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3,9

sur 1124 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Et si les vers de terre étaient notre seule planche de salut ? Ou encore, si l‘on se place du côté à moitié vide, si leur disparition était un corollaire définitif de notre disparition annoncée ?

C'est ce que prétend le professeur Combe, devant cet amphi de l'école d'agronomie où étudient Kevin et Arthur. Ces deux là se sont trouvés malgré le gouffre qui les sépare socialement. Kevin est le fils d'humbles ouvriers du centre de la France, Arthur suit juste la voie que sa naissance dans un milieu aisé avait tracé de longue date. Mais le lombric les rassemblera pour un temps, même si la façon dont ils construisent leur projet est diamétralement opposée !

Cette lecture est un gros coup de coeur ! Tant par l'amélioration de mes connaissances quasi inexistantes de ces êtres rudimentaires qui peuplent ou plutôt, peuplaient nos sous-sols, mais que le labour et l'amendement des sols a condamnés à une disparition dramatique pour nous, humains, que pour le message écologique transmis.

Le romanesque n'est pas oublié, loin de là, et l'auteur par une habile construction de l'intrigue rend ses personnages très charismatiques tout en nous proposant un état des lieux de notre société moribonde.

Roman marquant de cette rentrée, pour son originalité et ses atouts pédagogiques, mais aussi pour son écriture, qui m'a convaincue

384 pages l'observatoire 23 août 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Quelle que soit notre opinion sur ce livre, on peut dire que Gaspard Koenig a réalisé l'exploit d'intéresser des milliers de lecteurs au monde des vers de terre !
Présents par millions sur notre planète, essentiels pour faire vivre le sol, constructeurs inlassables de galeries souterraines, ils mélangent l'humus et apportent les nutriments aux plantations, on peut dire que le monde ne pourrait pas se nourrir sans eux, et malgré cela ils sont irrémédiablement détruits par les pesticides et l'agriculture intensive !

C'est dans un cours sur ce sujet que se rencontrent Arthur et Kevin, étudiants à « Agro » à Saclay.
Arthur est un fils à papa parisien des beaux quartiers, alors que Kevin est un provincial, fils d'ouvrier, et très joli garçon.
Leur amitié va être fusionnelle jusqu'à la fin de leurs études et leurs choix de vie.
Arthur part cultiver la terre de son grand-père en Normandie alors que Kevin se lance dans la production de compostage à grande échelle.
Arthur, le « bobo », essaie de mettre en pratique ses cours théoriques sur l'enrichissement naturel des sols qui devrait faire revenir les vers de terre disparus.
Kevin, aidé par la riche et ambitieuse Philippine, crée une start-up qui obtient des financements internationaux et des contrats pharaoniques.
Tout les sépare et on devine que cette course effrénée va se transformer en grandeur et décadence !

Gaspard Koenig est brillant, cultivé, et il a beaucoup travaillé son sujet pour faire de ce roman une fresque satirique sur les dérives de « l'économie verte ».
Beaucoup de sujets très actuels apparaissent dans ce roman :
Les « bifurqueurs » d'Agro, mis en valeur par les médias, à chaque remise de diplôme.
Le retour à la terre des bobos, ou plutôt leur découverte du monde agricole, comme Arthur qui se heurte au bon sens des locaux, mais réussit aussi à s'intégrer dans la communauté des « rebelles » et des producteurs du terroir.
Le filon que constitue l'économie verte, tout le profit que l'on peut en tirer, et le pari des investisseurs de tirer le gros lot en faisant les choix les plus rémunérateurs.
Le green-washing des grandes entreprises qui mettent des labels « vert » partout sans véritable fondement.

Le talent de l'auteur est d'avoir réussi, sur ces thématiques foisonnantes, à écrire une fresque sociale rythmée, aux personnages sinon attachants (ils sont tous plutôt antipathiques) du moins nuancés.
C'est romanesque en diable, un peu à la manière des trilogies de Pierre Lemaître, bien construit, et on sent que cette course folle va mal se terminer.
La fin est par contre un peu décevante, l'auteur a visiblement eu du mal à choisir entre une fin apocalyptique et une ouverture plus optimiste, ce qui m'empêche de lui mettre les 5 étoiles du coup de coeur.

