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sur 1172 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
HUMUSGaspard KOENIG
PRIX INTERALLIE
Deux trajectoires qui naissent à l'université sous la férule de leur professeur Marcel Combe pour Kevin et Arthur, deux étudiants se préparent à changer le monde, deux doctorants pas très suivis par leur maître de thèse et c'est cela qui va emballer la machine… Ces jeunes sont plein d'énergie et de foi en leur entreprise mais un peu trop naïfs, ils ne savent pas s'entourer.
Arthur, investit la ferme de son grand père pour mettre ses idées en place, en compagnie d' Anne, sa jeune compagne, il tente de régénérer le terrain usé par les pesticides d'autrefois, il adhère aux idées écologistes, maintenir des haies, mettre des vers de terre. Il adhère à Extinction révolution.
Kevin, fils d'agriculteurs a vu ses parents trimer dans ce milieu, il va créer sa start-up pour fabriquer ce qu'on appelait autrefois, le lombricompostage, ce qui désigne la transformation des déchets organiques par les vers de terre, ce vermicompostage qu'on pourra ensuite répandre sur toutes les terres agricoles. de l'or en barre pense sa compagne machiavélique Philippine qui va trouver les investisseurs adeptes du greenwashing.

J'ai cru il y a quelques années que j'allais pouvoir produire bio sur un terrain d'Ardèche sud, je connais la difficulté et je constate donc que les personnages masculins sont crédibles avec leurs espoirs, leurs désirs de bien faire, la pression politique.
Rien n'a changé depuis les années 70
Les débuts semblent prometteurs, mais se heurtent très vite à la réalité des institutions. Politiques, opportunistes, écologistes intégristes, grandes multi nationales, tous vont profiter, pour leur propre gloire, ou pour se donner bonne conscience, des idées des deux amis. Ils iront loin, au bout de leur idéal sans se rendre compte tout de suite qu'ils ont franchi, chacun de leur côté un point de non retour.
Il ne suffit pas de juste vouloir changer le monde, il faut s'en donner les moyens, et Kévin et Arthur l'ont appris à leurs dépens, trop tendres, trop idéalistes, trop en avance, ils y ont cru, ont échoué, et ça fait mal. Kévin pansexuel se consolera-t-il dans les bras d'Arthur ?
Un beau livre sur la dure réalité.
Lien : https://annemariequintard.fr
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Finaliste du Goncourt et du Renaudot, toujours en lice pour l'Interallié et le Prix Jean Giono, « Humus » de Gaspard Koenig est un des événements de cette rentrée littéraire. L'essayiste, philosophe libéral et engagé politique - jusqu'à s'être présenté aux dernières présidentielles – dévoile toute l'étendue de son talent dans la fiction en choisissant les vers de terre, ces animaux mal-aimés, comme héros de son dernier roman.

Deux étudiants se rencontrent dans la grande école, AgroParisTech, installée dans le prestigieux campus Paris-Saclay, repère des vraies grosses têtes… le duo se complète bien : Kevin et Arthur, beaucoup est déjà dit à travers leurs seuls prénoms. le premier, d'une beauté rare, est fils d'agriculteurs du Limousin, le second est fils d'un célèbre avocat parisien dont il a hérité l'aisance rhétorique.

Ces deux jeunes désabusés, que tout semble opposer, se lient d'amitié après avoir assisté à une conférence intitulée « Avancées et défis de la géodrilologie », la géodrilologie étant la science… des vers de terre.
Angoissés - comme toute leur génération par la crise écologique - ils se cherchent un destin et découvrent lors de cet exposé un domaine de recherche quasi vierge : les vers de terre. Se forge vite entre eux une complicité d'explorateurs. Ils se jurent solennellement de ne jamais abandonner les lombrics et de leur consacrer, d'une manière ou d'une autre, leur carrière et leur vie.

