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L'engravement, fait allusion aux baleines qui s'échouent volontairement sur les plages sauf qu'ici les baleines sont des jeunes échoués en hôpital psychiatrique.

Eva Kavian nous fait partager la vie du 'troupeau' qui traverse le parc les jours de visite, le désarroi des parents devant ces jeunes qui ne s'aiment pas, qui veulent en finir avec la vie, le maigre espoir que laissent les psychiatres souvent maladroits, la culpabilité qui détruit.

De si petits moments de bonheur, un rayon de soleil dans le parc, la première sortie autorisée malgré le regard des gens sur ta fille bourrée de neuroleptiques qui a pris 30 kilos en six mois.

On dit que l'amour est le combustible de l'espoir, un espoir qui peut détruire ou faire grandir.
Une bouleversante leçon d'amour qui moi aussi m'a grandi.
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« Certains pensent que les baleines bleues sont capables de se suicider en s'échouant sur une plage mais il semblerait plutôt que ce soit le bruit du monde, le bruit de notre monde moderne, qui perturbe leur outil de navigation, de communication, puis pousse leur stress à un paroxysme ingérable, et qu'ainsi s'engravent ensemble, le long de certains rivages, plusieurs baleines égarées, après une vie pourtant solitaire ».

C'est le seul extrait que je vais citer car tout le reste est MAGNIFIQUE et PATHETIQUE et je ne pourrais objectivement faire un choix.
J'adore cette auteure belge, empathique au possible, et qui écrit si bien !

Ce livre parle-t-il des cétacés ? Non ! Il parle des humains, des pauvres humains, des pauvres parents qui ont un enfant interné dans un hôpital psychiatrique.
Il parle de leurs visites hebdomadaires.
Il parle de leur souffrance inouïe.
Il parle de leur solitude, entourée d'autres solitudes
Il parle de leurs espoirs vite déçus par le corps médical, de leur culpabilité engendrée par ce même corps médical.
Il parle des traitements inhumains de ce corps médical.

Ce livre est noir, très noir. Désespéré. Mais ô combien juste, humain, et au plus près de l'émotion.
Magistral.
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Où se dirige ce troupeau, hétéroclite, mais uni par une même détresse, une même souffrance, un même espoir malmené , vacillant mais entretenu par la proximité des autres ? Il va vers cet endroit où leurs proches sont enfermés parce que leur vie , telle celle des baleines échouées sur les plages, n'a pas su s'adapter au bruit du monde, parce que ce bruit a poussé "leur stress à un paroxysme ingérable".
Ce sont ainsi différents parcours qui se donnent à lire via ce roman choral, entrecoupé par des discours souvent violents, révélant au passage les dysfonctionnements du système de santé. Nous voyons ainsi, par petites touches l'évolution des patients, celle de leurs aidants qui trimballent des sacs puant la pisse ou le sang, mais charriant surtout leurs minuscules victoires et leurs immenses échecs.
L'émotion  est toujours là, mais sans voyeurisme et c'est tout un pan, souvent caché, de la société qui se donne à voir dans ce roman d'une force inouïe et bouleversante . Un très grand coup de coeur. 




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Je ne me souviens plus comment je suis tombée sur ce livre...
Mais ce dont je me souviens, c'est l'évidence, il me le fallait!

"Dans L'Engravement, vous lirez à la deuxième personne les pensées qui agitent ce troupeau de visiteurs alors qu'ils vont et viennent. Inlassablement. Ceux-là ont assisté à la transformation parfois soudaine d'un intime, souvent d'un enfant, dont l'état mental a été jugé trop instable pour « la vie normale ".

On est toujours l'enfant de quelqu'un, de 2 personnes. Mais nous ne sommes pourtant pas forcément Enfant lorsqu'on se retrouve en HP ( hôpital psychiatrique).
C'est souvent l'Enfant qui est en nous, qui est si mal...
Oh oui, si mal...
Malade...

Et ceux qui les entourent, les parents, la famille, les amis, les enfants, comment vivent t il, la transformation souvent brutale, d'un proche qui sombre dans une Dépression Sévère ?

