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Ginette Kolinka, rescapée de Birkenau, nous livre le témoignage d'une femme simple, loin de toute littérature, et, peut-être, justement beaucoup plus proche de la vie.

Arrivée à 19 ans à Birkenau, elle croit y découvrir un camp de travail traditionnel : d'ailleurs à son arrivée ne voit-elle pas de la fumée qui s'échappe de la cheminée de l'usine où les nazis l'ont emmenée. Et au loin des femmes travaillent … Sauf que plus Ginette avance, plus les femmes semblent étranges. Elles sont chauves, anormalement maigres, on dirait des folles. La jeune femme aura la naïveté de croire que ces femmes faisaient partie d'un camp d'aliénés des environs.

Autre image marquante : après la guerre, une fois qu'elle a retrouvé sa famille au retour des camps, Ginette ne peut s'empêcher de se lever la nuit pour fouiller la poubelle et y dénicher les restes.

Ou encore ces mots abjects de la guide polonaise, qui ose dire que les assassinés mouraient gazés rapidement, c'est-à-dire en vingt ou vingt-cinq minutes !

Et puis le choc du retour à Birkenau, cinquante-cinq ans après … C'est le printemps, il fait beau, des maisons avec jardinet et toboggan ont été construites tout près du camp. Une jeune femme fait d'ailleurs son jogging dans la rue. Pour la rescapée, c'est intolérable. Et je peux tout à fait le comprendre, mais là où elle voit un sacrilège j'aimerais y voir plutôt le triomphe de la vie, à travers les jeux des enfants et la liberté des jeunes femmes à circuler comme elles l'entendent.

C'est un témoignage, un de plus, mais c'est toujours aussi choquant, toujours aussi poignant, et surtout toujours aussi indispensable. Car jamais nous ne serons blasés de ces voix, jamais nous n'oublierons leur histoire.

Essentiel pour continuer le travail de mémoire, qui incombe à chacun d'entre nous.
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Difficile d'être objective devant un tel récit. Devant quelque chose d'aussi personnel, et en même temps d'aussi collectif. Je dis collectif, puisqu'il s'agit du récit d'un passage à Birkenau, pendant la deuxième guerre mondiale. L'histoire personnelle de Madame Kolinka, qui s'inscrit dans l'horreur qu'ont vécu tellement d'autres. L'arrivée en train, la marche pour les derniers kilomètres, la quarantaine obligatoire, non pas pour les maladies, mais pour se réformer à l'esprit du camp. Les couchettes partagées, la saleté, la crainte, la peur, la maladie... Les coups, les cris, les morts... Et la libération, enfin, celle qu'on espérait même plus, parce que pas assez de force pour espérer... Les retrouvailles avec la famille. L'horreur qu'on tait, le replis sur soi, l'oubli, même si c'est impossible d'oublier. Et maintenant, le travail de mémoire, l'enseignement aux plus jeunes... Un texte difficile à oublier, mais... après... il ne faut pas oublier. Mes respects Mme Kolinka.
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L'adage selon lequel ce n'est pas la quantité qui compte mais la qualité colle parfaitement à cet ouvrage. Ce petit livre – à peine une centaine de pages – m'a submergé d'émotions. J'espère avoir pris assez de recul pour vous partager mon avis.

Une fois ma lecture finie, je me dis que ce que nous livre Ginette Kolinka est cru, brut et poignant. Comment ne pas frémir lorsqu'une Kapo répond aux nouveaux arrivants qui s'inquiètent de leurs proches qu'ils sont dans la fumée qu'ils voient s'élever dans le ciel… Encore une fois, ce que je lis me parait incompréhensible, inhumain. Qui sont ces gens pour prendre la vie d'une personne ou pour l'asservir… Mon cerveau ne comprends pas cette fureur et ces folies. Bref, vous l'aurez compris, quelques minutes après ma lecture, je trouve cela extrêmement violent.

Et puis, les heures passent, l'incompréhension et la colère laissent la place à un questionnement plus profond sur l'importance de ce témoignage… Finalement, je fais un demi-tour à 180 degrés et je me rends compte que le plus important dans cet ouvrage, ce n'est pas la violence et l'atrocité des faits mais la pudeur qui s'en dégage. En effet, entre les lignes, on arrive à ressentir cette pudeur de la part de Ginette Kolinka, elle ne s'apitoie pas sur son sort – il y a uniquement quelques lignes sur son état au retour du camp, elle a 19 ans et elle pèse 26kg, elle ne tourne pas en boucle sur elle-même, elle dit uniquement qu'elle sera malade pendant trois ans après son retour. Et, surtout, elle tente de trouver une voie vers la résilience.

