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EAN : 9782812622335
208 pages
Editions du Rouergue (06/10/2021)
3.8/5   22 notes
Résumé :
Comme chaque matin depuis que la Terre supporte ce vieux continent noir de soleil, balafré de pistes poussiéreuses et bordées d'épineux, les femmes sont de corvée d'eau. Elia avec les autres, elle qui voudrait aller à l'école comme ses frères. Mais ce jour- là, les singes hurleurs, les barbicans et les pygargues vocifères accompagnent ses premiers pas hors du village, couvrant de leurs cris la musique creuse des bidons accrochés aux flancs de l'âne. Elia n'y prête p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
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Elia est encore une toute jeune fille quand elle est confrontée à l'une des plus violentes traditions de son pays, le Malawi. Dans cette enclave d'Afrique du Sud, on pratique encore le Kusasa fumbi. C'est dans un camp retranché, caché de tous, qu'un homme qu'on appelle une hyène, est chargé de les déflorer, alors qu'elles sont à peine pubères. Ces jeunes filles, qui sont encore des enfants, portent la charge de la prospérité de leur famille, et n'ont pas le choix que d'accepter leur destin. Elia pourtant, ne veut pas de cette vie là...

Première découverte de la plume de Fabienne Juhel avec ce très beau roman, le festin des hyènes. Racontée comme un conte, avec une écriture poétique et détaillée, l'histoire d'Elia est terrible. Naître fille est une première punition : elles ne vont pas à l'école, elles partagent très tôt les tâches quotidiennes de leur mère et elles sont de corvée d'eau.
En grandissant, c'est une seconde injustice qui s'abat sur elles. Afin d'éloigner le mauvais oeil, et pour honorer leurs futurs époux, les filles sont envoyées dans un camp de vacances, sur une île isolée. Après une éducation sexuelle enseignée en quelques jours, elles attendent le fusi dans une case sombre, qui va le déflorer.

Au-delà de l'histoire de ces filles, celle de Ladarius n'est pas plus glorieuse. Cet homme, qu'on a écarté de la société, à qui on demande d'honorer les traditions, n'est pas à envier. Il est seul, il sait que sa vie ne dépassera jamais ces actes sexuels qu'il opère mécaniquement, qu'il ne pourra jamais être aimé. C'est un paria, un orphelin qui effraie et qu'on rejette.

L'histoire d'Elia est émouvante et révoltante. Penser que de telles atrocités se pratiquent encore de nos jours est tout simplement impensable.
Et puis regarder sa fille, son bébé, son tout-petit, et confirmer qu'on pourrait donner sa vie pour qu'elle puisse vivre la sienne librement...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Elia aurait aimé aller à l'école, mais chez elle, au Malawi, seuls les garçons ont ce privilège.
Alors Elia obéit, elle serre les dents et va puiser l'eau nécessaire à la vie de la famille. A l'aller tout va bien, mais lorsqu'au retour la charge fait le double de son poids, la fillette chancelle.
Heureusement, elle observe, elle écoute les bruits de la vie avec les cris des animaux pour musique. La poussière des chemins, comme un brouillard, enveloppe le paysage d'un voile qui colle à la peau.

Ladarius aurait dû être un petit garçon comme tant d'autres, si ces parents n'avaient pas trouvé la mort dans un incendie et surtout, s'il n'avait pas touché leur cadavre. Mais voilà, au Malawi, il est devenu une sorte de paria. Sur l'île des pierres, il devient l'homme hyène avec la mission de partager pour une unique nuit la couche de jeunes filles après que leur premier sang ait coulé pour en faire des femmes, selon la tradition Kusaa fumbi.

« le Kusasa fumbi est une pratique ancestrale sacrée, voulue par nos Fétiches. Grâce à toi, les foyers connaîtront la prospérité. Les familles t'en seront reconnaissantes. Elles te paieront pour ça. Tu gagneras bien mieux ta vie que lorsque tu étais pêcheur. »

Dans ce magnifique roman Fabienne Juhel décrit l'injustice brutale, horrible, révoltante des filles du Malawi. L'activité sexuelle est l'histoire de la soumission aux caprices de l'homme, à ses désirs que la femme doit satisfaire pleinement, en plus d'avoir des enfants, bien entendu.

