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Citations sur L'homme qui savait la langue des serpents (191)

Nous ne combattions que pour notre plaisir, et parce que dans ce monde nouveau nous ne savions rien faire d'autre. Nous n'étions pas en quête de reconnaissance, ni d'un refuge où lécher nos blessures. Nous avancions toujours tels une tempête, assaillant tout ce qui nous faisait obstacle, mordant, frappant, tuant. L'un et l'autre, nous brûlions de la folie des combats, et nous savions que lorsqu'elle s'éteindrait, ce serait la mort
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Ils affirmaient qu'ils se sentaient en bien meilleure forme à présent et que cette mode de vie ancestrale était la seule clé de la paix et du bonheur. Moi il me semblait que cette existence arboricole impliquait une gymnastique inutilement pénible et j'avais peine à voir Pirre monter lentement et maladroitement à un sapin en grimaçant lorsqu'une branche lui piquait son instrument qui pendait à l'air libre. C'était quand même des humains, pas des singes. Grimper aux arbres ne leur était ni naturel ni aisé. Et puis il n'étaient plus tout jeunes. Ils avaient le poil gris et peinaient beaucoup à garder l'équilibre sur une branche, mais au nom de tous les principes ils étaient prêts à se torturer de toutes les manières possibles. Pourtant j'allais souvent les voir, car il n'y avait personne d'autre à visiter et puis malgré leurs idéaux bizarres c'était quand même des gentils australopithèques.
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À vrai dire, je ne sors plus très souvent, je fais surface une fois par semaine peut-être, pour aller prendre de l’eau à la source. Je me lave et je lave ma protégée, elle est toute
chaude. Il faut beaucoup d’eau, plusieurs allées et venues ; mais il est bien rare qu’en chemin je rencontre quelqu’un avec qui échanger quelques mots. La plupart du temps il
n’y a pas âme qui vive, une ou deux fois je suis tombé sur un chevreuil ou sur un sanglier ; mais ils se sont faits froussards, ils me craignent rien qu’à l’odeur. Quand je siffle, ils se
figent sur place, ils me fixent d’un air borné, les yeux ronds, sans s’approcher. En voilà un prodige : un homme qui sait la langue des serpents ! Cela les effraye encore plus : ils sauteraient volontiers tête première dans les fourrés, ils prendraient leurs pattes à leur cou pour mettre toute la distance possible entre eux et cette monstruosité — mais pas moyen : les mots, les mots des serpents, les en empêchent. Je siffle encore, plus fort ; sévèrement, je leur ordonne de venir auprès de moi. Ils brament désespérément, ils se traînent vers moi à contrecœur. Je pourrais prendre pitié d’eux et les laisser s’en aller, mais à quoi bon ? Il y a en moi une étrange colère envers ces créatures qui ont tout oublié des anciennes coutumes et bondissent dans les sous-bois comme si, de toute éternité, ceux-ci n’avaient été créés que pour qu’elles s’y ébattent librement. Alors je siffle encore, et cette fois les mots que je siffle sont comme une fondrière dont il est impossible de s’extraire. Perdant toute volonté, les bêtes se ruent sur moi comme des flèches tandis que leurs entrailles explosent sous l’effet de cette tension insupportable. Les ventres se déchirent comme des pantalons trop serrés et les intestins se répandent sur l’herbe. C’est un spectacle répugnant, et je n’en ai guère de joie, mais jamais je ne m’abstiens d’éprouver mon pouvoir.
Est-ce ma faute si ces brutes ne savent plus la langue des serpents que mes ancêtres leur ont enseignée jadis ?
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Les hommes vivent d'espoir, aussi ténu soit il : ils ne se satisfont jamais de l'idée que quelque chose soit irrémédiable.
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Bien peu de femmes leur résistent, aux ours, ils sont si grands, si tendres, si gauches, si velus. Et puis ce sont des séducteurs nés, les femmes les attirent à ce point qu'ils ne perdent jamais une occasion de s'approcher de l'une d'entre elles pour leur grogner quelque chose à l'oreille.
Dans le temps, lorsque notre peuple vivaient encore en majorité dans la forêt, il y avait sans arrêt des histoires de femmes qui s'acoquinaient avec des plantigrades, jusqu'à ce que le mari tombe sur les amoureux et chasse le grand brun.
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Il est triste de perdre un ami, il est plus terrible encore de perdre un fils
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Il y en a qui croient aux génies et fréquentent les bois sacrés, et puis d'autres qui croient en Jésus et qui vont à l'église. C'est juste une question de mode. Il n'y a rien d'utile à tirer de tous ces dieux, c'est comme des broches ou des perles, c'est pour faire jolie. Rien que des breloques pour s'accrocher au cou ou pour faire joujou.
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C 'est la sottise qui est humiliante, pas la sagesse.
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Rien de nouveau sous le soleil. Les gens sont toujours en train d'inventer un quelconque croquemitaine pour se décharger sur lui de leur responsabilités
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La Salamandre, c'est une espèce de grand serpent. Le plus grand de tous, encore bien plus grand qu'une vipère royale. Elle est vaste comme la forêt, et elle vole. Elle a des ailes immenses. Lorsqu'elle s'élève dans le ciel, elle cache le soleil et la lune. Autrefois, elle le faisait souvent et elle dévorait nos ennemis, tous ces hommes vêtus de fer qui arrivaient sur nos côtes dans leurs bateaux. Et lorsqu'elle les avait croqués, leurs richesses étaient à nous. Nous étions puissants et prospères. On nous craignait, car personne n'était jamais revenu en vie de nos rivages. Mais on savait aussi que nous étions riches, et l'avidité était plus forte que la peur: il y avait toujours de nouveaux bateaux qui voguaient vers nos rivages pour s'emparer de nos trésors, et la Salamandre les ravageait tous.
(P10)
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