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EAN : 9782809706529
138 pages
Editions Picquier (27/02/2015)
3.4/5   48 notes
Résumé :

"A notre époque, il n'y a que deux voies pour ceux qui aspirent à être un dieu : la création et le crime" : ainsi parle le narrateur, qui explore l'art de détruire autrui. Ce qu'il aime par-dessus tout, c'est révéler leur pulsion de mort à ses victimes, "jusqu'au stade où la personne devient digne d'être mon client". Le passage à l'acte n'est plus que formalité technique, quand compte avant tout ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Il est discret, mystérieux, cultivé, mais aussi méticuleux, doué dans sa partie. Toujours prêt à tout pour faciliter la vie de ses clients. Ou plutôt la mort. Car oui, il permet à ses clients de passer de vie à trépas, un aide au suicide en quelque sorte. Mais ce qu'il aime le plus, c'est raconter par écrit ses missions réussies. Un jour, il publiera anonymement le récit de ses exploits. Des histoires de vie, des histoires de mort. le portrait d'une jeunesse coréenne désemparée. Une artiste performeuse qui refuse photos et vidéos par peur de se faire voler son âme. Une fille facile qui fait l'amour en suçant des chupa chups, couchant avec deux frères, l'un chauffeur d'un taxi ''balles-de-revolver'' qui fonce à 200 à l'heure sur les autoroutes séoulites, l'autre artiste vidéaste. Des destins croisés qui ont pour point commun l'homme qui leur donne le droit et les moyens de se détruire.

Un roman déroutant, dérangeant même, pas facile d'accès en tout cas. La quatrième de couverture parle de polar mais il n'y a ni crime véritable, ni enquête, ni flic. C'est plutôt un conte moderne où la méchante fée serait cet homme énigmatique qui profite de la faiblesse de ses contemporains pour les pousser au suicide. Et il ne manque pas de candidats dans une société qui a perdu ses repères. La dictature renversée, la Corée des années 90 se cherche un idéal, entre boum économique et modernisation. La jeunesse veut tout, tout de suite, très vite, puis se rend compte qu'elle n'a rien à combattre, rien à protéger, plus rien à désirer...
C'est cette société, en manque de luttes, d'engagements, de raisons de vivre que décrit Young-ha KIM dans un roman rageur, pessimiste, étrange et inquiétant. A découvrir.
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Ambiance crépusculaire et mortifère avec La mort à demi-mots. J'ai découvert Kim Young-ha avec Qu'est devenu l'homme coincé dans l'ascenseur puis Ma mémoire assasine. On peut dire qu'il a un style et une vision bien à lui, faits de mordant et de constat sur la société sud-coréenne. Né après la fin de la dictature militaire en Corée du Sud, il est l'un des représentants les plus marquants d'une nouvelle génération d'écrivains.

Le roman nous ramène dans les années 1990. La démocratie l'a emporté sur l'autoritarisme; la jeunesse coréenne s'ouvre à la liberté, à la consommation, à l'envie de vouloir tout... au risque de ne plus rien ressentir véritablement. Désabusée, perdue, ne trouvant plus ni repère ni valeur, une sombre désespérance plane sur beaucoup d'entre eux.

Le narrateur est un homme à la vocation et à la personnalité singulières. Esthète criminel, criminel esthète? Je n'arrive pas à déterminer quel est l'ordre le plus exact. Il "aide'' ses clients, avec beaucoup de perfectionnisme, d'écoute et même de vraie compassion, à en finir avec la vie. Entre deux contrats, il voyage et, entre autre, visite les musées d'art. La peinture, avec Klimt, Van Gogh, David, etc, occupe une partie de ses pensées et offre cette tournure si particulière à sa personnalité.

Kim Young-ha opte pour un récit non linéaire qui déroute un peu au départ, passant de la narration directe du tueur à l'histoire de deux frères juste nommés K et C et d'une jeune femme Seyoun amante des deux, ce qui ne va pas sans provoquer de frictions. A noter que seules deux femmes portent un prénom clairement énoncé dans le roman. Non sans raison.

La mort à demi-mots dressent également le portrait de divers personnages qui semblent tous sur la marge, comme prêts à tomber dans un précipice. Il n'y a guère de joie dans ce roman. Les relations entre les êtres se heurtent à des obstacles paraissant insurmontables, en dépit de l'amour qu'ils font parfois. Èros et Thanatos dans le Séoul des années 1990, c'est ainsi que définit lui-même l'auteur son histoire, comme l'apprend la préface. A noter que je conseille plutôt de lire celle-ci après le roman, du fait de la manie désagréable des auteurs de préface de dévoiler une partie non négligeable de l'intrigue. C'est très énervant; qu'on les colle en postface à la fin!