Une fois leur diplôme obtenu, chacun son chemin : Kevin, sans attache, « ne veut dépendre de rien ni de personne – ni homme ni femme ; ni professeur ni patron ; ni idéal ni doctrine » et rêve de la vie parisienne, ce sera donc l'entrepreunariat pour développer l'idée d'un lombricomposteur domestique, avec un détour par la prestigieuse HEC grâce à son statut magique « CROUS échelon 7 »

Le bourgeois romantique Arthur quant à lui, s'installe à la campagne avec sa copine Anne, ayant pour projet d'expérimenter le repeuplement des vers de terre… Car malgré la séparation des deux camarades, un lien subsiste entre eux : les vers de terre. Certains l'auront deviné, les deux vont galérer, chacun à leur manière, l'un chez les gagne-petit, l'autre chez les gagne-trop…

Gaspard Koenig réussit le tour de force de réunir en un même livre partage de connaissances, humour grinçant savoureux sur les élites qui gouvernent la France, l'hypocrisie sans bornes des politiques RSE des entreprises qui tentent de ripoliner à grands coups de greenwashing leurs façades bien peu vertueuses, et de mettre en perspective les solutions existantes. Il se paye également le luxe de se mettre en scène dans son roman lors d'une brève apparition sous les traits d'un « certain Gaspard, essayiste qui se piquait d'être médiatique mais dont Kevin n'avait jamais entendu parler » (p.235).

Sous couvert d'une histoire entre deux jeunes hommes bien décidés à prendre leur avenir en main, l'auteur nous embarque dans un roman dans un roman trépidant, rondement mené sur 379 pages, durant lesquelles on ne s'ennuie pas une seule seconde. le lecteur suit avec curiosité les pérégrinations des deux comparses, quel sera celui qui réussira à atteindre ses objectifs ?

Malgré un final, à y réfléchir pas si invraisemblable, mais quand même très (trop?) spectaculaire, un livre intéressant et original, dont on retiendra les vérités satiriques d'une humanité écartelée, dans sa course folle, entre son confort immédiat et ses craintes d'un avenir menaçant, autant que son exploit inattendu de passionner son lecteur pour les vers de terre.

Tout en rappelant le rôle fondamental des vers de terre, indispensables à la vie des sols, et pourtant souvent méprisés, Gaspard Koenig nous livre une satire de nos moeurs tant écologiques que financières absolument décapante. Les multiples rebondissements rendent la lecture très addictive, pour aboutir sur une fin quasi-apocalyptique tout aussi surprenante, mais n'est-ce pas là le chemin logique de toute cette violence et des excès de notre société contemporaine ?
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Je n'aurais jamais cru un jour m'intéresser aux vers de terre.
C'est chose faite grâce au roman "Humus" de G.Koenig.
J'ai notamment appris que le sol de la terre est le domaine le moins connu des scientifiques contrairement à la conquête spatiale.
Histoire d'une petite bête bannie et mal aimée.
Une expression populaire : les moins que rien chez les humains sont des vers de terre que l'on écrase.
Ce petit animal discret, hermaphrodite (6000 espèces quand même, 150 au mètre carré) est pourtant les alliés de tous les jardiniers de tous les temps.
Ils digèrent tous les débris végétaux, ils enrichissent le sol en humus grâce à leurs galeries qui aèrent la terre et limitent le ruissellement de l'eau.
Tout bénef dans notre monde agricole d'aujourd'hui.
Laissons à l'auteur le soin de nous en dire plus.
C'est fascinant et c'est l'entame de son roman.
Deux jeunes étudiants en agronomie, Kevin et Arthur, issus de milieux sociaux différents, se croisent et entament une amitié solide liée dans leurs réflexions d'un monde sauvé par ces petits animaux, les lombrics.
Ils se prennent de passion pour la géodrilologie, l'étude des vers de terre.
Ces deux garçons, jeunes de 20 ans font partie de cette génération de prise de conscience de notre crise et effondrement écologique en pleine face, pas de chance et c'est loin d'être anecdotique, ni éphémère, ni drôle !!
Kevin et Arthur vont prendre deux voies différentes et vont se séparer.
Chacun à leur manière, ils vont essayer de trouver des solutions avec ce vers de terre qui est finalement le sujet de ce livre-réflexion.
L'auteur ne donne pas de solutions, il nous offre des fils, aux lecteurs de les tricoter ou de les détricoter.
Ce roman est porteur de philosophie, mais G.Koenig se laisse guider par ses personnages.
Romanesque, complexe et ambigu.
Il croque les travers de notre société et tout le monde en prend pour son grade, l'hypocrisie, les ambiguïtés des politiques, les écolos idéalistes opportunistes ..............
Cynique, caustique.
Comment envisager le combat écologique et par quel bout le prendre, ce
roman est une porte ouverte.
Nos petits vers de terre fabriquent l'humus naturel, créent une fertilité sans engrais ni pesticides.
Cela vaut bien un roman dont ils sont les héros.









