AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781028103416
456 pages
Bragelonne (28/06/2017)
3.12/5   17 notes
Résumé :
Des profondeurs de R’lyeh nous viennent vingt et une nouvelles d’horreur inédites, aussi macabres que terrifiantes.

Une sélection d’auteurs de premier plan puisant leur inspiration dans l’œuvre de Lovecraft explorent ici les abîmes cachés de l’esprit humain, en reprenant des concepts créés par le maître de l’horreur et en les développant pour les mener dans de nouvelles directions.
Résultat : des histoires totalement originales, dont certaines ... >Voir plus
Que lire après Les chroniques de CthulhuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Cette anthologie est le premier tome d'une série appelée "Black Wings of Cthulhu" en VO, où Sunand Tryambak Joshi spécialiste mondial des univers lovecraftiens réunit des « contes d'horreur lovecraftiens », qui je suis obligé de le signaler tiennent plus du panorama de l'horreur contemporaine que de l'hommage à l'homme qui a révolutionné le genre horrifique au XXe siècle.
Je ne suis pas très nouvelles à la base et il y a forcément à boire et à manger dans un recueil, mais je trouve quand même dommage que l'immense majorité d'entre elles soient écrites à la première personne, car c'est lassant à la longue d'enchaîner autant de jeux autour du je... Après je ne suis pas d'accord avec l'anthologiste qui en tant qu'auteur a une vision linéaire du genre alors que les lecteurs en on une vision spiralaire : on pose toujours les mêmes questions, mais on y apporte des réponses différentes avec le temps et l'expérience... Oui il faut s'adapter à son temps et traiter de préoccupations de notre époque avec le langage de notre époque, mais tout ne qui appartient au passé n'est pas forcément dépassé et à oublier ! (surtout avec le genre fantastico-horrifique qui est très primal : les fantômes, les lycanthropes, les vampires, les serial-killers et les animaux tueurs ne sont pas has been quand ils ne sont pas maltraités par des tâcherons sans imagination, car c'est les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures ^^)


Caitlin R. Kiernan, "L'Autre Modèle de Pickman (1929)" :
Les jeux littéraires postmodernes m'ont fait peur au début (avant de me faire rire ^^), mais on transpose joliment la nouvelle d'origine du monde de la peinture au monde du cinéma, de tellement bonne manière d'ailleurs que relier ce récit à celui du Maître de Providence n'était pas nécessaire. C'est simple, c'est efficace, on est bien dans le sujet et ici c'est une bonne idée d'avoir commencer le recueil par cette nouvelle bien stylée. L'auteure a vraiment du talent, il faudra donc que croise ses écrits à nouveau...


Donald R. Burleson, "Rêves de Désert" :
De nos jours un jeune homme de Providence fait des rêves de désert, et en décrivant ses visions au professeur Armijo il parvient à identifier les paysages de l'Arizona. Il part en pèlerinage sur le lieu des ses visions, et parvient de justesse à échapper à la gueule grand ouverte d'une horreur cosmique...
Une véritable nouvelle lovecraftienne, mais tellement proche de l'originale qu'elle ne parvient pas trop à dépasser le stade du pastiche. Mais bon heureusement qu'elle est là pour la caution du Maître de Providence, parce que c'est loin d'être le cas de toutes les nouvelles de ce recueil...


Joseph S. Pulver, Sr, "Marques" :
Le convoyeur dénommé Johnny doit amener un mystérieux colis à son employeur M. Phoenix, sauf que celui-ci pratique la magie noire, qu'il est prophète des Grands Anciens et que les astres sont propices. On est dans le style hard-boiled assez cool, et on n'est pas très loin d'une version courte et grimdark d'"Angel Heart" ^^


Michael Shea, "Deal de calmar" :
Entre délinquance et délabrement urbain à San Francisco, on suit les élucubrations du petit voyou Andre qui a besoin d'argent payé au prix du sang et d'un « témoin » pour son « élévation ». Intrigué par sa folie, le caissier Ricky Deuce l'accompagne pour jouer le rôle de témoin et découvre ainsi l'univers des Grands Anciens.... Désormais convaincu des mystères du cosmos, il décide de suivre le même chemin et part à la recherche des mêmes ingrédients que le barjot Andre qui n'est plus humain ou qui n'est plus vivant… le ton est plutôt léger avant les révélations horrifiques, et cette nouvelle est plus proche des univers de Clive Barker que de ceux de Lovecraft...


Sam Gafford, "Esprit de passage" :
Michael a un tumeur au cerveau, les hallucinations se multiplient et Lovecraft et ses créations se mettent à intervenir dans sa vie et à interagir avec lui. Si le sujet n'était pas si terrible, je dirais que l'écriture est très drôle car l'auteur multiplie références à la pop culture et critiques au vitriol de la société ultralibéral que nous subissons tous au quotidien (vous savez, celle au il faut avoir la santé car sinon il faut être riche pour être bien soigné : Monde de Merde !). de Lovecraft et de ses créatures rien ne fait peur à Michael, car l'horreur c'est le cancer qui est dans sa tête et qui le ronge physiquement et mentalement, et qui réduit son espérance de vie à quelques mois qu'il passera dans la douleur : c'est ainsi que nous suivons sa fin de vie et son grand saut vers l'oubli..


