AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 185 notes
5
30 avis
4
32 avis
3
18 avis
2
4 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Relation étouffante d'une mère envers sa fille, portrait maternel défectueux et bagages tous plus complexes les uns que les autres en offrande à sa descendance.
Voyage en quête de réponses, Alma fuira t-elle la réalité jusqu'au bout en cherchant du sens dans l'imaginaire ?
"Le matin est un tigre" allégorie du combat de chacun dans une existence semées parfois d'embûches.
Quand on lit cette courte oeuvre de Constance Joly, on y sent des odeurs exquises, on y voit des paysages oniriques, on y touche de la dentelle mêlée à de la soie, on se confond dans une poésie d'une finesse, tantôt mélancolique tantôt porteuse d'espoir.
Commenter  J’apprécie          40
Attention, ce livre est une pépite !

Lu d'une traite ou presque, je suis tombée sous le charme d'Alma, la mère, qui trimballe ses valises "je ne fais plus l'amour" et "ma fille est hospitalisée" au sens propre. Alma, c'est cette femme qui n'ose prendre sa place, qui se fait toute petite, qui se sent vide mais qui aime son mari et sa fille intensément, qui se sent liée à sa fille de façon entière comme si elles étaient les deux moitiés d'un même fruit. Alma est bouquiniste et elle rêve sa vie qu'elle trouve sans intérêt.

Il y a de la folie dans ce livre, de la poésie aussi, par certains côtés, il m'a fait penser à "En attendant Bojangles". On ne sait pas bien si Alma a vraiment toute sa tête ou si au contraire elle a tout compris.

Ce livre est court mais percutant, il m'a happée et je ne peux que vous le conseiller si vous aimez lâcher prise et vous laisser entraîner dans un univers actuel mais onirique.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai attendu plusieurs mois avant de lire ce roman. Et j'ai bien fait. Il y a des oeuvres qui vous parlent plus que d'autres. Celles qui tombent à pic. Qui répondent à vos questions. Comme si elles s'adressaient directement à vous en particulier.
Ce sont des livres qui vous guident et qui restent avec vous. Ils vous accompagnent tout au long de votre vie. Vous y revenez de temps en temps comme vous viendriez discuter avec un ami de bon conseil. "Le matin est un tigre" est de ceux-là pour moi. L'écriture est terriblement belle et poétique, et il y a même une de mes héroïnes fétiches impliquée dans l'histoire. Que demander de plus?
Commenter  J’apprécie          10
Depuis plusieurs mois, la vie d'Alma a basculé. Sa fille souffre d'un mal étrange, qui grandit de jour en jour. Billie est une enfant plutôt heureuse, avec des parents qui l'aiment. Mais à l'aube de ses quatorze ans, une étrange maladie se déclare et sa santé se dégrade. Elle se plaint du thorax, mais tandis que les traitements échouent, les médecins commencent à parler de tumeur. Les jours passent, Bille finit par fêter ses quinze ans, et s'installe dans un nouvel hôpital pour maladies rares. La famille s'épuise, le couple vole, et le corps médical hésite. Mais Alma n'y croit plus.

Convaincue qu'une opération périlleuse n'est pas la solution, elle veut suivre son intuition pour sauver sa fille. Quel est le mal qui ronge sa fille ? Serait-ce un chardon qui pousse dans sa poitrine ? Un peu comme le nénuphar de Chloé dans l'Ecume des jours de Boris Vian ? Mais son mari persiste, la vie n'est pas un roman. Constance Joly signe un premier roman réussi, sur l'amour d'une mère, les combats d'une vie mais surtout la transmission parents-enfants.
Lien : http://untitledmag.fr/la-poc..
Commenter  J’apprécie          20
« le chardon

Quand bien même serais-je à l'étal de boucherie
Exposé dépecé comme un très pauvre boeuf
Quand bien même mon chef aux narines fleuries
D'un oeil glauque attendrait l'oignon et le cerfeuil
Quand bien même mon ventre aux tripes déroulées
A la curiosité s'ouvrirait bien sanglant
Quand bien même mon coeur sur une assiette ornée
Rejoindrait mon cerveau mon foie et les rognons
Nul ne saurait trouver parmi mes côtelettes
Mes viscères et mes abats
Le chardon qui fleurit semé par la conquête
Que rien de déracinera
Le vivace chardon qui plante ses racines
Dans les sols les plus secs et les plus rebutants
Le chardon sans pitié qui frotte ses épines
Pour de rudes douleurs parallèles au temps »
Raymond Queneau.

