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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1957. Une petite ville imaginaire, au plus profond du Sud américain, connaît soudain l'exode spontané de toute sa population noire, soit un tiers de ses habitants. Médusés, les blancs observent ce départ massif, déclenché semble-t-il par un certain Tucker Caliban, descendant d'un esclave demeuré dans la légende pour son incoercible refus de la soumission. Tandis que les souvenirs des temps anciens reviennent aux mémoires, chacun réagit en fonction de son vécu, de ses sensibilités politiques et raciales, de ses inquiétudes quant à l'avenir, avec violence pour la majorité, avec un certain bonheur pour quelques-uns, qui avaient un jour rêvé d'un monde plus juste et plus égalitaire entre les communautés noire et blanche.


Cette fable, écrite en 1962 par un Afro-américain, a évidemment une grande portée symbolique : alors que rien ni personne, pas même les organisations politiques noires, ne semblent alors capables de faire reculer la ségrégation raciale, cette histoire fait entendre un autre tambour, celui que chacun est libre d'écouter individuellement au fond de lui-même, pour oser sortir des rangs et agir spontanément, à la mesure de ses moyens. A partir d'un terrible constat d'échec collectif, l'auteur construit un formidable et magnifique message d'espoir, convaincu que le changement pourra venir des multiples petites initiatives individuelles, si modestes soit-elles : ce sont elles qui finiront par modifier la société.


Dotée par ailleurs de grandes qualités littéraires, à commencer par une puissance d'évocation toute cinématographique et un indéniable talent de conteur, cette oeuvre engagée appelle chacun à se comporter en homme libre, droit dans ses bottes et fidèle à lui-même, quand, autour, tout n'est qu'aliénation, raciale, ou autre d'ailleurs...

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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1964 : Civil Rights Act sont signés en juillet
1962: William Melvin Kinley , noir américain, signe et publie son premier roman Un autre tambour , il a 24 ans
1957: un village (fictif)de l'Extrême sud des Etats-Unis," bordé au nord par le Tennessee, à l'est par l'Alabama, au sud parle Golfe du Mexique, à l'ouest par le Mississippi"c'est ainsi que l'auteur nous situe Sutton à quelques kilomètres du port de New Marsails, sur le golfe du Mexique.
Des blancs sous la véranda de Thomason regardent incrédules défiler tous les noirs de la ville, une valise ou un baluchon à la main ils attendent le bus et quittent la ville...
Pourquoi à cet instant précis ce mouvement d'exode a t'il commencé? Qui a pris la décision? qui a décidé pour lui entrainant les autres ? ...
Un roman surprenant, écrit il y a bientôt 60 ans, par un jeune auteur afro-américain qui choisit de laisser la parole aux blancs , ce sont eux qui racontent, qui essaient de comprendre, pour certains ce sera l'occasion d'une remise en question , pour d'autres l'occasion "ultime""de perdurer dans leurs convictions.
Un roman intemporel à découvrir.
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William Melvin Kelley a écrit le livre : « Un autre tambour » (« A Different Drummer »), en 1962 (aux États-Unis) - a tout juste 23 ans.

Longtemps oublié, le livre a été redécouvert 55 ans plus tard par la jounaliste américaine influente Katryn Schulz qui a inspiré le bandeau de son journal « New Yorker » "Le géant oublié de la littérature américaine » "

Fort de ce slogan choc, on trouve enfin en France dans une version « relue et actualisé , et publié en France par les Éditions Delcourt en 2019.

le récit raconte l''histoire de Tucker Caliban, celle de ses Ancêtres, le récit de son départ, le récit d'une bourgade dépeuplée de tous ses habitants Noirs du jour au lendemain

Une fable terrible racontée par le regard de la population blanche, un livre choc mature et profond sur un si jeune auteur.. à redécouvrir sans l'once d'une hésitation !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Péter un plomb, décider d'effacer toute trace de son existence et partir : voilà la décision d'un jeune fermier noir dans le deep south imaginaire de l'auteur. Ce départ mènera à l'exode spontané de toute la population noire de la ville, laissant les blancs spectateurs désabusés d'une société ségrégationniste désormais dépourvu de couleur. Un récit de 1962 politiquement visionnaire pour son époque.
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On redécouvre, enfin c'est mon cas, William Melvin Kelley (1937-2017). le géant oublié des lettres américaines, écrit 10-18, grande maison du livre s'il en est, qui m'a fait connaitre bien des talents. Après Jazz à l'âme, chroniqué il y a peu, voici Un autre tambour, le premier roman de Kelley (1962). Les deux titres font référence à la musique, mais aussi à 'action, le tambour ayant une consonnance guerrière. Et ces deux beaux romans battent en effet au rythme des pulsations, comme un quartet de jazz, allant à l'essentiel. J'ai pensé au cinéma de John Cassavetes.

