Il n'y avait aucun message d'alerte du genre : "Êtes-vous sûr de vouloir envoyer ce mail ?" ou "Êtes-vous sûr que vous n'allez pas regretter d'avoir envoyé ce mail ?" Bien entendu, il n'y avait pas de fonction pour modifier ou annuler un courrier envoyé. Le regret, à l'affût, est reparti à l'attaque. Mais il n'y avait rien à faire ; au mieux, j'enverrais un jour un mot à Bill Gates pour lui suggérer une nouvelle version de Vista à destination des utilisateurs angoissés.
Au lieu d'une fenêtre réelle, j'avais choisi Windows. Je ne me rendais pas compte sur le moment que les rayons du soleil avaient aussi leur importance et valaient bien vingt mille wons par mois.
On se dit alors que ce n’est pas grave si on loupe une année, on pourra se rattraper sur la prochaine, etc. Je veux dire que, quand on passe une journée agréable, on n’en retient pas forcément grand-chose. Parce qu’on pense qu’elle se répétera. Mais moi, je me suis rendu compte que rien ne se répète. La vie, c’est des moments uniques.
Nous sommes nés dans un pays du Tiers-monde, nous avons grandi dans un pays en développement, nous sommes à la fac dans un pays riche. Et pourtant, aujourd'hui, nous n'avons pas de métier. Tout ceci est aberrant !
En parlant de la Corée.
Nous pensons connaître le monde où nous vivons. Si tel était le cas, on ne serait jamais surpris le matin en ouvrant le journal. En fait, tous les matins, nous nous étonnons, et tous les soirs, nous nous endormons comme si de rien n’était.
Dans une pièce rappelant une cellule de prison, le pessimisme croît plus facilement. Sans s’en apercevoir, on a tôt fait de plonger dans la mélancolie ; on perd l’envie de faire quoi que ce soit. Dans une ferme à la campagne, où les champs s’étendent à perte de vue dès qu’on pousse le portail, il est rare de devenir un dépressif solitaire. Les fleurs sauvages, les papillons, les chiots qui gambadent partout ne nous laissent pas sombrer dans le spleen. Malgré quelques idées noires, on finit par se surprendre, en pleine forme, en train d’arracher les mauvaises herbes. Au contraire, dans un dortoir en ville, l’homme se transforme petit à petit en chenille. On a l’impression d’être dans un cocon, façon Matrix, alimenté par des tuyaux qui nous relient aux autres.
C’est ça la pauvreté. Cet état de honte et de déprime.
Quand je parlais avec elle, j'avais parfois cette impression. C'était comme peler une pêche, doux à l'extérieur, mais arrivé un stade, le couteau ne pouvait plus pénétrer. Le vrai sentiment, le noyau dur restait caché sous la chair tendre.
Experts en rhétorique, les Grecs professaient que, quand vous prenez la parole en public, vous devez procurer à ceux qui vous écoutent de l'émotion ou des connaissances; ou au moins divertir. En lisant ces livres, moi j'avais appris des choses ou piqué des fous rires à me rouler par terre. Et ces livres-là me quittaient à présent.
L’homme est un être cruel. Il aime voir mourir les autres. Le Quiz est comme ces combats de gladiateurs au temps de Rome. En voyant des gens comme eux souffrir, les gens ordinaires se rassurent. Parce qu’ils voient les autres mourir à leur place.