Une amie lectrice a aussi reproché à l'auteur de rendre vaines toutes les tentatives pour inverser la tendance et changer notre modèle ; c'est vrai que le constat est bien noir mais c'est un roman, des témoignages plus positifs sont régulièrement mis en valeur sous d'autres formes (voir l'excellent média en ligne « Reporterre, le quotidien de l'écologie »)
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Entre Arthur, le bobo parisien privilégié qui cite Platon et Marc-Aurèle, et Kévin, le boursier bouseux au magnétisme naturel qui a quitté son limousin pour intégrer la prestigieuse école AgroParisTech, l'alchimie est évidente. Tout semble les opposer et pourtant leur amitié paraît indéfectible. Ils se devinent, se comprennent, se complètent et s'admirent sans se l'avouer. Ils sont jeunes alors, ils sont brillants, ils sont bourrés d'idéaux et convaincus qu'il n'est pas trop tard pour agir et sauver la planète à l'heure de la prise de conscience écologiste.

Le déclic survient lors d'une conférence sur les vers de terre. Dès lors, les deux amis se font la promesse que les lombrics seront au coeur de leur combat. Mais si l'un choisit de retourner à la terre pour mener à bien ses projets, l'autre voit les choses en grand et se retrouve entraîné dans un monde qui n'est pas le sien, entre lobbying et enjeux politiques. Deux chemins qui vont les éloigner l'un de l'autre et auront un impact décisif sur leur vie…

Si l'on m'avait dit que je me laisserais happer durant cette rentrée littéraire par un roman qui place le lombricompostage au coeur de son intrigue, je crois que j'aurais été sceptique… Et pourtant… Gaspard Koenig a su m'offrir un délicieux moment de lecture aux côtés de ces deux idéalistes flamboyants et magnifiquement incarnés, soucieux de l'environnement dans lequel ils évoluent et désireux de changer les consciences et de sauver ce qui peut encore l'être… Un combat louable et touchant, mais mené avec une certaine naïveté et qui va violemment se heurter à la réalité du système.

A travers ce récit, Gaspard Koenig raconte, avec beaucoup de justesse et de fluidité, l'histoire d'une désillusion et d'une innocence perdues mais aussi, et surtout, il dresse le portrait d'une jeunesse engagée, prête à agir et à se battre pour défendre ses idéaux. C'est beau, c'est fort et l'on se laisse tout naturellement emporter par cette incroyable énergie qui circule dans le texte. La narration, construite sur l'alternance des points de vue de nos deux protagonistes, est prenante et addictive. “Humus” est donc un très beau roman sur l'amitié, sur les rêves, sur la jeunesse et s'avère aussi efficace qu'un thriller tout en restant riche en émotions! Une chose est sûre, après cette lecture, vous ne regarderez plus les vers de terre de la même manière!
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A l'heure où des agriculteurs manifestent sur les routes, et coincés que vous êtes peut-être parce que bloqués et incapables de bouger, « Humus » est LE livre à lire sans attendre et sans modération.

Coup de coeur pour moi que ce livre parce qu'il me parle de mes doutes, de mon questionnement et interroge des choix qu'on peut faire parfois consciemment, parfois moins.

Avec cette histoire d'amitié entre deux copains d'AgroParisTech, Kevin et Arthur, ce sont deux facettes d'une même pièce qui nous sont exposées. Arthur et Kevin, c'est « Amicalement vôtre » au XXIème siècle : Arthur c'est Roger Moore : enfant de la bourgeoisie, il va tenter, après son école, de régénérer un champ familial autrefois cultivé par son grand-père en Normandie en mettant en sourdine son côté Brett St Clair.
Kevin c'est Tony Curtis : issu de parents ouvriers agricoles, il va grimper les marches de l'ascenseur social quatre à quatre, et se retrouver propulsé au coeur des réseaux parisiens les plus branchés, soit un parfait « transfuge de classe » comme on le dit maintenant, en mettant de côté « Danny » Wilde et ses manières de mauvais garçon.

