AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 92 notes
5
14 avis
4
19 avis
3
7 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Glaçant… Voilà le mot qui résume le mieux l'ouvrage que nous propose Régis Jauffret. Glaçant tant par le sujet qu'il aborde – le récit de la grossesse de Klara Hitler qui porte dans son ventre le mal absolu – que par la façon dont cette grossesse nous est narrée. En tournant les pages, on assiste aux doutes quasi permanents qui habitent Klara Hitler pendant toute sa grossesse. En effet, la jeune femme, très perturbée, à bientôt la conviction qu'elle va mettre au monde « une vermine ». Rien d'étonnant, me direz-vous, pour cet enfant qui est le fruit d'un inceste…

Ces neuf mois ne sont donc pas un long fleuve tranquille pour la future mère, avec en toile de fond l'importance de la religion – qui, rappelons-le, structure encore la vie quotidienne de l'époque – et le rôle majeur du prêtre de la paroisse, dont les avis sont des ordres. le lecteur vit, comme s'il était le confident de la jeune femme, cette violence quotidienne qui fait de chaque existence un chemin de croix. le lecteur vacille en permanence entre la compassion et la révulsion face à la mère du monstre, et il n'aura aucun répit, aucune possibilité de reprendre son souffle !

C'est du grand art qu'offre ici à son lectorat Régis Jauffret. Un style maitrisé, des personnages très travaillés et tous atypiques, ce roman a tout pour plaire. Par son sujet et par l'ambiance qu'il crée, ce livre ne laisse pas indifférent, et contraint ses lecteurs à sortir des sentiers battus.

Dans le ventre de Klara est incontestablement l'une des pépites de cette rentrée littéraire de janvier 2024 ! A lire, assurément !
Lien : https://ogrimoire.com/2024/0..
Commenter  J’apprécie          201
Régis Jauffret est un écrivain hors norme. Chacun de ses nouveaux textes, nous entraine dans des contrées littéraires incongrues. Femme séquestrée, assassinat sadomaso, projet de cannibalisme, cet auteur est obnubilé par la folie et la cruauté de l'Homme. Il nous en fait profiter. Cette fois encore, il frappe fort en nous conviant dans la tête de Klara, qui n'est autre que la future mère d'Adolf Hitler.

Cette histoire qui se présente comme les origines d'un tyran, n'est en fait qu'un oeil porté sur la condition des femmes dans ces milieux et à cette époque. Klara possède un entourage désastreux. Elle est abusée par un oncle qui la maltraite. Elle se fait sermonner par un curé qui la diabolise. Elle est surveillée par une soeur simplette et incontrôlable. Dans ce contexte familial, elle n'a d'autres choix que d'abdiquer. Les règles en place dans tous les foyers sont tellement ancrées dans l'inconscient collectif, qu'à aucun moment, la jeune femme pense à les contourner. Elle accepte son sort, en se flagellant d'en être responsable.

Enfermé dans cet esprit limité et crédule, le lecteur subit les souffrances à ses côtés. Son quotidien oscille entre violence physique et violence psychologique. La plume pourtant exigeante de l'auteur retranscrit parfaitement la naïveté de cette femme, réduite à son rôle de reproductrice. Parsemée de phrases d'une longueur insolente, elle accompagne ses réflexions tourmentées.

Ce roman est douloureux à lire avec nos yeux d'aujourd'hui. Cette plongée dans une société patriarcale et religieuse sans restriction, nous prend souvent aux tripes. Toutes les scènes du roman, imprégnées d'une certaine tradition, confirment l'injustice de la situation de Klara. Pour ma part, j'ai plusieurs fois serré les poings devant mon impuissance à intervenir.

Même si elle s'avère moins sulfureuse qu'annoncée, c'est encore une nouvelle expérience de lecture inédite et déstabilisante que nous propose Régis Jauffret !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
Commenter  J’apprécie          190
Il a bien fallu un jour qu'Adolf Hitler soit enfanté par une femme.
C'est cette gestation qui nous est contée ici.
Klara, la mère, est une femme totalement soumise à son mari Aloïs. Cet Aloïs qui est aussi son oncle de 23 ans son aîné – donc le père d'Hitler est aussi son grand-oncle - est un petit fonctionnaire, un homme dominateur, violent, sans tendresse pour les siens, et foncièrement conservateur, un mari qui prend sa femme pour une chose. Par ailleurs Klara, femme simple et peu éduquée, est sous l'emprise du curé des lieux qui voit la faute partout. Elle est curieusement sujette à des visions qui préfigurent ce que sera la Shoah exterminatrice, sans imaginer porter en elle celui qui sera l'incarnation du mal, cet Adolf dont le nom n'est jamais prononcé.
On ne peut qu'être pris de pitié pour cette femme rabaissée, réduite par son homme à la fonction reproductive, vouée par la société à la culpabilité et, en quelque sorte, de facto condamnée par L Histoire.
La langue de l'auteur est d'une grande puissance évocatrice, même si on peut ne pas adhérer au procédé narratif.
Commenter  J’apprécie          160
Régis Jauffret a le don de s'intéresser au pire. Au pire du pire, aux saletés et à la merde. Claustria m'avait choqué et retourné. Là encore, il s'attaque a un indicible.

