Le conte de l'assassin de
Jean-Philippe Jaworski est le deuxième tome du roman le chevalier aux épines, qui nous plonge à nouveau dans le monde du Vieux-Royaume.
Si ce livre reprend bien le récit du tournoi de Lyndinas, cela n'intervient que dans la seconde partie du récit. Et pour cause nous abandonnons le mystérieux narrateur du premier tome qui se concentrait sur Aedan de Vaumacel et les frondeurs à l'autorité ducale pour suivre désormais ce cher Don Benvenuto. Et cela se fait instantanément ressentir dans le ton et le langage adopté car oui, l'érudit ésotérique et le truand ciudalien n'ont pas tout à fait la même manière de s'exprimer en parole ou en acte !
Et je trouve personnellement que cela apporte un brin de fraicheur et de nostalgie en cassant le ton policé du premier tome.
Il faut également souligner que ce passage de main se fait à la suite d'une rencontre organisée par l'auteur entre les deux protagonistes dans un lieu hors du temps. C'est ce soin accordé à la cohérence et les détails qui distingue à mon humble avis
Jean-Philippe Jaworski de nombre d'auteurs de qualité.
La première partie du récit permet de faire le lien entre la politique du Podestat Leonide Ducatore en Bromael, celui-ci plaçant ses pions (mais aussi ceux de Ciudalia) via une alliance matrimoniale et l'établissement d'une tête de pont commerciale, et les évènements qui en découleront et amèneront ce cher Benvenuto à se retrouver au beau milieu de la mêlée de Lyndinas.
On évolue alors en parallèle du premier tome et l'intensité de l'action est de fait assez similaire, le grand argentier Gesufal chargé de protéger la dot ducale et ses collègues ambassadeurs Cesarino Rasicari et Dilletino Schernittore (oui vous ne rêvez pas)
évoluent en retrait de l'action une fois arrivés en Bromael, en tachant de ne pas commettre de faux pas alors que la position du duc Ganelon, que l'on va enfin pouvoir croiser,
est fragilisée par la rébellion de ses deux fils issus du mariage avec Audéarde de Maginois, la duchesse répudiée.
C'est finalement lors du tournoi de Lyndinas, ou s'était arrêté le premier tome, que la situation déjà explosive achève de se transformer en feux d'artifice ; guerre civile entre les partis de l'ancienne et la nouvelle duchesse, différends entre le duc et ses grands vassaux (le comte de Kimmarc en tête) ou invasion renversée des remuants voisins ouromands faisant partie du programme.
Et au milieu de cette joyeuse cacophonie qui ne fait pas vraiment les affaires de son patron se trouve Benvenuto Gesufal qui a le malheur d'avoir pieds et mains liés vis-à-vis de la duchesse Clarissima, et sera à plusieurs fois tenu de faire ce qu'il fait de mieux ; s'occuper le plus professionnellement possible de ses clients désignés.
Si la mission dont est chargé le grand argentier n'apparait pas comme une grande surprise pour le lecteur, Jaworski aura tout de même pris soin de laisser quelques surprises sur la route. Je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à éliminer définitivement Yvorin de Quéant qui était un personnage secondaire d'importance dans le premier tome, quoique définitivement est peut-être prématuré quand on sait qu'être transpercé par un carreau d'arbalète n'est pas synonyme d'aller simple pour l'au-delà
Et il reste encore beaucoup de questions en suspens qui sont vraiment Mirabilis, le narrateur mystérieux ou encore la protectrice d'Aedan ? Quel rôle va jouer le prince héritier Lanval, un peu trop mis en retrait ? Que préparent les Dessiccatoriens ou encore le trio de chevalier elfe
.
Suffisamment pour que le dernier tome de cette trilogie puisse conclure un nouveau succès de Jean-Philippe Jaworski, après Gagner la Guerre!