En 1955,
Jean Béraud Villars fit paraître ce Colonel Lawrence ou la recherche de l'Absolu chez Albin Michel. Ce livre était à l'époque l'une des meilleures biographies en français de T.E. Lawrence (Lawrence d'Arabie). L'auteur avait eu le privilège de pouvoir approcher plusieurs personnes qui avaient connu Lawrence, notamment Sir Ronald Storrs (dont les souvenirs précieux, tenaient cependant parfois de l'anecdote), le lieutenant-colonel Stewart Francis Newcombe (décédé en 1956) et le sculpteur et peintre Eric Kennington (qui nous laissa quelques-unes des plus belles représentations de Lawrence, dont un exemplaire du "Cheshire Cat", spécialement dédicacé à
Béraud Villars et que ce dernier était fier de montrer à ses visiteurs). le livre de
Béraud Villars fut une grand source d'informations pour
Jacques Benoist-Méchin qui truffa sa propre biographie de Lawrence d'Arabie de citations extraites du Colonel Lawrence ou la recherche de l'Absolu.
Béraud Villars se moquait aimablement de la manière de faire de
Benoist-Méchin.
Le portrait écrit de Lawrence dessiné par
Béraud Villars fut construit en chapitres courts qui synthétisaient bien, en 1955, les données essentielles : biographiques, chronologiques, militaires, géostratégiques, politiques, littéraires, psychologiques, etc. Plus personne aujourd'hui n'écrirait comme il le fit à l'époque, mais son livre est l'un des plus prenants (publié vingt ans après la mort de
T.E. Lawrence, il avait la saveur des premiers "survols", avec la conscience de se faire un peu le porte-parole de témoins qui allaient disparaître. Je garde toujours en mémoire ce qu'il a écrit à ce sujet, en avançant l'idée qu'il est important de recueillir les souvenirs avant que les choses "ne basculent dans cet océan de légendes qu'on appelle
L Histoire".
J'ai connu
Béraud Villars quelques années avant sa mort, et je peux témoigner avoir reçu de lui un accueil chaleureux, et de précieux conseils pour mener mes propres recherches sur le personnage.
Ce n'était pas un historien professionnel, mais il avait un goût prononcé pour l'histoire, et il sut le communiquer à travers ses écrits. Son texte sur Lawrence est bien plus savoureux et mieux senti que celui de
Benoist-Méchin, qui a puisé beaucoup chez lui, quelques années plus tard, en rebondissant sur le succès publicitaire du film : "Lawrence d'Arabie", de David Lean.
Les bibliographies des biographies anglaises de T.E. Lawrence continuent de mentionner le livre de
Béraud Villars (qui n'a vieilli que pour certains des points de vue adoptés par l'auteur sur les questions politiques et géostratégiques, encore que...).
François Sarindar, auteur de :
Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010).