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EAN : 9782809711097
316 pages
Editions Picquier (02/10/2015)
3.34/5   31 notes
Résumé :
Enfant abandonné des hommes, Jeï est né dans les toilettes d’une gare, a grandi dans un foyer pour enfants. Il possède le don de capter, de sentir la souffrance des autres, humains ou animaux. Il a quinze ans quand il se retrouve à partager la vie pitoyable et violente des jeunes fugueurs dans les rues de Séoul, mais bientôt il s’invente un mode de vie personnel, proche de l’ascèse, se nourrissant de riz cru, lisant les livres trouvés parmi les ordures, il gagne le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'arrivée au monde de Jeï, le héros de J'entends ta voix, n'est pas banal. A sa naissance, sa mère tente de se débarrasser de lui. Sauvé de justesse, une femme le recueille puis l'abandonne. Il vit un temps dans un foyer avant de s'enfuir, de devenir un gamin des rues se mêlant à des bandes qui pratiquent des jeux pervers. Mais, de plus en plus sensible au monde qui l'entoure, véritable capteur humain de la souffrance et même des objets, il poursuit son existence, avant même d'être adulte, à la tête de gangs de motards qui trouent la nuit de Séoul de leurs pétarades, dans un "excitant" jeu de course-poursuite avec la police ... Kim Young-ha n'est pas non plus un écrivain banal. Reconnaissable à son style froid et fluide, il s'est imposé en Corée par ses histoires singulières où il donne la parole aux marginaux, se refusant à distinguer le bien du mal dans des livres habilement construits qui flirtent avec l'onirisme et le fantastique ou, ici, le mysticisme avec la figure de Jeï, sorte de gourou à moto, qui dicte ses propres règles à ses disciples. Plusieurs narrateurs se succèdent dans J'entends ta voix, déroulant une intrigue faussement linéaire, violente et apaisée à la fois. Déroutante parfois mais captivante comme un thriller. L'auteur, lui-même, vient mettre son grain de sel, laissant entendre que le roman n'est pas qu'une fiction. Au lecteur de se faire sa propre religion. Ce que l'on retient avant tout du livre est la description sans concession et souvent crue d'un pan de la jeunesse coréenne qui se sent exclue d'une société policée en surface mais extrêmement agressive pour ceux qui ne suivent pas les règles. En ce sens, le livre rejoint certains films coréens qui, dans leurs excès mêmes, pointent du doigt le dysfonctionnement social d'un pays qui ne laisse d'autre choix que celui d'une normalité aliénante.

Un grand merci à la Masse critique de Babelio et aux Editions Picquier pour l'envoi de cet excellent roman.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Auparavant, j’avais déjà repéré cet auteur avec un roman précédent.
L’univers d’ Young-Ha Kim m’intriguait. Aussi, lorsque le titre « J’entends ta voix » fut proposé parmi la liste de l’opération masse critique. J’ai sauté sur l’occasion …Pour revenir au roman proprement dit, « J’entends ta voix » s’adresse à un public averti ou adulte car les thèmes abordés sont tabous et difficiles : délinquance juvénile, la prostitution et viol, etc. Une jeunesse désœuvrée, livrée à elle-même où le héros n’est autre que Jeï. Né dans un endroit insolite (une gare routière), Jeï est un héros vraiment atypique …D’abord, rejeté et ensuite adulé par les foules, Jeï sera le fil conducteur de cette histoire et sera le chef d’un mouvement de révolte contre l’ordre établi. Tour à tour, d’autres personnages parleront de lui en termes élogieux ou le contraire. Jeï ne laisse pas les gens indifférents. J’ai apprécié ma lecture sauf l’avant dernière partie (le policier), le passage des courses poursuites avec les motards traînait en longueur. Contrairement à la fin, je l’ai trouvée trop rapide. Cela ne m’empêchera pas de lire un autre roman de cet auteur car je sais à quoi m’attendre. Pour ceux qui aiment Ryû Murakami, il est fort probable que vous aimeriez les romans d' Young-Ha Kim.
