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EAN : 9782072917707
544 pages
Gallimard (11/02/2021)
4.22/5   16 notes
Résumé :
L'horreur du "califat" de Daesh au Levant entre 2014 et 2017 et son terrorisme planétaire ont été une conséquence paradoxale des "printemps arabes" de 2011. Pourtant ceux-ci avaient été célébrés dans l'enthousiasme des slogans démocratiques universels et de la "révolution 2.0". Comment s'est installé ce chaos, et peut-on en sortir pour de bon après l'élimination militaire de l'"Etat islamique" ? Ce livre replace les événements en contexte, depuis la guerre d'octobre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un excellent ouvrage pour démêler les inextricables conflits politiques du Moyen-Orient et reposer un contexte historique, géopolitique et confessionnel de la région et des pays qui la composent.

Gilles Kepel revient aux chocs pétroliers et aux extraordinaires mannes financières qu'ils représentèrent pour les pays arabes, notamment dans leur lutte contre Israël et en soutien des Palestiniens ; chaque pays tentant de se faire le chantre de la défense des lieux sains et de la religion face à l'extérieur. Il souligne également le rôle déstabilisateur crucial de l'invasion soviétique de l'Afghanistan en 1982, où les pays arabes s'empressent d'envoyer leurs contingents extrémistes avec l'espoir qu'ils se feront tuer, or ceux-ci y font au contraire leurs premières armes, et reviennent dans leurs pays d'origine lutter contre les régimes en place. En 1988, c'est l'écrasante victoire iranienne sur le plan de la communication, puisque Khomeini lance sa fatwa sur Salman Rushdie, élargissant dès lors le périmètre d'action de l'islamisme, et occultant presque totalement l'annonce du retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan grâce au soutien de pays sunnites.

En sus d'une myriade d'anecdotes et d'informations qui permettent d'affiner la lecture des relations des pays du Moyen-Orient entre eux et envers l'extérieur, Gilles Kepel esquisse les théories, les stratégies, les tactiques mises en place à des fins politiques religieuses, ou au contraire à une recherche de puissance que les poids lourds de la région tentent d'affirmer, et les énormes moyens financiers qui y sont consacrés pour s'imposer sur la scène médiatique.

Absolument passionnant, Sortir du Chaos analyse les dynamiques sociales et politiques qui préemptent les révolutions arabes de 2011, en distinguant les situations tunisienne, égyptienne et libyenne, qui ont vu la chute du dictateur alors en place, et les situations chaotiques ou ce dernier s'accroche au pouvoir ou y est conservé par l'entremise de pays voisins, comme au Bahreïn, au Yémen et en Syrie.

La dernière partie de l'ouvrage est consacrée aux belligérants et aux forces en présence, intérieures et extérieures, et aux aspirations politiques de chacun, au détriment des populations qui en sont réduites à se radicaliser pour se faire entendre. le jeu d'alliance de la Russie paraît bien fragile, entre ses liens historiques avec l'Iran, ses liens commerciaux importants avec la Turquie et ses intérêts qui rejoignent par moment ceux d'Israël et de l'Arabie Saoudite. L'Europe et les Etats-Unis semblent eux totalement dépassés par la complexité du conflit et les attentes de leurs propres populations.

Un extraordinaire bordel et une lecture géopolitique jouissive et toujours aisée malgré la multitude d'acteurs en présence. Un gros pincement au coeur cependant devant l'intelligence et les tractations déployées pour assoir des ambitions politiques, au mépris le plus total des populations qui ne sont véritablement que de simples pions sur un échiquier...Quelle tristesse !

Une dernière remarque enfin, l'auteur consacre quelques paragraphes extrêmement intéressants au général Qassem Soleimani, assassiné début 2020 après la publication de l'ouvrage.
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Lu dans le cadre de .l'opération MASSE CRITIQUE.On cite souvent la phrase de De Gaulle : « Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples ». En ce qui concerne la complication de la situation dans la région du monde dont traite cet ouvrage , elle n'a rien perdu de sa pertinence. Qui n'a pas été gagné par le vertige en suivant l'actualité de cette multitude de conflits , cet imbroglio politique et religieux , cette valse incessante d'alliances et de trahisons ! Libye, Irak ,Iran, Syrie,péninsule Arabique …. Gilles Kepel est un expert notoire et reconnu de l'histoire de ces pays où saigne notre époque , il nous permet dans ce livre (et dans les précédents) d'en mieux comprendre les péripéties et les enjeux . Il ne s'agit pas de simplifier de manière manichéenne mais de démêler les facteurs multiples (politiques , religieux , historiques ,économiques) qui en motivent les acteurs , en déterminent les décisions et en expliquent les évènements . A lire pour toute personne voulant échapper aux stéréotypes et aux manipulations sournoises des politiques et des médias.
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Avant de parler de son livre "Sortir du chaos", je voudrais saluer le courage de Gilles Kepel qui s'est trouvé en 2016 condamné à mort par Daesh et contraint à ce titre de vivre sous protection policière.
Ayant emprunté cet ouvrage à ma bibliothèque de quartier, j'ai pu constater en le lisant qu'il s'agissait d'un ouvrage de référence, une mine formidable d'informations reliées de façon cohérente. Je me suis dès lors précipité chez mon libraire favori pour l'acheter. Je n'analyserai pas l'ensemble des chapitres du livre, me contentant d'un mot sur l'OLP d'Arafat.
L'islamisation du mouvement palestinien est traitée de façon éclairante. Comme l'explique Kepel, tout s'est accéléré à partir de 1982 lorsque les troupes israéliennes sont intervenues au Liban pour en chasser les Palestiniens à la suite des multiples bombardements à la roquette opérés contre les villes et villages d'Israel. Les groupes armés palestiniens doivent quitter le Liban pour la Tunisie. le sud du Liban passe alors sous le contrôle du Hesballah qui se substitue alors à l'OLP comme force d'opposition à Israel.
De très belles cartes permettent de visualiser les zones de conflit. Un index très complet permet de retrouver rapidement les noms qui nous intéressent. En un mot tout est ficelé pour en faire un outil de travail pour qui veut approfondir acteurs ou phases particulières de ces bouleversements du Moyen Orient.

