L'autre mystère Kennedy
Je dois dire que je commençais à désespérer de mon rapport à
Douglas Kennedy tant sa lecture s'apparentait pour moi, au régime de la douche écossaise.
"Cul de sac" ne m'avait pas emballé, sa 2ème partie s'enlisant dans une invraisemblance assez ennuyeuse. "
Une relation dangereuse" m'avait davantage plu et rendu curieux. En revanche, "
La Femme du Vème" a été une grande déception, tant par l'écriture très quelconque que par le côté fantastique dans lequel baignait l'histoire.
Comme je suis têtu, nouvelle tentative avec "Les charmes...".
Enfin !
On retrouve bien sûr ici les manies de l'auteur qui coupe à peu près ses romans en 3, selon une tactique finalement semblable d'un livre à l'autre : on installe d'abord le personnage, on le fait vivre jusqu'aux premiers événements qui vont déclencher le dérangement de la 2ème partie où le personnage va errer de déconvenues en coups du sort, avant le salut final de la 3ème partie.
ATTENTION : résumé. Ne lisez plus si vous souhaitez garder le suspense entier !
Ici, on assiste dans un premier temps à la mise en place d'une vie subie. C'est celle d'Hannah Buchan, jeune étudiante pleine de rêves, mais un peu étouffée par la forte personnalité de ses parents, lui prof contestataire au temps du Vietnam, elle, artiste pathologiquement intransigeante.
Très vite, en dépit de son sentiment de se conformer un peu facilement au schéma tracé dont elle aurait voulu s'écarter un tant soit peu, elle épouse Dan, un jeune médecin raisonnable (il va choisir l'orthopédie comme spécialité, c'est pour dire si c'est le pied).
Elle entame sa vie de couple avec enfant par quelques mois dans un village, premier point de chute de son mari, loin de tout, au fond du Maine si cher à Stephen King. La jeune femme s'ennuie et par (presque) hasard, se trouve en contact avec un jeune et brillant révolutionnaire avec qui elle va avoir une brève aventure avant de découvrir qu'il l'a manipulée et utilisée comme planque et comme moyen de passer la frontière canadienne. Fin des illusions, acceptation définitive de sa condition de femme rangée et fin de la 1ère partie.
La 2ème partie du récit commence 30 ans après. Hannah est devenue enseignante et l'évolution professionnelle de son mari aidant, elle mène une vie aisée.
Le 1er coup du sort intervient avec la disparition de sa fille, larguée par son amant marié et larguée encore plus dans sa tête, sombrant dans la folie. Un malheur n'arrivant jamais seul, le jeune révolutionnaire beau parleur repenti, refait surface en abordant dans une autobiographie sa rencontre avec Hannah, dans laquelle il se donne le beau rôle.
De mère éplorée et victime, Hannah va devenir sous le poids du déchaînement médiatique de l'Amérique conservatrice, le symbole de la dépravation de la jeunesse soixante-huitarde.
Paradoxalement, ces épreuves vont sortir Hannah de sa position de velléitaire et elle va démontrer toute sa force de caractère pour s'affirmer contre tous ceux qui la jugent, ses voisins, son mari, son fils.
Pour une fois, DK n'est pas trop prévisible. Alors qu'on se doute que son péché de jeunesse va réapparaître à un moment ou un autre, il fait intervenir prioritairement un autre événement (disparition de sa fille). du coup, l'irruption sans surprise du Che Guevara des facs, est habile et permet d'entamer une description intéressante des excès de l'Amérique réactionnaire et l'exposition de la banale veulerie des foules.
Au delà, DK montre un certain talent pour pénétrer la sensibilité féminine -du moins l'idée que je m'en fais- comme il l'avait déjà fait avec la dépression post-natale très crédible dans "
Une relation dangereuse". Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants les parents d'Hannah et sa meilleure amie notamment.
Finalement, je vais peut être retenter le coup avec DK.
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