Enfin… il ne s'y atèle pas directement. Cette fois-ci il s'y prend par la bande, il remonte plus loin pour voir à l'origine des pires travers et (les psy tous en coeur approuveront), quel coupable plus facile et évident que la mère ?

Mais, Régis ne cède pas à la facilité. Si c'est bien dans le ventre de Klara que grandit le futur génocidaire, c'est plus de l'entourage dont il est sujet. Bondieuserie, clergé culpabilisateur, mari abusif et manipulateur (et un peu consanguin…), isolement et rabaissement systématique…

De quoi devenir fou et…

Un livre dans un milieu sale et puant. Terreau fertile pour annoncer pire encore
Lien : https://www.noid.ch/dans-le-..
Commenter  J’apprécie          140
« En juillet 1888, aux alentours de la Saint-Jacques, Oncle me fit grosse. » (p. 7) Dans le ventre de Klara s'étend sur les neuf mois de grossesse de cette femme, de qui le nom n'est jamais prononcé. Seul son prénom est indiqué. Son patronyme n'est cité que dans la quatrième de couverture : Hitler.

Régis Jauffret confie les pensées de celle qui porte la vie de celui qui incarnera la mort. Elle vit sous le joug d'un mari, qu'elle n'a pas choisi : un homme violent et sadique. D'elle-même, elle s'enferme dans une autre prison : celle de la religiosité punitive et étouffante. Elle s'accuse de tous les péchés. Son quotidien n'est que souffrance. Cependant, elle ne le perçoit pas entièrement, elle n'a connu que la domination patriarcale. Seuls des mots secrets, aussitôt cachés, brûlés ou effacés, montrent une certaine prise de conscience. Ses pensées sont entrecoupées par des visions des atrocités futures de son bébé. Ce sont des suites de mots, insérées dans ses phrases, de manière fugitive : ils remuent, car, contrairement à Klara, nous les interprétons sous le prisme de l'Histoire.

Ce roman m'a montré que le poids de la mémoire est si fortement ancré en moi, que je n'ai pu m'attendrir des douleurs de cette femme. Ma raison les entendait, mais je lui fermais mon empathie. Cela m'a déstabilisée, car si je n'avais pas su qui était son futur fils, j'aurais été émue par la vie de cette malheureuse. En effet, à travers elle, Régis Jauffret décrit la condition féminine, sous un angle qui me touche, habituellement. Je m'en voulais. J'étais déstabilisée par mon jugement injuste au sujet de Klara. Par moments, mon coeur s'ouvrait, mais se refermait. Ce livre m'a aussi permis de constater que mon esprit ne fabrique une image du dictateur, qu'à partir de son âge adulte. En raison de ses actes, je lui refuse toute enfance.

Dans le ventre de Klara est un roman puissant et troublant. Décidément, la rentrée littéraire des Éditions Récamier me bouscule et me confronte à moi-même.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          131
J'avoue que j'ai lu ce roman par curiosité (malsaine?) mais je n'avais jamais lu, ou entendu de choses qui évoquaient la période de gestation qui précéda sa naissance. On apprend que sa mère Klara, est servante chez celui qu'elle appelle "son oncle" et qu'elle devient sa troisième épouse. (d'ailleurs leur union nécessitera l'autorisation du pape. D'ailleurs la religion est omniprésente et elle est incarnée par l'abbé Prosbt, la mort aussi est omniprésente...La glauquitude....la misère, le désoeuvrement..Klara a pris la place dans le lit nuptiale de la femme qu'elle servait et qui est morte comme sont morts ses deux premier enfants.. avant qu'il naquit et qu'il deviendra tristement célèbre, il incarne encore le mal (alors qu'il a beaucoup de concurrents sérieux). Régis Jauffret ne cite jamais le nom de cet enfant de Klara...c'est une des forces du roman qui marque....Personnellement je recherche de la légèreté après ça...que lire?
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          1013
La jeune Klara était au service d'Aloïs et Franziska (à Braunau am Inn en Autriche-Hongrie) un couple déjà parents de deux enfants en bas âge, quand la mère mourut. Klara n'eut pas d'autre choix que de prendre sa place dans le lit de son patron, qui était également son oncle. Un individu brutal qui n'hésita pas à abuser d'elle, selon son bon désir … Klara va avoir deux bébés (Gustav et Ida) qu'elle perdra hélas tout petits … Elle élèvera les deux enfants orphelins de mère d'Aloïs (Aloïs junior et Angela) – avec l'aide de sa soeur Johanna – et les aimera comme les siens. En juillet 1888, elle est enceinte de son troisième enfant, un foetus qui deviendra l'homme le plus diabolique du XXème siècle, responsable de la Shoah …