Laird Barron, "Le Broadsword" :
Un joyeux mélange de Stephen King, Clive Barker et Graham Masterton. le manoir hanté version société de consommation où les jeunes vandales qui pourrissent la vie des pensionnaires s'avèrent être des vampires psychiques interdimensionnels... Il se passent de drôle de choses, les résidents ne cessent de les signaler aux autorités qui en ont rien à secouer, pour certains c'est forcément un coup du gouvernement et on se met à traquer caméras et micros tandis que le narrateur Pershing qui commence à dormir le jour pour veiller la nuit suscite de plus en plus l'inquiétude chez ses proches...
C'est barré, c'est baroque, plein d'humour noir et de critique de la société. Malheureusement l'auteur réalise en moins de 50 pages la synthèse de "Ça" et des "Tommyknockers" et donc la chute qui aurait pu être horriblement réussie est un peu confuse, car après être parti dans tous les sens il a bien fallu que le récit retombe sur ses pieds... J'aimerais bien savoir ce dont l'auteur est capable en roman !


William Browning Spencer, "Usurpation" :
On dirait un épisode d'"X-Files"... Brad et Meta voyagent sur une route déserte du côté d'El Paso, ils sont attaqués par un essaim de guêpe chelou et c'est l'accident... Aucune trace de piqûres et aucune trace desdits insectes, et le Fox Mulder local explique à Brad que cela arrive souvent dans le coin et que c'est la preuve de l'existence d'une colonie alien dans les montagnes. Meta comme Dana Scully guérit miraculeusement de son cancer, mais elle se met à avoir un comportement étrange. Quand elle disparaît, il est persuadé que les aliens l'ont enlevée et il se précipite vers le lieu signalé par le Fox Mulder local sauf que... SPOILER ! Sympa, mais cela ne vaut pas "Delta Green" ^^


David J. Schow, "Le livre de Denker" :
Denker connaît la fortune et la gloire avec une machine à miracles, sauf qu'il s'agit d'un charlatan puisqu'il n'y nulle science là-dedans mais le Necronomicon (qui n'est pas nommé d'ailleurs ^^). Une petite pochade à l'humour absurde que n'aurait pas renié ce bon vieux Terry Pratchett, qui permet de faire une pause bienvenue dans ce recueil fantastico-horrifique...


W.H. Pugmire, "Les Habitants de Wraithwood" :
Le jeune délinquant Hank est en cavale après avoir déconné une fois de plus, et il trouve asile dans un hôtel-bar clandestin du temps de la Prohibition (syndrome "Psychose" ? ^^). Sauf que le lieu tient de l'hôpital psychiatrique avec une ribambelle de cosplayers freaks qui de jour en jour ne recule devant rien pour ressembler aux détournements gothiques des tableaux de maîtres trônant dans leurs chambres... D'ailleurs celui de la chambre d'Hank est un tableau du tristement célèbre Richard Pickman... Une variation vénéneuse voire glauque du "Portait de Dorian" Gray, en compagnie des créations de Caspar David Friedrich, Léonard de Vinci, Füssli, John Everett Millais, Oskar Kokoschka, Gutav Klimt, le Titien, Edward Burne-Jones, Dante Gabriel Rossetti, Goya...


Mollie L. Burleson, "Le Dôme" :
Au Nouveau-Mexique (encore ? Je sais bien que l'Etat ensoleillé est le lieu de villégiature de pléthore d'écrivains américains mais quand même hein), Tom est intrigué par la brocante abritée par le bâtiment dénommé le dôme où le propriétaire surveille constamment l'oeil au centre de la coupole... Un jour il pense voir à travers l'oeil un autre monde et une créature tentant de venir dans le notre, il crie et il s'enfuit... On ne retrouvera jamais le propriétaire... Mouais, c'est beaucoup succinct pour en tirer véritablement quelque chose !


Nicholas Royle, "Rotterdam" :
Un technicien est en repérage à Rotterdam pour adaptation de "Le Molosse" de Lovecraft. Son patron le retrouve se place, ils boivent beaucoup et apparemment il finit par le trucider. Avec sang froid il se débarrasse du corps, de l'arme du crime et des traces du délit : serial killer ou schizophrène ? Fin !
Une des nouvelles favorites de l'anthologiste semble-t-il, mais il n'y a rien de lovecraftien là-dedans et c'est un des récits les moins réussi du recueil : aussitôt lu aussitôt oublié !!!


Jonathan Thomas, "Tentante Providence" :
Justin un artiste de Providence qui a connu son petit succès avec ses photographies dénonçant l'agonie de la ville ville défigurée et mutilée par la gentrification qui multiplie les immeubles de bureau, les banques, les assurances et les boutiques de smartphones sans âme toutes tous interchangeables... Il a croisé une nuit le fantôme d'HPL, et tente désespérément de renouveler l'expérience en trouvant quels facteurs lui ont permis de se connecter avec les mânes du Maître de Providence... de fil en aiguille il se prend le chou avec son supérieur hiérarchique, le médiatique et carriériste professeur Palazzo, et lors d'une prise de bec ils tombent tous les deux dans un trou du monde : seul l'un d'entre eux échappera aux créatures qui l'habitent ^^
Il y avait de l'idée, mais la fin n'est pas très bien gérée (j'ai dû la relire plusieurs fois tellement j'avais l'impression qu'il manquait des pages pour suivre l'enchaînement des faits et leur résolution)


Darrell Schweitzer, "Hurlements dans la nuit" :
Transfiction postmoderne : on ne sait pas de qui ça parle et ce que cela raconte, pas de début, pas de fin et une écriture impressionniste... Apparemment on serait avec un individu perturbé qui aime l'obscurité et les créatures qui la peuple et qui lui parlent, il y aurait eu des actes de violence, il passe par l'Hôpital Psychiatrique et fait profil bas pendants des années avant que tout ne recommence et qu'il passe du côté de la nuit... A oublier voire à zapper !


