La montagne, la mer, un bon livre et ça repart. Et si c'était la solution à tout ? Sans doute est-ce l'une des solutions pour pallier la panne de lecture qui me pèse depuis plusieurs mois (années ?). Rien de tel qu'un livre de
Yasmina Khadra, fraîchement distingué du titre de docteur honoris causa par l'Université Polytechnique Hauts-de-France, pour replonger dans le plaisir de lire.
Ce que j'aime ses histoires, sa plume, la profondeur, mais aussi la détresse de ses personnages. J'ai, une fois de plus, plongé au coeur d'une intrigue profonde et intime. J'ai observé la déchéance d'un homme, la longue descente aux enfers d'Adem, le personnage central du récit. Une lente et pernicieuse chute, une errance prolongée pour oublier les autres, mais aussi et surtout pour s'oublier soi-même. S'abîmer pour s'effacer.
La richesse de cette histoire réside non seulement dans la profondeur du personnage d'Adem, mais aussi dans la variété des rencontres qu'il effectue. Mika, Mekki ou encore Hadda deviennent rapidement des figures familières, occultant progressivement le souvenir fantomatique de Dalal, sans jamais parvenir à l'effacer complètement.
Quelle est la place des hommes et des femmes dans un pays en pleine reconstruction ? Comment se construire soi-même lorsque l'on marche sur les sentiers des guerres passées ?
le sel de tous les oublis retrace le destin d'un homme, mais aussi son cheminement intérieur, celui qui gronde et qui refuse de sortir. C'est une tranche de vie décryptée très précisément, une mise à nue de la vie d'un homme et de ses semblables. La place de la femme occupe ici une place primordiale, entre désir et possession. À quel point une rupture peut-elle entraîner une réaction en chaîne et provoquer La Rupture, celle dont on ne se remet jamais vraiment ?
Sommes nous tous condamnée à fouler un jour
le sel de tous les oublis, lorsque la nous aurons séché la mer...