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3,64

sur 866 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Réfugié dans une école de Syrte, la ville de son adolescence, Mouammar Kadhafi, entre cauchemar, rêve et réalité, attend entouré de ses derniers fidèles de partir se cacher dans un lieu plus sûr. Dans un discours qui frôle le délire mégalomaniaque, il tance ceux qui l'entourent pour leur abattement et tente de se raccrocher aux croyances qui l'ont mené au plus haut.

Mais le point de non-retour est atteint sans que celui qui se considère comme l'élu de Dieu en ait encore conscience. En effet, au fil des heures, le dictateur libyen va vers sa perte à son insu en raison de son incapacité à admettre qu'il est maintenant un homme détesté par tout son peuple qui, devenu son ennemi le plus redoutable, ne veut plus que sa mort.

Quelle idée brillante et périlleuse que celle de ressusciter le dictateur libyen pour qu'il se raconte et nous narre ses dernières heures et sa fin barbare ! Dans ce livre, qu'il faut lire absolument pour sa valeur historique, l'intensité dramatique des faits qui y sont rapportés et le style flamboyant de l'auteur, Yasmina Khadra a pris le risque d'une démarche surprenante et déroutante, mais cela en valait la peine, le résultat est proprement époustouflant.
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Yasmina Khadra nous convie à un bien curieux spectacle : la dernière nuit de Kadhafi. Et nous sommes aux premières loges, puisque nous sommes dans la tête du dictateur.
Elle est mouvementée cette dernière nuit : les manoeuvres militaires, les courtisans qui vont et viennent, mais surtout les pensées qui virevoltent dans la tête du tyran.
Kadhafi revit les évènements marquants de sa vie, de son enfance pauvre qui peut en partie expliquer sa soif de réussite et de pouvoir, jusqu'aux derniers jours.
Sentant sa fin proche, le dictateur dresse le bilan de sa vie et réfléchit à sa façon d'exercer le pouvoir. Mais bien loin de faire profil bas et d'afficher quelques regrets légitimes, il fait preuve d'un immense mépris pour son peuple. Car l'auteur n'a pas cherché du tout à enjoliver son portrait : Kadhafi est présenté sous un jour peur reluisant.
Mégalomane, narcissique, sanguinaire, barbare, bestial, affichant une absence totale de considération pour la vie d'autrui, mais par-dessus tout humain. Et cette humanité mise en avant est terrible et aggrave la culpabilité du monstre : la folie aurait été une excuse trop commode.
Kadhafi est tout sauf fou, il est au contraire très lucide sur ses actes, et j'ai trouvé que c'était l'une des forces du roman. Car n'oublions pas qu'il s'agit d'un roman, même si son réalisme est frappant. À partir d'actions avérées, Yasmina Khadra invente des pensées tout à fait plausibles.
Un récit fort et violent porté par une très belle écriture, comme toujours avec cet auteur. Une lecture marquante.
Pour ceux qui veulent en apprendre plus sur le personnage de Kadhafi, je vous conseille l'excellent livre d'Annick Cojean "Les proies, dans le harem de Kadhafi". Mais attention, il ne s'agit pas d'un roman mais d'un livre écrit suite à une enquête et un recueil minutieux de témoignages. La lecture en est difficile parce qu'il n'y a pas ici la possibilité de se raccrocher au fait que cela puisse être romancé.
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Ce livre m'a laissé une forte impression : celle de vivre aussi la dernière nuit de Mouammar Kadhafi. L'auteur nous démontre que l'être humain est capable du meilleur comme du pire en nous montrant le bon et le mauvais côté du dictateur. Yasmina Khadra a réussi haut la main le challenge d'écrire un livre d'une façon si subjective. Comme avec l'Attentat, nous pouvons ouvrir notre esprit et enfin comprendre des idées et des positions radicalement opposées tout en ne basculant pas pour l'un ou l'autre. Ce roman se lit d'une traite, on ne s'en lasse pas tant l'histoire est haletante et intéressante. On oublierait presque que c'est un roman et non une autobiographie.
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Pour découvrir Kadhafi, rien de mieux qu'une histoire racontée… par Kadhafi lui-même. Ou presque, car c'est Yasmina Khadra qui se met dans la peau du dictateur pour nous livrer l'histoire d'un homme paranoïaque et cruel.
Ambitieux par sa forme et remarquable pour son but et ses effets, ce roman nous fait revivre en flash-back le parcours de Kadhafi et son cheminement depuis son enfance miséreuse jusqu'à l'apogée de son long règne.