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Humus de Gaspard Koenig
Gaspard Koenig est né en 1982, à Neuilly sur Seine. C'est un philosophe, romancier, essayiste et homme politique Français. Il est président du groupe de réflexion « génération libre ». Issu d'une famille de gauche soixante huitarde, il prône un libéralisme classique. Il était candidat aux présidentielles avec un programme pour la simplification des normes administratives (il n'a eu que 107 signatures sur 500). L'idée de cette candidature est venue d'un périple de 2500 km effectué à cheval (tel Montaigne) en logeant chez l'habitant. (Il a publié le récit « Notre vagabonde liberté »).
Deux jeunes étudiants, se retrouvent à Agro Paris Tech, une école d'ingénieur. Arthur, fils d'avocat a suivi cette filière en opposition à son père qui le voyait plutôt à l'ENA ou autres écoles prestigieuses. Kevin, lui, fils d'ouvrier agricole a réussi par des résultats brillants.
Lors d'une conférence, d'un professeur âgé et original, ils découvrent l'intérêt des vers de terre dans la culture. Au fil de leurs années d'études, ils vont se lier d'une amitié profonde et Ils s'intéresseront au sujet qui est innovateur et peu connu, se persuadant qu'il y a un réel potentiel.
Diplôme obtenu, Arthur, accompagné de son amie Anne, qui veut écrire un roman, part reprendre une ferme en déshérence ayant appartenu au grand père du jeune homme. Ils s'arment de courage car tout est à faire. Anne s'attaque à la rénovation de la demeure. Arthur lui espère, avec les lombrics, redonner de la vitalité à la terre usée par les pesticides, notamment du voisin, agriculteur soumis à l'industrie agroalimentaire, qui pratique une culture exacerbée. Les jeunes gens sont tous les deux dans un objectif de décroissance. Au village, ils rencontrent d'autres personnes qui adhérent à des visions proches des leurs.
En parallèle, Kevin également diplômée, pense dans un premier temps mettre en place des composteurs d'appartement. Mais la banque ne le suit pas. Suite à sa rencontre avec Philippine qui a un réseau, il change de voie. Tous les deux s'associent et créent une startup où le lombricompostage sera à grand échelle et accueillera les déchets de grosses sociétés.
Prenant des voies diamétralement opposées, l'amitié des deux garçons perdurera-t-elle ? Leur idée innovatrice sera-t-elle viable et résistera-t-elle aux pressions extérieures ? N'y perdront-ils pas leur âme et leurs illusions ?
Ce livre dans une écriture brillante, nous décrit tous les aspects de notre société actuelle au travers du prisme de deux visions. Les chapitres alternent les deux conceptions. Les deux amis vont vivre jusqu'au bout leur choix. L'auteur n'épargne rien à ses « découvreurs », on sent une certaine tendresse mais aussi un regard lucide et caustique sur les voies prises par Arthur et Kevin. Il y a une réelle connaissance des différents milieux et une réflexion intéressante sur la décroissance, les visions alternatives, l'agriculture dévoyée et celle qui est raisonnée, les startups et les clubs des jeunes dirigeants, les magouilles financières et politiques. C'est passionnant et brillant.
Vers de terre, Décroissance, Startup, Amitié -  &&&&

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Je connaissais déjà Gaspard Koenig en tant que romancier, pour avoir beaucoup aimé « Kidnapping » et aussi en tant qu'essayiste, pour avoir savouré dans « Notre vagabonde liberté » la chronique de son périple à cheval sur les traces de Montaigne. J'ai donc été ravie de découvrir qu'il publiait un nouveau roman « Humus », dont le thème me paraissait prometteur (j'attendais beaucoup des vers de terre et ils ne m'ont pas déçue!). Gaspard (c'est ainsi que je le nomme en mon for intérieur, un peu extérieur maintenant) a des idées et il les partage, vous le constaterez en le lisant, mais elles ne prennent jamais le pas sur le récit car « Humus » est, avant tout, un (très bon) roman. Cette fois encore, j'ai apprécié un écrivain brillant, croquant efficacement, avec une clairvoyance mâtinée d'humour, les choses, les gens et les travers de notre temps.