Dans une ville du Sud, ce sud de Faulkner, de Caldwell, de Flannery O'Connor, sur lequel on a déjà tant lu, en juin 1957, Tucker, jeune fermier noir, empoisonne sa propre terre, abat son bétail et brûle sa maison. A sa suite toute la population noire quitte la ville. Les blancs de la véranda, réunis comme tous les jours, n'en croient pas meurs yeux. Faut-il se réjouir de cet exode? A travers quelques personnages, notamment la famille Willson, les aristocrates descendants dun général de la Confédération, Kelley nous plonge dans quelques dizaines d'années de cetet histoire du Sud, si douloureux, victime de tant d'incompréhension.

On y rencontre pourtant pas mal de bonnes volontés. Une amitié entre un noir et un blanc y est esquissée, battue en brèche par le climat en ces années cinquante. Kelley écrit comme dans une mouvance Richard Wright ou James Baldwin, écrivains "politiques" réfugiés en France un certain temps.Lui-même a quitté l'Amérique assez longtemps, vécu à Paris et Rome, s'est établi un moment en Jamaïque. Cependant Un autre tambour n'est pas un livre pamphlet et s'apparente plutôt à une fable où Tucker Caliban, descendant d'esclave, devient celui par qui le scandale arrive. le roman évite le manichéisme, souvent une plaie dans ce genre d'ouvrages.Tucker agit, silencieux, avec un air de Bartleby, le scribe d'Herman Melville, qui préférerait ne pas le faire. C'est assez impressionnant, Tucker décidant, un jour, de cesser le travail de la terre. Go North Young Man.

le livre doit son titre à une très belle citation de Thoreau. Si un homme ne marche pas au pas de ses camarades, c'est qu'il entend le son d'un autre tambour. Une phrase qui sonne comme une ébauche de liberté, une majesté.

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Certains suivent la musique, quelque soit le rythme, le tempo, que l'air leur plaise ou pas et d'autres entendent un autre tambour et suivent cette musique qui résonne au plus profond d'eux-mêmes.

Ne cherchez pas la petite ville de Sutton, sachez juste qu'elle est nichée dans le Sud Profond, que nous sommes en 1957 et que la ségrégation raciale n'est pas considérée comme un gros mot chez ces Blancs.

D'ailleurs, les Blancs racontent encore la légende de cet esclave Noir qui refusa de se soumettre et qui en fit voir de toutes les couleurs à l'homme qui l'acheta.

Au fait, ils ne travaillent pas tous ces hommes Blancs qui se rassemblent pour discuter sous le porche d'une véranda ?

Tucker Caliban, descendant de cet esclave qui ne se soumit qu'après une longue cavale semble avoir entendu le son d'une autre musique car il décide de saler son champ, de tuer ses deux bêtes, de foutre le feu à sa maison et de foutre le camp.

Consternation et stupeur chez nos WASP qui discutent ferment sur le perron de la véranda. le lendemain, c'est toute la population Noire qui fiche le camp de Sutton

Ce roman choral nous offrira différents points de vue des Blancs et nous en apprendra un peu plus sur les moeurs de la petite ville de Sutton. Rassurez-vous, pas de violences physiques faites à la population Noire, juste de la ségrégation ordinaire, tellement ordinaire que les Blancs ne s'en rendent pas compte. Mais le mal est là et les blessures toujours à vif.

Ceci n'est pas un énième livre sur le racisme et la ségrégation, il est plus que ça… Il prend le problème par un autre côté en nous contant la fable de l'exode massif d'une partie de la population d'une petite ville, du jour au lendemain, et de ces Blancs qui ne comprennent pas le pourquoi.

Paru en 1962 aux États-Unis, ce roman n'a pas vieilli puisque certaines personnes voudraient en voir détaler d'autres et vous savez comme qu'au moindre problème de société, les "qu'ils rentrent dans leur pays" fusent un peu partout (mais comment rentrer dans son pays quand on y est déjà ??).

Une prof que je détestais avait dit une chose intelligente que je n'ai jamais oubliée au sujet des étrangers : ce sont avant tout des consommateurs !! En plus de faire les sales boulots qu'on ne veut plus faire, ils consomment et font tourner les magasins, donc l'économie.

