Les trois Zouloulais

C'est avec dépit que j'écris cette critique, car j'aime beaucoup, humainement, Florence Metz, l'auteur de cette histoire ainsi que l'illustrateur que j'ai eu l'occasion de rencontrer l'un et l'autre lors d'une séance de dédicaces.

Avec dépit dis-je car, si je considère objectivement cet album indépendamment de l'affection que je porte à ses auteurs, je le trouve assez médiocre, pour ne pas dire encore davantage.

Une histoire clairement bancale sous des apparences de formes bien connues : la tradition voudrait que chez les Zouloulais, le sorcier, lorsqu'il atteint sa soixantème année, quitte le village pour se rendre on ne sait où, faire on ne sait quoi, dans un but on ne peut plus trouble. Bien sûr ce n'est pas dit comme cela, je grossis le trait, mais c'est franchement peu convaincant.

Cette espèce de pèlerinage devrait lui permettre de reconsolider ses pouvoirs de sorcier et d'assurer la protection du village pour les années à venir. (Clair comme du jus de boudin car pourquoi perd-il ses pouvoirs ?, pourquoi la 60ème année ?, aura-t-il une grande espérance de vie à son retour ? nul ne sait).

Et, comble d'invraisemblance, le sorcier confie trois des objets symboliques de son pouvoir à trois enfants du village, qui plus est, les trois pires. de là, de bêtises en mauvais usages des objets magiques, les trois enfants sont sensés acquérir une sagesse et un savoir-vivre.

Ouais, bon... les mots me manquent et je n'ai aucune jouissance particulière à être odieuse, et vais donc m'arrêter là, mais j'ai trouvé cet album d'un magistral manque d'intérêt et je vous conseille, si vous voulez découvrir ces auteurs, de vous reporter sur d'autres ouvrages de leur production. Ceci dit, ce n'est là que mon zouloulais d'avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

"Les trois zouloulais".
Un conte de sagesse africain dont la chute pourrait simplement être ressenti par le jeune public comme une conséquence facétieuse.
Il y aura une morale plus fine à cette histoire, une graine de philosophie à planter avec une petite discussion avec les enfants si l'on souhaite que le bénéfice soit plus complet. Comme avec des paraboles bibliques, pour éduquer et non seulement pour juger.
Avec un tout petit coup de pouce, le jeune public devrait être capable de mettre bout à bout les éléments présentés sans démonstration appuyées.

Le vieux sorcier des Zouloulais partira vers la montagne pour ressourcer son pouvoir (Comment, que dites-vous? Oui, si vous voulez, il est parti en vacances) et donc confiera t-il ses trois objets sacrés de pouvoir à trois enfants qui devront en prendre soin en son absence.

Logiquement, selon nous, ces enfants aurait dû s'en montrer dignes.
Question de responsabilité de sorciers! Et bien non et contre toutes attentes, il choisira 3 enfants qui ne s'entendaient en plus pas du tout.
Rien de bien compliqué à comprendre dans le fait "que de grands pouvoirs (magiques), requièrent de grandes responsabilités* et feront aussi grandir. (Ben Parker, "Spiderman" le Comics *)
Il faudra une ribambelle de catastrophes pour remettre ces 3 là sur le droit chemin et que leur légèreté serve à tous de leçon.

L'un se verra confié le collier de perles qui guérit, l'autre la peau de bête qui commande au beau temps et le dernier, le bâton qui appelle le vent.
Nous serons sur l'importance du bien commun (vous saisissez? "De grands pouvoirs etc ..."?).
Les trois enfants paraderont et se serviront des objets pour se faire valoir, ils tenteront même de se voler les uns les autres pour obtenir plus de pouvoir, ainsi les choses partiront de travers.
L'autre morale en double lecture ne sautera pas forcément automatiquement aux yeux des plus jeunes, penserons-nous peut-être (selon eux, les enfants pourraient s'être juste montrés méchants. Et cela ne sera pas tout, car de l'histoire des "Trois Zouloulais", il faudra tirer la vraie leçon, c'est bien mieux).

Le sorcier le savait qu'il n'était pas une fantaisie de confier un grand pouvoir, probablement qu'au mieux il se trompait agréablement et qu'au pire, il faille montrer et démontrer à tout le village que "de grands pouvoirs tout ça tout ça..", voyez?
On ne s'improvise pas sorcier, son rôle est aussi lourd qu'important et qu'avec le pouvoir il y aura les qualités d'humilité et de responsabilité, que ces pouvoirs ne peuvent pas être usés à des fins personnelles, car de ce rôle dépendra le village, on le comprendra clairement ici.
Imaginez donc un pouvoir important que l'on prêterait à 3 de vos copains ou copines, jeunes gens, penseraient-ils à l'utiliser pour tout le monde?
Imaginez un pouvoir important que l'on confierait à un pays, pensez-vous que leur gouvernement l'utiliserait pour le bien commun?
Cela pourrait faire réfléchir, sinon à défaut, distraire d'une bonne histoire.