Brian Stableford, "La Vérité sur Pickman" :
Le région reculée de l'Île de Wight, une vieille maison coloniale isolée du reste de la population, des tunnels sombres et humides, une ambiance vénéneuse digne de "Moonfleet" ou d'un Alfred Hitchcock de la bonne époque, et une masquerade c'est-à-dire une para-humanité cachée... On attend le twist thriller, on attend le chute horrifique et le sad end amenant le triomphe des forces de la nuit, mais la véritable horreur est bien plus intime que cela... Ah bravo Monsieur Brian Stableford ! On commence par passer à la moulinette tout l'héritage lovecraftien et on finit par amener l'horreur par là où on ne l'attendait pas... le professeur américain Thurber enquête sur le cas Pickman et la vague de folie qui frappa Boston dans les Années Folles, et il voyage jusqu'au trou perdu anglaise de où habite le dénommé le petit-fils de Silas Eliot pour lui racheter un tableau méconnu de l'artiste maudit qui était sans doute aussi inhumain que ces modèles. Ce dernier connaît la vérité, et il voudrait bien que le professeur ne l'apprenne pas et ne la dévoile pas au grand jour, car il a deviné est que le chercheur cherche un échantillon ADN de l'artiste dégénéré pour en démontrer l'inhumanité. Il y a donc de bons dialogues au chacun joue au chat et à la souris dans une parti de » je sais que tu sais que je sais que tu sais », sauf que...
L'auteur touche-à tout est exégète, anthologiste, éditeur, grand spécialiste de la littérature française et grand connaisseur de la Science-Fiction (il travaillerait en France, il serait sans doute chez ActuSF ! ^^)... C'est donc tout naturellement qu'il aborde le fantastique par l'angle scientifique : génétiques, allèles récessives, facteurs mutagènes, et en réfléchissant sur l'inné et l'acquis on aborde la question des folies collectives dans l'histoire (comme l'Affaire de Hautefaye, où le dénommé Alain Monéys a été lynché, brûlé et dévoré par les habitants du village le 16 août 1870 : que voilà un fait divers qui pourrait inspirer des émules français du Maître de Providence !). Dans tous les cas j'en aurais sacrément appris sur la syphilis et les toutes dernières théories sur cette sombre maladie...


Philip Haldeman, "Tunnels" :
Le jeune David fait de plus en plus souvent d'horribles rêves de créatures fouisseuses remontant vers la surface, au point d'hésiter à descendre en dessous du troisième étage de son immeuble... Pour son grand-père c'est le signe qu'Ils les ont retrouvé, et que les astres Leur seront bientôt propices, pour ses parents tout cela n'est que fantasques élucubrations... Mais Murphy sait : des immigrants exploités, des ouvriers souvent en danger sur les chantiers du métro new-yorkais, et au coeur des ténèbres l'horrible rencontre avec des vers géants télépathes... Pour se protéger les survivants se sont regroupés, mais Ils ont remonté leur piste et que faire face à un tremblement de terre localisé à leur seul immeuble ?
Un récit peut-être plus proche du Brian Lumley lovecraftien que que Lovecraft lui-même, mais un non récit quand même !


"La correspondance de Cameron Thaddeus Nash, Annotations de Ramsey Campbell" :
Le spécialiste de Lovecraft invente le personnage fictif de Cameron Thaddeus Nash, fanboy de Lovecraft qui passe de lettre en lettre l'admiration absolue à l'exécration absolue envers son idole... Complètement parano il est développe un délire de persécution, persuadé qu'il est un génie de la littérature fantastique et que tout le monde veut le plagier et/ou l'empêcher d'être publié car le reste de la production souffrirait trop de la comparaison. Il est aussi victime du la peste élitiste, et il finit par être persuadé également que le monde ne le mérite, car il ne fait pas de la littérature de l'imaginaire mais de la littérature du réel... A ce stade de son délire il se transforme en « reclus de Providence » tel que certains imaginait Lovecraft, et persuader que tout le mythe que ce dernier a inventé est la réalité : il décrit ses voyages psychiques à travers l'univers infini, ses rencontres et ses conversations avec des créatures cosmiques inconnues des humains et la manière donc celles-ci le transforme peu à peu en quelque chose d'autre...
C'est truffé de références, relevant parfois de l'érudition voire de l'exégèse, mais la fausse note du canular vient que la manière de s'exprimer de Cameron Thaddeus Nash est beaucoup trop moderne pour appartenir aux Années Folles ^^


Michael Cisco, "Violence est fille de confiance" :
Transfiction postmoderne : on ne sait pas de qui ça parle et ce que cela raconte, pas de début, pas de fin et une écriture impressionniste... Apparemment on serait avec des cultistes rednecks avec une ambiance de torture porn, donc on serait dans un massacre à la tronçonneuse lovecraftien vu du côté des bourreaux... A oublier voire à zapper !


Norman Partridge, "Démons mineurs" :
Très bonne nouvelle où se télescope les univers de Lovecraft et de Frank Miller (remember "Sin City" ^^). Les astres ont été propices et des créatures de cauchemar déboulent de tout partout en même temps : le shérif John Dalton et son adjoint Roy Barnes doivent faire face à l'apocalypse et se transforment en chasseurs d'horreur... Roy pense qu'il y a un lien entre ce qu'il se passe et les vieux livres qu'il ont trouvé dans le coffre d'un étrange suspect décédé le jour où tout a commencé, quand un monstre sorti d'on ne sait où s'est mis à dévorer les ouvriers d'un chantier. Roy est tout près de la vérité, mais John en a rien à secouer, et quand les militaires commencerons à tout nettoyer il se gardera bien de leur révéler ce qu'ils sait... On reprend pas mal de codes de l'apocalypse zombie à la George A. Romero, mais ici les morts-vivants sont remplacés par les créatures du mythe : ça ferait un bon film !


