Je n'ai lu ce roman jusqu'au bout que par honnêteté pour Masse Critique, car il est aussi répétitif que la vie de ses personnages principaux, même si on passe par un braquage en 1ère partie - nécessaire aux subsides pour le grand rêve, le départ en Thaïlande - et par plusieurs séjours dans ce pays, en 2de partie.
Deux lieux principaux, la campagne vaudoise des années 80, et la Thaïlande. Quatre potes, et leurs "copines", presque tous des ados (Jack, le narrateur, a 19 ans à la fin du livre, qui se déroule sur 4 ans). Ils traînent leur ennui, avec pour seules ruptures, dans le vide de leur quotidien, la télé, les cigarettes, les bières et les joints.
L'auteur, Antoine Jacquier, né en 1970, qui vit en région lémanique, a obtenu le Prix
Edouard Rod pour ce roman, et la quatrième de couverture le signale comme étant "un peu" le
Virginie Despentes de la littérature romande.C'est vraiment "un peu", très peu. Certes, c'est aussi l'univers de l'héroïne et du haschich. Mais chez Despentes et dans
Vernon Subutex plus précisément, les personnages ont de l'individualité, de l'épaisseur, ils sont hauts en couleurs et l'écriture de l'auteur, parfaitement maîtrisée, frappe et émeut tant elle est implacable.
Rien de tel ici. Je confondais plus ou moins Jack, Bob, Tony et Stéphane, les garçons, Chloé, Cynthia, Madee, Daw. les filles, ainsi que les dealers toxicomanes et héroïnomanes. Je n'ai pas ressenti plus d'émotion devant leur dérive qu'ils n'en ressentent eux-mêmes quand ils "planent".
Oui, roman de la désillusion, de l'esclavage, de la descente aux enfers, qui pourrait avoir un inérêt ethnographique, si je puis dire.. Mais d'autres ont déjà décrit tout cela, et mieux. Lire "Ma vie est une tarte à l'étron, un gros morceau de merde. Qui en veut un morceau?" ne m'arrache pas des cris d'admiration par son originalité.
Les pages qui m'ont le plus intéressée - ou le moins ennuyée - sont celles concernant les séances de tatouage de Jack, la description du Platzspitz de Zurich, où, dans ces années 80, jusqu'à 10.000 personnes pouvaient se trouver rassemblées, et l'évocation du Paleo festival de Nyon.
Mais elles n'ont pas suffi à me donner envie de connaître mieux l'auteur et son oeuvre. J'en suis désolée pour les éditions Au diable vauvert, qui ont produit par ailleurs de bons titres.