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Citations sur L'Empire des lumières (13)

Le temps n'attend pas. Il faut le prendre.
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À son arrivée à Séoul, ce qui l’avait le plus intimidé, c’étaient justement ces Lotteria. Dans les souterrains de Pyongyang, les fast-foods comme McDonald’s, Burger King ou Lotteria n’existaient pas encore. Aujourd’hui, fréquenter ce genre d’endroit est devenu banal. Mais à l’époque, en 1986, ces enseignes étaient toutes récentes, même au Sud. Au début, Kiyeong n’osait pas entrer dans un Lotteria. Il hésitait sur le trottoir, essayant de comprendre le sens du mot self-service affiché sur la vitrine. Des gens se dirigeaient vers la caisse, d’autres allaient jeter le contenu de leur plateau dans une poubelle et sortaient sans avoir payé. Tous, même des collégiens, se conduisaient avec le plus grand naturel, comme s’ils avaient reçu une formation collective. Kiyeong ne pouvait tout de même pas demander à quelqu’un de l’aider. Un jour, il se décidé enfin à entrer et s’assit à une table. Il resta là un bon moment, mais personne ne vint lui demander ce qu’il voulait. Il observa les clients qui passaient leurs commandes et comprit enfin ce que signifiait le mot “self-service”. Chacun commandait ce qu’il voulait, apportait lui-même son plateau à une table puis débarrassait les restes. C’était ça ça un self-service ? Il finit par s’y habituer. Et il y eut quantité d’autres choses auxquelles il dut s’adapter, des choses qu’on ne lui avait pas apprises à Pyongyang.
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Kim Jong-il, fou de cinéma et d'opéra, avait transformé le pays entier en scène de théâtre. Des rassemblements de quatre-vingt mille jeunes donnaient des spectacles de masse ; chaque jour, aux accents de chants guerriers, de jeunes hommes couraient dans les rues en brandissant des drapeaux rouges. Kim Jong-il avait créé une grande oeuvre épique dans laquelle une poignée de héros côtoyaient plusieurs millions de figurants.
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Enfin le message décisif apparaît :
Au fond de la jarre
sous la lune d’été
une pieuvre rêve
Kiyeong ravale sa salive. En fait, il serait plus exact de dire que chaque particule de sa salive se fraie difficilement un chemin dans sa gorge. Il boit d’un trait son café qui est en train de refroidir à côté de la souris. Si sa mémoire est bonne, ce haïku doit être le message codé signifiant l’ordre n°4.
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Pourquoi l'ordre n° 4 lui a-t-il été signifié ? La police du Sud a peut-être découvert sa véritable identité ou alors il s'est lui-même trahi par mégarde. Or, si cela revient au même, la différence est sensible. Dans la première hypothèse, c'est pour sa sécurité qu'on le rappelle ; dans la seconde, c'est pour le punir. Le problème, c'est qu'il n'a aucun moyen de s'en assurer avant son retour au Nord.
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Le nationalisme insufflé dans l'esprit des Coréens du Nord dès leur plus tendre enfance leur était devenu aussi naturel que le sang qui coulait dans leurs veines. Il perdurait plus que leur vénération quasi religieuse pour les deux Kim qui finirait, elle, par se dissiper un jour ou l'autre. C'était ce que pensait Kiyeong. Chaque rencontre avec Jeong-hun le raffermissait dans sa conviction. Pour ce qui était de la confiance et de la loyauté envers le gouvernement du Nord, Jeong-hun y avait peut-être renoncé. Dès lors qu'il avait quitté le Nord, il ne pouvait que perdre toutes les illusions symptomatiques de la maladie infantile du communisme quant à l'admiration inconditionnelle que les peuples du monde entier vouaient au grand dirigeant Kim II-sung et à la doctrine du Juche. Mais quand il s'agissait des valeurs qu'on lui avait inculquées depuis l'enfance, il refusait d'y toucher. Jamais il ne céderait une parcelle de son attachement aux idées nationalistes, et plus particulièrement à cette notion de peuple uni par la pureté du sang, ni de sa conviction que le peuple coréen constituait une élite parmi les peuples du monde.
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- Écoute, ajoute le devin derrière lui. Quand on est jeune, c'est normal d'avoir des problèmes. C'est la période la plus difficile de la vie. Sois patient. Tout te reviendra sous forme de bonne fortune.
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Ils sortirent par une autre porte et poussèrent aussitôt des exclamations émerveillées. Ils se retrouvaient dans les rues de Séoul illuminées par une multitude d'enseignes au néon. Sur les trottoirs en brique rouge, les gens habillés à la sud-coréenne déambulaient, le visage inexpressif. Un supermarché offrait des montagnes de fruits. À côté dans un bar, on vendait des bières OB. Magasins, poste de police et boîtes de nuit se côtoyaient de façon bizarre. Ils n'avaient jamais vu de rues sud-coréennes de leurs propres yeux, mais cette disposition des lieux ne leur parut pas très naturelle. Quelque chose clochait dans tout cela. À part ça, un quartier entier avait été reconstitué de manière assez réaliste. Il y avait même un mendiant, les jambes dissimulées dans des prothèses, prostré sur le sol, les mains tendues en avant.
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Il enlève sa montre et la dépose dans son tiroir à la place de la montre de plongée Sunnto. Cette montre est le cadeau de mariage de sa femme. Elle est en plaqué or 114 carats et son style démodé manque de classe. De classe ? Kiyeong trouve soudain étrange sa propre perception de l’objet, la sévérité de son jugement esthétique. Dans le pays qu’il a quitté, vous risquiez de gros ennuis à émettre des jugements personnels sur la beauté ou la laideur. Comme dans un cyborg remis à neuf, ses yeux, son coeur et son disque dur ont été remplacés par ce qui se fait dans le Sud. Et cela sans qu’il s’en soit aperçu. Peut-être que quelqu’un l’a anesthésié pendant qu’il dormait et a changé tous ses organes.
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Comme le dit Paul Bourget, il faut vivre comme l’on pense, autrement l’on finit par penser comme l’on vit. Kiyeong a peut-être oublié son destin, mais son destin ne l’a pas oublié.
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