*L'autrice*: pendant plus de 20 ans Constance Joly a été éditrice. Aujourd'hui, elle est conseillère en littérature. le matin est un tigre est son premier roman. Il est sorti en 2019.

*Le livre*: Billie, adolescente, souffre d'une maladie rare. Pour les médecins il s'agit d'une tumeur. Mais pour Alma, sa mère, il n'en est rien. Alma sent. Alma sait. Elle a l'intuition qu'un chardon pousse à l'intérieur de sa fille. D'où vient ce chardon qui engloutit Billie ? 🦠Quand le réel est trop fort, quand la mélancolie est trop lourde, quand les valises que l'on porte sont trop encombrantes, il reste les rêves. Et, surtout, il reste les poèmes. Et Alma y croit très fort. Bien plus qu'en la médecine. . 🦠Une écriture fluide et empreinte de réalisme, mais aussi, un brin de fantaisie, de la musique, beaucoup de rêve et une tonne de poésie: si vous recherchez de la tendresse, jetez-vous sur ces fabuleuses 153 pages! C'est une parenthèse de mots à déguster. Un accès à l'allégresse.
Commenter  J’apprécie          100
« Depuis quand Alma se sent-elle comme ça ? Vide ? Au bord du monde ? Comme si elle penchait légèrement ? » Elle le situe vers la fin de l'enfance. « Son corps est une carcasse vide ».

Depuis ses quatorze ans Billie, sa fille souffre d'un mal étrange. Elle tousse, maigrit, se plaint de douleurs au thorax, « comme si une plante vénéneuse poussait dans sa poitrine. » Un chardon.

« Toutes les deux ont développé une relation siamoise……..un lien jumeau »

C'est pour nous parler de cette relation mère-fille que Constance Joly a choisi d'écrire ces pages sublimes. Une écriture soignée, certainement travaillée jusqu'à l'essentiel, sans en avoir l'air….

Ce récit est un combat d'une rare résonance, raconté avec des mots tendres, des phrases poétiques effleurant l'univers d'Alma, de son compagnon Jean et de leur fille Billie. le combat d'une mère désorientée, suivant son instinct, ouverte à tout ce qui pourra soulager sa fille. Prête à se désintéresser de tout pour être entière à son enfant. Pour vivre juste de son enfant.

Un roman de l'intimité, de la remise en question, décrivant joliment mais aussi d'une manière dramatique l'étouffement vécu consciemment ou pas, provoqué ou subit, conduisant si aucune décision n'est prise, à la mort programmée.

C'est un conte. Je l'ai vécu comme un conte. Une sorte d'allégorie prenante et bien armée. L'écriture n'est pas innocente. Les symboles sont là, au détour d'une phrase, pour nous recadrer et se méfier « du soleil qui a du noir dans l'aile…. »
Un roman d'amour intense, d'amour maladroit ou parfois « le matin est un tigre qui rampe doucement en attendant de vous sauter à la gorge ».

A force de souffrir l'imaginaire risque de s'étioler à moins qu'un signe du destin s'impose à Alma et dénoue tous les noeuds du problème. A condition bien sûr qu'elle accepte d'ouvrir ses chaines. Ce signe est donné par un très vieux monsieur, presque aveugle, mais qui ressent tant de choses, qui les suggère si intelligemment, tout en images…………….
Un voyage de dernière minute, imprévu, offert par la vie parce qu'Alma a bien voulu la regarder en face.