Adam Niswander, "Histoire surnaturelle" :
On dirait un épisode des "Contes de la crypte" et on suit la transformation en protoplasme pensant de l'employé de bureau dénommé Thompson, racontée de l'intérieur par la narration à la première personne. Original certes, mais pas génial pour autant.


Michael Marshall Smith, "Substitution" :
Une transfiction veggan ? Le narrateur surveillé par sa femme Helen un bobo banlieusard adepte du mourir en bonne santé : on mange bio et light, donc pas de sucre, pas de sel, pas de gras, 5 fruits et légumes par jour et surtout pas de viandes empoisonnées par les toxines (mais il s'enfile en cachette de sa femme des sandwichs au corned beef et au raifort ^^). Bien sûr il se fait livrer toutes ses courses à domicile parce que le temps c'est de l'argent (et puis c'est aussi à la mode dans sa classe sociale de commander en ligne sur son blackberry, on ne pas va quand même pas se déplacer et devoir côtoyer les classes nombreuses donc dangereuses ?). Un jour il y a substitution dans les commandes avec arrivée surprise de steaks juteux et charcuterie italienne, et le mari se met martel en tête de découvrir avec qui les commande ont été interverties... Après avoir découvert qu'il s'agissait d'une femme célibataire, il se met à fantasmer sur elle avant d'agir en vrai stalker, sauf qu'à sa première séance de voyeurisme il découvre qu'elle mange de la viande crue... Effroi et horreur... Mdr on dirait un "Chair de poule" à la sauce Stephen King !


Jason Van Hollander, "Susie" :
La mère de Lovecraft est au sanatorium, elle se prend pour Shub-Niggurath (à moins qu'elle ne soit le vaisseau de Shub-Niggurath ^^) et pense à son fils, prophète des Grands Anciens qui doit attendre que les astres soit propices pour tous les délivrer de leur éternité... Il y a de l'idée, l'auteur ayant bien bourlingué dans le genre fantastico-horrifique mais la nouvelle est trop courte pour vraiment en tirer quelque chose... C'est dommage !


Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) 2018
Commenter  J’apprécie          353
Cthulhu rules !

Ce recueil, assemblé par un spécialiste lovecraftien S.T. Joshi est, en fait, le premier des cinq tomes de "Black Wings of Cthulhu" déjà sortis aux Etats-Unis.
La belle illustration de Loïc Muzy sur la couverture vient d'un chouette livre illustré "Cthulhu - Créatures du mythe" - il manque seulement la toute petite silhouette de l'Empire State Building à côté - pour comparer la taille...
Eh oui, Cthulhu est grand; et ses tentacules s'incrustent bien dans le fantastique moderne.

Pourquoi même les auteurs "sérieux", comme Borges, deviennent fans de Lovecraft ? Peut-être parce que malgré lui, et malgré la piètre opinion qu'il avait de ses propres récits, Lovecraft a réussi à créer ce qu'on appelle "un mythe fondateur". Un mythe basé sur la supposition que l'humanité n'est pas seule, que les forces cosmiques infiniment plus puissantes sont tapies dans l'ombre. L'humanité ? Elles s'en fichent ! Elles étaient là bien avant !

Lovecraft n'était pas un super écrivain, mais il a clairement apposé sa marque. Vous reconnaissez "l'horreur lovecraftienne" dès que vous tombez dessus.
Mais "lovecraftien n'est pas Lovecraft. Derleth, Bloch ou Leiber ne sont pas Lovecraft; les auteurs des histoires dans le présent recueil non plus, et pourtant...
Ils s'accommodent bien aux processus de l'horreur cosmique, ils ne créent pas de pastiche - ils le modernisent ! On sort enfin de la Nouvelle Angleterre. Deux éléments qui manquent complètement chez Lovecraft, à savoir l'humour et la présence féminine, sont bien là.
le recueil a ses hauts et ses bas; mais c'est tellement subjectif... nous ne cherchons pas tous les mêmes "frissons".
Il y a les histoires "graphiques" et les histoires "cérébrales"; et chaque admirateur de "maître" doit y trouver son bonheur.

Alors, ces histoires ?
Un coup de coeur absolu pour le vétéran de l'horreur R. Campbell et "La correspondance de C.T. Nash". Non seulement il sait de quoi il parle, il nous sert une histoire hilarante (et imprévisible) qui monte crescendo tout en respectant scrupuleusement les trames lovecraftiennes.
Viennent ensuite "Broadsword" et "Les habitants de Wraithwood", dans un style plutôt classique et bien mené.
"Démons mineurs", pour son côté visuel dans le style "walking-dead-post-apocalypse".
"Substitution", qui fait plus penser à Graham Masterton. Les mecs, ne fantasmez pas sur les femmes dont vous ne savez strictement rien, ça peut dérailler...
"Rêves de désert" - peut-être la plus "lovecraftienne". le très peu qui s'y passe nous mène vers la fin où il ne se passe rien, mais c'est écrit de telle façon qu'on a l'impression qu'il se passe quand-même quelque chose.
"Histoire surnaturelle" - plus "classique" que ça, tu meurs ! Par contre, imbattable après le couvre-feu en colo, si vous avez 8 - 10 ans...
...et tiens, il y en a une qui porte mon prénom ( et ce n'est pas Pickman...) - mais celle là, je suis passée complètement à côté.

Globalement c'est un recueil agréable, même si j'ai bien peur que sa sortie est imputable à la "vague lovecraftienne" qui envahit le marché depuis un certain temps. La popularisation du Grand Cthulhu ? "Les Vermis Mysteriis" de Prynne/Bloch enfin libérés de leurs mystères ? Chacun son "Nécronomicon" sur la table de chevet ?
Ben tiens !
On n'a pas forcément besoin d'être fan de Lovecraft pour apprécier ces histoires. Et il y en a de bonnes. Mais aucune, jusque là, n'a réussi à détrôner mon "number one ever" qui reste "Call him Demon" de Henry Kuttner.
N'est ce pas, Pulpcraft ?