Féroce adepte du terrorisme, Kadhafi a régné par la terreur, n'hésitant pas à éliminer sans état d'âme les partisans même qui l'avaient aidé à construire sa légende. Entre deux bouffées d'héroïne l'orgueilleux mégalomane est persuadé de défendre sa patrie, d'être béni des cieux, investi d'un pouvoir divin et prédestiné à la légende.
Yasmina Khadra ose imaginer la dernière journée du Guide et raconte comment traqués comme des bêtes à l'agonie, lui et les siens seront victimes de barbaries inimaginables de la main même du peuple qu'il a tant massacré. La disgrâce du tyran, la ville prise à feu et à sang par le peuple et sa mise à mort ont un air d'apocalypse.
Le langage employé par Yasmina Khadra est plutôt cru et dur, certains passages font froid dans le dos, mais son talent de conteur suffit pour nous peindre une épopée humaine terrifiante.


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Le style de Yasmina Khadra dans la tête de Kadhafi. le lyrisme du texte est à la mesure de la mégalomanie du dictateur. Ce n'est qu'un roman, mais la reconstitution des faits et ce que l'on connait de Kadhafi rendent le texte parfaitement plausible. En ce sens, cette description d'un homme à la fois fou, égocentrique, mystique, cruel, mais aussi jouet de ses faiblesses humaines et finalement cohérent donne à réfléchir. La version de Yasmina Khadra est en tout cas un éclairage possible du personnage.
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Ecrit à la première personne, cet huis clos halluciné est un tour de force romanesque. En s'immisçant dans la tête de Kadhafi, Yasmina Khadra nous fait vivre les dernières heures du dictateur libyen.
Durant la nuit du 19 au 20 octobre 2011, Khadafi se cache dans une école désaffectée, il attend son fils qui devrait venir le libérer.
Seul dans sa nuit, Khadafi redevient Mouanmar et se souvient de son enfance misérable au milieu du clan des Ghous. Est-il le bâtard d'un pilote corse abattu au-dessus de Syrte comme certains le prétendent ?
La violence, la haine ont dirigé sa vie comme un insatiable besoin de revanche.

D'un chapitre à l'autre, Yasmina Khadra passe de la froideur extrême à la prophétie apocalyptique et nous décrit l'horreur brute de cette personnalité cynique mais brave.

Un livre à lire, autant pour le plaisir de retrouver la plume de l'auteur que pour l'intérêt politico-historique qu'il représente.
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J'ai un peu de mal à me concentrer sur la lecture en ce moment, je commence un livre, puis je le laisse car il ne m'enthousiasme pas vraiment pour en prendre un autre. Et pourtant, celui-ci a réussi à me maintenir en haleine, du moins en alerte..


C'est la dernière nuit de Muammar Khadafi et nous la passons avec lui et son entourage proche. Les bombes pleuvent. Il a quitté son bunker et son palais présidentiel pour se réfugier dans une école et il attend des nouvelles de front, notamment de son fils.

Il va y croire jusqu'au bout. Et au fil des ces dernières heures, alors que seuls les fidèles sont toujours là et qu'il les rabroue car ils commencent à douter de la mission divine du Raïs, remontent des souvenirs d'enfance, ainsi que tout son parcours depuis le coup d'état contre le roi, alors qu'il n'est âgé que de vingt-huit ans…

Ce que j'en pense :

C'est un sacré pari de la part de Yasmina Khadra, de raconter ces dernières heures de la vie et du règne de Kadhafi, à la première personne. Il s'est glissé dans la tête du personnage et cela donne un résultat intéressant.

Je suis fascinée par le fonctionnement mental des tyrans, despotes et consorts et ce livre m'a plu. L'auteur a su débusquer les souffrances qui ont entraîné peu à peu le passage dans la folie : il n'a pas connu son père. Des légendes circulent à propos de celui-ci : pour les uns il serait mort en duel, dans le désert, pour d'autres, il serait un enfant illégitime, peut-être même né d'une union de sa mère avec un colon…

Toujours est-il que Muammar va courir toute sa vie derrière la reconnaissance, derrière l'amour paternel qui lui a manqué « C'est vrai que je suis un bâtard, la pisse d'un Corse qui passait par ici ? ».

Il n'a pas de légitimité. L'amour paternel (et probablement maternel quoi qu'il en dise car les femmes, il en a une piètre opinion), vont provoquer le besoin d'être aimé, admiré par tout son peuple mais aussi par le monde entier. Il ne recevra jamais assez de reconnaissance et ira de plus en plus loin dans le défi avec les nations pour être re-connu.

