Leila se mit à gémir. Cette torche virile qui s'enfonçait en elle faisait fondre ses chairs les plus secrètes, transformant le creux intime de sa féminité en un creuset où bouillonnait de l'or en fusion. Un vertige indicible s'empara d'elle, s'amplifia, éclata soudain comme une grenade explosive qui déchire un corps au combat. Elle poussa un cri rauque, se tordit comme une branche lancée dans un brasier.
Coplan eut l'impression qu'il se trouvait dans le décor d'un de ces films britanniques de série B où tout est si caractéristique et si conventionnel : les boiseries, les hauts plafonds, les chiens, les pelouses ; tout le monde connaît cela. Ici, en plus, il y avait un désordre sympathique de vêtements de pluie suspendus à un immense portemanteau, des douzaines de bottes de cuir, des cravaches, etc. C'était vraiment LE château anglais du Sussex.
Pour se rendre chaque semaine à la réunion des Frères Musulmans, Mustafa Khalani enfilait par décence, par dessus son complet gris foncé, une longue galabieh blanche qui lui tombait jusqu'aux chevilles. Pour la même raison, il n'utilisait jamais sa limousine de P.D.G, ni les services de son chauffeur privé; il préférait prendre le volant d'une vieille Opel Rekord noire, ce véhicule moins voyant lui paraissant plus démocratique.
- J'ai beaucoup pensé à vous, monsieur Coplan.
- Vraiment ? Et à quel propos ?
- Oh ! comme ça ! dit-elle. Je suppose que vous m'avez fait une grosse impression.