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3,89

sur 1172 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jamais je n'aurais cru qu'un roman dont le thème principal est le ver de terre m'aurait plu à ce point.
J'ai été happée par l'histoire d'Arthur et Kevin, deux jeunes agronomes qui se rencontrent sur les bancs d'Agro Paris Tech, et se passionnent de lombrics après avoir assisté à une conférence. Les chapitres alternent d'un personnage à l'autre, ce qui crée un bon rythme. On passe de Kevin, jeune entrepreneur propulsé à la tête d'une grande entreprise de vermicompostage, à son ami Arthur, parti vivre à la campagne dans la vieille ferme de son grand-père en se donnant l'objectif de régénérer le sol souillé par les pesticides. On s'attache aux deux protagonistes, dont les choix de vie radicalement opposés ont néanmoins un point commun; celui d'utiliser le ver de terre pour assainir la terre et les déchets.
Un roman qui se dévore !
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Qui aurait pensé que le lumbricus terrestris pouvait être le personnage principal d'un roman ? C'est pourtant le cas dans Humus de Gaspard Koenig où ce modeste ver de terre lutte pour sa place dans un environnement toujours plus bétonné et dénonce ainsi ce qui s'effondre dans le monde actuel. Deux étudiants en agronomie, Arthur et Kevin découvrent les pouvoirs d'aération des sols et du modelage des paysages des lombrics lors d'une conférence sur la géodrilologie qui va entraîner leurs deux destinées vers des trajectoires différentes. Arthur parle bien, trouve naturellement les formules philosophiques, est à l'aise dans la belle société de ses parents, mais aspire à un activisme écologique qu'il sait pourtant déjà vain. Kevin, vient lui d'un Limousin agricole besogneux, il préfère le bon sens hors des textes, il a le contact facile et la sexualité flottante, « comme il était bon », il accède sans peine aux sommets des études des sols à AgroParisTech. le premier rêvant d'une réintroduction des lombrics pour réparer les méfaits d'une agriculture trop pesticidée, le deuxième comprenant l'utilité plus capitalistique des mêmes petites bestioles fouisseuses, leurs univers se désolidarisent une fois leur diplôme en poche.
Lien : https://franqueuil.com/2023/..
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La rentrée littéraire 2023 fut marquée par la polémique lancée par Nicolas Mathieu sur Kevin Lambert (pour son recours à des “sensitivity readers”). On retrouva ensuite le même Kevin Lambert mais face à Gaspard Koenig dans la course à plusieurs prix. le premier décrocha le prix Medicis et le prix Décembre tandis que le second obtint l'Interallié. Les deux livres sont complémentaires, s'inscrivent clairement dans l'air du temps et leurs propos resteront encore pertinents dans 5 ou 10 ans.
Les deux décrivent des préoccupations sociétales: la gentrification et les impacts dévastateurs du mode de vie des plus nantis chez Lambert, le dépassement des limites de la Planète induite par le modèle productiviste d'une économie linéaire chez Koenig.
Au niveau du style, commençons par là, celui de Koenig est direct, incisif là où Lambert se complait dans des phrases interminables. Les pages des deux auteurs sont truffées de références à de grands philosophes et artistes mais chez Koenig, on n'a pas cette impression de name-dropping intempestif. Leur critique se déroule également à différents niveaux: micro chez Lambert (qui interroge la sincérité des convictions des protagonistes davantage que leurs impacts sur la société), macro chez Koenig (qui traite de la manière dont ses protagonistes vont se débattre avec la question écologique).
Dans “Humus”, on suit les parcours tumultueux de deux étudiants d'AgroParisTech, “les paysans des ingénieurs, le tiers état des énarques”. (p.29) : Arthur et… Kevin (également sans accent sur le “e”; sacrée coïncidence!).
On a tendance à prendre le parti de l'un ou de l'autre mais en réalité, les tergiversations et tâtonnements de Kevin et d'Arthur sont ceux des générations actuelles qui veulent agir pour préserver le climat et restaurer la biodiversité. Il faut agir, rapidement. Mais comment ? Quelle stratégie est la plus efficace étant données les contraintes du monde réel, en particulier celles inhérentes au capitalisme économique et financier ?
Ils essaient, chacun à sa façon, et c'est ça qui importe. Même s'ils ignorent dans quoi ils mettent les pieds, ils n'attendent pas qu'on agisse à leur place - ce que beaucoup d'entre nous faisons : on voit le problème, sans nécessairement réaliser son ampleur, mais on ne prend pas notre place.
