantes de la physique quantique, et la vie, ailleurs ; pour le chercheur, il ne faisait aucun doute que " dans les cent milliards d'étoiles qui constituent notre galaxie, d'autres formes de vie se soient développées."

Tout en répétant puis en jouant une pièce de théâtre, elle se prépare à accueillir une nouvelle vie et là aussi, elle emploie des mots délicats, qui sonnent juste ; elle est très heureuse Irène de la venue de ce bébé, on le sent ; mais il y a ces cauchemars et les séances chez Mme Goud, la psychanalyste, des problèmes à régler...

Chargé d'humanité, constitué de moments de vie, le livre d'Irène Jacob est formidablemment bienveillant, tout en subtilité et en sensibilité ; une belle réussite pour un premier livre.

" Papa, avant le Big Bang ? Il y a quoi ? Eh bien... peut-être qu'il n'y a plus de temps." (p 214)

" D'où on vient ? Ou est-ce que j'étais avant le ventre ? Je n'existais pas ?" (p 195)
Lien : http://les2bouquineuses.cana..
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Je suis sous le charme du premier roman d'Irène Jacob, actrice si rare sur grand écran. D'une plume enjouée et poétique, elle peint les oscillations de l'être entre mort et vie. Mort du père, naissance prochaine dans ses entrailles. La grossesse teinte le deuil d'une douce mélancolie, comme si la vie à venir adoucissait la tristesse de la disparition du père chéri.
Du néant va surgir la vie alors qu'une vie est retournée au néant. le balancier du coeur englobe états d'âmes, moments heureux ou malheureux, reliant le fil des jours au tissage de l'existence.
L'auteure raconte, se souvient, rencontre, questionne, rêve et dépose quelques phrases magnifiques au détour d'une page.
"Est-cela, parler du temps ? Écouter le passé qui nous accompagne entre les lignes, lui répondre dans chaque particule du présent ?"
J'ai acheté le roman biographique à Paris où Irène Jacob allait lire des extraits de son livre à la librairie des Abbesses. Si j'étais parisien, je n'aurais raté le rendez-vous pour rien au monde.
Le livre refermé, je pose mes yeux dans le vague, en me demandant ce qui est à garder du passé sans obérer l'avenir. Je pense à cette mère qui s'est tue sous le fardeau d'être une enfant de remplacement et qui à quarante-cinq ans s'autorise à se mettre en colère et à ne plus endosser le costume étriqué de l'enfant sage, devant se satisfaire d'être vivante alors que d'autres n'ont pas eu cette chance.
L'écriture d'Irène Jacob est frémissante, elle remue le tréfonds de l'âme pour la remonter à la surface, amoureuse de la vie.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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L'actrice Irène Jacob prend la plume et sous couvert d'un roman (les prénoms de ses frères, son mari, son fils sont modifiés) raconte son enfance, sa famille, le métier de son père le physicien Maurice Jacob (1933 - 2007), la maladie de sa mère, son métier de comédienne. Il en résulte plus de 200 pages de poésie intimiste, sur le temps, la perception de la maternité, toutes choses qui m'ont enchantée dans la mesure où j'apprécie l'artiste depuis presque 30 ans.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je sais qu'un être et quelques lignes de poésie peuvent correspondre et se ressembler.
(...)
Un accès direct à l'intimité, à la chair, à la chaleur de la peau, au battement du coeur, à la couleur de la voix, à la respiration, à ce que nous sommes de plus spontané. Une relation à l'être dans ce qu'il a de plus profond. Apaisant les barrières de la maladie, sublimant la noirceur du chagrin.
(...)
Je comprenais que la poésie pouvait briser beaucoup de chaînes et libérer le diseur, le temps de sa récitation, de son enfermement.
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Ce soir, au programme, une sonate de Beethoven. Elle nous surprend soudain à travers les siècles, nous chante son poème intemporel, les notes caressent physiquement nos peaux dans la nuit, réveillent des mémoires endormies, touchent nos coeurs et s'envolent jusqu'aux étoiles.
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Aujourd'hui, ces longs mois d'absence à me souvenir, à douter, à me soumettre à l'étrange habitude du deuil, à la lenteur, à la gravité. Ces années à venir sans te voir, ni te parler, à t'aimer au passé.
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"Ta dernière année, tu ne prenais plus de photos, nous te proposions alors de consulter un album ensemble, sur le sofa, avec un thé ou un whisky. Je tournais les pages mais tu n'y trouvais plus de réconfort. Les images étaient bien impuissantes à faire revenir ce temps qui filait, te laissant de côté. Tu souriais pour me faire plaisir, mais faiblement, de loin."
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Moi aussi, j'ai rencontré un poème. C'était dans mon cours de théâtre. Au début, je ne l'aimais pas beaucoup, je ne le comprenais pas, je ne trouvais dur, énigmatique et froid. Il s'est présenté à moi, j’avais quinze ans, je l'ai appris par devoir et il ne m'a plus quittée. Je le récitais immobile et droite comme si cette Beauté de marbre qui parlait, lointaine, incapable d'amour, comme une porte fermée. J'ai appris d'autres poèmes par la suite, que je préférais, mais je finissais par les oublier, tandis que celui-là se gavait de moi, comme un alphabet à partir duquel je pouvais tout exprimer. Je peux en réciter les rimes sans les chercher. C'est le seul poème dont je puis dire cela. Je l'ai mémorisé sans le vouloir, les mots me précèdent et je les dis sans effort. Aujourd'hui j'ai appris à l'aimer, même s'il me fait toujours aussi mal. (extrait page 172)
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