Ce roman puissant à la fois triste, terrible et cependant lumineux, est magnifié par une écriture tendue et sensuelle de Fabienne Juhel.
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Après les États-Unis,me voici en voyage au Malawi: Petit pays enclavé au sud -est de l'Afrique Australe,entre le Mozambique, la Zambie et la Tanzanie.
Petit pays montagneux où coulent de nombreux cours d'eau ,ainsi que le très grand lac Malawi.
Un petit pays replié sur lui-même oû les traditions ancestrales occupent une grande place.
Une de ces traditions s'appelle : le kusasa fumbi: c'est un rite sexuel ancestral : les jeunes filles ,après leurs premieres règles sont emmenées et isolées dans un camp ,une semaine à 10 jours.Là ,une femme d'un certain âge va leur inculquer les premiers jeux sexuels,d'abord entre elles et ensuite lorsque cette femme les sentira prêtes, avec un Fisi. Les Fisi ou appelés aussi : les hyènes, sont des hommes qui ont pour devoir de déflorer ces jeunes filles encore pubères,pour plus tard que leur vie sexuelle avec leur futur mari soit épanouie. le Fisi sera retranché du camp et ne devra être vu d'aucune fillette.C'est une coutume.
Le Fisi ne passera qu'une seule nuit avec chaque jeune fille.
Pour certaines ,encore ,très jeune,c'est un honneur mais pour l'une d'entre elles : Élia,c'est un viol ,une souillure.
Au travers ce rite sexuel Fabienne Juhel va nous raconter comment la petite Élia, allant tous les matins avec son âne et ses bidons à la corvée d'eau ,va voir son monde d'insouciance détruit lorsqu'elle sera emmenée, dans ce camp après ses premières règles.
Élia,est une enfant rebelle dans ses pensées, elle ne comprend pas que ses frères aient tous les droits et que les filles n'aient pas accès aux études.Elle s'insurge contre cette injustice mais lorsqu'elle sera emmenée dans ce camp elle n'aura pas le choix et s'y soumettra en luttant de toutes ses forces contre ce Fisi.
Lu en une soirée j'ai beaucoup aimé, une très bonne auteure ,à conseiller sans bémol ⭐⭐⭐⭐
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Après avoir lu – et beaucoup aimé – "La femme murée", "La chaise n°14" et "La mâle-mort entre les dents", je viens de découvrir "Le festin des hyènes", dernier roman de Fabienne Juhel que j'attendais avec une grande impatience. J'en ressors profondément émue et totalement éblouie.

Profondément émue par l'histoire, par la vie de ces femmes Malawites soumises à leurs maris et reléguées aux seules tâches ménagères, éducation des enfants et portage de l'eau chaque jour. Elia en fait partie de ces filles qui chaque matin s'en vont par les chemins poussiéreux. Affublée de bidons dont le bruit scande ses pas elle marche ainsi jusqu'au marigot où elle retrouvera ses congénères. Elia ne veut pas de cette vie-là. Elle veut aller à l'école comme ses frères. Hélas, son destin est scellé depuis que, pour la première fois, du sang a coulé entre ses cuisses.

Profondément émue par cette coutume ancestrale qu'est le Kusasa fumbi, rite sexuel de défloration d'une jeune fille vierge par un homme appelé hyène. Dans un camp aménagé sur une île loin de tout, camp pompeusement appelé "CAMP DE VACANCES POUR JEUNES FILLES", les familles confient leurs filles à Tafadzwa, une vieille, pour la préparation à la vie maritale.

Profondément émue aussi par Ladarius, ce fusi, cet homme-hyène, que l'on pourrait imaginer heureux d'entrer en relation avec pléthore de jeunes filles vierges et d'en faire des femmes. Mais finalement, il n'est rien, privé d'amour et devant vivre caché, sorte de paria que chacun évite. Car d'amour, il n'en est pas question : une nuit, juste une nuit pour accomplir son travail, son méfait ? Un métier, juste un métier, bien rémunéré certes, mais un métier qui fait de lui un homme à part. Ladarius, un coupable aux allures de victime…

Profondément émue et totalement éblouie. Totalement éblouie pas l'écriture de l'auteur qui nous narre des faits réels à la manière d'un conte, une écriture particulièrement travaillée, aux allures de poèmes, une écriture imagée et d'une grande élégance tintée parfois d'une pointe de malice. Fabienne Juhel n'a pas son pareil, en effet, pour nous parler de sexe "J'ai senti qu'elle m'en voulait. Comme si elle m'avait catalogué, qu'elle avait compris que ça ne nous amusait pas d'emballer notre canne à sucre avec de la cellophane à chaque fois que nous prenait une envie de baiser." Elle a de la même façon un talent particulier qui décrit la beauté de la nature, des arbres, de la faune et de la flore, le rire des hyènes et le chant des oiseaux.

Entre bien et mal, beauté et horreur ce roman est absolument grandiose.

Lien : https://memo-emoi.fr
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J'ai eu plaisir de retrouver dans ce Festin des hyènes, ce qui m'attire dans l'écriture de Fabienne Juhel : un mélange de poésie, de douceur, et la violence de l'histoire, la brutalité des Hommes.

Dans le festin des hyènes, Fabienne Juhel nous conduit au Malawi, à la découverte d'une coutume dont je n'avais entendu parler, une tradition brutale qui entérine à jamais la place des femmes au sein de la société : soumise, élevée pour servir, son père puis son mari, ses enfants et toute la famille. L'auteure nous présente Elia, une jeune adolescente intelligente et courageuse, qui aspire à une autre vie que celle à laquelle son village et sa famille la destine. Elle sait lire et subit avec colère l'injustice qui permet à ses frères seuls d'aller à l'école pendant qu'elle est de corvée d'eau, comme toutes les femmes et jeunes fille du village. Elia rêve de pouvoir donner à ses filles un autre avenir que le sien, même si elle espère encore pour elle-même un destin différent de celui de sa mère. Cependant, la tradition et le pouvoir des mères est trop puissant pour se sortir de cette spirale reproductrice. Un matin, la jeune Elia a ses règles, et son destin en est scellé par les traditions ancestrales.

