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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Naomi, la trentaine, est institutrice et d'origine japonaise de troisième génération. Elle reçoit un jour un appel téléphonique qui lui apprend le décès de son oncle. Elle rejoint sa tante (Obasan en japonais) par alliance, pour préparer les funérailles. Dans l'attente de l'arrivée des autres membres de la famille, Naomi retrouve des documents, notamment une enveloppe que Tante Emily, soeur de sa mère, lui avait adressé pour essayer de la rallier dans son combat et sa lutte pour la reconnaissance des brimades subies. Jusque-là, elle n'avait pas souhaité entrer dans l'histoire douloureuse de la famille et de ses nombreux non-dits, la jeune femme prend le temps de lire les documents qui expliquent les traumatismes que sa famille a dû subir, parce qu'ils étaient Japonais, installés au Canada durant la seconde guerre mondiale.

Joy Kobawa avec pudeur et par petites touches, reconstitue l'histoire familiale. Arrivés au début du XXème siècle, les grands parents ont adopté leur nouvelle patrie et élevé leurs enfants avec les codes et la mentalité canadienne. Leurs enfants, à leur tour se sentaient parfaitement intégrés mais lors d'un voyage au Japon, la mère et la grand -mère maternelle de Naomi restent prisonnières à Tokyo, en ces lendemains de l'attaque de Pearl Harbour, elles ne reparaîtront jamais. Et c'est Obasan et son mari qui vont veiller sur Naomi et Mickael son frère. Plongée dans le climat de guerre, la famille va dès lors subir les décisions iniques du gouvernement canadiens, se défiant des Japonais supposés ennemis de l'intérieur
Sur le même thème que le roman de Julie Otsuka "Quand l'empereur était un dieu" Joy Kogawa fait le récit de la chasse aux sorcières à l'encontre des japonais habitant le Canada au lendemain de Pearl Harbor, avec les mêmes ressorts - campagne de dénigrement des japonais intégrés, suspections d'entente avec l'ennemi, et les mêmes conséquences : internement dans des camps, cruauté envers des japonais installés de longue date sur trois générations - les isei, nisei, sansei (ichi, ni, san - un, deux, trois en japonais) et qui devront subir l'enfermement en camps, la spoliations de leurs biens, déportations dans des terres indiennes délaissées.
Joy fait la lumière sur un épisode sombre et inhumain du Canada.
Une page d'histoire méconnue.
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Ce livre fut pour moi une étonnante découverte tant par l'histoire des personnage que par le contexte historique que j'ignorais : si je savais que les Japonais vivant aux États Unis avaient été déplacés et enfermés dans des camps durant la seconde guerre mondiale, j'ignorais que leur situation avait été pratiquement identique au Canada. Naomi, institutrice au Canada nous emmène dans sa famille silencieuse, englués dans leurs souvenirs et leurs secrets. Seule la tante Emily est une militante fougueuse et loquace qui défend les droits et intérêts de la communauté d'origine japonaise installée au Canada, maintes fois déplacée, ballotée et dont les membres d'une même familles sont souvent séparés. Et pourtant les liens demeurent solides, fidèles et muets. Naomi replonge dans son enfance . Elle est une petite fille qui observe, s'interroge, une petite fille brinquebalée, dans une famille dont elle se demande si ses membres sont heureux, timide, peureuse mais solide, qui observe le monde, les gens, la nature et ressent les humiliations . Elle attend des réponses aux complications de l'existence, à ses mystères, à ses changements. Si sa famille est cultivée - médecins, créateurs, musiciens- tous vivent dans la misère, l'exil et le mépris. Naomi vit dans l'ombre de son frère ainé qui très tôt montre un don pour la musique. Un jour, leur mère part au Japon pour soigner l'arrière-grand-mère malade. Ils ne savent pas pourquoi elle ne revient pas, ils l'attendent. Personne ne leur dit rien. Néanmoins, ils sont aimés et cet amour qui ne se dit pas transparaît dans le récit
"Ne savais-tu pas que les gens cachent leur amour
Comme une fleur qui semble trop précieuse pour être cueillie ? demande le poète chinois Wu-ti. le lecteur chemine avec Naomi, parmi les siens, dans les arcanes de la vie familiale et les labyrinthes de l'histoire et des événements. Les secrets se dénouent pas complètement toutefois. Nous le découvrons avec cette petite fille devenue adulte, avec émotion et au même rythme que celui du récit à l'écriture imagée, aux images insolites et bouleversantes.
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Ce roman est d'une beauté, d'une profondeur émotionnelle, magnifique. Merci à son auteure. D'une histoire, vraie, vécue, et tragique, d'autant plus qu'elle est oubliée, Joy Kogawa a construit un roman a plusieurs étages entre le passé, le présent, et l'avenir et où se positionnent des personnages admirables. Oublier le passé, effacer la mémoire ? Ne vivre que dans le passé ? Ou en découdre ? Se taire ? ou parler ? Ces auteures contemporains japonaises (ce sont souvent des femmes) sont d'une sensibilité et d'une empathie extraordinaires. L'écriture est à la hauteur. Fine, sensible, sans doute bravo à la traductrice (on oublie souvent les traducteurs). Obasan a été un pur moment de vie.
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