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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Prenez un Etat imaginaire des Etats-Unis, coincé là tout en bas entre Alabama et Mississippi. Voilà, vous situez géographiquement.
Prenez un événement tout aussi imaginaire qui se déroule dans ce même Etat en 1957, à savoir le soudain départ de toute la population noire vers le nord, pour toujours. Vous situez maintenant l'époque et le contexte racial.
Observez alors le départ des "nègres" à travers le regard abasourdi des Blancs. Un exode sans crier gare, apparemment déclenché par les agissements insensés de Tucker Caliban, un jeune fermier noir qui, en quelques heures, épand du sel sur son champ, abat son cheval et sa vache, met le feu à sa maison et quitte les lieux sans mot dire, avec sa femme enceinte. Sous la véranda de l'épicerie locale, les Blancs assistent à ce départ massif, spontané et silencieux, et se perdent en conjectures. D'autres voix s'élèvent alors du passé pour poser les jalons d'une explication. Ce sont principalement celles de la famille (blanche) Willson, dont un membre a autrefois acheté l'Africain, ancêtre de Tucker, à un négrier. Jusqu'à ce jour de 1957, les Willson ont été liés aux Caliban. Après l'abolition de l'esclavage, ces derniers ont continué à travailler pour leurs anciens maîtres, jusqu'à ce que Tucker s'en détache définitivement en leur achetant un lopin de terre pour le cultiver pour son propre compte. On observe, sur quatre générations, un long processus d'émancipation, en suivant en parallèle les Willson de plus en plus progressistes au fil du temps, et les Caliban, passant de l'esclavage à la liberté, au fil de ce même temps. Mais cette liberté gagnée ne suffira pas à éviter le départ de Tucker, ni les regrets de Dewey Willson, qui aurait pu aider à faire progresser les esprits si seulement il y avait mis un peu plus d'engagement et de courage. Mais au final l'un reste sur place et l'autre avance, mettant en oeuvre sa propre conception de la liberté, hors de la politique et des mouvements pour les droits civiques.

Je dois avouer que ce roman m'a laissée perplexe. Remarqué à sa publication en 1962 pour l'originalité de son sujet (le point de vue des Blancs décrit par un Noir, en pleine ségrégation raciale), par la jeunesse de son auteur (un premier roman, en plus), propose-t-il une solution radicale au racisme, le départ des Noirs vers des régions plus libérales ? Pour moi, la raison de cet exode impulsif reste confuse. Plus clair est le message qui passe à travers les mots de Thoreau, en exergue : écouter et suivre la musique de notre propre tambour intérieur même (et surtout) si elle est différente de celle des autres.

En partenariat avec les Editions Delcourt grâce au Picabo River Book Club.
#PicaboRiverBookClub
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Très beau livre du point de vue esthétique. L'écriture est fluide mais j'en attendais tant de ce roman ! Il m'a paru confus. Au final, on ne sais pas vraiment les raisons qui ont poussé à l'exode les noirs de cette ville imaginaire. L'originalité du livre réside en ce que cet exode est relaté et vécu de manière tragique par les blancs. Pas seulement parce qu'ils perdent une main d'oeuvre gratuite. Leur sort est à peine plus enviable. Fasse à une population noire en mouvement que cela soit dans les champs ou comme bonne ou homme à tout faire, les blancs passent leur journée, en groupe, sans activités affalés sur des vérandas. Ce livre à toute sa place dans la littérature du sud profond et me rappelle l'écriture magique d'Erskine Caldwell. Livre remarquablement bien écrit mais j'ai eu beaucoup de mal à en venir à bout. Arfff ! Petit pincement au coeur. Auteur à suivre néanmoins.
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Une autre vision de la ségrégation

La première chose qui interpelle en ouvrant l'ouvrage se situe sous le titre des pages intérieures. On y trouve en effet la mention « relu et actualisé ». Ne bravant aucun danger, j'ai interrogé la personne qui m'avait fait parvenir le livre… Petites explications liminaires : la traduction originale a été conservé après lecture de celle-ci et de l'édition originale. Cette traduction, aussi intéressante soit-elle, datait de 1965 et a donc été amendée sur d'infimes détails (quelques mots ou expressions). Toutefois, il me faut aussi avertir le potentiel lecteur : le récit étant paru aux Etats-Unis en 1962 et donc traduit en français en 1965, le terme « nègre » a été maintenu dans cette version mise à jour. Choix qui me semble judicieux pour malgré tout rester proche de la société américaine de cette période.

Ce préambule effectué, rentrons dans le vif du sujet. Dans un état fictif du Sud des Etats-Unis, tous les noirs d'une petite ville puis de tout l'état quittent ceux-ci dans un exode qui laisse les blancs pantois puis angoissés et inquiets.

Pour tenter d'expliquer cet exode, William Malvin Kelley s'attache à un personnage en particulier : Tucker Caliban, issu d'une lignée de deux générations d'esclaves puis d'affranchis noirs d'une famille, les Willson, eux-mêmes fils puis petits-fils ou arrières-petits-fils d'un général confédéré.