Ce livre est une véritable leçon de vie, un acte de mémoire pour que les jeunes générations n'oublient jamais. C'est touchant, remuant, percutant et très bien fait… Mais est-ce que ce sera suffisant ?
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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16 avril 1944, le train s'arrête enfin. Derrière la porte on entend des voix qui crient, des chiens qui aboient, le bruit des gonds que l'on déverrouille. Des cris, des hurlements, on les pousse violemment. À 19 ans elle vient d'arriver au camp de Birkenau. La honte de la nudité, la puanteur, six sur une paillasse, couchées sur le dos, encastrées les unes sur les autres. Jusqu'ici elles étaient encore des êtres humains, maintenant elles ne sont plus rien. La vermine qui vous ronge, les coups qui tombent au hasard. Se faire la plus petite possible, ne jamais se révolter, tout accepter.
Libérée un an plus tard, sur la balance elle ne pèse que 26 kilos, elle sera malade pendant trois ans et la nourriture sera sa seule obsession.

Comme beaucoup d'anciens prisonniers des camps, elle n'a rien dit, ni à son mari ni à son fils. Elle n'éprouvait pas le besoin de parler ni à la famille ni aux amis. Aujourd'hui âgée de 94 ans, Ginette Kolinka nous livre un témoignage poignant. Si le récit est cours, à chaque page l'émotion étreint le lecteur.

J'ai visité le camp d'extermination de Bikernau fin mai 2019, autant dire que ce livre m'a profondément ému. L'écriture comme l'auteure est simple, mais chaque mot porte. Une femme extraordinaire, malicieuse, qui aime la vie et qui ne se considère pas comme une personne héroïque. Emmenée dans le même convoi que Simone Veil et Marceline Loridan-Ivens elle déclarait dans un article :

« Je suis en colère après ces deux-là, parce qu'elles m'ont devancée. J'aurais aimé qu'elles viennent à mon enterrement, on aurait dit : ce sont les copines à Ginette ! »





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Ce témoignage d'une survivante du camps de Birkenau est aussi court que dense.
La force du récit réside dans des phrases chocs, d'une simplicité désarmante.
Elle nous relate sa détention mais aussi les mois qui ont suivi sa libération, et le récit est entrecoupé de questions posées par des enfants et adolescents en compagnie desquels elle effectue régulièrement des visites de camps de concentration.
Un témoignage qui permet une fois encore de ne pas oublier celles et ceux qui ont eu le malheur de connaître ces lieux maudits.
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Il y a quelque chose dans les témoignages tardifs sur les camps qui complète les premiers témoignages. Ceux-ci étaient ou des cris dans l'urgence de témoigner, ou des témoignages réfléchis, intellectualisés. Tandis que les témoignages tardifs transmettent des flashs, flashs de quelques souvenirs terriblement marquant, flashs provoqués par un retour sur les lieux. Et tout cela se complète admirablement bien, chaque nouveau témoignage apporte sa pierre nécessaire à l'édifice nécessaire de la mémoire. Ginette est une femme simple, d'un milieu simple, pas du tout une intellectuelle. Son témoignage sur les camps est bref, mais c'est surtout un témoignage, comme l'indique le titre, sur son retour, tardif, sur les lieux, au printemps, sur le contraste qu'elle ressent et qui la pousse à s'interroger sur ce que ressentent ceux qui n'ont pas son vécu. Elle parle aussi, ce qui est assez rare, du retour auprès des siens. La brièveté de la partie sur les camps s'explique aussi par le fait qu'elle était compagne de malheur de Simone Veil et de Marceline Loridan Ivens. Ce qui n'empêche qu'elle y ajoute quelques éléments, sur son choc de toute jeune femme face à la nudité en particulier. le plus remarquable par rapport à d'autres livres est pour moi sa capacité à comprendre les difficultés pour les plus jeunes à réaliser, à percevoir. Personnellement le seul camp que j'ai visité a été Auschwitz, en fin d'hiver, sous 20 cm de neige. Il n'y avait pas un chat, nous étions seuls, et je peux dire que c'est plus qu'impressionnant dans ce contexte, avec l'impression forte de pénétrer dans un lieu abandonné. D'autant que nous étions plus ou moins, mon mari et moi, les guides improvisés d'une jeune américaine d'origine polonaise qui ne savait pas grand-chose sur les camps. C'est sûr qu'au printemps, avec des fleurs, et des flopées de touristes, l'expérience n'a plus grand-chose à voir. Il ne reste effectivement plus grand-chose de parlant, mais l'immensité des lieux, le nombre de baraques à l'identique ne peuvent qu'interloquer. Tout livre de témoignage sur la shoah est un livre utile, nécessaire. Chacun trouvera un public, son public.
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Des livres sur les camps d'exterminations et/ou de concentration, j'en ai lu assez bien dans ma vie.