L'épicier Noir de Sutton est parti, les Blancs crient hourra car ainsi, l'autre épicier, Le Blanc, aura plus de clients… Mais non crétin puisque un tiers de ta population de consommateurs s'en vont avec lui.

L'un ou l'autre personnage Blanc sera un peu plus éclairé que les autres, mais sa voix se perdra dans la cacophonie des langues de putes des autres. Que l'on soit en 1957 ou en 2020 ne changent rien, les cerveaux n'ont pas reçu la lumière.

Le final de ce roman engagé est tout simplement bouleversant…

Un roman fort, un roman coup de poing écrit par un auteur Noir très jeune, qui fut salué lors de la parution de son roman puis a sombré dans l'oubli. Heureusement qu'on l'a traduit et publié en France car il vaut vraiment la peine qu'on le lise.

PS : en espérant qu'on n'intente pas un procès post-mortem à l'auteur parce qu'il s'est mis dans la peau de Blancs alors qu'il était Noir… Vu comment les mentalités tournent ces derniers temps, je suis souvent étonnée de l'imbécillité de certains, de leur culot, de leur audace et me demande encore pourquoi on les laisse faire…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le Sud des USA, une vague ville et des noirs qui font des choses étranges ...

Le premier , sème du sel sur sa terre, tue ses animaux, brûle sa ferme et s'en va . Bientôt toute la population noire part, laissant les blancs perplexes entre eux.

Action étonnante qui va être éclairée par différents protagonistes, qui racontent chacun une partie des évènements survenus avant. Cette mosaïque prend forme peu à peu et nous dévoile les raisons d'un tel bouleversement.

C'est un beau roman, qui agrippe son lecteur et le promène d'anecdote en vérité vers un raisonnement de bien plus profond qu'on n'aurait pu le croire au départ.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Quand on est une lectrice passionnée, avoir un fils conseiller en vente librairie se révèle être un avantage certain. "Un autre tambour" de William Melvin Kelley fut ainsi un cadeau de Noël fort apprécié qui m'a obligée à modifier mes lectures habituelles et à délaisser pour un temps la littérature française au profit d'un roman américain.

Et pas n'importe lequel ! Dans "Elle", Clémentine Goldszal dit de cet ouvrage "Un livre exceptionnel dont l'auteur mérite sa place au Panthéon des grands écrivains américains du XXème siècle." Je ne suis pas suffisamment spécialisée en littérature américaine pour plussoyer mais en tous les cas, je peux dire que j'ai trouvé ce roman, le premier de l'auteur, d'une grande intelligence, parfaitement raconté et magnifiquement maîtrisé. Il débute en juin 1957 dans une petite ville du sud des Etats-Unis, quand Tucker Caliban, descendant d'esclaves noirs, jeune fermier, recouvre son champ de sel, coupe l'unique arbre planté sur le terrain, abat son cheval et sa vache, et met le feu à sa maison avant de quitter la ville. le lendemain, toute la population noire de l'Etat part à son tour en direction du nord.

Dans cet ouvrage, le jeune écrivain – il avait vingt-quatre ans – fait entendre une toute autre voix que l'officielle de l'époque, s'agissant de la ségrégation raciale, "un autre tambour" en quelque sorte. Ses talents de conteur incontestables font de son roman un récit très réussi et la traduction n'est pas en reste qui utilise magnifiquement – entre autres – l'imparfait du subjonctif. Les personnages, blancs, qui devisent sur ce phénomène incompréhensible, sur ses répercussions sur l'avenir de la ville désormais privée de la moitié de ses occupants sont tous particulièrement bien décrits. Et les propos tenus, les questions posées sur cet exode montrent à quel point la liberté à cette époque et dans ce pays était un mot peu usité.

Histoire engagée s'il en est, passionnante, émouvante et originale par la manière qu'a ce romancier noir d'imaginer les réflexions des blancs, elle se dévore tambour battant. Une très belle lecture.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Du jour au lendemain, les résidents noirs d'une petite ville imaginaire d'un État du Sud désertent, à la suite de l'acte de protestation d'un jeune fermier, descendant d'esclave. Pourquoi ?

J'aime tomber en amour avec un roman parfois dès les premières lignes sans vraiment savoir Pourquoi et Où cet élan me conduira. Je me suis donc laissée guider par la voix de WILLIAM MELVIN KELLEY. Un Baldwin qui aurait été ignoré pendant toutes ces années.