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Un peu après mon inscription à Babelio, j'ai eu l'occasion de participer à une Masse Critique et j'ai gagné J'entends ta voix, roman du coréen KIM Young-ha. Je remercie donc Babelio et les éditions Philippe Picquier :-)
Si j'ai choisi J'entends ta voix, c'est pour deux choses : son résumé et sa faible ressemblance avec tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. Et en effet, ma lecture m'a confirmé que ce roman est vraiment très loin des mes précédentes lectures...
Jeï, enfant abandonné, est né dans les toilettes de la gare de Séoul. Naissance hors du commun pour un héros hors du commun. Recueilli et élevé par Maman-cochon, il va rencontrer Dong-kyu et vivre une enfance inhabituelle pour devenir à 15 ans, un vagabond errant parmi la jeunesse désœuvrée de Corée.

Quand on lit J'entends ta voix, on plonge dans une culture que l'on a peu l'habitude de voir ou de lire, on découvre un milieu populaire, pauvre, où une mère adolescente accouche seule dans les toilettes d'une gare. On suit parallèlement l'enfance de Dong-kyu qui raconte son histoire et celle de Jeï. Le début est immersif, poisseux et dur...
Globalement d'ailleurs ce n'est pas une histoire joyeuses mais l'écriture de l'auteur apporte un certain onirisme à l'ensemble. S'ils m'avaient accepté, j'aurais bien aimé retourner parmi eux. Quand on est triste, on éprouve tantôt une cuisante douleur, tantôt une amertume froide. Ce jour-là j'étais plutôt dans la deuxième disposition. Pourrais-je dire que mon cœur se couvrait de givre ? Alors que je le sentais se glacer, les larmes vinrent. Je montai le volume de mon MP3, et eux descendirent tous à la station suivante. De leurs mains qui formaient les signes, des oiseaux s'échappaient en battant des ailes. - p. 66
J'entends ta voix est un roman qui m'a fait une forte impression, montrant une jeunesse coréenne livrée à elle-même, violente, désabusée où des groupes de filles et de garçons vivent ensemble, s'échangeant les partenaires, perpétrant des viols collectifs ou se prostituant pour ramener un peu d'argent au groupe. Certains passages sont assez durs, l'auteur montre bien à quel point cette jeunesse vit dans une autre réalité.
Le récit est à plusieurs voix, et l'auteur alterne les narrateurs, montrant ainsi plusieurs faces d'une même histoire. Celle-ci se teinte de fantastique car Jeï est une personnalité à part, extrêmement sensible, il est une sorte de capteur à souffrance qui lui fait ressentir la douleur de toutes choses, humains, animaux mais aussi objets. C'est un héros inhabituel, une sorte d'icône, un gourou à moto qui va attirer derrière lui tous les jeunes isolés et abandonnés de Séoul.
Ce roman est finalement très social, les jeunes n'arrivent pas à se situer dans la société coréenne, se sentant rejetés par les adultes. Ces mêmes adultes qui cherchent à tout prix à leur faire payer le prix de cette place à part, on sent une société dysfonctionnelle, une société où il faut tout faire pour que tout le monde rentre dans des cases.
J'entends ta voix est un roman très intense, que je ne regrette pas d'avoir choisi, il m'a permis de découvrir une autre littérature, une autre culture, une autre réalité. J'ai peut-être parfois eu un peu de mal à entrer dans ce monde si différent du mien et à suivre les pérégrinations de Jeï, mais l'écriture de KIM Young-ha m'a totalement emballé !