L'armée lui sert de famille, mais ayant été un enfant difficile, récalcitrant, désobéissant aux ordres, il va s'opposer aux chefs jusqu'à parvenir au coup d'Etat. Il va alors prendre tout ce qui lui a été refusé jusqu'à présent.

Il est persuadé, dans son délire mystique, d'entendre Dieu lui parler, le conseiller dans chacune de ses actions et jusqu'au bout il croira en son destin et se croira invincible. Il doute de tout le monde dans sa mégalomanie, il voit des complots partout et ses proches finissent tous torturés dans ses geôles. Il se sent tellement divin, qu'il refuse qu'on le touche, c'est un sacrilège quand un des officier de sa garde pose sa main sur lui pour tenter de le rassurer.

Son point faible, c'est sa famille et les Occidentaux l'ont compris depuis longtemps. Seul, le sort de son fils le fait rester en vie et s'accrocher à l'espoir le plus infime.

La seule chose qu'on peut lui accorder, c'est qu'il a agi, du moins se justifie-t-il ainsi, par amour pour son peuple, pour sa patrie. Il a toujours voulu le mieux pour son peuple et il s'était donné pour mission le bonheur de celui-ci et il y a probablement vraiment cru.

On peut se demander comme pour Hitler avec l'école des beaux-arts de Vienne, si le Raïs aurait été différent si le père de la jeune fille dont il était tombé amoureux ne l'avait pas éconduit de façon aussi méprisante en le renvoyant à sa troupe de Bédouins de façon méprisante et dont il se vengera dès son arrivée au pouvoir.

J'ai bien aimé ce livre même si j'en attendais plus, je l'avoue. J'aurais aimé que Yasmina Khadra creuse plus, aussi bien dans la vie de Kadhafi qu'en ce qui concerne les derniers instants mais je pense qu'il y a très peu d'informations à ce sujet. Mais il a choisi de parler de la dernière nuit et de faire remonter tous les souvenirs comme dans une expérience de mort imminente et assurément je me suis laissée prendre au jeu.

J'attends une vraie biographie et surtout une analyse psychiatrique du Raïs car la personnalité du beau colonel dans son uniforme blanc, c'était quand même quelque chose, dans les années quatre-vingt dix… Je n'ai pas encore lu « Les hirondelles de Kaboul » mais cela fait partie de mes projets.

Une image forte qui revient souvent dans le roman: le cauchemar dans lequel Vincent van Gogh lui apparaît dans les moments importants de sa vie et qui est très important sur plan symbolique...

Note : 7,6/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Quel livre terrible et fabuleux !
Yasmina Khadra nous emmène dans la tête de Mouammar Kadhafi, le temps d'une nuit, sa dernière avant de mourir. On est en Octobre 2011 à Syrte, au milieu des bombes, encerclé par les rebelles, perdu entre passé et présent. Kadhafi le Bédouin se souvient du désert et du bruit du vent sur le sable, de son enfance miséreuse et colérique, de son ascension sociale grâce à l'armée, de son désir d'en finir avec la monarchie qui maintenait le peuple libyen dans la pauvreté ; de sa prise de pouvoir et des progrès qui ont amélioré la vie de ses concitoyens. Il évoque aussi sa conception dictatoriale du pouvoir, et son amertume face à ce peuple qui s'est retourné contre lui. Convaincu d'être "celui par qui le salut arrive", il ne dissimule rien de sa paranoïa de tyran, de ses délires d'héroïnomane, de ses hallucinations auditives -et c'est terrifiant et fascinant à la fois.
J'ai adoré ce portrait -sans rien apprécier du personnage, mais en ayant hautement admiré le talent, l'intelligence et la poésie de l'auteur. En 180 pages, Yasmina Khadra nous emmène dans un pays mystérieux et sans doute splendide, vu à travers les yeux d'un homme devenu fou, comme dans un rêve ou un cauchemar éveillé.
Après cette lecture, on ne peut que déplorer que le Raïs ait, comme le dit un des personnages, "renversé de la main gauche ce qu'il a bâti de la main droite" ; pire, on ne peut que déplorer que les Libyens le regrettent désormais ; et pire encore, que leur pays ait été réduit à une vision de l'enfer pour les migrants assez désespérés pour se résoudre à le traverser.
Reste un beau texte, une lecture marquante, qu'il ne faut pas hésiter à découvrir pour s'ouvrir à d'autres horizons.
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Terré dans un bâtiment désaffecté, à Syrte, Mouammar Kadhafi refuse de croire que les rebelles peuvent renverser son pouvoir et lui retirer le contrôle de la Libye. « Si je suis encore en vie, c'est la preuve que rien n'est perdu. Je suis Mouammar Kadhafi. Cela devrait suffire à garder la foi. Je suis celui par qui le salut arrive. » (p. 12) Kadhafi est certain d'être un bon guide, d'avoir tout fait pour le bonheur de son peuple, alors pourquoi cette révolte ? de l'incompréhension à la colère en passant par la désillusion, la dernière nuit du tyran libyen est l'occasion d'exhumer des souvenirs et de compter les pertes. Non, la Libye ne peut pas tomber comme est tombée la Tunisie. le printemps arabe, non, ce n'est pas possible. « Les révoltes arabes m'ont toujours barbé, un peu comme les montagnes qui accouchent d'une souris. » (p. 43)

