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Critique de lectiole


Je viens de lire "les belles endormies" de Yasunari Kawabata, paru en 1961, à peu près à la même époque que le "Journal d'un vieux fou" de Junichiro Tanizaki. La littérature doit-elle être morale ?
La question se pose pour les deux oeuvres, dont le sujet est presque similaire : dans les deux cas, des vieillards au seuil de la mort sont obsédés par le corps féminin et surtout par leur Eros à jamais perdu ou évanescent. Dans les deux cas, on a une réflexion ontologique, un questionnement sur la famille et surtout, l'Eros n'est évoqué que pour masquer le Thanatos. La chambre où se rend le vieil Eguchi semble un frêle esquif sur le point de sombrer et l'hôtesse qui lui présente les belles endormies qui jamais ne se réveillent pourrait être Charon. Proust évoquait les rêveries qui naissent d'un certain mouvement de la cuisse. Dans "les belles endormies", le corps féminin sert de petite madeleine, mais cet aspect choquant est connu dès la quatrième de couverture. Ce qu'en fait le romancier est pure "sorcellerie évocatoire".
L'un des derniers avis sur ce roman la présente comme une oeuvre pédophile, scandaleuse, érotique. Pourtant il ne s'agit pas d'un roman érotique. Une métaphore du désir perdu au seuil de la mort. On peut y voir de la misogynie, mais si on place cette oeuvre métaphorique sur le bûcher, il faudrait y placer la plupart des poèmes de Ronsard : "Mignonne, allons voir si la rose..."
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