Leur point commun ? Outre une amitié indéfectible (un côté « Tous pour un, un pour tous ») ? Une passion pour la géodrilologie, c'est-à-dire l'étude de minuscules êtres vivants, « animaux fouisseurs qui contribuent au mélange permanent des couches du sol par leurs actions de macro-bioturbation et qui fournissent de nombreux services écosystémiques » nous dit Wikipédia, j'ai nommé le précieux VERS de TERRE, et tout simplement sauveur de l'humanité.

Car oui, la thèse de Gaspard Koenig, incarné par Kevin et Arthur, c'est ce que ce sont ces petits êtres vivants qui pourraient sauver la planète, alors que les sols agricoles ont été considérablement appauvris par les nombreux pesticides qu'on y a injectés.

Si Arthur part vivre l'aventure d'une exploitation agricole sans herbicides, Kevin, lui, va s'acoquiner avec la redoutable Philippine, caricature de start-uppeuse parisienne, avec des dents capables de rayer tous les parquets du Ministère de Bercy.

Il faut dire que les personnages féminins sont bien mal traités : Anne, la compagne rencontrée en soirée étudiante, suivra d'abord Arthur en Normandie. Mais ce transfuge de classe dans le mauvais sens sera rapidement catalogué de « Looser » et rejoindra Kevin qui, lui, a tout d'un « winner ».

Il y a des scènes vraiment savoureuses dans ce livre, et je m'en suis régalée. Au summum, le week-end chez « Madame RSE » de L'Oréal, caricature de ces manifestations où l'Entre-Soi impose ses normes sociales qu'on se doit d'incarner.

Je suis persuadée que c'est du vécu, pour Gaspard Koenig.
Mais le destin d'Arthur sera moins rose. Tout d'abord il a un problème avec son voisin : il veut planter des haies. Et les haies, on entend beaucoup parler en ce moment : toutes ces normes qu'il faut respecter pour en planter, c'est kafkaïen.
Et ensuite, proche de l'association « Extinction Rébellion », bien connue pour sa lutte de désobéissance civile contre l'effondrement écologique et le dérèglement climatique, il va se radicaliser.
Celui de Kevin ne sera guère mieux. Il y a un côté évidemment « Illusions perdues » De Balzac chez Koenig. Plus haut tu monteras (savoureuse scène au Ministère de Bercy), plus dure sera la chute – je n'en dirais pas plus pour ne pas divulgâcher le plaisir de la lecture.

Il n'en reste pas moins que l'auteur nous pose les bonnes questions.
Quel choix faut-il faire aujourd'hui ? Dans la sphère professionnelle, associative, ou sociale, comment agir ? Ou bien ne pas agir, ce qui signifie prendre aussi position aussi face à cette menace qui rode autour de notre planète ?

Et les vers de terre ? Ne pourraient-ils pas être l'une des solutions de demain ? Avec des composteurs individuels ou bien utilisés pour diminuer nos déchets collectifs ?
Ce sont tous les paradoxes de notre XXIème siècle que pointe Gaspard Koenig. Entre promesse de progrès et insurrection écologique, entre amour impossible (les relations Femmes/hommes étant bien malmenées) et désespoir héroïque, comme le dit la dernière de couverture, c'est une histoire d'hommes et de femmes d'aujourd'hui qui nous est contée, et très bien racontée.

A découvrir sans attendre et sans modération.
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L'un vient du Limousin et voudrait conquérir Paris, l'autre d'un milieu aisé et rêve de se mettre au vert. Les trajectoires d'Arthur et de Kevin vont se croiser sur les bancs d'AgroParisTech.