Pendant toute cette dernière année, je me suis posé et reposé beaucoup de questions. Sans m'en rendre compte, c'est devenu une habitude. Pourquoi je souffre ? Pourquoi est-ce que je prends sur moi la souffrance des autres ? Que veut dire ce destin que Dieu m'a donné ? Pourquoi je suis encore en vie, moi qui aurais dû mourir à la gare routière, qu'est-ce que ça signifie ? Ce genre de questions. Je suis debout à l'aube et après je traîne ici ou là jusque tard dans la nuit. Je me cherche un coin calme pour lire et réfléchir. Et pourtant je n'ai jamais assez de temps à moi. - p. 147

"Ces jeunes existent partout mais personne ne leur tend l'oreille. Comment les transformer en voix ? Comment traduire ces voix de façon que nous puissions les entendre et nous souvenir d'eux longtemps ? Telles sont les questions auxquelles je pense." (4ème de couverture) Personnellement, je me souviendrais longtemps de Jeï, de Dong-kyu, de Mok-ran et des autres...
Lien : http://revoir1printemps.cana..
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Durant leur enfance, Jei est le soutien indéfectible de Dong-Kyu, un jeune garçon solitaire et sensible. Ils grandissent ensemble dans un environnement difficile et abandonnés par leurs parents. Pourtant, ils s'éloignent peu à peu et Jei devient un marginal. Capable de ressentir la souffrance des animaux et des personnes, il erre dans un Séoul où la cruauté cotoît la misère. Son parcours lui permettra de retrouver Dong-kyu, mais leur amitié résistera-t-elle à la personnalité hors norme de Jei.
J'avoue que mon avis est mitigé. Malgré une très belle plume, originale et pleine d'émotion, la construction du roman m'a paru chaotique. J'ai eu du mal à suivre la narration qui change très souvent de personnage. le mélange des genres entre fantastique et roman dramatique fonctionne bien, mais là aussi j'ai trouvé que c'était brouillon. Ma lecture a donc été ponctuée de périodes très intéressantes et des décrochages car je n'arrivais plus à m'y retrouver dans l'intrigue. Par contre, j'ai trouvé les personnages charismatiques avec une personnalité fouillée. L'émotion est présente tout au long du récit et la période de marginalité est décrite avec beaucoup d'intensité. Ce roman a un certain nombre d'éléments positifs, mais j'ai été lassée par cette impression de confusion.
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Je ne saurais dire si j'ai aimé ce livre. o.o Il est très particulier mais percutant. La lecture a été très prenante. Jeï est le héros de cette histoire, il peut capter la souffrance des autres, humains, animaux, objets. L'histoire de Jeï est racontée en plusieurs parties mais il n'a quasiment jamais le droit à la parole. Dans la première partie, son portrait est dressé par son ami d'enfance avec qui il a grandi, Dong-Kyu. Ce dernier fait un récit à la première personne en racontant leur amitié et les circonstances de la naissance et de l'enfance de Jeï. Dans la deuxième partie, la narration externe se concentre sur la vie de Jeï à quinze ans, dans un orphelinat puis dans un groupe de jeunes. Dans la troisième partie, Dong-Kyu est de retour. Cette fois-ci, tous les deux sont quasiment majeurs. Jeï prend la tête d'un groupe de motards avec Dong-Kyu comme bras-droit et ils font entendre leur colère. La quatrième partie est la continuité de la troisième et se termine par une course ultime contre la police. Une introduction brève et une conclusion beaucoup plus longue apportent des éclaircissements sur la finalité de l'histoire. Les personnages sont difficilement appréciables, ils vivent dans une société violente. Abandons, délinquance, viols, prostitution, violences, etc. sont le quotidien de Jeï puis des nombreuses personnes qui le suivent. Kim Young Ha dresse simplement un portrait de cette jeunesse désabusée. Il l'écoute et lui donne une voix. L'auteur prend la parole dans la dernière partie du livre (est-ce vraiment lui ?) et semble inscrire ce récit dans une écriture biographique.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ce que décrivait Jeï, c’était exactement ce que j'étais en train de vivre. La seule odeur de la pizza me donnait la nausée. Chaque nuit, épuisé, en m'endormant je me demandais si je ne devais pas rentrer à la maison et retourner en cours. Dans ce cas, j'aurais bénéficié d'une illusoire sécurité pendant deux ans au maximum. Ensuite, avec les mauvaises notes que j'aurais eues, je n'aurais aucune chance d'intégrer une bonne université. Retourner en classe n'avait donc pas de sens. Pour autant, je n'aimais pas la vie que je menais. Les jeunes dans la précarité étaient au même niveau que les immigrés clandestins, ou presque. Ils touchaient le minimum et se faisaient humilier, mais ils ne pouvaient rien dire. La plupart n'avaient même pas conscience d'être traités comme des chiens.
