Victor Hugo a écrit ces mots à propos de la peine de mort : « Voyez, examinez, réfléchissez. Vous tenez à l'exemple. Pourquoi ? Pour ce qu'il enseigne . Que voulez - vous enseigner avec votre exemple ? Qu'il ne faut pas tuer . Et comment enseignez - vous qu'il ne faut pas tuer ? En tuant ? .
Que reste- t- il de la peine de mort .Rien » page 309 …..
C'est une des réflexions de l'auteure à propos du procès qui se déroula en 1955, en Nouvelle Zélande, le jeune Irlandais
Albert Black, dit « Paddy » accusé d'avoir tué un garçon, immigré de fraîche date , comme lui, crime passionnel,? légitime défense ? au cours d'une rixe dans un bar.
L'auteure d'une manière intelligente , puissante , bien argumentée, convaincante , à l'aide d'un style fluide et délié, déroule les faits ——presque au premier tiers de l'ouvrage ——le lecteur prend fait et cause pour ce pauvre Paddy : influençable, gentil , naïf, poussé à bout, sa vulnérabilité , ses faiblesses , son enfance en Irlande , il est protestant , sa famille marquée par la guerre et les sentiments religieux est très modeste , ses quelques amours fugaces …. Sa propre mère ne peut entreprendre le voyage en Nouvelle Zélande …
Fiona Kidman fait ressortir la condition de migrant , l'insertion toujours délicate , les rejets inéluctables de l'autre , les petits boulots aléatoires, la faiblesse de cette jeunesse venue de Belfast dans l'espoir d'une vie meilleure .
La machine judiciaire s'est mise en branle dans des conditions absurdes .
Le contexte de l'époque n'est pas favorable : en Nouvelle Zélande la peine de mort venait d'être rétablie et le premier Ministre de publier un rapport accusant les immigrés de répandre le vice .
Tout est sujet à rejet , incompréhension , préjugés et suspicion, haine, sectarisme , idées reçues, partis pris, bêtise …inhumanité.
Fiona Kidman examine sans prendre parti le comportement de chacun : parents , juges , amis , jurés , explicite et déjoue avec talent les mécanismes de l'enchaînement implacable , sans chercher à participer ni influencer .
On a l'impression que le jeune Paddy sera pendu à la potence d'une prison d'Auckland , sacrifié vraiment pour des raisons politiques …
C'est une histoire bouleversante : le verdict mortel semble déjà scellé dès les premiers chapitres , rendant impossible toute tentative de défense .
Albert murit , il comprend , au fil des jours l'étendue de sa solitude , son sentiment d'être considéré comme un étranger, venu en Nouvelle Zélande en ayant rêvé un avenir meilleur ..
Un livre touchant , profond, passionnant , poignant .
Le lecteur , attentif, éprouve de la sympathie , de la compassion , de la compréhension pour ce pauvre Paddy,.
J'ai été révoltée par la mise à mort .
Un très bel ouvrage qui fait réfléchir, emprunté par hasard à la médiathèque.