Imagier du vivant

Imagier du vivant ou nature morte ?
Nous n'avons que trop rarement l'occasion d'évoquer la production éditoriale pour la jeunesse. La parution de ce magnifique imagier nous donne l'occasion de clarifier certains points.
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À l'heure où il devient impératif et absolument vital de questionner la place de l'homme dans la nature, de remettre en cause sa centralité destructrice et mortifère pour l'ensemble du vivant, alors que deux cents espèces disparaissent chaque jour, est-il pertinent de proposer à nos enfants ces représentations anthropocentrées et détachées de leur environnement naturel ? Et surtout de les leur présenter comme images du vivant ? Alors que se multiplient les propositions philosophiques pour appréhender le monde à la manière des loups ou des aigles, par exemple, ne serait-il pas temps d'envisager de semblables propositions pour la jeunesse, afin de commencer à remettre l'humain à sa place ? Un livre pour enfant n'est jamais innocent : il conditionne des schémas de pensée ; il reproduit un modèle dominant ou participe à l'émancipation en donnant à voir d'autres perspectives. Les créateurs ne peuvent s'affranchir des débats actuels. Leurs oeuvres ne sont jamais innocentes. Nous attendons des albums qui présenteront à la jeunesse les autres être vivants comme leurs égaux et non comme des ressources, qui proposeront d'autres façons d'être au monde.
Martin Jarrie n'est sans doute qu'un peintre habile qui s'applique (et parvient) à donner aux planches illustrées du Larousse le statut d'oeuvre d'art. Sans doute le titre malencontreux de son livre lui a-t'il été soufflé par l'éditeur ou l'équipe commerciale qui n'est pas à un contresens près pour réussir à vendre du papier. Ne lui jetons donc pas la pierre.

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Une offre séduisante à ranger parmi les imagiers très artistiques développés par l'éditeur des Grandes Personnes- nous penserons forcément au duo d'auteurs Francesco Pittau et Bernadette.
Ces documents ressemblaient à des Premiers Documentaires Gallimard Jeunesse en format géant, encore plus ludiques et encore plus esthétiques.
La nouvelle proposition de Martin Jarrie restera dans le sillage "picturale" de son excellent " Hyacinthe et Rose", récit intergénérationnel sur un texte de François Morel, aux Éditions Thierry Magnier, profitant de l'idée d'une galerie de portraits. L'artiste se mettra au service des plus petits.
Ces oeuvres avaient aussi donné lieu à une exposition des originaux.

Nous arpenterons ainsi de nouveau les galeries de Martin Jarrie au travers des pages, pour le plaisir des yeux, pour le loisir d'apprendre, intégrant le concept du petit musée au service des ouvrages Premier Âge: les imagiers.
Le style est déja familier, déja plébiscité par le public avec de nouveau les imagiers de Bernadette Gervais, mais cette fois chez Seuil Jeunesse avec " On échange" et " Légumes" chez Albin Michel Jeunesse.
Ces ouvrages favorisent vraiment le partage, la transmission, ainsi parents et petits en auront pour leur partie, encourageant les parents dans leur mission de lecteurs-médiateurs et stimulant le goût, la curiosité, la créativité même chez les nouveaux jeunes lecteurs.
Non seulement, ses jeunes pourront reconnaitre, nommer mais ils devraient être par ailleurs attirés par les crayons par la suite.
Les éléments de l'"Imagier du vivant" sont mis en valeur sur des fonds de couleur qui ne laisseront pas de doute sur une copie élaborée de la réalité.
Les tons pastel sont gaies et trancheront avec le réalisme des modèles représentés.
Nous aurons envie de toucher, carresser la page.
Nous ne verrons pas automatiquement le lien entre les différents éléments et pourtant on devinera un vrai choix des sens, trié par l'auteur.

Les petits urbains seront invités dans le bois, le potager, la forêt, on le comprend.
Les images seront des petites boites à sensations, faisant appel à notre mémoire visuelle, du goût ou de l'odorat. La double-page de la superbe vache par exemple, aux tâches surréalistes et oranges, nous ramèneront pourtant à un délicieux verre de lait, à la vue de ses bonnes mamelles bien pleines.
La tête de notre animal sera assez grosse pour que l'enfant est envie d'y poser sa main.
C'est une exploration des sens qui représentera l'autre fil rouge et la seconde lecture de cet ouvrage sans histoire.
La texture de l'Abricot et du Narcisse, du Chien et de la Courgette, du Céleri et du Sanglier, s'opposeront délicieusement.
Il sera amusant de comparer aussi l'extérieur si dur, si vert et lisse d'une énorme pastèque avec son intérieur si tendre et rose. Quel goût à donc ce fruit?

Les illustrations sont magnifiques, nous sommes sur du beau livre, évidement à accompagner pour sa fragilité.
C'est une offre clairement parents/ enfants.
Que les grands n'hésitent pas à battre la campagne pour faire crier la faune, en rajouter à chaque apparition, cela sert aussi à ça les imagiers.
La Nature est vivante.
La nature est exquise, sous les pinceaux de Jarrie et elle nous inspire l'envie.

Martin Jarrie offre ici un livre d'images à vocation encyclopédique par une galerie de portraits de la Nature - animaux, fruits et légumes qui ont émerveillé son enfance. Mais c'est également un ouvrage d'art, hommage à la manière des maitres anciens à la beauté intrinsèque de la nature morte.
Il démontre ici une nouvelle fois son talent de naturaliste, on reconnait chaque poil du cerf, l'individualité de chaque petit pois et des arabesques des cosses, sur des fonds qui sont à eux seuls des merveilles. Chaque portrait occupe une pleine page ou une double, simplement nommé, cette déconnection de l'objet de son environnement est un focus intéressant de mise en observation du lecteur avant de redécouvrir la nature.
Lien : http://www.liresousletilleul..

Un imagier de toute beauté.
Un grand format qui nous en met plein les yeux, l'esprit et le coeur.
Des illustrations peintes, hyperréalistes, dans lesquelles on retrouve toute la poésie, le talent et le trait si personnel de Martin Jarrie.
J'ai été touchée et totalement absorbée par les images de cet ouvrage. Mon imagination et ma curiosité complétement happées.
Juste tourner les pages, nommer à haute voix l'image, laisser le temps à l'enfant de se saisir des associations, des couleurs, de la beauté ... calmement, tendrement ...
On entend presque les sons de la nature, on perçoit presque les odeurs de la campagne ... totalement embarqué dans le monde de l'auteur *-*