Il est loin le petit bédouin qui n'avait que sa hargne et son ambition pour faire oublier l'absence de son père. Fasciné par Van Gogh et la beauté des femmes, Kadhafi semble parfois être un esthète incompris, un génie que l'histoire méprise. « L'orgueil est allergique à la raison. Quand on a dominé les peuples, on s'oublie sur son nuage. » (p. 192) Mais à mesure que ses proches perdent courage et la confiance aveugle qu'ils lui vouaient, le raïs, le « chef » perd peu à peu de sa superbe. le culte de la personnalité dressé à son image s'écroule. « Je suis seul face au destin, et le destin regarde ailleurs. » (p. 171)

Son ultime tentative de fuite se termine par le lynchage que l'on sait. le temps d'une nuit, le lecteur a été plongé dans la folie sublime et baroque de la mégalomanie. « On raconte que je suis mégalomane. C'est faux. Je suis un être d'exception, la providence incarnée que les dieux envient, et qui a su faire de sa cause une religion. » (p. 88 & 89) En donnant la parole à celui que le peuple a foulé aux pieds et dont la mort a donné lieu à des réjouissances, Yasmina Khadra ne rend pas d'hommage. Il ne célèbre pas et il ne porte pas aux nues. Il imagine simplement les derniers instants d'un être dont l'existence est devenue une légende. Il en va des tyrans comme des statues : en les déboulonnant, on les remet en perspective et on les ramène à hauteur d'homme.
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Avalé d'une traite en deux heures, La dernière nuit du Raïs m'a un peu déconcerté mais après réflexion, emballé.

Je m'explique : l'usage de la première personne par Yasmina Khadra pour se glisser dans la peau de Mouammar Khadafi permet d'emblée de se plonger dans le coeur du récit dès les premières pages, sans temps mort, sur un rythme assez enlevé.

Mais rapidement, au fur et à mesure de cette nuit qui n'en finit pas, une forme de malaise s'installe : Khadafi y apparaît presque sincère, pétri de doutes, limite touchant ou attachant... Bref, tout ce que l'on n'a pas envie de ressentir. Ce monstre d'arrogance, de suffisance, de cruauté aurait-il pu avoir une part d'humanité, voire de bonne foi ?

Et puis la raison reprend le dessus. Folie, tout cela n'est que folie. Et vengeance. Celle d'un pauvre bédouin, venu de nulle part, sorti de rien, né d'un père incertain à défaut d'être inconnu. Un jeune révolté rapidement aveuglé par l'absolutisme, le mépris, le despotisme. Et dans ce monde, nul n'est sûr : alors dans le doute, il faut éradiquer, entendez coupez les têtes. Jusqu'au bout de cette ultime nuit.

Alors viennent des pages fortes, de cette dernière nuit où la bête est traquée, sait au fond d'elle-même qu'elle ne s'en sortira pas, mais ne change pas. Ou presque pas. Jusqu'au bout. Prenant sa dernière garde rapprochée comme ultimes témoins de ses délires justificatifs : faire le bonheur d'un peuple contre lui-même. Discours connu... Parfois toujours d'actualité... Finissant seul, abandonné, traqué, quasi martyrisé. Et convoquant Saddam Hussein, Jésus ou Mahomet à la barre de son procès rédempteur.

Et puis on oublie quelques temps que l'on parle de Khadafi. Alors il reste de très belle pages emplies de poésie, de paysages, de souffrances humaines intérieures mais ne pouvant pas sortir.

Voilà, c'est un livre qui se lit vite, mais qui se décante doucement. Un grand cru donc.
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