La psyché n'est pas une donnée immuable, mais un produit de son histoire progressive. [Préface de la troisième édition, C. G. Jung]
Qu'est ce dieu ? Une idée qui dans tous les pays du monde, dans tous les temps et toujours à nouveau s'est imposée à l'humanité sous une forme analogue : celle d'une puissance de l'au-delà, à laquelle on est livré, qui fait naitre comme elle tue, image des nécessités inévitables de la vie.
Un des principes fondamentaux de la psychologie analytique, on le sait, est que les images oniriques doivent être comprises symboliquement, qu'il ne faut pas les prendre par exemple au pied de la lettre. C'est cette idée antique d'une symbolique du rêve qui a provoqué, non seulement de la critique, mais carrément de l'opposition.
Par sa façon d'envisager les choses, quand la science étudie la figure divine dont la foi postule la sûreté et la certitude les plus hautes, elle les transforme en une grandeur variable et difficilement déterminable, bien qu'elle ne puisse mettre en doute sa réalité (au sens psychologique). Elle met donc à la place de la certitude de la foi, l'incertitude de la connaissance humaine. Le changement d'attitude ainsi occasionné n'est pas sans conséquences considérables pour l'individu.
N'oublions pas que depuis l'époque où brillait la culture grecque, à peine quatre-vingt générations ont passé. Or, que représentent quatre-vingt générations ? Elles se réduisent à un imperceptible espace de temps si nous les comparons à la période qui nous sépare de l'homo neanderthalensis ou heidelbergensis.
La rumeur assume volontiers le rôle de l’inconscient qui, adversaire habile, vise toujours les défauts réels, mais à nous inconscients, de notre cuirasse.
Comme l’explique Nietzsche, le danger, c’est l’isolement en soi-même.
Si donc, médecin et naturaliste, j’analyse les symboles religieux complexes et recherche leur origine, c’est uniquement dans l’intention de conserver par la compréhension les valeurs qu’ils représentent et de redonner aux gens la possibilité de penser symboliquement comme le pouvaient faire encore les penseurs de l’ancienne Eglise.
Par sa citation [d’un poème de Byron], miss Miller […] laisse entrevoir que sa situation sentimentale est comparable au désespoir des malheureux qui se voient menacés par les eaux montantes du déluge. Elle nous permet ainsi de jeter un regard dans les obscurs arrière-plans de son aspiration vers le héros solaire.
Empiriquement "l'amour" se présente comme la force fatale par excellence, qu'il soit basse concupiscence ou affection spirituelle. C'est un des plus puissants moteurs des choses humaines. On le conçoit comme "divin" et c'est à bon droit qu'on lui donne ce nom, car la puissance absolue de la psyché a de tout temps été appelée "Dieu". Que l'on croie ou non en Dieu, qu'on l'admire ou le maudisse, toujours le mot "Dieu" se presse sur nos lèvres, toujours et partout la puissance psychique porte le nom de "Dieu". Et toujours Dieu est placé face à l'homme dont il est expressément distingué. L'amour, il est vrai; leur est commun. Il est le propre de l'homme en ce sens qu'il s'empare de lui, (...) en ce sens que l'homme est son objet ou sa victime. Psychologiquement, cela veut dire que la libido, en tant que force de désir et d'aspiration -en un sens plus large : en tant qu'énergie psychique, est en partie à la disposition du moi, mais qu'en partie aussi elle se comporte vis-à-vis de lui avec une certaine autonomie; que, le cas échéant, elle le détermine soit en le plongeant dans une situation pénible, qu'il n'a pas voulue, soit en lui ouvrant une nouvelle source de force à laquelle il ne s'attendait pas. Comme les rapports de l'inconscient au conscient ne sont pas simplement mécaniques ou complémentaires mais bien compensatoires et accordés selon l'unilatéralité de l'attitude consciente, on ne peut nier le caractère intelligent de l'activité inconsciente. De telles expériences expliquent immédiatement pourquoi l'image de Dieu fut considérée comme un être personnel.