Certains arbres, parce qu’ils poussent trop vite, n’acquièrent jamais la force de résister à une forte tempête. De même il y a des adeptes du zen qui atteignent rapidement l’illumination mais qui, parce qu’ils renoncent à la pratique, ne deviennent jamais spirituellement forts. Dans le zen, ce qui est le plus important est l’exercice calme et obstiné du zazen dans la vie quotidienne, et la ferme résolution de ne pas renoncer avant d’avoir atteint une parfaite illumination.
Dans le zen, « doute » ne signifie pas scepticisme, mais implique un état d'interrogation, de perplexité, d'intense mise en cause de soi-même.
Ce doute nous fait nous demander pourquoi le monde et nous-mêmes nous apparaissent aussi imparfaits, aussi vulnérables à l'angoisse, à la souffrance, au conflit, alors que notre foi profonde nous dit que c'est le contraire qui est vrai... à savoir que la nature humaine et toute existence sont un tout sans faille et parfait. Sans une foi inébranlable dans ce principe capital de l'enseignement du Bouddha, il est impossible d'avancer bien loin dans la pratique.
Avant mon satori, je me souciais beaucoup de mon état physique, de la société et de beaucoup d’autres choses, mais après mon illumination tout cela a cessé de me préoccuper. A présent, quoi que je fasse, je m’identifie complètement à ce que je fais. J’accepte les choses agréables ou déplaisantes comme telles et je cesse aussitôt d’y penser.
Ne considérez pas le temps simplement comme une chose qui passe; ne pensez pas que sa seule fonction soit de passer. Pour que le temps passe, il faudrait qu’il y eût une séparation (entre lui et les choses). En croyant que le temps passe, vous n’apprenez pas la vérité de l‘être-temps. En un mot, chaque être dans le monde entier est un temps particulier dans un continuum unique.
Si l'on garde les yeux fixés sur les lendemains, aujourd'hui perd sa réalité.
Pour un Occident à qui son souci de refaçonner le Ciel et la Terre fait courir le danger de laisser échapper la présence de la vie – la seule vie que nous possédions vraiment – le zen apparaît comme un rappel du fait que si nous n'apprenons pas à percevoir le mystère et la beauté de notre vie présente, de notre heure présente, nous ne connaîtrons le prix d'aucune vie et d'aucune heure.