Un livre ouvert à la réflexion et à l'interprétation du lecteur. Un huis-clos.
Un coup de coeur assez fort pour qu'il me laisse une trace longtemps.
Commenter  J’apprécie          674
Tout ce que je vois de ce premier roman me prédispose à l'aimer : un titre intrigant, une auteure dont le nom de famille sonne comme une promesse, un bandeau si joli (forcément), une référence à l'Ecume des jours en quatrième de couverture et une héroïne prénommée comme ma fille… Je n'ai pas voulu lire les chroniques déjà rédigées, les avis déjà postés. Je veux garder la surprise… J'ouvre avec précaution (ce livre va voyager, comme tous ceux de la sélection) et je lis la première page. J'adore les premières pages, elles sont comme la première gorgée de bière de Delerm.
Bim ! J'adore cette première page. Et j'adore ce premier roman, jusqu'à la dernière page : Constance Joly, ne vous arrêtez pas d'écrire !
L'histoire est triste : Alma est rongée par la maladie mystérieuse de sa fille, Billie, qui semble la condamner à une mort certaine. Dès les premières pages, c'est la fragilité d'Alma, ses doutes et ses peurs qu'elle trimballe dans des valises, qui nous entraînent. Alma la femme-enfant, Alma la mère. Car c'est bien d'elle dont il s'agit dans ces pages, de ses interrogations, de sa souffrance puis de sa lente métamorphose et de sa délivrance au fil d'un voyage inattendu…
Ce qui frappe dans ce récit singulier, c'est l'écriture de Constance Joly. Je suis toujours stupéfaite par la capacité de certains auteurs à rendre poétiques, presque tolérables, la laideur, la tristesse, l'horreur même parfois. Alma pense que « Les mots sont de pauvres choses (…). Ils sont pratiques et incomplets, incapables d'exprimer la complexité de nos vies, la subtilité de ses nuances. Il faudrait les décrasser, les lessiver, les essorer pour leur faire dégorger un sens nouveau ». L'auteure nous démontre le contraire : sous sa plume, les mots s'enchaînent pour faire naître des tableaux incroyables où les couleurs et les odeurs éveillent tous nos sens. Même les sandwichs ont une saveur de thym et de fleur de capucine ! Un chat roux, un chardon, une criminelle irlandaise sortie d'un roman, une encyclopédie de Botanique, de l'hydromel, des poèmes, des matins pluvieux qui donnent « envie de froisser la feuille du paysage dans ses mains et de l'envoyer à la corbeille » : nous voici projetés au beau milieu d'un conte, à suivre Alma – sorte d'Alice au pays des merveilles moderne – entre réalité et échappées oniriques, vers la guérison.
Ce premier roman est un conte moderne et, en même temps, tout à fait intemporel, interrogeant le rapport mère-fille, la transmission, le poids de la responsabilité maternelle et la capacité à s'épanouir, indépendamment de ses enfants.
« La beauté ne sert à rien, et pourtant, elle console de quelque chose qu'on ne sait pas nommer » écrit Constance Joly. Sans hésiter, la beauté de ce premier roman est indispensable, elle console de cette culpabilité féminine encore trop répandue…

Commenter  J’apprécie          00
Le matin est un tigre
Pour qui est las découragé
Pour qui a peur et tremble
Pour qui ne fait plus l'amour
Et doit traîner des enclumes dans sa valise

Le matin est un tigre
Pour qui doit vivre l'angoisse de l'enfant malade et dépérissant,
L'enfant pâle à la peau translucide
Les ramifications du chardon dans un coeur meurtri

Le matin est un tigre
Aux griffes acérées qui lacèrent la peau et les entrailles
Qui domine et met à terre

Le matin est un tigre
A dompter, à transformer
A museler, à calmer.

L'auteure tire les mots de son sac de poésie, elle les étale, les superpose, les découd et les ravaude. Un souffle nouveau traverse ce roman ailé, le noeud de cette relation mère/enfant. Je le relirai…

Commenter  J’apprécie          468
Depuis ses quatorze ans, Billie souffre d'un mal étrange que les médecins n'arrivent pas à identifier. Anorexie ? Psychose ? Dépression ? Alma elle sait, elle devine les feuilles maléfiques bordées d'épines sous la peau pâle de sa fille. Elle appelle « chardon » le mal qui l'a pris.

L'hiver passe comme ça. Il y a des nuits passées aux urgences, de longues heures d'attente pendant lesquelles Alma transporte difficilement ses valises : une fille malade, sa mélancolie. Alors elle rêve. Depuis quand Alma se sent-elle comme ça ? Vide. Au bord du monde. Comme si elle penchait légèrement. Elle se branche sur la fréquence rêverie, elle a l'impression que tout ce qui s'agite autour d'elle, et qu'on appelle la vie, lui échappe. La vie réelle et la vie rêvée se mélangent.