Eva Kavian à travers ce livre tente de faire témoigner, ceux qui arpentent cette allée entre le parking et l'hôpital psychiatrique.
"Tu sais, aujourd'hui, que d'autres parents, comme toi, en ont fini avec le bonheur, ils marchent dans la neige. Ils vont rendre visite à leur drame"
Entrecoupé d'interventions du corps médical.
Je souhaitais prendre la main d'Eva Kavian, pour peut-être mieux comprendre ceux qui vivent à côté des personnes qui sont au bord de ce gouffre.
J'espérais trouver des réponses mais rapidement je me rends compte que chaque vie, chaque malade, chaque proche est different et que ce livre ne sera qu'un plus à ma connaissance de ce sujet.
Et c'est énorme !
On sent le désarroi, l'incompréhension, la peur, l'impuissance de chacun...
On sent s'installer ce traumatisme désormais éternel pour chacun d'entre eux. Chacun à leur manière.
Ce livre est fort.
Au départ on est perdu, un peu perdu, beaucoup perdu,  on ne comprend pas bien, qui est qui, la construction, les petites interventions qui s'intercalent entre chaque témoignage.
Puis tout s'éclaire sans pour autant s'apaiser, tout devient plus facilement lisible, compréhensible.
On ne peut entrer de façon aisée dans un tel chaos.
Combien de fois ai-je eu envie de prendre la parole!

Un sujet complexe, un sujet si tabou, un sujet douloureux,
un sujet où les médecins naviguent à vue, où les patients naviguent à vue, où l'entourage navigue à vue...
Où on s'enlise si fréquemment, où il nous arrive de reprendre notre souffle, sans jamais savoir si cet Alien parviendra à nous entraîner aux fins fonds des ténèbres, un combat de chaque jour....
Et non! si un jour ces patients perdent le combat, je refuse d'entendre qu'il est peut-être mieux désormais, non!!!!!!
Demandons nous plutôt si finalement l'Amour n'est pas un devoir ?....
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J'ai lu ce livre sur les conseils d'une amie.
J'ai eu un peu de mal à m'y plonger puisque j'avais un peu de mal à suivre le fil et puis j'ai compris que chaque témoignage de parent alternait avec une remarque du corps médical encadrant leur enfant.
C'est un livre dur, un livre violent qui fait part de la détresse des enfants mais aussi de l'impuissance des parents. Les tranches de vie sont touchantes et la violence des remarques de médecins ou de soignants désabusés sont poignantes.
Un livre sombre mais nécessaire.
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Offert par une personne qui parviendrait presque à comprendre quelque peu comment je..., ce livre partait donc avec un a priori positif.
La couverture étant très réussie à mon goût.

Ce livre me donne envie de hurler, c'est le genre de livres qui me donne envie de hurler.
Toutes ces humanités battues, bafouées, inentendues, par ceux qui le devraient le plus.
Des familles déchirées. Et en même temps des familles qui sont. Qui existent. Même à travers la souffrance.
Et le suicide ou l'eusuicide qu'on ne veut toujours pas proposer, dont on ne veut pas voir l'endroit. Juste l'envers.
Et son empêchement. Qui fait empêchement de vivre aussi.
Envie.s de hurler.

Il y a toujours quelque chose dans la littérature, quand elle est littérature, quelque chose qui touche, qui parle ou fait parler autrement qu'un reportage, qu'un film, fictionné ou non. de ces tissage et montage qui donnent quelque chose d'autre. Eva Kavian y réussit.
Ce ne sera jamais mon livre de chevet mais, un livre qui me donne envie de hurler, a son pesant, a son mérite.

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J'ai littéralement été happée par ce court roman qui nous donne à entendre ceux que l'on oublie souvent : les proches de patients d'un hôpital psychiatrique. Ils arpentent les allées de l'hôpital, « ils vont rendre visite à leurs drames ».
L'impact de la maladie mentale, des hospitalisations à répétition, des appels à l'aide est décrite avec sobriété et pudeur mais le lecteur perçoit bien le tourbillon d'émotions qui entraînent ces proches ( sentiment de culpabilité, déni, colère, désespoir … )
Un roman important et marquant !
J'irais découvrir avec intérêt les autres oeuvres d'Eva Kavian.
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Je voulais lire ceci depuis longtemps.
Je l'ai dévoré, ai été happée dans le tourbillon de ces vies blessées, sur cette allée où le temps se fige
J'en sors absolument bouleversée (= ça veut dire de gros sanglots incontrôlables, ce qui est plutôt rare).
C'est très très fort, très dur et très beau.
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« Vous êtes les compatriotes d'un pays non cartographié, personne ne vous connait, personne ne parle de vous. Quand vous quittez cette allée, quand vous rejoignez votre bus, quand vous remontez sur votre vélo, quand vos mains se retrouvent par-dessus le trottoir de la honte, plus personne ne vous reconnait, vous n'existez plus, la frontière elle est là, tracée autour du troupeau, là où l'écorce terrestre a craqué en profondeur, vous isolant définitivement de ceux qui ne vivent pas ça.