Si les vers de terre avaient besoin d'un roman, « Humus » est le leur et gageons que, sa dernière page tournée, ils vous resteront en mémoire !
Mais commençons par le commencement.
Il était une fois (et oui, j'expose cela ainsi, car j'ai vu dans ce récit une sorte de conte moderne), deux jeunes hommes à l'avenir prometteur, j'ai nommé Arthur et Kevin, rejoignant les bancs de la grande école AgroParisTech. Si Arthur vient d'un milieu parisien aisé, il n'en va pas de même pour Kevin, boursier dont les parents vivent chichement dans le Limousin. Mais les deux garçons se trouvent, à la faconde du premier répondant le laconisme naturel du second, jeune homme dont la beauté de statue va de pair, Arthur le découvrira, avec sa facilité à ne pas envisager le sexe par le prisme réduit du genre.
Leurs études les amènent à se prendre d'un intérêt qui ne cesse de croître pour les vers de terre, ces travailleurs de l'ombre dont le labeur incessant fabrique cet humus indispensable à la croissance des plantes, pour ne pas dire à la vie des sols tout simplement : car là où les vers de terre ont disparu, les sols sont morts.
A la fin de leurs études, les deux garçons empruntent deux voies différentes, mais liées par ce dénominateur lombricien commun et leur volonté de contribuer, à leur niveau, à enrayer l'éboulement de notre environnement. Arthur a décidé de revitaliser les terrains entourant ce qui fut la ferme de son grand-père, où il va s'installer avec son amie Anne. Pour y parvenir, il compte sur sa capacité à y multiplier la présence pour le moment sporadique des vers de terre. Quant à Kevin, il veut commercialiser le vermicomposteur qu'il a conçu à destination des ménages, lesquels, d'ici peu, se verront légalement contraints à composter leurs déchets, et se met donc en quête de financement.

« Humus » prend d'abord l'allure d'un roman d'amitié et d'apprentissage, contant avec beaucoup d'esprit les péripéties d'Arthur et Kevin, tout au long de leur cheminement personnel et professionnel (au passage, on fera connaissance d'un groupe de jeunes élites de notre société, j'ai nommé les Young Leaders, au sein desquelles un certain Gaspard apparaîtra furtivement, égratigné avec la même malice que les autres).
Arthur se débat avec sa terre ingrate, jusqu'à parvenir à un constat sans appel, tout en s'insérant peu à peu dans le microcosme local. de son côté, Kevin, aux ambitions pourtant modestes, se laisse embarquer dans des rouages d'entreprise démesurés, l'occasion pour notre auteur d'user de sa verve satirique pour brocarder les mécanismes en oeuvre.
Puis, un peu par le hasard des circonstances mais aussi parce que, avec les vers de terre, on touche à l'essentiel à savoir la terre dans laquelle nous sommes enracinés, le récit individuel prend une ampleur inattendue : il s'achemine vers une voie de plus en plus engagée, l'auteur n'ayant pas peur de pousser le curseur à fond, quand vient un temps où la tiédeur est contestable.

« Humus », roman passionné et passionnant porté par une plume talentueuse, s'il se départit rarement de son ton alerte et enjoué, s'avère pourtant, in fine, une fable au réalisme tragique, interpellant avec brio son lecteur sur les possibilités qu'il nous reste (ou pas…) pour agir sur notre environnement.
Lien : https://surmesbrizees.wordpr..
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Ca n'a l'air que d'un petit roman au premier abord mais j'avoue avoir été très agréablement surpris par cette histoire pas banal deux 2 jeunes garçons qui se rencontrent durant leurs études d'agronomie. le choix des ver de terre n'aurait pas pu être plus judicieux tant on se demande ce qu'il y a a en dire et finalement on en apprend beaucoup sur le sujet et tant mieux.
Plus on avance dans l'histoire avec la fin des études, le choix en sortie d'école qui détermine souvent tout une vie et qui sépare presque à l'opposé nos deux compagnons.
Ce livre me semble tellement inscrit dans notre époque. Comment ne pas voir dans le choix de Kevin au prénom à l'accent du pays de l'entrepreneuriat, un choix de la France qui gagne mais à quel prix ! Et comment ne pas être admiratif par le choix d'Arthur qui s'enferme dans les contradictions de notre temps, vivre à la campagne et continuer de nourrir la planète en la détruisant.
Le dernier quart du roman est peut-être le plus surprenant. La chute est brutale mais malheureusement je pense qu'elle est plutôt réaliste.
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Un livre qui était dans la liste pour le Goncourt. Je l'ai lu en un week-end. Deux amis, étudiants en agronomie, qui développent chacun de leur côté un projet un business autour des vers.