En parallèle, nous suivons le parcours non moins dramatique de Ladarius que le destin a transformé en enfant-sorcier puis en homme-hyène, ou fusi, destiné à faire perdre leur virginité à toutes les jeunes filles de la région dès leurs premières règles. Ladarius pourrait est présenté comme un violeur brutal et sans états d'âme. Mais ce serait sans compter sur le talent de Fabienne Juhel qui en fait un être faible, un peu à l'image des hyènes mâles, perçu comme un paria par sa communauté et utilisé pour perpétuer cette tradition d'un autre temps. Un être soumis aux décisions du chef du village, au détriment de sa vie puisqu'il finira par attraper le sida. le faible et le soumis n'est pas forcément celui que l'on croit, même si Elia fini par subir le rituel du Kusasa fumbi tandis que Ladarius se préoccupe peu de transmettre le virus aux jeunes femmes qu'il initie. le parallèle fait par Fabienne Juhel avec la vie des hyènes, mâles et femelles, est très juste : qui des hommes ou des femmes détient finalement le pouvoir ? Ces hommes qui envoient leurs filles se faire violer par le fusi ? Les mères qui les jettent entre leurs mains, sachant très bien ce qui les attend ? le fusi dont c'est la mission ? Quels que soient les responsables, les victimes restent les jeunes filles.

Pour porter cette histoire dramatique et tirée de faits réels, et toujours d'actualité dans cette région du Malawi, l'auteure prend appui sur une plume précise, des mots recherchés, des sonorités travaillées et une poésie troublante. Cette confrontation entre le ton du récit, emprunt de douceur, même dans les scènes où l'auteure décrit les rapports de Ladarius avec les fillettes, et la violence du propos, la brutalité des mères et l'indifférence des pères, rend ce roman très troublant. Une même émotion qu'après la lecture de ses autres récits, notamment A l'angle du renard.

Un beau récit, malgré sa violence, inspiré d'une enquête du journal le Monde, parue en 2017.
Lien : https://itzamna-librairie.bl..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Curieuse de tout, Elia avait des attitudes et une bonne mémoire. Elle aimait les mathématiques et la géographie. Aussi voulait-elle devenir avocat ou médecin. Elle n'en dormait pas. Être utile à son pays. Montrer à Violette, Lizi, Bako et Ravaka qu'il y avait d'autres moyens de s'épanouir pour une femme que de s'accomplir dans une opulente maternité en devenant l'esclave de son foyer.
C'était difficile à entendre pour Violette, née pauvre, qui avait dû remplacer sa mère dans le soin du ménage et l'éducation des plus jeunes.
- L'eau chaude ne doit pas oublier qu'elle a été froide, lui avait répliqué violette, un jour où Elia tentait de lui faire entendre son point de vue, avant de la planter au bord du marigot.
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1.La hyène-mère

Elle apparut à l'aube du vingt et unième jour.
Avant que ne commencent le fracas des oiseaux et les jacasseriesdes singes hurleurs. La crinière rousse tout embroussaillée.
Son petit dans la gueule.(Page 13).
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Yvonne et la vieille feront disparaître ma dépouille. Les rangers n'en sauront rien.Ni le chef Albert qui doit être bien vieux maintenant. Ni Albina qui m'a oublié.
Elles chercheront apres un nouveau Fisi.Vigoureux,docile,nourri au lait des fétiches.
MEKTOUB!
Je n'existais déjà plus beaucoup.Et j'étais mort avant que tu me tues.
Les fétiches m'ont fait l'enfant des orages.
Enfant-sorcier,j'ai touché à la cendre de mes morts.
J'ai mené ma barque par les vents et les courants contraires.
A cause d'une étoile toute pourrie de l'intérieur.....( Page 204).
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Bien sûr, je n'ai pas montré ma déception à la femme docteur.
Elle m'a serré la main.Sa poigne était énergique. Du genre qui ne s'en laissera pas conter.Elle allait être servie, je ne suis pas un bavard.Ce qui arrange bien nos affaires,à la vieille et à moi.Elle n'avait d'ailleurs pas manqué de me faire ses recommandations.
--Sois économe de ta parole,fils,ne parle pas du camp,ni des filles.
Parce qu'il'existait ,elle avait poursuivi tout un monde ,comme un fossé, entre les gens des villes et nous.Comme deux planètes séparées par le lac.Le Nord et le Sud.Nous,nous étions d'authentiques sauvages,de pauvres villageois tout pétris de superstitions.Nos pratiques,nos fétiches,nos braconnages faisaient honte à nos frères des villes.Eux,ils s'étaient occidentalisés.Ils étaient,disaient-ils ,les Africains du futur.L'avenir de l'homme et les blancs,les migrants de demain. ( Page 102).
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Qui désire la pluie doit accepter la boue, disait Maman Sambani.
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