Le titre choisi risque d'impressionner, voir de démotiver le lecteur, alors qu'il n'est pas absolument fidèle au contenu de l'ouvrage. L'auteur étudie comment évolue la perception des étrangers dans la littérature byzantine, qui est une période fascinante de la littérature grecque. A travers le prisme d'auteurs du V° au XIII°s, Kaldellis analyse l'évolution de l'image de l'étranger, en des temps où "Byzance", l'empire romain d'Orient, se trouva au contact des Slaves et des Arabes, puis des Turcs, à savoir de peuples et d'une religion inconnus des auteurs antiques. L'ouvrage se lit bien, est pétillant d'intelligence et de finesse, et apporte beaucoup au lecteur sur la question de la perception de l'étranger dans une culture donnée.
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La subversion était l'une des fonctions principales de l'ethnographie tant dans l'Antiquité classique que dans l'Antiquité tardive : il s'agissait d'amener les lecteurs à voir sous un autre jour les représentations dominantes de leur société, à mettre en question des sujets considérés comme indiscutables, sans leur faire pour autant épouser unilatéralement les opinions de l'historien... Discuter de l'inconnu pouvait ébranler l'esprit, le dégager des entraves du familier et de l'attendu. L'émerveillement et la surprise étaient des moyens rhétoriques communs pour exprimer de "nouvelles" idées. L'étranger devenait ainsi pour l'auteur une opportunité d'élaborer des versions alternatives de sa propre société et de ses idéaux.
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