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Critique de tienstiensolivier


It's my turn!

Quand on plonge dans la rivière, 'faut pas s'attendre à en ressortir tout sec. (Cherchez pas, c'est de moi.)

"Et quelquefois, j'ai comme une grande idée." C'est un titre de roman ça?
Il paraît que le titre original lui est venu en écoutant une chanson composée par Leadbelly, "Goodnight Irene". (mais écoutez la version de Tom Waits, en toute subjectivité, c'est la meilleure).

"Yeah, sometimes I live in the country
and sometimes I live in town.
Yeah, and sometimes I take a great notion
I'm gonna jump in the river and drown"

Bref, en cette année 2024 j'ai déjà découvert au moins trois auteurs dont je n'avais jamais rien lu et qui m'ont…
Comment dire?
Ben voilà, à chaque fois que je cherche des superlatifs, je trouve pas.
Il y a John Fante, Philip Roth et Ken Kesey.
Vous avez déjà entendu parler de ce lascar? Oui, c'est celui qui a écrit "Vol au-dessus d'un nid de coucou". Au-dessus ou au-dessous? Je ne sais jamais.

Je vous l'affirme, ce mec est complètement barré. Perché comme vous avez pas idée. Prophète, gourou, il traverse les Etats-Unis avec son schoolbus bariolé accompagné de "ses disciples", les "Merry Pranksters". Mais bon, c'est pas le sujet. Cherchez un peu sur le Net, vous trouverez et peut-être que j'en ferai un petit billet d'humeur quand j'aurai lu "Acid Test" de Tom Wolfe.

En attendant, moi j'ai lu "Et quelquefois j'ai comme une grande idée"
C'est l'histoire d'une grève… mais pas que.
ça raconte une famille de bûcherons dans l'Oregon…
C'est aussi l'histoire de deux frères mais pas que, non plus.
C'est l'histoire d'une v… (vous savez, le truc qui se mange froid).

Il en a pas écrit beaucoup des livres, Ken Kesey, mais après avoir lu celui-ci, je comprends mieux. Il a pas pondu ce machin en deux mois attablé à la terrasse d'un café. C'est pas possible.

Croyez-moi, c'est du lourd, vraiment du lourd au sens littéral et figuré.
Et comme je désire ardemment emporter cette chose livresque sur mon île déserte, j'ai intérêt à nager fort pour atteindre le rivage.

"Epaves et pavés
Sont faits pour se rencontrer
Pour se perdre en retrouvailles"
chantait Bashung et c'est un peu ça.

Un bouquin qui se mérite disent certains.
Un bouquin qui s'apprivoise mais ne se livre pas d'emblée ai-je lu ailleurs. Tout ça est vrai.
Parce que oui, Ken Kesey fait exploser tous les codes narratifs classiques. Écriture aux voix multiples, polyphonique, l'auteur passe d'un narrateur à l'autre sans crier gare. Il joue des parenthèses, de l'italique, de la typographie et bon sang, QUEL PIED!
Aurait-il abusé de quelque substance illicite genre LSD pour rédiger quelques passages? C'est pas impossible dirons-nous.

J'étais tellement impatient de le lire que je l'ai attaqué façon sprinter, trop pressé. Grave erreur.
Le temps de reprendre mon souffle et je l'ai poursuivi façon coureur de fond sans m'inquiéter de la ligne d'arrivée. Parce que, voyez-vous, lire "Et quelquefois j'ai comme une grande idée", cela s'apparente à une course de cross-country. Cela nécessite d'avoir une bonne endurance et d'être capable de changer de rythme rapidement, mais aussi de savoir changer de foulée, plus petite pour les montées, plus longue sur du plat, relâché dans les descentes. Mais le plus important, c'est la hargne, la niaque qui va vous permettre de tenir le dernier kilomètre.

J'aimerais faire une petite dédicace spéciale à Stoner, lecteur babéliote qui a eu la très grande idée de ma parler de ce bijou il y a quelques mois. Merci à toi! Quel cadeau!

Encore une dernière petite chose (ou deux).
Paul Newman a racheté les droits en 1970 je pense, et en a fait un film qui vaut la peine d'être vu. Je l'avais un peu oublié mais à la lecture de certains passages, des images me sont revenues. Des flashs que je vais taire ici pour pas spoiler. Mais avec un acteur formidable, Michael Sarrazin. Vous voyez certainement. C'est lui qui a joué dans "On achève bien les chevaux" de Sydney Pollack.
Et également une sublime chanson pour le générique: "All his children" de Charley Pride.

Et comme j'aime autant la musique que la littérature et parce que ça me fait plaisir de la citer; une des plus grandes poétesses américaine de ce siècle encore vivante aujourd'hui m'a accompagné pendant cette lecture.
Allez écouter "Pissing in the river" de Patti Smith.
Quand vous entendez cette chanson interprétée par la Dame, elle vous explose, vous déchire en confettis emportés dans le grand vent sombre et furieux de son interprétation. C'est beau à pleurer.

C'est immense et éternel comme ce livre dont j'ai bien modestement tenté de vous parler et pour lequel j'ai essayé de vous partager mon enthousiasme.

Me vient une question. Faulkner? J'y vais ou j'attends encore...







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