Leur amitié se noue autour d'une passion : les lombrics. Oui, vous avez bien lu. Vous pensez peut-être qu'il n'y a pas là de quoi fouetter un ver de terre ? En lisant ce roman, vous réaliserez à quel point vous avez tort : ces sympathiques bestioles sont non seulement indispensables à la régénération des sols, mais véritablement fascinantes. Nos deux étudiants partagent un même idéal – sauver le monde grâce aux lombriciens – mais chacun le met en pratique de manière on ne peut plus différente. Tandis que l'un se lance dans le monde des start-ups et de la green tech, l'autre s'installe en Normandie pour cultiver un champ.

Le roman tire le fil de ces deux expériences, extrapolant pour sonder leurs potentialités, limites et contradictions respectives. Car nos deux idéalistes en voient des vertes et des pas mûres. C'est féroce et même outrancier – écolos et banquiers, bureaucrates et politiques, agriculteurs et dirigeants d'entreprises adeptes de la RSE, tout le monde est rhabillé pour l'(hi)ver.

J'ai trouvé que Gaspard Koenig forçait un peu (trop) le trait, particulièrement pour les personnages féminins qui sont particulièrement antipathiques, ou lorsque l'auteur libéral se laisse aller à son aversion à l'égard de l'administration. Mais on ne peut qu'être admirative de la minutie avec laquelle sont documentés les différents théâtres où se joue l'avenir de la nature. de la banque publique d'investissement à la place du village, des réunions d'extinction rebellion aux fonds d'investissements de la Sillicon Valley, on s'y croirait. Même le Canard Enchaîné est là pour tirer des vers du nez des témoins et faire des révélations fracassantes !

Les impasses et contradictions qui minent la transition écologique, empêtrée dans ses dilemmes d'action collective, ses clivages et tergiversations sur les moyens d'action légitime, sont analysés avec justesse. le ver est dans le fruit. Est-il encore temps d'agir ?

Tout cela nourrit une intrigue assez incroyable, ample, imprévisible et riche en rebondissements. Si je n'ai pas été convaincue par tout, je reste séduite par la manière dont ce roman parvient à conjuguer réflexion agronomique, philosophique, politique et fresque romanesque. Il y a aussi une poésie que l'on n'attend plus dans un monde déliquescent mais qui pourtant jaillit lors de scènes magnifiques dédiées aux lombrics ou lorsque l'auteur file la métaphore des rampants pour évoquer les masses laborieuses constamment foulées du pied.

Un roman initiatique porté par une plume acérée qui parvient à divertir tout en prenant à bras le corps les grandes questions. Si vous vous y plongez, je parie que vous finirez comme moi, captivée par la page Wikipedia consacrée aux Lumbricina, puisqu'ils sont manifestement l'avenir de l'Homme !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Ce n'est pas le premier roman dont le lombric, communément appelé ver de terre, est le héros. Qualifié récemment de « poète aveugle de la glèbe » par le romancier islandais Jan Kalman Stefansson, dans l'excellent Ton absence n'est que ténèbres, le lombric voit désormais l'écrivain philosophe Gaspard Koenig confirmer son rôle essentiel dans la transformation des déchets organiques en compost, un terreau quasi naturel équivalent à l'humus.

Dans son dernier roman, justement titré Humus, l'auteur imagine des aventures mettant en scène deux étudiants à AgroParisTech. Destinés à devenir ingénieurs agronomes, Arthur et Kevin prennent conscience qu'un élevage massif de lombrics permettrait de traiter d'immenses quantités de déchets, sans la moindre émission de carbone, tout en générant, en même temps, un volume de compost capable, sans engrais ni pesticides, de refertiliser des terres cultivables, dont la couche d'humus aurait pu être détruite par des décennies d'agriculture industrielle.

Un « en même temps » stratégique à l'heure où nul ne sait comment la Terre pourra préserver des conditions climatiques supportables par l'humanité, tout en produisant de quoi nourrir une population mondiale, dont une partie souffre encore de la faim. Nos deux agronomes en herbe croient détenir la clé susceptible de résoudre les problèmes économiques et écologiques majeurs à venir.

