tu te tais
et le besoin que j'ai
de tes mots me lancine
je te supplie
mais tu gardes le silence
et comme je me détourne
tu me convaincs
que tu vas consentir
me fixer dans ta lumière
mais aussitôt tu te reprends
te verrouilles
et je ne suis plus soudain
que cette chose pantelante
cette chair à vif
mais alors que des milliers de fois
tu m'as ainsi mystifié
comment puis-je encore
te tolérer
vivre dans la fiévreuse attente
de ton murmure
toi qui t'acharnes
à pareillement me décevoir
m'humilier
Gagner les profondeurs. Forer. Forer.
Dégager l'authentique, dénuder le vrai, desceller
l'énergie. Enraciner la paix.
Le reste est vain.
quand la hache
de l'intérieure division
châtie tes racines
que ronge
et se lamente en toi
l'âcre nostalgie
du pays natal
que se morcelle
le miroir
où se multiplient
tes fragments
si sèche
est ta terre
craquelée
si brûlante
je m'enchante de ces mots
que je ressasse
la verte lumière de tes yeux
la verte lumière océane
qui monte du fond
de tes abîmes
quand je m'enfouis
dans tes eaux
quand ta mer
frappe et rugit
me roule
m'anéantit
dans ses vagues
sa verte écume
quand nous glissons
tous deux
hors du temps
accédons
à cette terre
que je ne puis
quitter
mais où
tu demeures
seule
tandis que
je m'éloigne
dérive
dois consentir
au naufrage
quand la sphère
me retire
sa lumière
que je ne suis plus
que cette terre
ravinée
sans doute sais-je
me convaincre
qu'existe
ce qui m'a un jour
apaisé
que ma soif
n'est qu'une autre manière
de m'abreuver
dans la brûlure
du manque
à cette source
perdue
mystérieusement
tarie
mais cette plainte
en moi
mais ce cri
de l'attente
que fissure
le doute