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Moteurs coupés, sans un mot, nous nous oubliâmes les uns les autres. C'est Jeï qui reprit le premier :
" Y a rien.
- A part la mer, qu'est-ce que tu veux qu'il y ait à la mer ?" demanda Mok-ran, habituée à la voir chaque été, en Corée ou à l'étranger. Jeong-keun continua, comme pour se défendre :
"Faut dire que c'est pas encore la saison. Et puis y a plein de trucs dedans, des palourdes et tout."
Jeï avait d'emblée saisi l'étrangeté de son néant. Il était renvoyé au passé où il existait pas encore et projeté dans le futur où il ne serait plus. Il éprouva une sorte d'effroi. La mer lui avait révélé une image tangible du temps cosmique, sans commencement ni fin.
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Mais étrangement, ce fait passé lui donna une sensation d'avenir. Maintenant confondu avec une machine, il avait perdu la mesure du temps. La frontière entre les certitudes du passé et l'inconnu du futur devenait floue, les évènements à venir prenaient l'allure d'expériences vécues, et les souvenirs semblaient des prophéties funestes.
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Pendant toute cette dernière année, je me suis posé et reposé beaucoup de questions. Sans m'en rendre compte, c'est devenu une habitude. Pourquoi je souffre ? Pourquoi est-ce que je prends sur moi la souffrance des autres ? Que veut dire ce destin que Dieu m'a donné ? Pourquoi je suis encore en vie, moi qui aurais dû mourir à la gare routière, qu'est-ce que ça signifie ? Ce genre de questions. Je suis debout à l'aube et après je traîne ici ou là jusque tard dans la nuit. Je me cherche un coin calme pour lire et réfléchir. Et pourtant je n'ai jamais assez de temps à moi. - p. 147
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Est-ce qu'on roule à fond pour déstresser ? Non, c'est pas le stress. Qu'est-ce qu'on ressent quand le patron nous donne un coup de plateau sur la tête ? Ou quand des sales gosses nous demandent de livrer à une mauvaise adresse et rigolent en nous regardant de leur balcon ? Ou quand un flic qui cherche à gratter un peu d'argent s'en prend à nous qui sommes des proies faciles, et nous file une amende tout en nous tutoyant ? Non. Le stress c'est quand on n'est pas prêt la veille d'un examen, c'est quand on est pris dans un bouchon alors qu'on est déjà en retard. Mais nous, qu'est-ce qu'on ressent ? De la colère. Ca nous rend dingues, putain. Oui, si on roule à fond, c'est à cause de la rage. Et contre quoi ? Contre ce monde de merde. Mais oui, nos courses sont sauvages, elles ne peuvent être sages. On fait du bruit, on casse des chevalets de pub, on bloque le trafic, et alors seulement on nous regarde. La course, c'est pour montrer notre colère. Comment ? Par la violence. Pourquoi pas avec des mots ? Parce qu'avec des mots on ne peut pas. Et pourquoi ? Parce que nous on ne sait pas parler. Les mots sont pour les adultes. S'ils nous proposent de discuter, c'est parce qu'ils savent qu'ils sont sûrs de gagner.
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