Ce livre est éternel, sa trace restera imprégnée dans le papier même si l'écriture ici tient beaucoup du récit oral et résonne comme le chant d'un tambour.
C'est ce qui fait tout le charme et toute la puissance du récit.
La plume est belle. Elle chante. La plume est actuelle. Elle crisse sur le tableau 2020 comme une craie dérangeante nous rappelant que l'histoire (factuelle ou romancée) est souvent un éternel recommencement auquel nous pouvons dire STOP.

"N'importe qui, oui, n'importe qui peut briser ses chaînes.
Ce courage, aussi profondément enfoui soit-il, attend toujours d'être révélé. Il suffit de savoir l'amadouer et d'employer les mots appropriés, et il surgira, rugissant comme un tigre."

Dire que cet auteur avait moins de 25 ans lorsqu'il a écrit ce premier roman. Son analyse de la situation politique, sociale et économique est d'une finesse qui laisse pantois et d'un écho troublant encore et toujours aujourd'hui.

"Mais ce Sud (*) tel qu'il pourrait être n'est réalisable que si les gens adoptent un nouveau mode de vie. Nous devons abandonner nos vieux schémas et arrêter d'idolâtrer le passé pour nous tourner vers l'avenir" (* remplacer le Sud par le Monde, 1962 - 2020)

Scénario:
Juin 1957. Un après-midi, dans une petite ville du Sud profond des États-Unis, Tucker Caliban, un jeune fermier noir, recouvre de sel son champ, abat sa vache et son cheval, met le feu à sa maison, puis quitte la ville. le jour suivant, toute la population noire déserte la ville à son tour.
Quel sens donner à cet exode spontané ? Quelles conséquences pour la ville, soudain vidée d'un tiers de ses habitants ?
L'histoire est racontée par ceux qui restent : les Blancs. Des enfants, hommes et femmes, libéraux ou conservateurs.

Une histoire alternative et audacieuse, publiée en 1962, un roman choc, tant par sa qualité littéraire que sa vision politique. En multipliant et décalant les points de vue, Kelley pose de façon inédite (et incroyablement gonflée pour l'époque) la « question raciale »

- Lecture du 03/11/2020 -
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Partenariat N°4 du Picabo River Book Club et les éditions Delcourt,

J'aime ces romans où on entre tout de suite dans l'histoire, où il n'y a pas de mise en place laborieuse des différents éléments.
Il y a dans ce roman quelque chose de l'ordre de la légende.
La légende de l'Africain, arrivé sur un bateau négrier, fort comme cent hommes, sauvage comme sa terre natale.

Ce roman m'évoque la tradition orale, celle des griots africains, tradition que je ne connais pas mais qui est surement arrivée à mon esprit à cause de toute l'introduction sur l'Africain. Ça ressemblait à un conte avec toutes les exagération qu'on y trouve et une bonne part de légende un peu magique.

Chaque chapitre, sauf deux, est l'histoire d'un des différents protagonistes , et c'est intéressant parce que ça raconte presque des histoires différentes, selon l'age de celui qui raconte, selon qu'il est un homme ou une femme.

C'est l'époque de la ségrégation, où le racisme n'est pas choquant, sauf pour les noirs et ceux qui les aiment.
Mais même ceux qui les aiment peuvent trouver surprenant que les barrières s'effacent : « Il me parut étrange d'être en voiture avec autant de Noirs, bien qu'ils fussent mes amis »

J'ai eu l'impression d'observer tout ce petit monde à la loupe, comme on observerait un petit peuple de fourmis qui vaque avec chacun ses occupations bien définies, bien prédéterminées.

J'ai beaucoup aimé même si je ne suis pas sure d'avoir bien tout compris. C'est Tucker Caliban, parce qu'il est le descendant de l'Africain et que par conséquent la révolte coule dans ses veines... mais pourquoi spécialement cette réaction là à ce moment là, pourquoi les autres le suivent dans ses actes, dans son exode, dans son envie de partir ? Quel a été le déclencheur ? Est-ce qu'ils étaient en communion spirituelle sans le savoir ?

Quand les choses sont suggérées plutôt qu'expliquées dans un roman, mon esprit se perd, je zigzague d'une hypothèse à l'autre sans jamais vraiment réussir à m'arrêter sur une.

Il y a en tout cas une évidence dans ce roman, c'est que beaucoup d'américains méprisaient les noirs mais qu'ils voulaient quand-même les garder près d'eux.

Merci au Picabo River Book Club et aux Editions Delcourt de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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