Est-ce cette mélancolie souterraine qui contamine ceux qu'elle aime ? Billie et elles sont si proches. Elles ont développé une relation siamoise. Elles sont les deux moitiés d'un même fruit, se mélangent comme du lait dans de l'eau, formant un même nuage. Une relation qui l'empêcherait peut-être d'être elle-même.

Et si Alma refusait tout simplement la vérité à force de rêvasser à des chardons, des tigres, des chats roux ? Ce chardon, où qu'elle aille cette plante est comme un signe, telle l'essence de l'homme : ses racines, son fondement, telle une plante existant en chacun de nous.

Dans ce magnifique roman, poétique et elliptique, l'auteure explore une relation mère-fille toxique, si fusionnelle qu'elle empêche l'une et l'autre de respirer. À travers de nombreuses métaphores on découvre ce lien indéfectible qui peut se révéler être une véritable maladie lorsqu'un être étouffe l'autre, l'empêchant d'être lui-même.

L'histoire émouvante d'une mère au désarroi, porté par une écriture très imagée avec un beau message final : Apprendre à vivre pour soi, à être soi pour permettre à ceux qu'on aime de vivre librement.
Lien : https://eemmabooks.wordpress..
Commenter  J’apprécie          60
Un jour, Caroline Laurent, mon éditrice adorée, recommandait ce roman paru chez Flammarion sur les réseaux sociaux. L'après-midi, je le feuillette dans ma librairie de prédilection, les Libres champs dans le 6ème. Et les phrases m'agrippent. Chacune est un frisson. Comme un poème chargé qui me vrille l'âme à chaque mot. C'est comme ça, il y a des livres qui ont cette charge. Je serais bien en peine de dire pourquoi. Une concordance de sensibilités sans doute. le même regard sur le monde. Je l'achète. Je croise un jour Constance lors d'une rencontre en librairie. Je la reconnais tout de suite. Je n'ose m'approcher. Je lui adresse quelques mots maladroits. Et puis on s'enflamme, on parle d'écriture. Je pars un peu trop tôt. J'avais envie de poursuivre la conversation et la rencontre. Je m'en vais ce soir-là avec dans la bouche un arrière-goût de points de suspension.

Les livres s'entassent sur mon bureau. le matin est un tigre attend. Je suis impatient d'en avoir le temps, de lui faire sa place, pas au milieu des autres, de la frénésie des rentrées littéraires qui gronde déjà dans l'avenir, mais un peu à côté. Un livre pour moi. Juste pour moi. Arrivé dans ma retraite bourguignonne de prédilection, dans le gite aux murs de pierres épaisses où j'ai lu les Jouisseurs de Sigolène dans un recueillement fiévreux, je lis Constance. Avec la même concentration, vierge de diversions. J'attendais de la retrouver ici. J'avais prévu mon coup.




J'ouvre le livre. Enfin. Des mois que je tournais autour et que j'en avais envie. Cela commence avec la voix de son héroïne qu'on entend distinctement, son raffinement, sa poésie, sa folie douce. Cela commence dans la tendresse. J'avais l'impression de la connaitre Alma. de la contenir en moi. J'avais l'impression de l'entendre. de m'entendre. Ce rapport métaphorique à la réalité, cette manière discrète d'en accepter la magie, le mystère, les forces qui nous meuvent et qui murmurent dans le silence quand on écoute un peu. C'est d'abord ce qui m'a emporté comme une danse. Et puis je découvre sa fille Billie et le mal mystérieux qui la ronge, ce chardon qui l'asphyxie, qui lui accorde des répits trompeurs, ce curieux éclat du bonheur quand il est menacé (celui que je connais bien), celui qui incite à vivre plus fort entre les interstices. Juste avant que le mal ne vous replonge dans l'impuissance et ne remette en cause votre réalité toute entière. Tout ce qui était certain, tout ce qui était acquis et tout ce qui rayonnait de bonheur sur les photos de vacances. L'épée de Damoclès au dessus des insouciances. La force qu'il nous faut pour l'affronter en face: la maladie, la douleur et la peur de mourir. Ce truc qui nous renvoie régulièrement à toutes nos impuissances, ce truc qu'on est censé ne jamais voir.