Si la mère du futur dictateur-génocidaire semblait plutôt vulnérable, son père en revanche était un hypocondriaque égoïste et dépourvu d'empathie. Officier des douanes, il avait une très haute opinion de lui-même. Entre un mari brutal et le cruel Abbé Probst, Klara va vivre une grossesse angoissée, obsédée par une sorte de prémonition concernant l'enfant à venir (qu'elle aurait souhaité fille) Serait-il un saint ou un démon ? Dans ce monde de « mâles » (ou les femmes sont priées d'être les plus « invisibles » possible …) Klara n'aura un semblant de réconfort qu'auprès de sa soeur Johanna … (et de sa passion pour l'écriture !)

Celle de Régis Jauffret (d'écriture) est juste enchanteresse et profondément humaine ! Et vient quelque peu adoucir la dureté de son récit. À noter – qu'à aucun moment – le prénom (honni) n'est prononcé … Un beau texte, sombre et douloureux, à l'image de son auteur. Un sujet (tabou ? …) qui ne l'arrête nullement !
Commenter  J’apprécie          80
Ce roman est noir à souhait. Klara est enceinte pour la troisième fois (les deux premiers enfants sont morts en bas âge) et cette fois elle espère que l'enfant sera tenace. Elle tient un journal où elle raconte ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent. Elle doit le faire en cachette car sinon son mari et tout son entourage s'en prendrait à elle car ce n'est pas correcte pour une femme d'avoir une activité trop intellectuelle. Alors elle raconte sa solitude, la crainte qu'elle a de son mari (qui aussi son oncle), comment elle s'est retrouvé dans son lit sans l'avoir voulu. Elle veut être une bonne catholique alors, elle se confesse très souvent, et très souvent le curé la sermonne car selon lui elle fait preuve de trop d'orgueil quand elle dit par exemple qu'elle espère porter un petit ange. Tout le monde autour d'elle la rabaisse, la menace, lui fait comprendre qu'elle est une mauvaise épouse, une mauvaise femme. Même sa soeur, qui au début pourtant, semblait être un de ses rares soutiens, finit par la trahir.
Du point de vue de l'écriture, ce texte présente aussi la particularité d'intégrer, soudainement, des phrases qui surgissent, telles des pensées désordonnées, des prémonitions; ces phrases sont écrites sans ponctuation, sans majuscule, rien, ce qui donne l'impression qu'elles ne sont pas maîtrisées par Klara. Et de fait, dans ces passages-là, il est question de la Shoah, des horreurs, des crimes du régime nazis, qui affleurent à la conscience de la jeune femme. Car, pendant ces 9 mois de grossesse, émaillés de violence, de tristesse, d'espoir, Klara couve le futur Adolf Hitler.
C'est un livre terriblement prenant, sombre, où on plonge dans les noirceurs de l'être humain, mais aussi plus largement de la société allemande de la fin du XIXème siècle, et dans lesquelles on se perd.
Commenter  J’apprécie          60
L'Histoire ne la connaît pas. Klara est pourtant celle qui porte une bombe dans ses entrailles, « 
la rampe de lancement du massacre »,.
Née à Spital ( hameau de la Basse-Autriche) d'un père paysan, Klara est envoyée chez son oncle Aloïs, afin de s'occuper de sa femme malade et de ses enfants. Elle n'a que quinze ans quand l'Oncle la met dans son lit, une semaine après la mort de sa femme.
Aloïs, né en 1837 en Basse-Autriche, est officier des douanes. D'origine incertaine, peut-être le fils de Georg ( Hiedler), il change de nom puis se marie avec Anna, une femme plus âgée que lui. Après son divorce, il épouse sa jeune maîtresse Franziska dont il aura deux enfants, Aloïs et Angela.
Après avoir perdu deux enfants en bas âge, Klara est à nouveau enceinte. C'est un bébé façonné par Dieu qu'elle souhaite plus robuste. Sa soeur bossue, Johanna, l'aide au quotidien dans cette vie difficile.
Fin du XIXe siècle, la mortalité infantile est élevée avec les épidémies. Au loin grondent déjà les prémisses de la première guerre mondiale avec la montée de l'antisémitisme, l'assassinat de l'archiduc Rodolphe ( 1889).
La religion a une grande influence sur le peuple, surtout sur les femmes. Klara vit en permanence avec la conscience du péché. Chaque jour, elle se confesse auprès de l'abbé Probst qui l'assomme de pénitences.
Écrire, penser sont aux yeux de la jeune femme des péchés. Pourtant, Aloïs, homme incestueux qui la viole chaque jour, a la conscience tranquille.
Régis Jauffret met toute la lumière sur une mère heureuse d'avoir prochainement son propre enfant. Après avoir perdu Gustav et Ida, ses deux premiers nés, elle s'occupe des enfants de son mari. En toile de fond, l'auteur évoque parfaitement les conditions de vie de cette femme soumise à l'approbation de Dieu et de son mari.
Par contre, il n'écrit pas le vrai nom de cet enfant à naître. Si Aloïs a changé quelques lettres à son nom d'origine, l'auteur ne le cite pas. Ce n'est qu'en lisant la quatrième de couverture ( ou en connaissant parfaitement ses origines) que le lecteur fait le lien avec Klara Hitler.
Ce qui laisse un grand flou sur cette histoire. D'autant plus que le style, initialement rythmé de phrases courtes, prend parfois des élans vers une logorrhée visionnaire et énigmatique. Comme si le foetus vomissait par le biais de sa mère les visions cauchemardesques du prochain holocauste.
Il me semble même que le récit se perd parfois entre les prénoms des enfants. Ce qui laisse un goût d'imperfection.
J'ai choisi de lire ce roman pour son sujet. Et il n'est certes pas facile de mêler un futur inconnu de la narratrice à ses émotions de l'instant. Mais à part la consanguinité, les origines incertaines du père, l'éducation qu'on peut ensuite imaginer, rien ne peut laisser présager que nous assistons à la genèse d'un futur monstre.
Lien : https://surlaroutedejostein...
Commenter  J’apprécie          60
Un enfant peut-il naître mauvais? Peut-il avoir été envoyé sur terre par le Diable pour commettre les pires abominations?