Commenter  J’apprécie          2613
Les Chroniques de Cthulhu, anthologie dirigée par S.T. Joshi, Bragelonne/Sans Détour, 2017.

80 ans après la disparition du Maître de Providence, la fiction néo-lovecraftienne continue d'affluer dans les rayons de nos bibliothèques. le pastiche pur et dur à la Derleth a certes pratiquement disparu des étals pour faire place à des textes d'ambiance dont le lien avec Lovecraft n'est pas toujours évident. Et on restera sur sa faim en matière « d'horreur cosmique », touche rarement reprise avec succès par les continuateurs. Cela dit le recueil concocté par Joshi est agréable à lire et contient plusieurs petites perles comme cette correspondance imaginaire entre l'auteur et un écrivaillon anglais en mal de publication.

Cthulhu

Deal de Calmar de Michael Shea. Un petit texte atroce mettant en scène un vendeur d'alcools dans une boutique de nuit. Entre un grand black qui lui demande de l'argent pour conclure un pacte et le conduit dans un manoir isolé au sommet d'une colline. Un grand réservoir est attenant à la demeure dans lequel se trouve Cthulhu qui attend son heure.

Usurpation de William Browning Spencer. Brad Phelps rentre en voiture de El Paso, en compagnie de son épouse Meta, alors qu'un essaim de guêpes envahit l'habitacle. Il perd le contrôle de son véhicule et se réveille à l'hôpital, sérieusement blessé. Meta est indemne. Il reçoit la visite d'un certain Pr Michael Parkington qui lui explique qu'il a été victime d'une hallucination ; son corps du reste ne porte aucune trace de piqûre. Il ajoute que la région de Silo où s'est produit l'accident dissimule un grand mystère, et que ce type d'hallucination est fréquent chez les automobilistes qui la traversent. Il lui remet son ouvrage, Montagnes Hantées : l'Atlantide du Désert dans lequel il explique que l'Atlantide a sombré près de Silo. Il rentrera à Austin où il réside, en compagnie de son épouse qui reprend son travail de bibliothécaire. Suite à la disparition de cette dernière – disparition produit de son imagination -, il retournera à Silo où un indigène local le conduit au sommet d'une montagne au pied de laquelle se trouve un grand lac. Et d'avoir la révélation : « Il est là ». Follement pressé d'embrasser son destin, il se jeta de la corniche et tomba vers le Père de tous les Univers, où rien ne se perdait, où tout était dévoré.
Un très bon texte qui revisite astucieusement l'horreur cthuluienne.

Avec le Dôme, Mollie L. Burleson nous entraîne à Sand Rock, une petite ville du Nouveau-Mexique, où Tom vit paisiblement sa retraite. Il y a au centre de la ville une immense bâtisse en mauvais état qui abrite une sorte de brocante, tenue par un vieil homme sale et particulièrement désagréable. Lors de ses rares emplettes, Tom remarque sur le plafond de l'entrepôt une grande lucarne en forme d'oeil. On raconte dans la ville que le commerçant est souvent plongé dans un énorme livre de magie, qu'il a les mains palmées et sent le poisson. On laisse également entendre que se réunissent dans ses locaux les membres d'un culte bizarre. Lors d'une nouvelle visite à la brocante, Tom constate que la lucarne est ouverte, qu'elle donne (en pleine journée ensoleillée) sur un ciel noir d'encre et semble cacher une créature grouillante de tentacules. Tom s'enfuit. le local sera fermé par les autorités et on ne reverra jamais le commerçant.

Histoire Surnaturelle d'Adam Niswander nous relate l'histoire d'un brave père de famille sans histoire qui a le malheur de ramasser sur le trottoir un médaillon orné d'une chose dotée de tentacules, avec un gros oeil rouge au milieu. Il va subir une transformation effrayante, ses os « fondant », lui donnant l'apparence d'un gros mollusque doté de branchies !

Horreur

Marques de Joseph .S. Pulver. Un quidam fait un long trajet en voiture pour livrer un colis à Phoenix à une heure précise. Il sera accueilli par un personnage malsain qui le trucidera. Je n'ai pas vu où était l'inspiration lovecraftienne.

Même remarque pour Violence est fille de confiance de Michael Cisco mettant en scène une famille de dégénérés kidnappant des femmes pour les sacrifier et déguster leur coeur, selon un rituel familial !

Avec Démons Mineurs, Norman Partrige nous entraîne sur la piste du gore. Un shérif d'un coin perdu des States enquête sur des crimes horribles, les victimes étant transformées en redoutables zombies, « les faces de sang ». Il faudra l'intervention de l'armée pour éradiquer le fléau.

Le Broadsword de Laird Barron met en scène un certain Pershing Dennard qui vit hanté par le souvenir de son ami Terry Walker qui a disparu lors d'une expédition dans la jungle, et qu'il n'a pu retrouver. Il réside maintenant, à 70 ans, dans le Broardsword, un ancien hôtel de luxe transformé en appartements. Divorcé, il fréquente la charmante Wanda avec laquelle il ne se décide pas à partager la vie. Ses nuits sont peuplées de cauchemars, visite d'une dame en noir et surtout conversations répugnantes qui émanent des canalisations. le fils d'un de ses voisins sera retrouvé trucidé alors qu'il est « aspiré » par la tuyauterie pour plonger dans d'infects bas-fonds où il retrouve Terry qui crie vengeance. Revenu dans le monde de l'éveil, il subira de subtiles transformations et finira par égorger avec un râle de plaisir Wanda. Un texte bien ficelé dans lequel il est cependant difficile de détecter l'ombre du Maître.