Certains étaient tellement horrible à lire qu'ils ont terminé dans le freezer avant de repartir dans la biblio et ne plus jamais en sortir.

C'est donc toujours en respirant un grand coup que je me plonge dans ces heures noires et sanglantes que furent l'extermination d'êtres humains durant la Seconde Guerre Mondiale.

Si je devais résumer le récit de madame Kolinka, je dirais "sobriété" car il reste sobre comparé à d'autres romans qui décrivent ce que les Juifs et autres subirent dans les camps, mais malgré cette sobriété dans son témoignage, il est tout de même d'une force qui te pète encore et toujours dans la gueule, même si tu sais…

Avec force et en peu de mots, elle nous décrit la faim, la soif, le froid, la crasse, les coups, les brimades, les privations, le travail harassant, les ordres gueulés, les kapos, les maladies, les morts, les disparus, les fouilles…

Une fois de plus, en lisant, j'ai vu des images que mes yeux aimeraient ne plus jamais voir (voeu pieu), une fois de plus, j'ai ressenti les souffrances dans ma chair car j'ai pensé à ce que je pourrais ressentir si c'était moi et ma famille qui vivions cette horreur sans nom.

Une fois de plus, j'ai perdu pied… Puis, je me suis raccrochée, parce que le récit était beau, malgré les quelques horreurs qu'il décrivait, parce qu'il était profond, fort, empreint de tendresse et que cette dame accompagne des jeunes à Birkenau pour leur expliquer, pour témoigner, pour que l'on ne dise pas « je ne savais pas ».

Cette dame, je l'avais entendue parler de son livre à La Grande Librairie (émission dangereuse pour la PAL) et ce qui le tourmentait, c'était que le camp de Birkenau, de nos jours, au printemps, c'était beau car rempli de fleurs, d'herbes…

La crasse des latrines avait été nettoyée et qu'il était difficile pour ceux qui n'avaient pas vu ça, d'imaginer ce que le camp était en 40-45.

Une autre aussi l'étonne : personne ne lui pose des questions sur les privations alimentaires mais bien des gens lui demandent si elle avait croisé Hitler durant son séjour… Pas vraiment le genre de questions que je poserais.

Sans entrer dans les détails, l'auteure survole les années de bonheur avant les années de l'horreur et celles qui suivirent son retour dans sa famille, sans son père, sans son petit frère, sans son neveu…

Comme je vous le disais, c'est sobre, pas trop détaillé dans l'horreur, sans fioritures aucune, sans apitoiement car elle désire juste témoigner, raconter ce qu'elle a vu, vécu.

Un récit tout en sobriété, tout en force, tout en humilité, tout en émotions.

Un récit que l'on lit d'un coup, sans relever la tête, avec les tripes nouées et une boule au fond de la gorge car ceci n'est pas une fiction, mais une réalité.

Un récit bouleversant mais accessible aux âmes les plus sensibles car il n'explore pas en profondeur la noirceur de l'Humain en cette Seconde Guerre Mondiale et dans ces camps de la mort.

