Citations sur C'est la culture qu'on assassine (18)
A quoi bon s’échiner à réformer l’école et l’université ? Tout le travail éducatif est saccagé par la bêtise médiatique, la bouffonnerie érigée en moyen d’expression, le déferlement des valeurs de l’argent, de la consommation, de l’apparence et de l’individualisme étroit diffusées par la publicité, ultime raison d’être des grands groupes médiatiques. Le véritable éducateur d’aujourd’hui, c’est TF1.
Notre époque est celle des fiertés de ceci ou cela et des machins pride. Je suis fier d’être homosexuel, basque, breton, catholique, voilée, motard, congolais, femme, du 9.3, diabétique, bègue, abonné au gaz, je suis fier d’être moi et pas un autre, je vais le crier dans les rues et à la télé. Bizarrement, en revanche, fier d’être français, ça fait ringard.
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La littérature nous donne accès à l'autre. Dans la vie dite "réelle", il nous reste étranger. Comment, sinon par le roman ou l'autobiographie, pénétrer l'intimité d'un paysan du XIXe siècle, d'une jeune Anglaise du XVIIIe siècle, d'un soldat russe, d'un cheminot américain, d'une reine de l'Antiquité égyptienne, d'un noble romain, d'un samouraï, d'un esclave noir, d'un dictateur sud-américain, d'une domestique normande, d'un handicapé mental ? La littérature nous permet de voir par leurs yeux, de sentir avec eux, de multiplier nos vies et nos expériences, de relativiser ce que nous sommes et de nous ouvrir à l'empathie.
Aidons l’Islam. Habituons-le au blasphème, jusqu’à ce qu’il s’y fasse, comme les autres. Toutefois, les temps étant malheureusement ce qu’ils sont, et notre courage limité, faisons-le avec prudence.( p 176)
« La direction du collège de ma 3e B a téléphoné aux parents d’un élève particulièrement agité, aux résultats désastreux, pour tenter de faire quelque chose. La réponse des parents a été la suivante (citation garantie authentique) : « Est-ce que vous pourriez rappeler après Plus belle la vie ? »
Tout est dit.
Pour la promotion sociale, on attendra après Plus belle la vie. »
Si la littérature a une fonction, c’est de nous conduire à nous interroger sur une réalité qui n’est pas si simple, pas si accessible. C’est de crever la bulle d’illusion.
Au-dessous de la littérature visible existe ainsi une littérature invisible, faite de milliers de textes qui ne seront pas publiés, que presque personne n'aura lus, et qui n'est sans doute guère moins intéressante que celle que nous connaissons. Elle disparaîtra, sans traces, sans mémoire. On pourrait rêver de dictionnaires, d'encyclopédies de la littérature invisible, où figureraient des noms inconnus, des titres qui ne disent rien à personne. C'est notre bibliothèque d'Alexandrie: elle brûle en permanence, de toute la masse de livres que rejette l'édition. L'histoire d'une littérature n'est jamais que celle de la partie émergée des textes. Non un fait absolu, mais l'actualisation d'une possibilité.
Une culture est pleinement vivante lorsque la création se développe dans une vaste diversité de genres, de formes et de lectorats. Cela signifie notamment qu'il faut à la fois, pour que cette culture respire, des œuvres d'avant-garde ou de recherche, des œuvres populaires de qualité, et des œuvres qui assurent le passage entre ces deux catégories. Cela implique aussi une activité critique incessante, qui fasse le départ entre culture populaire authentique et faux-semblants commerciaux, avant-garde vivante et élitisme gratuit. Bertin se tient à ce point d'équilibre, entre art populaire (la chanson), exigence créatrice et travail critique.
Le monde est devenu télévision. Elle nous veut tous, elle nous avale, et elle nous détruit. Elle accomplit l'enfer, et nous ne le savons pas.
La bêtise médiatique n'est pas un épiphénomène. Elle mène une guerre d'anéantissement contre la culture. Il y a beaucoup de combats à mener aujourd'hui. Mais si l'industrie médiatique gagne sa guerre contre l'esprit, ils seront tous perdus.