Le schéma de narration est original, c'est un narrateur qui s'adresse à des personnes qui font le même chemin régulièrement, elles vont d'un parking, d'un arrêt de bus jusqu'à l'hôpital psychiatrique où un de leurs enfants, grand adolescent ou adulte est hospitalisé. Ils sont ces compatriotes faisant partie du troupeau .

Il ne s'agit pas d'un roman autobiographique mais malgré tout nettement inspiré de son histoire personnelle, de son coeur blessé. Sa fille a passé du temps dans cet univers, et l'autrice est une de ces mamans, parents, proches, qui font les aller-retour vers l'établissement, qui viennent rendre visite à leur enfant en souffrance.

Qui sont ces baleines engravées sur la plage ? Ce sont ces jeunes en pleine décompensation, en souffrance psychique, en pleine dépression, qui souvent sous l'effet des médicaments, des neuroleptiques, des anti-dépresseurs, des psychotropes, marchent et vivent au ralenti, prennent énormément de poids, trouvent refuge dans la nourriture, le chocolat, les chips.

Ils n'arrivent pas à fonctionner dans la norme, la société leur enjoint à être beaux, performants, intelligents, … Tous ne sont pas à même de faire face à une telle pression.

Les tranches de vie relatée par le narrateur ne sont pas nominatives, on ne sait jamais vraiment de quel jeune il s'agit, mais les récits s'enchaînent et par un fait, une action, un prénom parfois, on fini par reconstituer les différents cercles familiaux qui évoluent autour de ces jeunes.

Chaque chapitre est constitué de quelques pages relatant un aller et un retour et entre ces pages l'autrice insère une page blanche ne comprenant qu'une ou deux phrases, souvent dénuées d'affect, sentences lapidaires prononcées par un médecin, un soignant aux parents. Non pas qu'ils soient sans empathie ou sans coeur, mais ils ont plus de recul que les parents directement affectés, et puis ils en côtoient tellement, ils sont dans le factuel alors que les parents sont dans l'émotionnel, évidemment.

Les parents se croisent, s'observent, certains se font parfois un sourire, mais ne nouent pas de sympathie particulière. Pourtant ils sont tous, seuls, face au désarrois, voire au désespoir de leur enfant. de semaine en semaine, les jeunes quittent le centre hospitalier, parfois pour un simple séjour dans leur famille, parfois pour plus longtemps. Parfois aussi parce qu'ils ont réussi à mettre fin à leur jour.

C'est un texte, roman, qui est empreint d'une humanité folle, de souffrance et de questionnement. J'ai beaucoup pensé en le lisant à une jeune de mon entourage, amenée à effectuer régulièrement des séjours dans un centre de ce type.
Au texte de Stromae « l'enfer ».
Et à quelques jeunes dont j'ai appris le geste fatidique.

J'ai aussi beaucoup pensé à moi en tant que maman, qui heureusement, jusqu'à présent, n'est pas confrontée à ce genre de situation, mais ces pathologies peuvent arriver à toustes et à tout moment. Il y a énormément d'amour dans ce livre, j'ai été tellement émue par ce jeune qui demande l'euthanasie pour qu'enfin son mal-être cesse, et par cette maman qui comprend que cette fois ci la grosse bêtise de sa fille est plus qu'un appel au secours …

Ce n'est pourtant pas un texte qui ne tombe ni dans le misérabilisme ni dans le pathos, il y a aussi des jeunes qui arrivent à s'en sortir, et ce sont ces victoires là dont on veut se souvenir.
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Bravo Eva Kavian pour la justesse des faits, le choix du ton, la beauté des images et surtout la beauté de ces parents à jamais fragilisés mais si forts. le troupeau de l'HP, un shake up d' humanité où les parents se trouvent projetés, pas le choix, il faut sauver l'enfant et l'aimer toujours.
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