Et la quête du savoir dans un car embrouillé dans les cailloux, ainsi se prolongeait le projet paternel dans la poussière des livres. J'aurais appris par clin d’œil, ficellement du corps, à lire dans un mort, et écrire pour les survivants de mon déracinement - ma génération -, rivé à un double langage.
Est-ce possible, le portrait d'un enfant? Car le passé que je choisis maintenant comme motif à la tension entre mon être et ses évanescences se dépose au gré de ma célébration incantatoire, elle-même prétexte de ma violence rêvée jusqu'au dérangement ou d'une quelconque idée circulaire. Qui écrira son silence, mémoire à la moindre rature?
Qui dira mon passé dans l'effacement d'une page, qui saura varier l'obscurité au seul arrachement d'ailes? Plus que mon vouloir, le voici, le souvenir plaintif, le voici libre de sa figure! Durée de lierre qui ne trahisse pas l'enfant que j'étais, l'enfant fertile qui n'est pas mort en moi!"
Je me voulais écrivain sans en mesurer la souffrance et le vertige. Écrire était une manière de survivre au souvenir, de flotter dans le temps, feuille hasardeuse et trouble
J'écrivais, acte sans désespoir et qui devait subjuguer mon sommeil, mon errance. J'écrivais puisque c'était le seul moyen de disparaître du monde, de me retrancher du chaos, de m' affûter à la solitude.
Vidéo de Abdelkébir Khatibi