Selon moi, ce livre est une réussite. Il se lit aisément (mis à part le vocabulaire technique et agricole). Les descriptions sont efficaces, les dialogues cohérents, les personnages identifiables. 380 pages et deux à peine m'ont paru superfétatoires.

Sur Babelio, certains disent que les personnages sont caricaturaux. Je ne trouve pas, car chacun nous surprend à sa manière.

Ce qui me marque dans ce livre est une prouesse, si c'est voulu : je ne sais pas si Koening se moque de certaines situations ou pas. Ses réflexions sont subtilement amenées (car ce roman comporte des paragraphes qui relèvent d'un essai) au point que j'oubliais l'auteur. Oui, on peut le considérer comme influencé par Houellebecq, mais chez ce dernier, on saisit tout de suite la vanne et les idées. Chez Koenig, c'est à fleuret moucheté.

Certains passages m'ont surpris, comme quand Arthur observe des vers s'accoupler, introduit son sexe dans la terre et jouit. J'ai été choqué et je me suis dit « Et on vient me gonfler dans Comme il faut parce que deux hommes mariés font l'amour ? ».

Un réel bémol à ce livre est selon moi la fin, un peu pour le fond (je l'ai trouvée excessive) et surtout sur la forme (précipitée comme dans du Werber).
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Ce livre est une bombe de la rentrée littéraire 2023 !

On y suit deux amis qui se rencontrent à l'université dans un cours sur les vers de terre, puis, au fil des années qui viennent après. On y côtoie deux visions de l'agronomie contemporaine : l'industriel qui se promène entre les soirées bourgeoises et Silicon Valley et l'agriculteur bio, idéaliste et lecteur de Thoreau.

Le ton nous y est donné dès le départ; on s'esclaffe devant l'humour déjanté et intelligent de Gaspard Koenig. Il tire de tous les côtés et nous donne, à la fois, une critique du système en place et un hommage aux vers de terre. Curieusement, on se surprend à les aimer et à nous reconnaître en eux.