Ce que je découvre au fil de mes lectures coréennes m'incite à en lire toujours plus. La mort à demi-mots ne vient pas contrarier cette envie. Il est néanmoins un roman sombre et dérangeant. Pour la vie en rose, on repassera. Mais il a de grandes qualités de fond et de forme. Je suis contente que les éditions Picquier publient plusieurs autres titres de Kim Young-ha car voilà un écrivain fascinant.
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C’est un curieux livre, original mais pas particulièrement agréable à lire, premier roman de l’écrivain coréen Young-Ha Kim.
Le narrateur a une spécialité: grâce à une longue expérience, il parvient à repérer les personnes en difficulté et, si l’affaire est conclue, il les aide à se suicider par la méthode de leur choix. Comme l'a noté l’auteur de la préface, « tuer ne l’intéresse pas vraiment; ce qu’il aime, c’est révéler leur pulsion de mort à ses cibles ». Il accomplit ce travail sérieusement et sans états d’âme. Toutefois, son intérêt principal est, ensuite, de consigner par écrit le déroulement de ses "missions" particulièrement réussies. Mais son caractère reste assez mystérieux, quoiqu’il occupe une place de premier plan dans le roman.
Il n'est pas spécialement motivé par l'argent qu'il retire de son business. Mais il lui faut trouver régulièrement des "clients". Young-Ha Kim les met en scène. Il peuple son roman de personnages tous plus "disjonctés" les uns que les autres. Par exemple, cette jeune femme qui a toujours besoin d’avoir une sucette "Chupa Chups" dans la bouche quand elle fait l’amour; pour le moment, elle est la maîtresse de deux frères, en même temps. Ces deux hommes, désignés par les simples initiales C et K, jouent aussi un rôle important, ainsi que quelques autres individus.
L’action se déroule dans les années qui ont suivi la fin de la dictature; de cette période, l'auteur donne une image sombre et même désespérante, notamment en ce qui concerne la jeunesse coréenne qui ne sait pas que faire de sa liberté. Derrière les bizarreries et les absurdités de ces jeunes gens, on sent beaucoup de souffrance non dite. En refermant ce livre, j’ai pensé à l’histoire et à l’ambiance de "Miso soup" du Japonais Murakami Ryu.
Ceci dit, j’ignore absolument si cette image était et reste représentative de la réalité coréenne.
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Le roman de Kim Young-ha s'ouvre sur un bref cours d'Histoire de France, subtilement analysé par un coréen, dont la principale vocation est celle de proposer aux jeunes sud-coréen.nes blasé.es, le meilleur moyen pour les accompagner jusqu'au suicide.

Le narrateur omniscient - puisqu'il arrive à décrire des scènes dont il est absent - s'apparente à Dieu et nous livre une sorte de confession, un futur roman qu'il décide de publier racontant le pourquoi et le comment de la disparition de deux femmes, Seyoun et Mimi.

Le roman noir coréen est à lui seul un genre particulier. Mais celui-ci l'est d'autant plus : très dérangeant par moments, artistiquement poussé, où la Mort et le sexe font partie intégrante de l'intrigue.

Les références qui ont permis l'élaboration du récit sont incrustées dans le texte et servent ainsi de repères, et tant mieux bicause on se retrouve - un peu trop de fois à mon goût, paumé dans l'univers glacial et sans joie de l'auteur (mention spéciale à Sylvia Plath TMTC).

Bizarrement La mort à demi-mots ne plombe absolument pas le moral, et c'est ce que je trouve dingo dans cet exercice ; comment peut-on ressentir cette sorte d'apaisement après avoir exploré ce qui se passe dans la tête d'un tueur méticuleux, sociopathe alors qu'il est dénué de toute méchanceté ?

Le vrai titre coréen de ce roman est une référence directe à une phrase de Sagan qui scandait « j'ai le droit de me détruire », et les oeuvres citées de Delacroix et de Klimt sont pour beaucoup dans l'appréciation du roman, l'auteur est à l'image de son narrateur ; minutieux et organisé.

(et ça a le mérite de me mettre le cul entre deux chaises alors…)

Booyah !

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Livre dont la lecture ne vous laissera certainement pas indemne. On en ressort dérangé, un peu choqué, plus trop en phase avec le monde du dehors... Bien sûr seulement pour quelques heures, mais c'est un des rares romans mettant si puissamment dans un tel état. Livre déroutant au récit déphasé et complètement hors normes, je le recommande très chaudement. C'était une découverte de cet auteur pour moi et je trouve que son talent est indéniable et divergeant des normes actuelles. Je n'attends que ma prochaine lecture de lui.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Une fois arrivé dans la partie sud, on pouvait voir le palais. J'y suis entré d'un pas lent. Il était bondé de jeunes écoliers sans doute en voyage scolaire et de touristes qui regardaient tout à travers leur caméra vidéo en fermant un oeil. Les appareils photographiques japonais ont pratiquement disparu, la mode est maintenant à la caméra vidéo. C'est la gourde de Jinny. Elle avale tout : le palais du Belvédère, le lac devant le palais. Dans la mémoire de ces gens-là, le Belvédère se réduit à une image vaguement esquissée dans un carré bleuté. En cherchant l'immortalité du souvenir, ils sacrifient le présent. C'est désolant mais c'est comme ça.
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Je fais très attention aux gens qui se plongent dans les autoportraits de Van Gogh. Ce sont des solitaires. Ils ont regardé au moins une fois à l'intérieur d'eux mêmes. Ils savent à quel point cette expérience est périlleuse mais aussi quel plaisir intime elle procure.
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"M. Kim a un don certain pour brouiller les pistes : loin de l’autodestruction, son roman expose plutôt, avec talent et cynisme, l’art de détruire autrui. Même si les victimes sont consentantes". - Avant-propos GILLES BAUD BERTHIER
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Ce qu’il aime, c’est révéler leur pulsion de mort à ses cibles, « jusqu’au stade où la personne devient digne d’être mon client ».
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Ceux qui ne savent pas condenser sont impudents, tout comme ceux qui laissent leur vie minable se traîner. Ceux qui ne connaissent pas la beauté de la réduction meurent sans comprendre le sens dramatique de la vie.
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