Koenig, en bon libertarien, n'envisage nullement le rôle positif que peut jouer la puissance publique par la régulation ou la taxation ciblée pour inciter à des comportements (plus) vertueux. Il n'envisage la chose publique qu'à travers des fonds ou banques publiques qui prennent trop peu de risques, qu'en ridiculisant les mandataires politiques ou en insistant sur le côté kafkaïen des processus et formulaires administratifs (cf. l'épisode sur le RSA ou celui sur l'octroi de permis pour les vermicomposteurs industriels). Pourtant, au moment où il terminait son roman, les débats étaient déjà âpres au niveau européen sur la Loi sur la restauration de la Nature ou sur la directive européenne visant à réduire de moitié l'usage des pesticides. Dans le contexte des protestations des agriculteurs de la fin 2023 / début 2024, les deux passeront à la trappe afin d'apaiser les agriculteurs en colère (sans que cela ne réponde à leur légitime demande de gagner décemment leur vie)... Je vois déjà Arthur s'immoler devant le ministère de l'Agriculture, rue de Varenne, ou devant la Commission européenne, sur le rond-point Schuman.
Les parcours intellectuels et professionels respectifs d'Arthur et Kevin prennent les formes de leur conception du système économique: linéaire pour Arthur, circulaire pour Kevin.
Concernant la place qu'il s'assigne (sans que cela soit véritablement intentionnel) dans le système économique, Kevin se situe au moment de bascule entre les déchets et la régénération. Sous la férule de sa comparse d'HEC, il prend le parti de l'économie circulaire où il ne s'agit pas tant de lutter contre la surproduction et la surconsommation que de tourner ces deux fléaux à son avantage en misant sur les vers pour broyer les déchets qui en résultent et en tirer un biostimulant.
Arthur n'envisage même pas cette étape de recyclage, réutilisation des déchets qui permet de fermer la boucle tant il est préoccupé par la dégradation des terres consécutive aux excès du consumérisme et du capitalisme. Il se focalise “naturellement” sur l'étape initiale, les prémices de toute société, à savoir une terre saine et productive.
Sur le plan personnel, Kevin, après avoir endossé malgré lui le rôle de mascotte greenwashée de la start-up nation, renoue avec sa candeur; la boucle est bouclée (circularité). Arthur, lui, dénonce de manière de plus en plus violente et radicale les ravages et la froideur du système technico-économico-administratif. Il adopte un mode de pensée de décroissant proche du survivalisme, de l'éco-anarchisme pastoraliste.
Aussi bien chez Kevin Lambert que chez Gaspard Koenig, les financiers sont prompts à sacrifier sans la moindre hésitation leur poule aux oeufs d'or (Céline Wachowsky chez l'un, Kevin chez l'autre) dès lors que l'image de celle-ci est écornée.
Humus” est un bouquin extraordinaire par l'intelligence du propos, y compris le délire dystopique, et le style de Gaspard Koenig. J'imagine très bien une adaptation cinématographique d'Humus où Laurent Lafitte camperait le personnage d'Arthur tandis que Kevin prendrait les traits de Niels Schneider ou Louis Garrel.
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Dystopie réaliste et satyrique, un oeil dans les mondes cachés de la politique et de l'agriculture (d'hier, d'aujourd'hui et de demain)————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————
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J'avais quelque prévention envers l'auteur, parfois vu à la télé, au pedigree mondain et touche-à-tout, la politique, la philosophie, l'économie, le parisien surdoué d'un milieu social bien privilégié...un bobo, quoi.
Mais j'ai découvert un romancier français dans la veine du roman nord-américain, qui nous entraîne dans des aventures humaines, tellement humaines, aussi extraordinaires que vraisemblables, et qui nous raconte notre époque, nos questionnements, nos mauvaises réponses, et nos difficultés toujours plus grandes à vivre dans les sociétés que nous avons créées. Jusqu'à la rupture. Un petit côté Edward Abbey aussi dans le jusqueboutisme du récit, l'eco-terrorisme comme solution finale à nos problèmes. La voie que choisira Arthur, dans une recherche absolue de la pureté. Au contraire de son ami Kevin, le candide qui se retrouve toujours du bon côté du manche, sans vraiment l'avoir cherché, jusqu'à franchir la limite de la compromission, chuter et prendre la fuite..
Gaspard Koenig raconte les relations sociales avec une causticité terrible, mais sait aussi toucher l'intime avec beaucoup de tendresse. Il m'a parfois fait surgir des rires complices ou moqueurs et des larmes d'émotion partagée (la chaconne de Bach, entre autres).
Je crois que je vais rester encore un bon moment avec dans un petit coin de ma tête, Kevin et Arthur à mes côtés. Les lombrics, je connais un peu, je suis jardinier et n'ai pas été étonné que l'auteur puisse en faire le sujet principal, admirablement documenté, de son roman.
Un seul regret, les personnages féminins manquent un peu de consistance ou sont sans doute un peu convenues. À part Philippine et Léa. Mais pour la première j'aurais bien aimé que l'auteur aille un peu plus loin dans l'exploration de ses failles, qu'il nous laisse deviner, pour aller au-delà de la caricature de la wonder-biznesswoman insatiable, et pour Léa qu'il la fasse descendre un peu plus de son nuage et l'incarne mieux.
Voilà, ces quatre-là vont m'accompagner un moment, merci !