La mère d'Adolf Hitler, Klara, était très croyante, on dirait même bigote allant se confesser quotidiennement auprès de l'abbé Pabst un ecclésiastique dur et ancré dans cette dichotomie entre le Paradis et l'Enfer.


Nous sommes en 1888 dans un village autrichien. Klara vit avec sa soeur Johanna, toutes deux femmes de ménage au service de son oncle et de sa femme Franziska et de leurs deux enfants.


Après avoir vu perdu sa femme, Oncle épouse Klara. Klara appellera toujours son mari Oncle renforçant donc la notion d'inceste et de possible dégénérescence. Oncle est un homme dur, violent, pratiquement sans sentiments et dont les relations intimes avec Klara peuvent être qualifiées de viol car le plus souvent non consenties par elle. Il est aussi radin, la maison est peu chauffée ce qui entraîne la maladie et la mort des deux premiers enfants de Klara. Finalement elle tombera à nouveau enceinte et donnera donc naissance au plus grand criminel du vingtième siècle.


Régis Jauffret nous fait très bien ressentir l'atmosphère anxiogène, étouffante et malsaine de cette famille peu conventionnelle. La peur aussi régit la vie de Klara et elle se réfugie dans la croyance chrétienne même si elle craint sans cesse le châtiment pour ses supposés péchés. le livre est traversé par moments de passages relatifs à la Shoah. Si cela évidemment sert à faire le lien avec ce qu'il adviendra, après plusieurs reprises, ce procédé semble quelque peu artificiel même si on apprécie le fait que l'auteur ait lu de nombreux ouvrages à ce sujet. Ceci dit ce récit est extrêmement bien construit car peu d'informations existent quant à l'existence de Klara, elle même ayant détruit son journal. Une existence rude et glaçante où l'on découvre à de brefs instants des soupçons d'amour et d'humanité dans une vie de survie.
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          42





Lecteurs (372) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}