C'est un plaisir de lecture assuré, qui nous amène à revoir ce qui est, peut-être finalement, à la base de la vie elle-même : l'engrais, évidemment !
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« Ver de terre, d'abord, ce n'est pas très gentil comme nom, c'est fait pour blesser ».
« Humus » de Gaspard Koenig est un roman finement politique, d'ombre et de lumière. Engagé, profondément humain, sociétal et écologique, il a tout pour lui.
Deux jeunes étudiants dans la prestigieuse école AgroParisTeck se lient d'amitié. Ils sont dans l'épicentre d'un enseignement qui fera d'eux les acteurs de notre monde. le symbole des ténacités, des épreuves. Un ballon de baudruche qui va se dégonfler au fil des pages.
Ils pressentent l'enjeu, le poids sur leurs épaules des diktats sociologiques. Ils sont dans cette orée d'apprentissage à la vie.
Le récit est un cahier du jour. Maîtrisé à l'extrême, il rassemble l'épars idéologique. Pointe du doigt, là où ça fait mal. Les déceptions face à la prise de risque d'un enseignement qui formate les étudiants (es). Ils ont leur libre-arbitre, la liberté de conscience malgré tout. La jeunesse est pour un atout.
Kévin et Gaspard, si opposés socialement et pourtant « Humus » réussi son pari. Judicieusement Gaspard Koenig brouille les cartes et avance les pions. Échec et mat !
Nous sommes dans le tremblant même de l'expérience. Gaspard et Kévin deviennent des emblèmes.
Ils ont une passion commune, le même attrait pour les lombrics. Métaphore quand tu nous tiens !
« Géodrilologie : la science des vers de terre. Il était déjà intrigué par le conférencier. Sa cravate à pois était retenue par une pince en argent. Les vers de terre avaient leur Jean Gabin ».
« Ils ont dû en tuer des vers de terre, pour construire ce campus ! ».
« Au fond, la reproduction du ver de terre, c'est du sexe homo suivi par une PMA entre filles ».
Arthur est issu du monde bourgeois. Kévin est fils d'agriculteurs. Il sait qu'il devra jouer des coudes au milieu de ces étudiants (es), tous, issus d'une classe sociale supérieure.
Nous sommes au coeur des clivages sociétaux, la représentation même d'une société à deux vitesses. On lui fera souvent remarquer. L'homme est un loup pour l'homme comme le dit si bien Thomas Hobbes. le roman est judicieux, criblé d'adrénaline, de signaux et sans clichés. « Ce n'est pas un hasard si l'astrophysicien Hubert Reeves explique que la disparition du ver de terre est au moins aussi préoccupante que la fonte des glaciers ».
« Qu'est-ce que l'Homme ? S'exclama Marcel Combe que plus rien ne pouvait arrêter. Étymologiquement, rien d'autre que de l'Humus. Voilà pourquoi c'est l'humus qui sauvera l'Homme ».
Ils vont propulser après leurs études, leurs convictions. Voie de traverse, ils seront séparés par l'ambition, le pouvoir et l'argent. L'humus macrocosme, les vers de terre deviendront exploitables et exploités.
Arthur aime avoir de la terre sous les ongles, « maître de ses idées, sans devoir qui le transforme en croisade ou en plan de carrière ».
Kévin, futur ingénieur agronome qui s'est trouvé mêlé à l'élite grâce à ses bonnes notes. Mais ce milieu n'est pas le sien, et pourtant !
Ils confrontent leurs désirs. le monde qui vacille, l'utopie est une toile de maître. L'obsolescence programmé, la terre se meurt, trop de pesticides.
Pour Kévin, l'appât du gain, les expériences avec les lombrics. le profit passera par ce qu'il sait et qu'il met à l'épreuve. Bienvenue dans les diktats des start-ups, des levées de fond, et des duperies. Il affronte naïvement ce qu'il ne maîtrise pas ou peu encore. Il servira de bouc émissaire pour sa coéquipière absolument ingrate et manipulatrice.
Il fonce dans le décor, tête baissée.
Arthur sera dans la simplicité, dans un macrocosme où il touche la terre. Applique ses enseignements à la lettre. Poète, idéaliste, rêveur, le RSA lui convient. le spartiate et la fierté d'un travail opératif. Il en devient rustre, triste et déçu.
Que va-t-il se passer sur l'humus de ce roman intrinsèque ? Tiré au cordeau, l'écologie au summum et les philosophies comme des quêtes existentielles.
Les hommes et les femmes qui gravitent dans cette histoire plausible sont la copie fidèle d'une société en quête de sens, d'épreuves et de combats.
« Humus » est le lever de voile sur les amertumes, les échecs et l'émancipation à la vie.
C'est un roman serré comme un café fort, magnétique, pétri de rêves blessés. Les écorchures vives sans échappatoires. Mature et puissamment humain, il remet d'équerre l'écologie qui est et restera un devoir d'humanité.
En lice pour le prix Landerneau des Lecteurs 2023. Publié par les majeures Éditions de L'Observatoire.

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Deux étudiants en agronomie passionnés par un même thème improbable, les lombrics (ou vers de terre), deux façons de voir leur potentiel et de s'en saisir, deux utopies, deux parcours au départ opposés, mais qui poursuivent finalement le même idéal, celui du vivant.
Arthur le bourgeois et Kevin le prolétaire.
Arthur opère un retour à la terre, sa terre familiale, enfin ce qu'il en reste, jadis cultivée (sacrifiée) par son grand-père selon les diktats de rendements à coups de produits chimiques. Il espère la ressusciter avec des méthodes 100% naturelles.
Kevin, charismatique et pur ingénieur, se retrouve malgré lui embarqué dans une start-up prometteuse de recyclage de déchets par les lombrics à grande échelle.
Mais la réalité est complexe et souvent cruelle avec les utopies.
Gaspard Koenig est un philosophe épris de liberté. Il nous parle de stoïcisme, d'écologie sociale. C'est à travers la voix d'Arthur que Gaspard Koenig fait passer son message le plus fort, deux pages glaçantes faisant un constat amer de l'état catastrophique des sols français avec prophétie d'apocalypse à la clé. Il fait un plaidoyer contre l'écocide dont est victime toute la vie sur terre.
Ce roman fort bien écrit nous donne matière à réfléchir sur des sujets graves complètement d'actualité : rien de moins que la santé de notre terre nourricière, la colère et les mouvements de révolte émergents, la désillusion de ceux qui tentent de vivre selon autre système. Et la fin nous laisse pantois. Je regrette juste un côté un peu caricatural des personnages.
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