Une manière d’Ange était assis sur le bord d’une fontaine. Il s’y mirait, et se voyait Homme, et en larmes, et il s’étonnait à l’extrême de s’apparaître dans l’onde nue cette proie d’une tristesse infinie.
(Ou si l’on veut, il y avait une Tristesse en forme d’Homme qui ne se trouvait pas sa cause dans le ciel clair.).
Incipit
Dans un poème de jeunesse, Klee avait écrit :
"Un jour je reposerai nulle part, auprès d'un ange quelconque."
L 'enfant dans sa chaise
Assis dans la tiède pénombre
de sa large chaise, il a l'air
d'arriver d'un long, lointain sommeil
bordant encore ses premiers gestes
dans un espace à la mesure de son corps.
Les soubresauts de la naissance se lisent
dans ses membres, ses yeux rêvant, heureux,
de rêves survenus avant la vie.
Il a apprivoisé d'un signe à lui seul
révélé, la chambre. Lieu complet,
ouvert, fermé, paupières clignotantes.
Deux pots sur la fenêtre laissent filtrer
la lumière des fleurs et du soleil
sur l'enfant accueillant de ses mains,
dans un silence d'eau tremblante,
les premières données du monde.
Arbuste dans le buisson
Qui se révélera ce messager porteur
d'une parole abrupte au détour d'un chemin
emprunté jadis d'un air léger
et devenu l'espace d'un matin
le lieu d'un choix cruel pour l'avenir ?..
La terre tremble dans ses racines
secouées par l'écho des syllabes terribles
et la naissance du jour rapproche
le voile déchiré de l'horizon.
Une voix grave embrase le buisson
et vivifie les feuilles rouges du sacrifice.
Qui parle, en cet endroit prévu par les écrits ?
Les mots prennent la dureté du diamant
et font fléchir les genoux du mortel
Arbuste vert, un cœur palpite sous les braises.
Composition au centre noir
Dans la ville lointaine qui renaît
sans oublier ses cendres
le passant égaré respire
la couleur orange des fleurs
sur les murs reconstruits plus hauts
qu'à l'ancienne habitude et retrouve
malgré le regard rajeuni des fenêtres
les visages anciens penchés sur les balcons.
Les remparts dans la nuit formaient des
arabesques
nouvelles à déchiffrer si l'insomnie
comme une mer accaparante envahit
par son don l'âme des choses préservées.
Le temps inscrit à rebours des horloges
dévoilera sur la pierre érodée
le cœur noir de la blessure
échappé de la peau des feuillages...
Tableaux et dessins, avec une musique discrète