Rotterdam de Nicholas Royle est en quelque sorte une suite à la nouvelle de Lovecraft, le Molosse. L'écrivain, qui porte le prénom de Joe, vient d'en réaliser une adaptation cinématographique et est envoyé par son producteur à Rotterdam, afin de repérer des lieux insolites pour opérer le tournage. La plongée dans les bas-fonds de Rotterdam est haute en couleurs et il partagera de nombreuses chopes de bière en compagnie de Mains qui vient de le rejoindre. Mains est chargé du script et le courant ne passe guère entre les deux hommes, chacun ayant un point de vue bien particulier quant au déroulement du scénario. Joe se réveillera dans sa chambre d'hôtel avec une belle gueule et bois et un corps atrocement trucidé au pied de son lit. L'écrivain dépècera soigneusement le cadavre, nettoiera méticuleusement la chambre maculée de sang et partira prendre le ferry, profitant de la traversée pour se débarrasser de quelques sacs encombrants !

Hurlements dans la nuit de Darrell Schweitzer fait partie de ces nouvelles « planantes » que l'on a l'impression d'avoir souvent lues. Il s'agit de l'histoire d'un petit garçon vivant dans une famille déchirée (sa mère et sa soeur se suicideront, l'alcool aura raison de son père) qui aime se promener en petite tenue la nuit où il se sent enveloppé par des créatures invisibles. Il rencontrera un vieil homme qui ressemble à une créature de pierre vivante qui l'initiera. Et ensemble, ils partiront dans les espaces infinis rejoindre le Chaos Primordial.

Tunnels de Philippe Haldeman met en scène un petit garçon David, qui vit dans un immeuble au luxe suranné avec ses grands-parents et sa tante ; son père est parti et sa mère a disparu. Il est hanté par de rêves récurrents dans lesquels il est agressé par de gros vers tapis dans les sous-sols de la demeure. Il finit par apprendre de son grand père que celui-ci a participé, avec d'autres résidents de l'immeuble, à la construction d'un métro souterrain et découvert une fosse grouillant de créatures monstrueuses. Un résident fait la garde dans les sous-sols chaque nuit. L'attaque inévitable se produira et les habitants déverseront des bidons d'essence pour vaincre les créatures, mettant feu à l'immeuble par la même occasion.

Avec Substitution, Michael Marshall Smith nous fait découvrir le charme des livraisons de courses à domicile. le narrateur est un peu épuisé par le régime bio/végan que lui fait suivre son épouse et ouvre avec ravissement un sac rouge, déposé chez lui par erreur par le coursier, rempli de viande. Sa femme, furieuse, fait enlever le paquet, mais notre « héros » se met à fantasmer sur la ménagère qui habite près de chez lui et qui aime les steaks bien juteux ! Il s'arrange avec le livreur pour obtenir son adresse et se met à l'espionner, découvrant que c'est un vampire.

Lovecraft himself

Esprits de Passage de Sam Gafford. Une petite perle dont le héros, employé dans une Librairie à Providence, est affecté d'une grave tumeur au cerveau qui perturbe ses perceptions. Lovecraftlui tient souvent compagnie, et il croise en permanence de nombreux personnages du Mythe. Il mourra en devenant un personnage de fiction.

Dans Tentante Providence, Jonathan Thomas met en scène l'artiste Justin qui revient à Providence après une absence de 30 ans. Il n'a pas pu refuser une exposition de ses photographies organisée par l'Université Brown où il a fait ses études, et notamment rédigé un mémoire sur Lovecraft. Un Lovecraft que le hantait puisqu'il avait cru rencontrer son fantôme alors qu'il était gardien de nuit sur le campus afin de financer ses études. Il retrouve un Providence qu'il a du mal à reconnaître. La maison de Lovecraft a été « déménagée » pour faire place au développement tentaculaire de l'Université. Beaucoup de vieilles maisons ont disparu et les bistrots de sa jeunesse ont fait place à des fast-food. Son pèlerinage est empreint de nostalgie et de boulimie : burgers, pizzas et sandwichs ont du mal à remplir son estomac ! Lors d'une pérégrination nocturne sur les lieux de Celui qui hantait les ténèbres, il rencontre à nouveau le Maître dans un petit square où se dressait, avant d'ère rasée, l'église de la nouvelle. Il croit voir encore Lovecraft dans l'arrière-boutique désaffectée d'un ancien glacier. L'écrivain est en grande conversation avec une bande de jeunes chevelus qui semblent lui faire signe. de retour à l'Université, il aura un violent conflit avec Palazzo, responsable de l'exposition, qui refuse obstinément de lui rembourser ses frais de déplacement. le plafond de la galerie s'ouvrira sur l'espace vide où une créature extraterrestre s'agite et plonge ses tentacules. On ne retrouvera que la perruque de l'organisateur, Justin prenant ses jambes à son cou pour quitter au plus vite la maléfique Providence.

