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Lisa Rosenbaum (Traducteur)
EAN : 9782264075611
288 pages
10-18 (13/08/2020)
4.06/5   146 notes
Résumé :
Traduit de l’anglais (États-Unis) par LISA ROSENBAUM.

Juin 1957. Un après-midi dans une petite ville du Sud profond des États-Unis , Tucker Caliban, un jeune fermier noir, recouvre de sel son champ, abat sa vache et son cheval, met le feu à sa maison, puis quitte la ville. Le jour suivant, toute la population noire déserte la ville à son tour.
Quel sens donner à cet exode spontané ? Quelles conséquences pour la ville soudain vidée d’un tiers de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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1957. Une petite ville imaginaire, au plus profond du Sud américain, connaît soudain l'exode spontané de toute sa population noire, soit un tiers de ses habitants. Médusés, les blancs observent ce départ massif, déclenché semble-t-il par un certain Tucker Caliban, descendant d'un esclave demeuré dans la légende pour son incoercible refus de la soumission. Tandis que les souvenirs des temps anciens reviennent aux mémoires, chacun réagit en fonction de son vécu, de ses sensibilités politiques et raciales, de ses inquiétudes quant à l'avenir, avec violence pour la majorité, avec un certain bonheur pour quelques-uns, qui avaient un jour rêvé d'un monde plus juste et plus égalitaire entre les communautés noire et blanche.


Cette fable, écrite en 1962 par un Afro-américain, a évidemment une grande portée symbolique : alors que rien ni personne, pas même les organisations politiques noires, ne semblent alors capables de faire reculer la ségrégation raciale, cette histoire fait entendre un autre tambour, celui que chacun est libre d'écouter individuellement au fond de lui-même, pour oser sortir des rangs et agir spontanément, à la mesure de ses moyens. A partir d'un terrible constat d'échec collectif, l'auteur construit un formidable et magnifique message d'espoir, convaincu que le changement pourra venir des multiples petites initiatives individuelles, si modestes soit-elles : ce sont elles qui finiront par modifier la société.


Dotée par ailleurs de grandes qualités littéraires, à commencer par une puissance d'évocation toute cinématographique et un indéniable talent de conteur, cette oeuvre engagée appelle chacun à se comporter en homme libre, droit dans ses bottes et fidèle à lui-même, quand, autour, tout n'est qu'aliénation, raciale, ou autre d'ailleurs...

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Prenez un Etat imaginaire des Etats-Unis, coincé là tout en bas entre Alabama et Mississippi. Voilà, vous situez géographiquement.
Prenez un événement tout aussi imaginaire qui se déroule dans ce même Etat en 1957, à savoir le soudain départ de toute la population noire vers le nord, pour toujours. Vous situez maintenant l'époque et le contexte racial.
Observez alors le départ des "nègres" à travers le regard abasourdi des Blancs. Un exode sans crier gare, apparemment déclenché par les agissements insensés de Tucker Caliban, un jeune fermier noir qui, en quelques heures, épand du sel sur son champ, abat son cheval et sa vache, met le feu à sa maison et quitte les lieux sans mot dire, avec sa femme enceinte. Sous la véranda de l'épicerie locale, les Blancs assistent à ce départ massif, spontané et silencieux, et se perdent en conjectures. D'autres voix s'élèvent alors du passé pour poser les jalons d'une explication. Ce sont principalement celles de la famille (blanche) Willson, dont un membre a autrefois acheté l'Africain, ancêtre de Tucker, à un négrier. Jusqu'à ce jour de 1957, les Willson ont été liés aux Caliban. Après l'abolition de l'esclavage, ces derniers ont continué à travailler pour leurs anciens maîtres, jusqu'à ce que Tucker s'en détache définitivement en leur achetant un lopin de terre pour le cultiver pour son propre compte. On observe, sur quatre générations, un long processus d'émancipation, en suivant en parallèle les Willson de plus en plus progressistes au fil du temps, et les Caliban, passant de l'esclavage à la liberté, au fil de ce même temps. Mais cette liberté gagnée ne suffira pas à éviter le départ de Tucker, ni les regrets de Dewey Willson, qui aurait pu aider à faire progresser les esprits si seulement il y avait mis un peu plus d'engagement et de courage. Mais au final l'un reste sur place et l'autre avance, mettant en oeuvre sa propre conception de la liberté, hors de la politique et des mouvements pour les droits civiques.

Je dois avouer que ce roman m'a laissée perplexe. Remarqué à sa publication en 1962 pour l'originalité de son sujet (le point de vue des Blancs décrit par un Noir, en pleine ségrégation raciale), par la jeunesse de son auteur (un premier roman, en plus), propose-t-il une solution radicale au racisme, le départ des Noirs vers des régions plus libérales ? Pour moi, la raison de cet exode impulsif reste confuse. Plus clair est le message qui passe à travers les mots de Thoreau, en exergue : écouter et suivre la musique de notre propre tambour intérieur même (et surtout) si elle est différente de celle des autres.

