À l'angle du renard

Arsène , être frustre , telle une bête ancrée à sa terre natale ne supporte rien ni personne.
Il règle ses comptes lui-même et de manière radicale.
C'est dur, raconté à la manière d'un conte cruel .

Où nous faisons la connaissance d'un drôle de bonheur Arsène le Rigoleur, et si au début on le trouve drôle avec ses préceptes de paysan (« Quand la lune est rousse, il ne faut pas oublier de rentrer son linge. Tout le monde sait ça. Eh bien apparemment pas la nouvelle voisine »), on s'aperçoit bien vite que ce n'est pas un rigolo. Plutôt un taciturne qui cache dans son pelage des histoires lourdes de signification… Et malgré tout, on finira par s'attacher à ce bonhomme bougon toujours sur le fil entre l'homme et l'animal.
C'est un roman très original que nous offre Fabienne JUHEL, un roman bien écrit qui instille délicatement de la poésie et du sentiment dans ces fermes arides du fin fond de la Bretagne. Une belle découverte.

Arsène le Rigoleur est un paysan bretonne qui vit seul dans sa ferme avec ses vaches et ses poules. Sa soeur est partie vivre sa vie, et sa mère est en maison de retraite.

Un jour, la ferme d'en face, après le décès du fermier, est vendue à des gens de la ville. Vient s'installer une famille avec deux enfants : Louis, le grand, et Juliette, la fille.

Juliette se prend d'amitié pour Arsène et arrive à l'apprivoiser, car Arsène n'est pas causant.

C'est qu'il en a, des choses à cacher... et notament sa passion pour les renards et le roux, comme la couleur des cheveux de Louis.

Mon avis :

un polar sans en être un, une écriture qui déstabilise au départ, puis on se fait à sa musique.

Petit à petit, on découvre Arsène, et ce que l'on voit n'est pas très joli. Les enfants le verront-ils eux aussi ?


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Juhel Fabienne, – "A l'angle du renard" – Rouergue/Babel, 2009 (ISBN 978-2-330-01062-1)

le type même du roman qui me laisse une impression très mitigée.
D'un côté, je ne puis que constater la qualité de l'écriture, la maîtrise de l'intrigue, la justesse de certaines situations et observations.
De l'autre côté, je trouve cette description du monde rural terriblement caricaturale. Certes, cela se passe dans la Bretagne profonde, grosso modo de nos jours (cf l'année 1966 mentionnée en p. 169) : en tant que lotharingien, je ne suis guère qualifié pour estimer si un tel personnage y peut ou non encore exister, mais mes propres racines rurales me poussent à en douter tout de même fortement.
Que ce soit en Bretagne ou ailleurs, le monde rural a subi une telle violence de la part des bureaucrates européens et des politicards franchouillards que n'y subsistent plus que celles et ceux qui ont su résister intelligemment à ces attaques répétées : "La terre" de Zola, c'est terminé depuis vilaine lurette,à supposer même que ça ait existé ailleurs que dans l'esprit des romanciers citadins....

Il me semble que Claudie Gallay touche plus juste avec "Une part de ciel"...

Un livre étrange, un anti-héros détestable, la torpeur de la Bretagne profonde, une atmosphère étrange : un cocktail singulier et effrayant à découvrir en passant.

On ne peut pas reprocher à Fabienne Juhel de ne pas faire rentrer son lecteur dans une certaine atmosphère, car atmosphère, oui il y a. Nous voici perdu dans la campagne bretonne avec ses croyances, un mode vie et une façon de voir les choses, la beauté et l'étrangeté de la nature certes mais aussi ses secrets de famille, le fait de cacher la profondeur de ses sentiments à quiconque parce que tout simplement "ça ne se fait pas", ce manque de communication etouffant et anxiogène entre les êtres, le manque affectif et la frustration qui en découle. le Rigoleur, personnage à l'âme poétique certes mais serial killer de son village, qui ne sait régler ses comptes personnels que par la mort.