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Critique de Nastasia-B


Livre impressionniste par excellence, son titre aurait pu être Impression Dublin Levant. Exactement à la manière des peintres de la mouvance de Monet qui essayaient de capturer la lumière d'un instant, James Joyce essaye de recueillir en le moins de pages possible des impressions, des sensations, des sentiments fugaces, qui, mis bout à bout, donnent une idée de la « température » du Dublin début de siècle, juste après la grande hémorragie de la seconde moitié du XIXème et juste avant la nouvelle hémorragie de la Première Guerre Mondiale et en plein processus d'accession à l'indépendance dans un contexte religieux houleux dont on sait ce qu'il deviendra.
Dans son style, ce recueil de quinze nouvelles peut être rapproché du livre de John Dos Passos, Manhattan Transfer, qui reprendra cette manière impressionniste de Joyce en cherchant lui aussi à dresser non le portrait de personnages, mais l'atmosphère d'une ville et d'une époque.
Moi qui avait été tellement déçue à la lecture d'Ulysse, je ne peux qu'applaudir devant la finesse d'écriture, l'élégance, la justesse et la maîtrise de l'exercice, plutôt périlleux, s'il en est, et qui m'a ravi.
On peut certes être dérangé par la sensation de « papillonnement » autour de telle ou telle personnalité qu'on aimerait creuser davantage. Mais dans le projet littéraire que James Joyce s'est proposé, c'est absolument parfait, des petits instantanés au Polaroïd de sa plume, où l'on évoque la religion, l'émigration, les problèmes économiques, le nationalisme, l'alcool et les pubs, les relations de travail, les formes de l'amour et surtout le Caractère avec un grand C de ces gens de Dublin (ou de ces Dublinois, selon la traduction).
En guise de conclusion, si vous aviez encore un doute sur quel bouquin de Joyce vous deviez lire, je vous conseille sans ambages Gens de Dublin plutôt qu'Ulysse (ou pire encore Finnegans Wake, sauf pour notre ami Gurevitch qui doit le trouver limpide et même un peu simpliste), cela vous prendra beaucoup moins de temps et vous n'y perdrez pas au change, en tout cas c'est mon misérable avis émis depuis le continent, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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