Mais Arthur et Kevin n'ont pas le même profil ni la même histoire personnelle. Ils n'auront pas la même approche du sujet et leurs parcours vont diverger. L'un s'orientera vers une expérience de terrain, privilégiant une agriculture paysanne de proximité, avec une tentation de radicalisation contre un monde capitaliste soutenant un agrobusiness honni. L'autre sera aspiré dans l'univers des entrepreneurs audacieux, des développeurs de start-up et des financiers créateurs de richesses mirobolantes, avec les risques afférents de dérapages incontrôlables.

Le plus ambitieux des deux ne sera pas forcément celui qu'on imagine. Mais l'ambition peut s'exprimer de diverses manières, conduire à une fuite en avant délétère et très mal se terminer. Les pérégrinations des deux personnages sont très réalistes, tout en présentant des rebondissements inattendus et captivants.

La lecture de Humus est vraiment plaisante. La plume de l'auteur navigue avec habileté et humour entre les formules langagières déconstruites des militants écolo-anticapitalistes et le sabir anglo-français inspiré de la « tech » et du business mondialisé. C'est très bien observé et j'ai trouvé savoureux certains passages.

Gaspard Koenig commente souvent l'actualité politique avec un recul de bon aloi, même s'il est orienté par ses convictions personnelles. Il est aussi un observateur éclairé des moeurs et des pratiques de nos contemporains. Il ne s'exprime pas à la légère, même dans une fiction. Dans Humus, il étaye par des argumentations techniques très structurées les entreprises d'Arthur et de Kevin. Au risque parfois de rendre sa prose confuse — quoiqu'irréprochable — et de peut-être perdre en route quelques lectrices et lecteurs.

Comme il faut bien émettre une réserve, j'ai trouvé que les commentaires sur le Petit Lutetia auraient pu être drôles sans être méchants. Dans cette brasserie se sont croisés pendant deux ou trois ans les mondes de la politique, des affaires, du showbiz et de la mode. le spectacle était amusant, on y dînait pas mal. Gaspard Koenig a probablement été un jour mal reçu. le patron savait-il qu'il avait affaire à un futur postulant (ou presque) au poste suprême de la République ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Un grand roman dont les héros sont les vers de terre ! Les deux amis étudiants à AgroParisTech, Arthur et Kevin, pétris des bonnes intentions des « bifurqueurs » vont nous instruire sur l'importance de ces asticots qui, à condition qu'on cesse de les euthanasier par la chimie agricole sont source de vie des sols. le pari du roman sur un tel sujet était osé, mais il est réussi car toute la problématique est là, oppressante à souhait, et, avec nos deux amis « aventuriers d'une arche perdue » on aimerait trouver des solutions pour sortir de cet engrenage infernal assassin de la biodiversité. Les choix de vie de chacun d'eux, radicalement différents sont des tentatives de redresser la barre qui se heurtent à des obstacles infranchissables, générant une frustration irréductible. Excellent roman, exaltant à un retour à la nature en se fondant dans un humus riche du travail ces petites bêtes !
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J'ai tourné autour de ce roman un bon moment. L'humus et ses habitants ne m'inspirent pas plus que ça. Et puis encore un roman sur la mauvaise mine de la planète, ça sentait la déprime !
Amis Babeliots n'ayons pas trop d' a priori ! J'ai peut-être aussi été un peu séduite par l'auteur lors de son passage à la grande librairie...
Deux étudiants d'Agro Paris Tech se lient immédiatement d'amitié lors d'un cours de Marcel Combe, vieux professeur diplômé du certificat d'étude, jardinier de profession, puis... directeur de recherche à l'INRA. Comme quoi l'observation, la réflexion, la pratique et la passion sont parfois reconnues. Il est spécialiste de la terre et de ses habitants : les vers de terre, petits êtres discrets qui produisent deux cent soixante-dix tonnes de"caca"par an et par hectare. C'est le lombrimix et c'est ça qui nous fait vivre.
Vous vous doutez bien qu'on n'est pas goncourable uniquement avec ça !!!
Kevin est issu d'une famille de migrants implantée dans le Limousin. Il est bon élève, boursier, et ignore tout de la vie urbaine.
Arthur, fils d'avocat parisien, n'est pas dans le besoin.
Les deux amis se sentent tous deux concernés par l'état de la planète.
" La nature en sursis les invitait à philosopher. Il ne refaisaient pas le monde, comme les générations précédentes. Ils le regardaient se défaire et tentaient de se trouver un rôle dans l'effondrement à venir."
Il vont vivre leur vie de façon diamétralement opposée, avec un même but cependant : sauver la terre.
Kevin va inventer une petite machine : le lombricomposteur, qu'une certaine Philippine va l'aider à réaliser en grand, très grand, très très grand.
Arthur croit dur comme fer à " l'inoculation" des lombrics dans le sol et part en Normandie, certain de rendre vie à un petit lopin de terre que son "papi" a empoisonné à coup d'engrais.
Je ne vous raconterai rien du parcours de ces jeunes chercheurs utopistes : leurs amours, leurs rencontres, leurs espoirs.... leurs emmerdes !
C'est une très bonne satire de tous les microcosmes possibles qui sont des bulles difficilement pénétrables.
L'amitié indéfectible entre ces deux là est au centre du roman...avec les vers de terre évidemment !
Il y a des passages drôles, émouvants,et ... tristes.
Quelques passages sont chauds entre humains, carrément très hot entre lombrics ! Vous verrez jusqu'où peut mener l'observation d'un couple de vers...!
Bichette, je suis d'accord avec toi, les portraits de femmes ne sont pas avantageux, mais je dirais , sachant ce que je risque, que les femmes ne sont pas toutes des saintes et les hommes pas tous des salauds.