Ramsey Campbell nous présente la très étrange correspondance de Cameron Thaddeus Nash, Un document récupéré par August Derleth en 1968 qui devait être publié dans l'Arkham Collector, puis, Derleth changeant d'avis, dans un essai de Campbell sur HPL. le projet n'a pas abouti, les originaux ont été perdus, mais heureusement le narrateur en avait gardé une copie. Il s'agit d'un échange entre un admirateur anglais, Nash, et le Maître de Providence, le premier, béat d'admiration, se présentant comme un grand rêveur qui se propose de soumettre au second les textes tirés de ses excursions oniriques. Lovecraft, comme à l'accoutumée, fera son travail consciencieusement, suggérant ici un nouveau titre plus percutant, là une révision complète. Il s'engage de surcroît à essayer de placer la prose de Nash auprès de Weird Tales. Mais l'interlocuteur anglais supporte mal les modifications et piaffe d'impatience de voir publier ses écrits. le ton se gâte, Nash devient de plus en plus agressif et commence à injurier Lovecraft, le traitant de noms d'oiseaux (Lovecrotte !) tout en critiquant sévèrement ses nouvelles. Il estime être un rêveur hors pair, Lovecraft ne lui arrivant pas à la cheville et le menace de lui envoyer sa photo afin que notre écrivain puisse mesurer comment ses voyages dans les Contrées du Rêve ont pu le transformer. Ce qu'il finira par faire et, peu avant l'aube du 15 mars 1937, Providence sera réveillé par un hurlement effrayant provenant de la maison de Lovecraft. On y trouvera la photo d'un visage dont il manque le bas, remplacé par un vide étoilé.


Necronomicon

Le Livre de Denker de David J. Schow met en scène le type même du savant fou, le Pr Langford Meyer Denker qui vient de rater de peu le prix Nobel de Physique. Son invention est une machine permettant d'ouvrir une porte dimensionnelle. Elle est décrite somme une gigantesque mécanique gothique et n'est pas sans évoquer les machines folles de Carrouges ou de Ducamp. La communauté scientifique s'élèvera avec véhémence contre cette création, qualifiée de supercherie grotesque. Ce qui est pourtant tout à fait intéressant, c'est que le coeur de la machine est un Livre. Un Livre conçu pour ne jamais être lu, une contre-doctrine réceptacle de savoir inconnus et traqué pendant des millénaires, un appât à fanatiques, un Graal pour obsédés, un ouvrage que l'on referme en mourant. Denker fera travailler de nombreux cryptographes et linguistes sur des extraits d'une version arabe que l'on croyait perdue. Il testera les embryons de traduction sur des philosophes, des dérangés, des enfants, des autistes et des victimes d'Alzheimer et lui donnera pour titre L'Ultime Outre-Tome, un titre qu'il modifiera ensuite en L'Autre Tombe. Quoi qu'il en soit, le moteur de la machine est opérationnel et Denker la fera transporter dans l'espace pour obtenir de meilleurs résultats !
Une brillante revisitation du Necronomicon dont le nom n'est pas cité.

Pickman

Notre cher Richard Upton Pickman continue d'inspirer les « pasticheurs fous ». Avec L'Autre Modèle de Pickman, Caitlìn R. Kiernan met en scène un ami de Thurber , perturbé par le suicide de ce dernier. A la demande de la famille, il met de l'ordre dans les papiers du défunt et tombe sur quelques croquis représentant une jolie jeune femme. Les coupures de presse jointes au carton à dessin lui apprennent qu'il s'agit d'une actrice de seconde zone, Vera Endecot dont l'histoire est pour le moins sulfureuse : participation à des orgies, meurtre, satanisme… Obsédé par l'actrice, et après de longues recherches, il finit par la rencontrer. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même et avoue avoir servi de modèle à Pickman, en raison de sa particularité physique : sa colonne vertébrale se prolonge par une queue. Elle avoue aussi que Endecot est un pseudo pour dissimuler sa véritable identité, celle d'une famille d'Ipswich. On la retrouvera quelque temps après pendue à un arbre et affreusement déchiquetée.
Il est amusant de noter que le narrateur, qui se veut un pur rationaliste, consacre un long développement à Charles Fort et aux « imbécilités » qu'il véhicule dans le Livre des Damnés.

C'est au tour de Brian Stableford de poursuivre les investigations sur le peintre démoniaque avec La Vérité sur Pickman. Silas Eliot, petit fils d'un ami de Pickman, vit isolé dans une maison de l'île de Wight et reçoit la visite de Aleister Thumber, petit-fils du Thumber de la primo-nouvelle. C'est un savant biologiste qui travaille sur les processus de dégénérescence qui ont affecté Pickman et ses « modèles ». A ce titre, il souhaite compulser les archives de Silas sur l'artiste, à la recherche d'un ADN « pur ». Il remarque dans la salle de séjour un tableau étonnant. En fait, il ne s'agit pas d'une oeuvre de Pickman, mais de Silas qui a attrapé le virus de dégénérescence, particulièrement contagieux…

W.H. Pugmire nous donne, avec Les Habitants de Wraithwood, un texte d'un surréalisme particulièrement malsain. Hank Foster ne se remet pas du décès de sa mère, une grande critique d'art, et plonge dans l'alcool, la drogue et le vol. Après un petit stage derrière les barreaux, il s'enfuit d'un centre de réinsertion et échoue, complétement ivre, dans une forêt. Il sera recueilli par un personnage qui lui fait penser à Jésus qui le conduit dans un manoir, un ancien hôtel du temps de la prohibition. Et de pénétrer dans un univers truffé de reproductions de tableaux et habité par une sorte de « Adams Family » ; une vieillarde nymphomane, une ravissante créature évanescente, un nain cul-de-jatte qui exsude une délicieuse saveur. La nourriture est toujours la même, de la viande blême passée dans une machine à spaghettis. On lui donnera une chambre décorée par un odieux tableau de Pickman, un inachevé retrouvé dans une galerie mal famée de Boston. Les relations entre tout ce joyeux petit monde sont particulièrement complexes et se solderont par la pendaison de la jolie jeune femme dont le corps sera jeté dans l'étang du parc où des sphères brillantes semblent attendre leur pâtée.