En partenariat avec les Editions Delcourt grâce au Picabo River Book Club.
#PicaboRiverBookClub
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Il y a des thèmes sur lesquels on pourrait croire avoir tout vu, ou plutôt, tout lu. La ségrégation aux États-Unis en est un, à en juger par les oeuvres de (liste non exhaustive…) William Faulkner, Harper Lee, Paul Beatty, Carson McCullers, Toni Morrison, Joël Norst, Richard Powers ou encore Greg Iles.

Paru en 1962 aux États-Unis, mais aujourd'hui seulement en version française, Un autre tambour de William Melvin Kelley -traduit par Lisa Rosenbaum- trouve cependant toute sa place dans cette histoire (toujours en cours…) de la lutte pour l'égalité raciale en Amérique. L'originalité du récit, l'angle choisi pour le relater mais aussi la force de l'écriture de Kelley en font un grand livre, étonnamment mâture pour un jeune auteur de 24 ans.

Un autre tambour est une fable ou un conte, qui voit l'ensemble de la population noire de Sutton, une petite ville imaginaire du « deep south » des États-Unis, quitter en masse la ville ; du jour au lendemain ; dans un même et incompréhensible élan ; sous les yeux médusés et incrédules des spectateurs blancs. « Get up, stand up… » aurait dit Bob, mais à Sutton, celui qui s'est levé, c'est Tucker Caliban, probablement et paradoxalement le noir qui semblait le plus « intégré » à la population blanche de Sutton.

Cette fable, Kelley prend le parti de nous la raconter via le prisme de cette population blanche, d'abord comme au spectacle, puis frappée d'incompréhension pour un phénomène qui la dépasse. À cette incompréhension, il oppose la longue maturation de cette volonté de libération de la population noire. À travers le récit de la vie locale sur trois générations et les témoignages de ses habitants, cette maturation prend sens pour le lecteur qui en saisit peu à peu les origines et la cohérence.

Un autre tambour, c'est aussi un roman engagé, comparant la destinée de David Willson, qui aurait pu changer les choses et le cours de sa vie par la même occasion, à celle de Tucker Caliban, qui a mis en oeuvre les conditions du changement. L'histoire du résigné et de ses regrets, face à celui qui ose suivre la petite musique que lui seul entend, porteuse d'espoirs et de fierté. Ensemble, tout aurait pourtant été plus simple, plus rapide, plus prometteur…

« Quand un homme ne marche pas du même pas que ses compagnons, c'est peut-être parce qu'il entend battre un autre tambour. » À l'invitation de Thoreau, William Melvin Kelley nous appelle avec force à suivre la petite musique différente des autres tambours. Un livre marquant et bigrement réussi !
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Quelle finesse d'analyse, quel style maitrisé, quelle acuité, quel talent Monsieur William Melvin Kelley !

Un autre tambour est son premier livre, écrit à seulement 24 ans, et il y a de quoi rester béat d'admiration devant tant de maturité sur la compréhension de la nature humaine. Sans manichéisme et tout en subtilité il nous fait voir au travers du regard de ses personnages - des Blancs - pourquoi Tucker, un jeune fermier noir, anéantit tout : ses bêtes, ses champs et sa maison pour quitter Sutton, petite ville du Sud profond où sévit toujours en 1957 une ségrégation raciale nauséabonde et ancrée comme étant dans l'ordre des choses. Tucker bouleversera cet "ordre" et sèmera avec lui le départ de tous les Noirs et les questions de tous les Blancs qui pensent pouvoir très bien se passer d'eux...

J'ai pris énormément de plaisir à lire Un autre tambour qui est un kaléidoscope d'une histoire polyphonique.
Une histoire qui est aussi l'Histoire de la question raciale des Etats-Unis où liberté et dignité n'étaient pas accordées à ceux qui pourtant ont érigé ce pays. Un pays qui n'a jamais accordé de place à ses propres citoyens noirs, considérés non comme des étrangers, mais pis, déconsidérés jusqu'à n'être que des Nègres. Et comme le disait James Baldwin "Si je ne suis pas un nègre, ici, et que vous l'avez inventé, alors vous devez trouver pourquoi. Et l'avenir du pays dépend de cela, de si oui ou non le pays est capable de se poser cette question."
Et ce livre fait précisément écho à cette question.
Question tristement actuelle. Encore.

"Le géant oublié de la littérature américaine" peut-on lire sur la couverture. Et pour une fois il ne s'agit pas d'un vain effet d'annonce.
William Melvin Kelley est un grand écrivain à découvrir, assurément.
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UN AUTRE TAMBOUR de William Melvin Kelley
Traduit par Lisa Rosenbaum

Éditions Delcourt

UN AUTRE TAMBOUR a été publié pour la première fois en 1962 aux USA puis, après avoir fait scandale, il est tombé aux oubliettes... Mais tel le phénix qui resurgit de ses cendres, il a été réédité en 2019 par les génialissimes éditions Delcourt.