Paradoxalement, dans le roman de Constance, j'ai vu de l'espoir, imperturbable, et de la lumière. Des grands sentiments et du monde qui vibre de poésie et de souffle. Chaque matin est un feu. Un défi à la fatalité. Même si son héroïne ne fait plus l'amour. Même si elle est désarçonnée parfois. Même si elle se tient courbée, effacée, même si on sent qu'elle est un peu à côté d'elle-même. La maladie de Billie sera sa quête initiatique, son chemin vers elle-même, celui qui vous incite à vous redresser, à vous tenir droit, à devenir celui que vous êtes. Au bout des chagrins et au bout des combats, de l'autre côté des douleurs et des larmes, des détresses, il y a toujours cela : celui qu'on est et qu'on retrouve comme un motif musical, un leitmotiv. Celui qu'on a perdu de vue, celui qu'on n'a pas forcément toujours eu le courage d'assumer, celui qu'on a fui même parfois de toutes nos forces, parce qu'il disait la vérité.

Constance a ce sens de la mélancolie qui sublime la contemplation, un voile tendre et beau sur la lumière trop crue, celui de sa sensibilité. Souvent elle reproduit des sensations en mots avec la précision d'un peintre qui transfigure le monde. C'est toujours stylisé, raffiné. C'est une histoire de métamorphoses et de mystères, c'est une mythologie qui se recrée dans une intimité. L'impression d'une plume en liberté, qui écarquille ses mots à mesure qu'elle avance, dans une improvisation maitrisée. Elle ressemble à du jazz. A une chanson déchirante et sublime de Billie Holiday.

C'est un roman dont il est difficile de parler sans se livrer. Alors tant pis, allons-y. Je vis avec mes fragilités, avec mes douleurs, avec mes ténébreux orages traversés par de brillants soleils. Je vis avec le pressentiment de tout ce qui menace et de tout ce qui attend. Je vis avec la hantise des avenirs incertains. Je vis sans savoir dans quel état je serai dans vingt ans, dans dix ans. Ou dans six mois. Je vis en attendant la prochaine douleur. Celle qui vous mettra sur le flanc et qui resserrera toutes les murailles du monde connu, qui réduira toutes les attentes au néant, tous les avenirs ajournés dans l'espoir d'un soulagement. Je connais tout ça. Je vis, maladroitement et du plus fort que je peux avec tout ça. Mais je vis.

Le privilège de cette incertitude, c'est l'intensité et la passion. La poésie et la vitalité. La quête de l'impalpable, sans doute plus prononcée qu'ailleurs, un peu plus viscérale. Un peu plus nécessaire. Dans ce genre de faiblesse, il y a ce paradoxe. Cette quête acharnée d'une raison de vivre, d'un chemin long et tourmenté ("the long and Winding road") vers un bout de bonheur qui vous correspondrait complètement. Dans le regard des autres mais surtout dans le vôtre. Se montrer à la hauteur des épreuves qu'on traverse et dignes de l'existence dont on hérite. ça a l'air grandiloquent? ça ne l'est pas. Chaque matin est un combat aux dimensions homériques et chaque journée une victoire sur la mort. On devrait pousser un cri de triomphe à chaque crépuscule et célébrer chaque matin comme une renaissance, une insolence et un miracle. le présent nous file entre les doigts. Mais c'est tout ce qu'on a.




Au bout du roman, chez le vieux Georges, au bord de la mer et dans les vieux livres à expertiser, dans la nuit mouvementée et formatrice qu'elle passera dehors et face à elle-même, j'ai vu quelqu'un se relier au monde et à sa profondeur. Ce n'était plus Alma. Ce n'était plus même un roman. C'était l'une de ces histoires qui nous parlent de notre humanité, de ses peurs et de sa force, de sa sagesse et de son instinct de conservation, de ce combat qui se joue sans cesse en nous entre l'ombre et la lumière, la solitude et l'amour, la vie et la mort, la résilience ou le renoncement depuis la nuit des temps.

Ce jour-là, en lisant les premières pages dans la librairie de mon amie Léa, c'est cette intuition qui m'a étreint.
Cette force de vie enracinée en moi comme un curieux chardon, dont j'entendais le chant dans les mots de Constance.
Lien : http://www.nicolashouguet.co..
Commenter  J’apprécie          61



Autres livres de Constance Joly (1) Voir plus

Lecteurs (335) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1229 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}