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
À La Mecque, le Sanctuaire ne fut reconquis qu'après deux semaines grâce au Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) français, opération tenue alors secrète, les non-musulmans étant interdits d'accès sur ce territoire sacré (haram). Des milliers de pèlerins furent séquestrés et deux cent quarante-quatre personnes perdirent la vie (dont cent dix-sept assaillants), bien que toute effusion de sang y fût prohibée. L'affaire tourna à la confusion du pouvoir saoudien, tétanisé par le choc dans les premiers jours, à la fois car il se trouvait débordé par plus wahhabite et jihadiste que lui dans le processus même d'islamisation de la région qu'il avait enclenché, et parce qu'il avait manifesté son incapacité à assurer l'ordre dans les Lieux saints. Il fut pris en défaut dans sa prétention à s'en proclamer le Gardien et, par voie de conséquence, à exercer la suprématie dont il se targuait sur l'islam universel.
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À la fin de l'été 2011, le soulèvement syrien a basculé dans une insurrection armée : mais ses soutiens occidentaux s'aveugleront volontairement sur sa dimension salafiste et jihadiste qui ira croissant. Ils lui préféreront des métaphores transhistoriques vulgaires faisant notamment de « la Syrie notre guerre d'Espagne ». Pareille lecture, qui dominera l'interprétation de la rébellion tant à Washington sous la présidence de Barack Obama qu'à Paris sous celle de François Hollande, s'inscrit au coeur d'un débat plus vaste sur l'occultation des dynamiques de l'islamisme.

Celui-ci a fait primer « l'islamisation de la radicalité » sur la « radicalisation de l'islam ». En d'autres termes, le jihadisme était pensé comme un phénomène contingent, superficiel et passager. Or cette position de principe pèche par une méconnaissance de la sociologie politique et religieuse de l'islam contemporain, fondée sur l'ignorance de la langue et de la culture arabes par ses principaux champions universitaires. Elle n'a pas vu que la guerre en Syrie devenue le jihad du Shâm a eu comme effet d'intenses luttes intestines pour l'hégémonie sur l'islam, local et international.
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La rente [pétrolière] -présentée par ses bénéficiaires comme une manne venue récompenser par faveur du Très-Haut les plus rigoristes de ses fidèles - a détruit la société civile car elle a entravé la formation de la richesse par le travail et l'entrepreneuriat .Elle a créé un cercle vicieux permettant à des oligarchies défendues par des prétoriens et légitimées par des clercs enturbannés d'accaparer le pouvoir , tout en redistribuant cette manne pour acheter la paix sociale.
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Quatre décennies avant la rédaction de ce livre, en 1977-1978, je passai une année en Syrie, boursier de langue arabe à l'Institut français de Damas. C'était une étape obligée pour les arabisants en herbe, le sésame qui nous introduirait dans caverne où étaient celés les secrets grammaticaux et phonologiques de l'Orient qui nous passionnait. A de rares exceptions près, nul n'entrait alors dans la carrière s'il n'avait séjourné au « Shâm » comme nous disions entre nous, utilisant le vieux terme sémitique encore usité dans le dialecte local qui signifie à la fois le Levant et sa capitale traditionnelle.
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Après avoir fui l'Arabie saoudite en 1991, Ben Laden se réfugia d'abord en Afghanistan. Mais les violents conflits entre commandants de moujahidin rendaient le terrain dangereux pour lui. Il se replia l'année suivante au Soudan où les islamistes avaient pris le pouvoir en juin 1989 avec le général Omar al-Bachir et son éminence grise Hassan al-Tourabi. Il y fut rejoint par une masse de jihadistes ayant combattu en Afghanistan et dans l'incapacité de revenir dans leur pays d'origine.
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Videos de Gilles Kepel (35) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilles Kepel
Gilles Kepel vous présente son ouvrage "Holocaustes : Israël, Gaza et la guerre contre l'Occident" aux éditions Plon. Entretien avec Christophe Lucet.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3069073/gilles-kepel-holocaustes-israel-gaza-et-la-guerre-contre-l-occident
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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