L'auteur se situe donc volontairement dans un état particulièrement attaché à l'esclavagisme puis au fait que les noirs, alors payés, restent toutefois inférieurs au blanc, un état viscéralement raciste et ségrégationniste. Si ce contexte paraît très daté aujourd'hui, il n'en est en fait rien, ou pas grand-chose. le sujet reste pleinement d'actualité et, si les retouches sont effectivement limitées, le style est particulièrement moderne, renforçant l'impression que cette histoire n'est pas si éloignée du racisme ordinaire qui peut encore se rencontrer dans nos sociétés modernes. C'est toute la force de ce récit qui n'hésite pas on plus à briser quelques frontières de l'époque.

En effet, un membre de la famille du général confédéré s'est lie d'amitié avec une personne de couleur… qui se radicalisera de son côté et deviendra le révérend Bennett Bradshaw qui vient observer la fuite de main d'oeuvre noire qui s'opère… et dont l'instigateur (on pourrait dire le patient zéro tant cet exode semble se propager tel un virus) n'est autre que Tucker Caliban.

Tucker Caliban est central à plus d'un titre : pour les blancs il est l'homme qui a mis le feu aux poudres, pour le révérend il est une figure christique qui a rendu l'événement possible et donc renvoyé le révérend a l'inutilité du rôle de prophète noir qu'il s'était créé, le rendant obsolète, pour Dewey, le dernier des Willson, il est une énigme que l'adulte ne parvient pas à cerner notamment en rapport avec l'enfance commune qu'ils ont pu mener. Chacun, à son niveau, avec ses propres armes (qui la haine du nègre, qui la peur de perdre son utilité, qui la perte de ses repères), tente de décrypter ce qui se joue sous ses yeux.

Au final, le lecteur ne saura pas, pas plus que les protagonistes, ce qui a déclenché chez Tucker Caliban ce besoin de fuir si ce n'est, comme le dit l'un d'entre eux, le fait qu'ils « prennent la liberté, ils n'attendent pas qu'on la leur donne ». Ce qui sous-tend ce récit c'est tout bonnement l'envie de vivre, d'être, de demeurer libre.

C'est donc une aspiration universelle qui semble être le moteur de Tucker et de ses semblables. Un souffle nouveau s'étend sur un Sud ségrégationniste mais qui pourrait s'étendre, de manière presque messianique, à tout le pays ou à d'autres minorités pas si minoritaires en nombre. le révérend pointe de façon pertinente que le racisme n'est pas l'apanage du Sud et que le racisme peut prendre de nombreuses formes : « Voyez-vous, je ne suis pas un spécialiste de la mentalité du Sud, qu'elle soit blanche ou noire. Certes, les mêmes conflits raciaux existent dans le Nord, mais sous une forme beaucoup moins ouverte, beaucoup moins primitive, et sans ce caractère barbare, extrêmement rafraîchissant, que l'on trouve ici. ».

Très belle découverte que ce récit d'une autre époque qui n'a pourtant pas tant disparu que cela.

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Nous sommes dans un petit village imaginaire du Sud des Etats-Unis. Là-bas, Tucker Caliban, un descendant d'esclave qui s'est acheté avec ses propres économies quelques arpents de terres, décide du jour au lendemain de partir. Il balance du sel sur le sol, tue ses bêtes, met le feu à sa maison et prend femme et enfants et s'en va. le village entier le regarde. Et ne comprend pas.

A travers plusieurs récits, et plus précisément de la famille Willson (celle-là même qui a acheté l'ancêtre de Tucker Caliban à un négrier), nous allons découvrir toute l'histoire qui a mené à cette décision apparemment hâtive et sans logique.

Quel roman ! Quelle claque quand on sait que c'est le premier roman de William Melvin Kelley (un afro-américain de 24 ans à l'époque) et qu'il est sorti en 1962. Quelle audace de prendre le point de vue des Blancs alors qu'à cette époque encore les Noirs n'étaient que rarement entendus.

Un autre tambour c'est une autre façon de voir les choses. de ne pas se laisser plier par le pouvoir des Blancs, de décider du jour au lendemain de partir. de savoir qu'il y'avait quelque chose qui était là, à proximité, et d'un jour choisir de le saisir, tous ensemble. C'est un roman sur le racisme bien sûr mais aussi sur l'amitié et la cruauté de l'Homme.
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Roman publié pour la première fois en 1962, salué par la critique, l'auteur de seulement 24 ans fut comparé à #jamesbaldwin ou encore à #williamfaulkner.
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L'histoire se déroule dans le sud-est des USA en 1957. Tucker Caliban, un jeune fermier noir, détruit volontairement l'ensemble de ses biens avant de quitter la ville. le jour suivant, toute la population noire déserte la ville à son tour, laissant les blancs s'interroger sur cet exode massif.
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Nous entrons dans ce roman choral où chacun réagit selon son vécu, ses opinions politiques et raciales. L'auteur montre à travers le témoignage de la population blanche comment le racisme ordinaire sévit. Encore sous ségrégation, ce livre fit scandale à sa sortie. En effet, comment un auteur africain-américain « ose t-il penser à la place des blancs » ?
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Un roman engagé qui dégage un beau message d'espoir pour l'époque : William Melvin Kelley est convaincu, comme Henry David Thoreau, que les petites initiatives individuelles peuvent réellement faire bouger les choses. Pour paraphraser Thoreau, « Si un homme marche à un autre pas que ses camarades, c'est peut-être qu'il entend le son d'un autre tambour ». Il faut donc suivre notre petite musique intérieure, différente des autres tambours.
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