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Du pur plaisir grâce une belle plume au service d'une intrigue qui va crescendo tout au long de l'ouvrage, débutant sur un mode humoristique et ironique mais évoluant ensuite insensiblement vers du plus sérieux pour aboutir sur un épilogue plus que sombre. La force de cet ouvrage est qu'à tout moment il donne à réfléchir sur les dérives de notre modèle sociétal actuel et, hélas, sur l'absence d'issue apparente, alors que l'inventivité "technique" déployée par nos savants, capables d'inventer le "lombric d'intérieur", semble infinie ... . Il ya longtemps que je ne m'étais plus autant réglée.
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J ai beaucoup aimé Humus: le sujet, le traitement narratif . deux points de vue, 2 parcours pour une même problématique , une description de la société actuelle dans laquelle je me.reconnais bien. Bien sûr il y a quelques outrances, mais rien de définitivement gênant.

Pour être tout à fait honnête, je n aimais pas beaucoup Gaspard Koenig avant qu il écrive ce livre. Il m a surpris, positivement, avec ce sujet. :)
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Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. Kevin, fils d'ouvriers agricoles, se lance dans le vermicompostage tandis Arthur, fils d'avocat, tente de régénérer les terres de son grand-père ruinées par les pesticides et l'agriculture intensive, dont la vie a totalement disparue et essaye d'y réintroduire les vers de terre, sauveurs des sols.

Le pitch autour des vers de terre ne m'inspirait guère… et j'ai trouvé cela passionnant ! Je me suis vraiment attachée au destin de ces deux jeunes hommes (pourtant pas spécialement attachants ni l'un ni l'autre) qui vont faire face à bien des difficultés. Les nombreuses questions écologiques, économiques et politiques soulevées sont très intéressantes. Dommage qu'il n'y ait quelques pistes un peu plus positives à la fin… mais cela reste un roman très satirique qui fait mouche.

Et bien évidemment, je ne regarderai plus les vers de terre de la même façon!
Lien : https://toursetculture.com/2..
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Et si les vers de terre étaient notre avenir ? Oui, oui, Humus est un roman sur les vers de terre, mais pas que… Nous allons suivre l'histoire de Kevin et Arthur, étudiants en agronomie à Agrotech Paris qui vont se passionner pour les lombrics et la question écologique qui en découle. Jeunes diplômés, les deux amis veulent proposer des solutions pour palier au désastre planétaire annoncé et prendre notre avenir en main.
Un roman passionnant, drôle et satyrique, une ode à la terre ! Des questions sont posées, les solutions ne sont pas forcément trouvées mais ce récit très intéressant fera réfléchir.
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Humus : terre, digérée par les lombrics, provenant de la décomposition des végétaux.

Arthur et Kevin, deux jeunes hommes d'une vingtaine d'années sont, tout comme leur génération, en pleine prise de conscience écologique, d'autant plus qu'ils sont ingénieurs agronomes. Ils se sont rencontrés sur les bancs de ParisAgriTech qui essaie d'innover et de mettre sur pied des expériences plus en contact avec l'écologie réelle.
Leur point d'entrée commun est la question des lombrics. C'est après une conférence de Marcel Combe qu'ils se rendent compte de l'importance de ces vers de terre dans l'écologie et l'impact de leur disparition progressive à coup d'insecticides et de labour profond.
Chacun à sa manière va tenter de résoudre cette question dans toute sa complexité.
Arthur, le bourgeois parisien, va opter pour une néo-ruralité très radicale de plus en plus politisée. Il effectue un retour aux sources en restaurant la ferme de son grand -père et en se consacrant à la régénération, par les vers de terre, des sols détruits par les générations précédentes à coups d'insecticides.
Kevin, le fils d'ouvriers agricoles va se tourner vers le capitalisme vert, les start-up, les investissements, en créant une entreprise de vermicompostage.
Avec les deux directions prises par Arthur et Kevin on voit les travers, les impasses et les hypocrisies des deux mondes en opposition : le capitalisme vert et la radicalité du néo-ruralisme vert, sans pour autant que l'auteur n'apporte de solution.
Gaspard Koenig livre ici des données aussi réalistes que possible qu'elles soient légales, économiques ou agronomiques afin que le lecteur se fasse sa propre idée.
C'est d'une plume légère et pleine d'humour que l'auteur traite d'un sujet écologique extrêmement sérieux qui doit absolument éveiller les consciences.
Grâce à ce livre édifiant, parfaitement documenté, j'ai appris que la somme de tous les lombrics sur terre était équivalente, en masse, à celle de toutes les espèces animales, humains compris et qu'ils digèrent l'équivalent de leur propre poids par jour , ce qui donne trois cent tonnes par hectare et par an d'humus. La terre sur laquelle nous marchons n'est donc qu'un tas d'excréments de lombrics qui la fertilise et la rend productive. La disparition des lombrics, elle aussi, nous emmènera donc, à court terme, vers la famine et la fin de l'humanité.
J'avoue maintenant regarder autrement ces petits vers, qui après la pluie viennent zébrer les allées et s'égarer sur les trottoirs.
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