L'an prochain je fais un potager de deux mètres carrés !

J'ai beaucoup aimé le style de Gaspard Koenig, souvent très savoureux.




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Ce roman fait partie du dernier carré des goncourables, c'est déjà un bel effort de la part du jury… . L'auteur fait partie de l »l'élite intellectuelle » et a déjà tâté de la politique(sans succès).
Humus est difficile à classer, mais c'est un roman touche à tout.
Deux jeunes étudiants de milieux différents se rencontrent à AgroParisTech ,deviennent amis , ils assistent à une conférence sur le lombricompostage et là « fiat lux » leur avenir s'éclaire, le monde de demain sera sauvé par les vers de terre gravement malmenés par la culture intensive.
Arthur s'installe à la campagne et va essayer de redonner vie au terrain de son grand-père, accompagné de son amoureuse Anne, citadine des pieds à la tête, Kevin se lance dans un business de moins en moins vertueux aidé en cela par une Philippine redoutable en affaires et pas seulement !
G.Koenig étrille l'image d'Epinal encore colportée par des néoruraux de la campagne . Ses personnages incarnent parfaitement les contradictions de l'utopie verte et même ses absurdités.
La fin , explosive, que j'aurais trouvée saugrenue il y a 10ans, me semble envisageable dans cette dystopie passionnante, on sent bien que l'auteur maîtrise aussi bien les éléments techniques que les rouages du pouvoir ;cela avec une belle écriture parfois trempée dans le vitriol ; Un livre passionnant. Et vive les lombrics !
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Imaginez une histoire de vers de terre qui vous captive pendant près de 400 pages.
Imaginez plutôt une fable écologiste qui a toutes les caractéristiques du réalisme, qui vous porte vers la réflexion plutôt que de vous l'imposer.
C'est drôle, intelligent, ça tape sur les grandes écoles et les politiques, ça donne des pistes d'explications sur l'échec de la politique écologique sans être didactique.
J'ai été effarée, amusée, surtout, j'ai lu ce roman en deux jours. Les personnages sont terriblement attachants, Arthur et Kevin prennent vie avec subtilité. Ces deux jeunes diplômés en agronomie rêvent de sauver la planète. Ils empruntent des chemins différents ce qui permet à l'auteur de balayer le sujet sans poncifs.
Bien sûr, je n'ai pas lu les centaines de livres parus depuis la mi-août. Je n'ai même pas lu les 4 titres de la dernière liste publiée par le jury du Goncourt.
Mais il me semble que ce roman est un prétendant sérieux au prix.


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