L'histoire se déroule en 1957 dans un état fictif du sud des états-unis. Tucker Caliban, descendant d'un esclave rebelle, quitte la ville après avoir volontairement détruit la totalité de ses biens. Ce départ sert d'exemple à toute la population noire qui partira à son tour en laissant les blancs s'interroger sur l'énigme de cet exode massif.

L'originalité de ce livre est d'être raconté uniquement par les personnages blancs qui assistent à cette "migration". Des blancs bien incapables de comprendre ce soudain refus des afro-américains de continuer à vivre dans des conditions de subordination.
Voilà donc ce qui choqua tant le lecteur blanc et "bien pensant" américain lors de la parution initiale de ce roman : comment un auteur d'origine africaine osait-il penser à la place des blancs ? Car c'est bien connu, ce qui est permis aux blancs est interdit aux auteurs dont la peau est plus foncée... intolérance quand tu nous tient !

Pour en revenir au phénix, un de ses pouvoirs est de lire dans le coeur des hommes et de débusquer ceux dont les intentions sont impures... Et c'est bien ce que fait William Melvin Kelley en décrivant une Amérique blanche qui tient fermement à sa (soi-disant) supériorité morale blanche et sur ce qui en découle : l'hostilité raciale ! Mais il attire également notre attention sur le lien entre l'oppression et la bigoterie.

Ce livre nous propose une étude sans faille de la psyché sud-américaine blanche à l'aube du mouvement des droits civiques et il délivre un message très négatif sur l'évolution des mentalités. 60 ans plus tard, il est toujours d'actualité et, comme c'est un grand livre intemporel, on peut parfaitement le transposer à d'autres crises bien réelles d'aujourd'hui.

Pour en finir avec le phénix, son origine remonterait à l'Egypte antique et serait liée au dieu solaire Râ... Râ étant représenté par un faucon surmonté d'un disque solaire. Et si ce n'est pas un soleil couchant que l'on retrouve sur la couverture, qu'est-ce que c'est ?

UN AUTRE TAMBOUR de William Melvin kelley est un livre essentiel qu'il faut absolument avoir lu au moins une fois dans sa vie.

Je remercie les éditions Delcourt ainsi que le Picabo River Book Club pour cette lecture.
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critiques presse (1)
Actualitte
27 janvier 2020
Un autre tambour de William Melvin Kelle nous permet d’entendre un autre son dans la lutte contre la ségrégation, contre les relents psychologiques et les réflexes idéologiques de l’esclavage ancrés dans les mentalités sclérosées.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
On a une seule chance dans la vie, c’est quand on peut faire quelque chose et qu’on a envie de la faire. Quand c’est pas le cas, ça sert à rien d’essayer. Pourquoi on le ferait si on n’a pas envie ? Et quand on a envie, et qu’on peut pas, ça revient à se cogner la tête contre une voiture qui roule à 150 à l’heure. Vaut mieux renoncer quand on a pas ces deux choses-là. Mais quand on les a et qu’on en profite pas, on n’a plus qu’à tirer un trait sur tout ce qu’on voulait faire ; on a laissé passer sa chance, pour toujours. »
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Il était toujours tôt, les champs, les buissons et les hautes herbes portaient encore les cheveux d'ange du brouillard,
qui monte comme la vapeur du café de papa.
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Quand je regarde autour de moi, ici, dans le Sud, je ne vois que pauvreté, misère, injustice et malheur. J’aime profondément mon pays, et bien que cela puisse paraître affreusement sentimental, j’ai envie de pleurer chaque fois que je le vois tel qu’il est et le compare à ce que, d’après mes conceptions, il pourrait être. En des temps aussi durs que les nôtres, avec le krach de Wall Street et la Dépression, la situation du Sud, qui était déjà plus mauvaise que celle du reste du pays, s’est encore aggravée. Mais ce Sud tel qu’il pourrait être n’est réalisable que si les gens d’ici trouvent et adoptent un nouveau mode de vie. Nous devons abandonner nos vieux schémas et nous arrêter d’idolâtrer le passé pour nous tourner vers l’avenir.
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Tous avait lu la déclaration du gouverneur : " il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Nous n'avons jamais eu besoin d'eux, nous n'avons jamais voulu d'eux et nous nous en passerons fort bien. Le Sud s'en passera fort bien. Quoique notre population s'en trouve diminuée d'un tiers, tout ira très bien. Il nous reste quantité d'hommes de valeur."
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Le capitaine frotta la blessure graisseuse qu'il avait au front : Vous ne comprenez pas? il est leur chef. Il suffit qu'il dise un mot et nous aurons plus d'embêtement que Dieu a de fidèles. et moi j'en ai eu déjà suffisamment comme ça! Et de nouveau, il frotta sa blessure!"
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