Rêves

Rêves de Désert de Donald R. Burleson. Un récit archi-classique d'un jeune employé de bureau de Providence qui rêve d'un désert étrange où se trouve une statue non moins curieuse. Il se rendra sur place et retrouvera les éléments de son rêve.
Commenter  J’apprécie          31
Merci aux deux critiques précédents qui ont pris la peine de résumer et d'évaluer chaque nouvelle, l'une après l'autre, de ce recueil. Je me contenterai d'une remarque plus générale sur l'ensemble, qui est d'un niveau inférieur au médiocre, assez plat et ennuyeux. L'ennui a deux sources : d'abord, l'abus de la première personne (en soi, un narrateur à la première personne, dans le genre fantastique, est souvent une garantie d'efficacité) donne l'occasion aux auteurs de se livrer à de longs bavardages approximatifs qui ralentissement inutilement le rythme de l'histoire. L'ennui a une autre cause : comme il s'agit d'histoires lovecraftiennes, le danger est grand de tomber dans le pastiche du modèle ou le ressassement de choses connues. Je trouve remarquable ce phénomène littéraire des continuations, qui nous ramène au Moyen-Age et à ses merveilles littéraires ; mais pour continuer un auteur, ou pour adopter son univers, il faut un double talent : être un auteur original, apte à trouver sa propre voix, et être un lecteur capable de commenter et de jouer avec le texte originel qui lui sert de base. Ici, la plupart des noms réunis ne sont ni des auteurs intéressants, ni des lecteurs et des continuateurs habiles de Lovecraft. Quelques exceptions : Pulver, dont "Marques" est écrit en style presque supportable ; Shea, "Deal de calmar", qui réussit bien sa transition des bas-fonds (le social) au surnaturel ; Royle, intéressant pour son crime parfait et sa description de Rotterdam ; Partridge, dont les "Démons mineurs" a de la nervosité et du punch. Et enfin peut-être "Substitution" de M.M. Smith, pour sa caricature de la vie quotidienne du bobo à travers ses manies alimentaires. Les autres récits ne sont pas dépourvus de qualités, mais ils sont bien trop longs et verbeux.
Commenter  J’apprécie          62
On ne compte plus les anthologies hommages au maître de Providence. Cette fascination pour le mythe de Cthulhu semble ne pas s'essouffler au fil des ans.
Alors ces Chroniques de Cthulhu se démarquent-elles d'une anthologie lambda? Tout d'abord, les textes ont été rassemblés par S.T. Joshi, une sommité dans l'univers Lovecraftien. La préface nous avertit également que ces chroniques ne se veulent pas être de simples pastiches, mais plutôt des textes qui sont des interprétations et qu'il ne fallait pas forcément s'attendre à retrouver les Grands Anciens à chaque coin de page. En ce sens, c'est plutôt vrai, même s'il est souvent question d'horreur cosmique, d'onirisme, Cthulhu et les autres abominations sorties de l'esprit de HPL ne sont que rarement évoqués, parfois juste en clin d'oeil.
Comme souvent dans une anthologie, il y a à boire et à manger, certaines nouvelles sont vraiment bonnes et originales tandis que d'autres sont assez obscures et indigestes.
Je ne passerai pas en détail chacun des 21 textes qui composent ce recueil. Je conclurai simplement en disant que les amateurs de HPL y trouveront probablement leur compte, par contre ceux et celles qui sont étrangers à son oeuvre feraient mieux de passer leur tour, autant découvrir Cthulhu à travers la voix de Lovecraft himself.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Vos limites sont douloureusement évidentes à la lecture de votre histoire d'île régurgitée. N'avez-vous pu imaginer plus étrange qu'un géant à tête de pieuvre ? Au moins, vous auriez pu l'affubler de votre couleur qui n'existe pas. Les géants étaient déjà vieux quand les Grecs étaient jeunes; quand à vos rêves, ils sont tout aussi éculés. Nul doute que vos acolytes - Auguste Turlute, Patachon Snif, Connard Vent-de-Raie, Froc Belle-Nappe-Longue et le reste de votre bande hétéroclite - feront semblant d'admirer votre histoire.

(R. Campbell, "La correspondance de Cameron Thaddeus Nash")

....réjouissant; de toute évidence c'était avant l'arrivée de Honni Coup-de-Nerfs dans le cercle lovecraftien !
Commenter  J’apprécie          163
Il vit l'"oeil" du dôme s'ouvrir lentement comme l'objectif d'un appareil photo. Vu de l'intérieur, le ciel était d'un noir tourbillonnant, bouillonnant, insondable. Tom crut voir quelque chose bouger dans les spirales allongées des nuages. Il savait qu'il ne pouvait faire noir dehors; il était 11 heures du matin, et le ciel, comme d'habitude, était bleu vif.

"Le Dôme", M. L. Burleson... j'ai déjà lu cette histoire AILLEURS, mas OÙ ?!
Commenter  J’apprécie          190
Dans le temps, une superstition répandue voulait que, si l'on peignait une porte à l'intérieur d'une maison avec une certaine peinture, ladite porte pût donner sur une autre époque. La peinture, à base de plomb, est depuis longtemps interdite. En 1934, les portes de ce genre étaient très répandues. En général, elles devraient faire face au sud. Aujourd'hui, les gens ont oublié ces choses-là.
Commenter  J’apprécie          160

Videos de Sunand Tryambak Joshi (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sunand Tryambak Joshi
A l'occasion de la réception du Prix Spécial du jury pour Lovecraft je suis providence tomes 1 et 2 (ActuSF) lors des Imaginales d'Automne 2020, S.T. Joshi nous fait part de ses remerciements.
autres livres classés : mythe de cthulhuVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Ce film d'horreur et d'épouvante est (aussi) un roman

Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977

Le silence des agneaux
Psychose
Shinning
La nuit du chasseur
Les diaboliques
Rosemary's Baby
Frankenstein
The thing
La mouche
Les Yeux sans visage

10 questions
966 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , horreur , epouvanteCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..