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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La philosophie de Kant, du moins dans ce livre très abstrait, ne donne pas de réponse aux grandes questions métaphysiques. Elle dit au contraire, et elle le prouve, que notre raison n'a pas la possibilité de répondre à ces questions. le lecteur ressort donc du livre doublement frustré, premièrement parce qu'il sait surtout ce que ne peut pas sa raison, et deuxièmement parce qu'il n'a pas compris grand chose aux spéculations du philosophe. Que retenir? La séparation nette entre les phénomènes, que nous pouvons connaître en tant que phénomènes seulement, et les choses en soi, que notre raison n'a pas les moyens de toucher. Trop souvent, on croit connaître une vérité alors qu'on ne fait que décrire un phénomène, c'est-à-dire un fruit de notre perception. La nécessité a priori de l'espace et du temps comme condition des phénomènes : tout est situé sur ces deux axes, l'externe (l'espace) et l'interne (le temps). L'impossibilité de prouver l'existence de Dieu mais aussi de prouver son inexistence. Idem pour l'immortalité de l'âme. Bref, Kant nous donne des limites. Il restreint le contenu de la philosophie. Après lui, peut-on encore penser?
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L'aporie kantienne.


Pour Kant, toute connaissance se réduit à ce que nous permet la liaison du sensible et du rationnel. Il est ici entendu que le « sensible » en question est ce qui relève des sens physiques en tant qu'organes de la perception physique. Il est tout aussi entendu qu'il n'y aurait pas d'autres perceptions et que s'il existe bien des formes pures de la sensibilité (l'espace et le temps), elles se rapportent par définition exclusivement aux données sensibles du monde physique. Tout le reste serait délire ou au mieux vaines spéculations.
Cependant Kant admet un « fait » non physique et pourtant agissant dans le monde physique : la liberté, qui serait d'origine suprasensible, puisque tous les autres faits – les faits physiques - sont déterminés selon les « lois de la nature » (la nature physique), et donc ne sont pas libres.
Kant a donc procédé à deux réductions : il n'existe pas d'autre fait spirituel que la liberté, et pas d'autre nature que la nature considérée comme physique.
À partir de là, la science – physique – peut s'en donner à coeur joie, avec l'efficacité qu'on connait, pour dépecer la matière en se congratulant de n'y trouver effectivement rien de plus, et certainement pas une âme (Aristote : « sans l'âme, la nature n'est que matière »).
Qu'ensuite il finisse par apparaître que ladite matière n'a rien d'autre de matériel que son apparence macroscopique, et que les lois déterministes qui s'appliquent à cette échelle sont inopérantes à l'échelle quantique, et que cette contradiction reste sans réponse, cela n'affecte en rien l'efficacité démontrée et expérimentée de la science, que ce soit dans la recherche dite « pure » ou dans les innombrables applications techniques dont le monde est abreuvé.
Le fait curieux est cependant que, du fait même de ce généreux déluge technoscientifique, le désert s'accroît : la désertification des sols, mais aussi des relations humaines. Et, secondairement, que toutes ces merveilleuses applications de la connaissance scientifique au sens si bien délimité par Kant produisent d'innombrables effets secondaires que ni ladite science ni la technique ne maîtrisent ni ne réduisent, puisqu'ils les produisent plutôt.
Il y a peut-être là un indice d'une erreur fondamentale dans notre appréhension du réel, de la nature, de l'esprit, de la sensibilité, et de leur liaison.
Ce bon vieil Ockham, avec son fameux rasoir, a peut-être négligé un peu vite la valeur heuristique des quatre causes d'Aristote. Ne voir dans la nature, y compris la nature humaine qui en fait assurément partie rien de plus que des causes matérielles et motrices, en rejetant la possibilité de causes finales et formelles, c'est se mettre un bandeau sur les yeux, en décrétant être la réalité ce que l'oeil restant nous fait percevoir et apercevoir : ces fameux « phénomènes » qui se promènent de par l'univers en orphelins de leur nouménalité (ce qu'ils seraient « en soi », indépendamment ou autrement au moins que tels qu'ils sont physiquement perçus).
Mais il est problématique d'appeler connaissance une telle « connaissance » qui débute par un aveu d'impuissance et d'ignorance : la connaissance voilée d'un « réel voilé » (D'Espagnat). Et tout aussi et même encore plus problématique de décréter – et Kant ne fait rien d'autre à ce sujet - le « fait » nouménal de notre liberté.
Se pourrait-il que nous ne soyons qu'à la préhistoire de la science ; d'une science capable de penser les causes matérielles et motrices dans un horizon philosophique ou métaphysique, voire spirituel et au moins épistémologique totalement ouvert ? D'envisager d'autres formes de causalités (comme la rétro causalité) ? D'envisager des liaisons causales entre « l'esprit » et la « matière » (les deux devant être redéfinis) ? Et même des liaisons libres (causées par notre liberté) ? D'envisager que non seulement la liberté, mais aussi l'inspiration, ou l'enracinement confiant dans le fond métaphysique de son être unique et singulier – la « foi » de « l'âme » ? – sont des faits avec des effets, quoique inexplicables par la scientificité physique – comme les miracles qui ponctuent l'existence, ou certaines existences -, et que donc « l'intuition intellectuelle » dont Kant ne voulait surtout pas entendre parler (malgré son embarrassante curiosité pour Swedenborg, - un honnête homme et brillant scientifique mais très amoureux des anges -, qui fut à l'origine de son acharnement à ruiner toute connaissance métaphysique), cette intuition intellectuelle serait non seulement possible, mais l'authentique condition de possibilité d'une science unifiée à ce qui la dépasse.


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Privilégiant depuis peu la lecture de la philo, je m'étais dit:"Tiens je vais lire Kant" (pauvre de moi!!!). Je suis tombé, pour tout dire, sur le livre le plus difficile que j'ai jamais lu. Oeuvre de philo à l'attention des philosophes, elle est dense et pour tout dire à la limite de l'inaccessible. le peu que j'ai vraiment compris m'a plu et pour le reste je m'abstiendrai de juger...
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