Un récit qui restera dans mon coeur, comme bien des autres.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un texte simple, limpide, vif et sans voyeurisme, à mettre entre toutes les mains afin de connaître ce qu'était Birkenau. Ginette nous raconte très simplement ce qu'elle a vécu, cette sidération et cette incompréhension de l'horreur, cette métamorphose d'elle-même en être déshumanisé. Elle nous fait part de son témoignage comme lorsqu'elle s'adresse aux enfants et adolescents qu'elle accompagne dans ses visites de l'ancien camp de Birkenau pour témoigner de ce qu'elle y a vécu en 1944.
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J'espère que vous ne pensez pas que j'ai exagéré, au moins?( dernière phrase du livre)
Non ,bien sûr que vous n'exagèrez pas Mme Kolinka ,mais même les mots ne sont pas assez forts pour décrire ces camps de la mort,lorsque enfant et adolescente je regardais mon père, ses yeux enfoncés dans les orbites et son regard perdu au loin, me décrivaient mieux que les mots la souffrance qu'il avait endurée et les horreurs qu'il avait vues,et s'il nous en parlait peu ,je savais que ,étant instituteur ,il en parlait à ses élèves de C.M.1. Et souvent il nous disait : on peut pardonner mais on ne doit jamais oublier.Merci pour ce livre témoignage qui je l'espère passera encore dans de nombreuses mains.⭐⭐⭐⭐⭐
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J'ai fait la connaissance de Ginette Kolinka lors de son passage à La Grande Librairie avec Elie Buzyn il y a quelques mois lors de la sortie de son livre témoignage et j'avais été très touchée par sa façon simple, touchante de parler de ses souvenirs de déportée dans les camps de 1944 et 1945 à Birkenau entre autres où elle croisa des anonymes qui devinrent elles aussi des voix comme Simone Veil et Marceline Loridan-Ivens.

Incipit :

"La dernière fois que je suis retournée à Birkenau, c'était au printemps. Les champs se couvraient de fleurs, l'herbe était verte, le ciel limpide, on pouvait entendre les oiseaux chanter C'était beau. Comment puis-je employer un mot pareil ? Et pourtant, je l'ai dit ce mot, je l'ai pensé : "C'est beau".  (p9)"

J'ai retrouvé dans son témoignage écrit à quatre mains (avec la journaliste Marion Ruggieri) la même émotion que lorsque je l'ai découvert. C'est bien sa voix que j'ai entendue dans ce petit livre, sa façon très simple, avec ses mots à elle, directs, son franc-parler évoquer son arrestation après dénonciation, son voyage vers ce qu'elle croyait être un camp de travail, l'encouragement qu'elle a adressé à son père, son frère et son cousin de monter dans les camions dont elle ne savait pas qu'ils menaient à une mort programmée et immédiate, ses conditions j'allais dire "de vie" mais il faudrait plutôt dire de survie, l'entraide entre femmes, la saleté, la faim, la maladie, les vols, la mort et l'espoir.

A l'heure où les derniers survivants des camps de concentration et/ou d'extermination disparaissent peu, à l'heure où les voix s'éteignent, elle continue à accompagner à 94 ans des jeunes dans les camps où elle perdit une partie de sa famille et de sa jeunesse, où elle fut confrontée à la pire des inhumanités afin qu'on oublie jamais et à chaque voyage elle doute de sa propre mémoire.

J'ai profondément été touchée en tant que femme par ses confidences en tant que femme, sur les conditions de vie où chacune était réduite à n'être rien : nudité, tonte des cheveux et poils pubiens, faim, froid, travail inhumain, violence, honte, poux, maladies. 

Dans de telles conditions certaines rencontres se transformeront en liens perpétuels : Simone Jacob (Veil), Marceline Rosenberg (Loridan-Ivens), dont on retrouve pour chacune ce qui les caractérisaient déjà : générosité, bienveillance, espièglerie pour la dernière.

Comme pour La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg, il est utile de transmettre l'histoire même dans ce qu'elle a de plus monstrueuse surtout quand le récit se fait le plus humble, le plus simple possible, j'allais presque dire sans violence envers les bourreaux. Elle raconte, elle se raconte comme si elle se trouvait à côté de nous, elle nous confie ce qu'elle a vécu de plus terrible : perdre ses plus belles années, perdre ceux qui lui étaient chers, ceux pour lesquels elle culpabilise d'avoir peut-être précipiter la mort, arriver aux portes de la mort mais survivre malgré tout et faire auprès des jeunes générations un devoir de mémoire.

Elle-même doute parfois, quand elle retourne sur les lieux, de sa mémoire. Tout est si beau, si calme, si paisible mais très vite les images reviennent et s'il y a un message qu'elle veut faire passer aux jeunes générations c'est celui-ci :

"Aux élèves, je le répète : c'est la haine qui a fait ça, la haine à l'état pur. les nazis ont exterminé six millions de Juifs. Souvenez-vous de ce que vous avez trouvé impensable. Si vous entendez vos parents, des proches, des amis, tenir des propos racistes, antisémites, demandez-leur pourquoi. Vous avez le droit de discuter, de les faire changer d'avis, de leur dire qu'ils ont tort. (p95)"

Merci Madame.
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